samedi 29 octobre 2022

Merzhin à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022

 Merzhin  à Carnavalorock, Salle de Robien, Saint-Brieuc, le 22 octobre 2022 

NoPo - crédit photos: LLG

 MERZHIN à Carnavalo rock - Samedi 22 Octobre - Salle de Robien Saint-Brieuc

On va commencer à taper dans le dur. Nicolas s'excite... c'est mon pote le métalleux et là, il dérivait, en manque!
Merzhin aujourd'hui s'approche de No One et Mass Hysteria, du costaud... 25 ans d'âge quand même!
Pour la formation actuelle, on trouve :
    Pierre Le Bourdonnec — chant
    Ludovic Berrou — bombardes et divers instruments à vent, chœurs
    Damien Le Bras — basse
    Stéphane Omnes — Guitare électrique
    Baptiste Moalic — guitare électrique, chœurs
    Jean-Christophe Colliou — batterie, percussions, chœurs

Oui Merzhin a évolué au fil des ans. Après 'Nomades' en errance, ils portent leur croix sur la terre malade.
Dans 'Marche et (crève)', on ne parle pas d'un pneu de vélo! Eux, ils sont gonflés à bloc et c'est par là qu'ils vont démarrer.

Le départ, très cinématique, se fait, gravement murmuré, sur une guitare orientale. Laisse aller c'est 'Jesse'! La lumière tamisée filtre le noir et blanc.
Les textes, sombres, s'expulsent avec un gros grain. Ludo ambiance dans un souffle profond. L'une des guitares bégaie fiévreusement. Baptiste s'enfonce sous sa capuche.

'Futur' espère mieux. Sur ce titre au rythme rectiligne, le riff de guitare gratte les articulations trop sensibles.
Une trompette majestueuse s'élance et trace une couleur blafarde. Les frappes claquent, sèches, comme des gifles.

'Le joueur et l'affranchi' vient de 'Nomades' en 2018. Ici la bombarde soutient ardemment le barde dans son combat vocal.
Ludo dépense une énergie phénoménale par ses duels, en front de scène, avec Pierre qui se courbe. Les phrases hurlées et poussées par des choeurs impactent.

La bombarde ouvre la marche d''On marchera'. On perçoit vraiment ce mouvement pénible avec une basse lourde sur ce morceau. Pierre confirme que le compte est bon et qu'on peut le suivre.
Le public suit, oui, en balançant la tête et en piétinant lourdement. Un bombardier, à teeshirt tête de mort 'Black rock', pas commun, c'est à lui que revient de clore le grand chambardement.

Un gimmick electro rampe sur un grondement. Un voile pose une chape sur les vocaux sombres (me faisant penser à Animal Triste) avant qu'ils ne s'enveniment.
Plus loin, la bombarde retrouve des racines au dessus des vibrations de gratte.
On s'enfonce ensuite dans un passage atmosphérique chuchoté puis c'est la montée grandiose, tous ensemble, pour escalader 'Un mur d'eau'.

'SWEET GUERILLA', quasi punk, file dans un bouillonnement instrumental à l'atmosphère plombé.

Ils déterrent de 'Pieds nus sur la braise' (2016?) 'Des filons dans nos failles' au riff lourd par Stéphane, l'homme à la barbiche attachée. Flûte alors commence Ludo mais il repasse vite à sa bombarde.
Le slogan répété 'Ni eux ni nous ni nous ni eux...' reçoit une réponse hurlée par Ludo 'ne sommes éternels'. Sacrément puissant et profond!

La cadence enfonce un clou rouillé par une frappe métronomique et un riff froid.
Séparer le vrai du faux, le grain de l'ivraie. Ils savent faire avec leurs belles paroles tellement impliquées. 'L'attrape-rêves' le prouve une nouvelle fois.
Progressivement, le ton se corse au fur et à mesure que Jean-Christophe développe ses enluminures. Un saxo, au son de corne de brume, sonne au lointain puis ça bombarde à nouveau.

Une putain de basse ouvre 'Je veux' et d'emblée, on bascule dans la pénombre.  
Le morceau possède une pulsion vitale. Un groove, à headbang, s'échappe des peaux de la batterie... des peaux au cri animal et Pierre s'aligne en éructant des paroles poétiques toutes aussi animales!
Un saxo émouvant tempère les ardeurs. Après un passage sur un fil, la guitare, aux cordes sensibles, valse avec une trompette soufflée dans l'émotion. Un grand moment!

A nouveau, on marche et rêve. Le chant intense de Pierre semble lui brûler la gorge. Les paroles coulent sur une plaie sanguinolente. La trompette souffle un hymne aux disparus.
Plus on avance, plus on déboule au milieu des cordes grondantes et des cris de terreur. 'Marche et (c)rêve' avance au bord du précipice sur un fil ténu.

'Nomades' laisse vibrer une corde de basse détendue, l'inverse de l'ambiance sur ce titre. La cadence marque un tempo implacable.
Impossible de ne pas bouger sur ce morceau tonique. Le constat reste tragique et en même temps le propos se veut terriblement tolérant.

'Luna' possède un culte. Ici, la lumière diffuse amèrement un frêle rayon. Les 2 guitares s'écharpent et y laissent des échardes. Sur un pont régulier, je crois entendre une clarinette, emmêlée dans une fine toile de guitare.
La violence reste parfois contenue, intériorisée, et dégage une ambiance terrifiante dès que la plainte étouffée de Pierre se déverse sur des roulements tribaux.
La bombarde pleure, évacuant la brume comme après l'orage et tout s'éteint définitivement dans un silence glacé qui nous laisse interloqués.


Wouaah, quelle claque! On perçoit une force d'équipe où personne ne tire la couverture à soi.
Que d'émotions! Abasourdi, le public se disperse sans comprendre ce qui vient de se passer...




SETLIST

JESSE
FUTUR
LE JOUEUR ET L'AFFRANCHI
ON MARCHERA
MUR D'EAU
SWEET GUERILLA
DES FILONS DANS NOS FAILLES
L'ATTRAPE-RÊVES
JE VEUX
MARCHE ET (C)RÊVE
NOMADES
LUNA