mercredi 23 janvier 2013

Get Well Soon - Denis Jones à l'Orangerie du Botanique, Bruxelles, le 22 janvier 2013

 "Quand on a la santé, c'est pas grave d'être malade." (Francis Blanche).
Pardon, t'as bu?
T'as subi les Taloche, tu penses à Arban?
Non, on s'embarque pour le Bota qui programme l'héritier spirituel de  Georg Philipp Friedrich Freiherr von Hardenberg, alias Novalis: Konstantin Gropper et son projet Get Well Soon, apôtre d'une Sehnsucht contemporaine.

En octobre 2012, les Allemands se produisaient au Club de l'Ancienne Belgique, ce soir, c'est une Orangerie bien garnie qui les accueille.
Parmi les fans, tu reconnais quelques clients à la descente vertigineuse, on te parle pas du Zamp, mais de Vincent M , du duo des Olivier ou d'Anoushka, individus n'ayant pas vraiment la vocation Bob.


20h et des poussières: Denis Jones
Qui?
A self-taught guitarist and songwriter from Lancashire, un premier effort discographique en 2007, 'Humdrum Virtue', puis "Red + Yellow=" en 2010 et un EP entre les deux parutions.
Style?
Inqualifiable, un mix improbable de singer/songwriting, acoustic blues, electronica , ambient, auquel tu ajoutes un timbre aux consonances soul.
Un spécialiste des étagères nomme sa recette: future folk!
Surprise, le barbu, prend place derrière sa loop station, ramasse une semi-acoustique, mais il n'est pas venu seul, aux drums, Paul Kelly de Get Well Soon, pour le second soir d'affilée, ce subtil batteur habillera de percussions limpides les trouvailles du bricoleur sonore.

Un premier electro/blues étonnant, ' Clog, comme si les swamps au lieu de leur faune habituelle ( alligators, caïmans, flamingo's, grues, pics, ratons laveurs, crapauds et moustiques ..) étaient tout à coup peuplés de foot pedals, câbles de diamètre divers, sequencers, et autre electronic equipment.
Pas banal!
' Clap hands' démarre en beatboxing sur fond sonore incantatoire.
Clac, the computer made a mistake..pour bien nous montrer que le gars fabrique ses séquences en direct, il reprend son lament rituel en joignant geste ( clap hands)  au chant ( tu prononces tchènt), aussi impressionnant qu'un hymne interprété par Redbone.
Some psychedelic electronics?
'Sometimes' marmonné d'un timbre Peter Gabriel, les références à John Martyn s'avèrent judicieuses.
A new one, no title yet, to follow: an experimental trance track...lancinant!
Et pour arriver aux quarante minutes, une dernière sans Paul: 'Beginning', logique...ite missa est!
Une démarche proche de celle de Robert Wyatt, un support intéressant!

Get Well Soon
Konstantin Gropper a étudié la philosophie, son père enseignait la musique et adorait la poésie, ne t'attends donc pas à un récital de schlagers ou d'Oberbayern Oktoberfest Liedern, pas le genre du dandy.
Le band vient nous présenter sa dernière oeuvre, ‘The Scarlet Beast O'Seven Heads’, sortie en 2012.
Pour se faire, le multi-instrumentiste ( guitares électriques ou acoustiques, mandoline, claviers, percussions..), Konstantin, est soutenu par un band d'une efficacité toute germanique, on commencera par sa Schwester, Verena ( Violine, Klavier und Gesang), une soprano officiant également dans le classique - Paul Kenny (Schlagzeug) -  Marcus Wuest ( Klavier, Gesang, Vibraphon, Glockenspiel) - Timo Kumpf (Bass) und Maximilian Schenkel (Gitarre, Trompete, Vibraphon).
'Prologue', un menuet majestueux  en lente ouverture théâtrale, histoire de nous baigner dès l'entame dans une atmosphère mélancolique.
Divine Comedy, susurre une voisine.
Pourquoi pas, si tu veux absolument comparer, mais il y a du Scott Walker dans l'élégance aristocratique affichée par Herr Gropper.
' The Last Days of Rome', la décadence, un thème romantique servi par une orchestration ample.
Puis vient le tragique ' 5 steps/ 7 swords' ( sur 'Vexations'), suivi d'une seconde plage de cet album de 2010, 'We are free' au maniérisme Morrissey .
'Just like  Henry Darger', de la pop Bowie-esque piquée de mouvements baroques.
Le public ravi déguste le plat raffiné, un quidam démonstratif hurle sa reconnaissance, here is a little trash for you, répond le Bryan Ferry teuton, il amorce l'épique  ' Roland,  I feel you', s'imprégnant dans ton crâne à la manière d'une marche enivrante.
' Listen! Those Lost at Sea sing a song on Christmas' nage, à la fois, dans les eaux Arcade Fire et Radiohead, avec un choeur digne de Purcell.
Le chef-d'oeuvre d'émotion, 'Good Friday' avec ses lignes en français nous replonge dans un climat sombre.
' Disney' is a song for all the children, Konstantin engage un microsillon sur la platine, l'enregistrement et la musique jouée live se fondent pour nous offrir un conte de fées au parfum von Trapp family.
Après la gâterie pour les gosses, vient le nerveux ' A Gallows'.
Marcus, pour nous invisible jusqu'ici, quitte son harmonium pour prendre place entre le frère et la soeur et amorcer ' Courage, Tiger' , atmospheric keys, voix trafiquée, un titre presque joyeux.
'Oh my, good heart!', au démarrage lent, accélère progressivement en crescendo .
Une structure te rappelant certains titres de iLiKETRAiNS.
On approche du terme, le primesautier '  Angry Young Man' précède la plage ultime, ' 
You Cannot Cast Out The Demons (You Might As Well Dance)' qui clôture l'album.
Un tourbillon virevoltant qui déchaîne l'enthousiasme.

Premier rappel:
'Werner Herzog Get Shot' rappelant l'épisode durant lequel le réalisateur se fait tirer dessus lors d'une interview en 2006.
Magnifique plage en touches impressionnistes .
I'd like to invite Denis Jones to join us.
Le barbu est coincé au bar, il ne se montre pas.
Nevermind, ladies and gentlemen, Sir Elton John, c'est parti pour ' Tiny Dancer' de Reginald Kenneth Dwight.
Tiens, voilà Denis!
Morceau convenant à merveille à l'univers Get Well Soon.

Second rappel:
 'A voice in the Louvre',  dernier exemple de chamber pop imparable!

Excellent concert!