mercredi 16 janvier 2013

Alicia Carrasco y José Manuel León au Bonnefooi, Bruxelles, le 15 janvier 2013

Tu sors, t'es inconscient, écoute RTL... Les conditions de circulation sont rendues très difficiles à cause du verglas même sur les autoroutes, transformant le réseau en véritable patinoire à certains endroits...
Bigre, à ce soir, mon ange!
Direction la rue des Pierres, OK, fait pas torride, mais ça roule sur le Ring.
Un Bonnefooi déserté, et un duo mixte au soundcheck.

Alicia Carrasco Melgar y José Manuel León , venus de la Bahia d'Algeciras où le thermomètre indique un petit 15°.

José Manuel León ( 1979), considéré comme une des figures de proue du nuevo flamenco, un élève du pape du genre, Gerardo Núñez.
Un album à ce jour, 'Sirimusa', et quelques attaches avec nos plates contrées, puisque lors du Gentse Flamenco Festival, il a joué avec Myrddin De Cauter, un des rejetons de Koen.
Alicia Carrasco ( 1974) , la compagne du guitariste, responsable des parties chantées sur l'album de José Manuel et auteur de ' Mujer Klorika', sorti en 2011, et dont la musique a été composée par son homme.
En 2010, Alicia, au timbre rauque et chaud, remporte le ‘Voice and Guitar’ prize à Völklingen.

21:10', on place une chaufferette d'appoint aux pieds du guitariste ( précaution utile, lorsque tu sais que les artistes sont censés donner le meilleur d'eux-mêmes en étant casernés à côté de la porte donnant accès au bar, battant s'ouvrant et se fermant toutes les 46 secondes), tu quittes moufles, écharpe tricotée par ta belle-mère ( enfile la, bordel, il gèle à pierre fendre ...euh, chérie, elle est rose/vert bonbon) et parka, tu embarques vers le sur, son astre brûlant, ses fruits capiteux, son Xérès, ses sombres Andalouses vêtues de robes à volants et dont la noble figure est cachée par un éventail bigarré, et, inévitablement, tu atterris dans un tablao, décoré d'antiques affiches de corrida.
Un premier flamenco inspiré et lyrique... me demande pas si c'était une buleria, alegrias, seguiriyas,  soleá , malagueñas, un fandango ou une sevillana, étant originaire de Béotie septentrionale, tu n'y connais que dalle et, comme le couple s'est produit sans playlist, tu n'auras aucun titre à lire, à la rigueur on peut d'indiquer que plusieurs plages de Sirimusa ont été interprétées.
Après une longue et sinueuse introduction à la guitare, ponctuée par un barman irritant et malhabile, confondant cocktail shaker et maracas, Alicia vocalise de sa voix graveleuse ( tu entends rocailleuse, mon libertin) sur les précieuses arabesques de son compagnon.
Tout à son art, les yeux clos, elle bat des mains, frappe le plancher du talon pour te mener dans un univers de passion brûlante, de sentiments exacerbés, de drames atroces.
Une seconde pièce chantée exprimera toute la nostalgia ressentie par la belle Andalouse.
Les plages se succèdent, la fougueuse gestuelle gitane de la señorita et le jeu racé du virtuose, il interprète ( avec le Gerardo Núñez trio)  ' Almeria' d' Isaac Albéniz dans le film 'Iberia' de Carlos Saura, te font aisément oublier les fades flocons qui mollement s'étalent sur les pavés de la triste artère que tu aperçois derrière les musiciens.
José Manuel entame un flamenco aux accents jazzy, dans la lignée d'un Paco de Lucia ou d'un Tomatito, tout en essayant de ne pas se laisser distraire par le brouhaha confus émanant de clients que son jeu indiffère.
Un tempo lent est suivi d'une mélodie plus joyeuse et saccadée, les doigts virevoltent sur les cordes, un ou deux voisins battent la mesure, une petite anglaise rêve d'Enrique Iglesias, tandis qu' au fond du bastringue les lourdauds, pour lesquels tu éprouves, à la fois, gêne et ire, continuent leurs palabres insignifiants et débiles, qui , à la limite, transforment ces deux artistes doués en modestes pianistes d'ambiance.
Une dernière canción à arracher le coeur du célèbre El estrangulador del puerto, les salutations d'Alicia et pour remercier la dizaine d'auditeurs attentifs, un double bis.
Carmen, à tes côtés, assure que c'étaient des bulerias!

Un concert étincelant donné dans des conditions déplorables.

Ce soir, Alicia Carrasco y José Manuel León joueront à Bruges, le 20 janvier au Club Reserva, Gent!