mercredi 18 mai 2011

Les Nuits Botanique ( Soir 6) Kurt Vile & the Violators - Still Corners - Spindrift à la Rotonde, Bruxelles, le 17 mai 2011

Vitesse de croisière pour les Nuits, dans le hall, ou le jardin, tu croises tout le gotha du rock made in
Bruocsella, sauf les écharpés rouge et blanc, souffrant devant leur petit écran et pestant contre l'agression thaï du jauni Mavinga, les privant d'un titre cent fois immérité.

Avec toute une smala de redoutables rockeurs en jupons, armé(e)s de Jupiler, ( Valérie, Christine, Catherine) tu te diriges vers la Rotonde où Spindrift doit ouvrir le petit bal rock'n rawl du mardi!

Spindrift
Prière de ne pas confondre avec le poisson araignée, Erik de Jong, aka Spinvis, le gars qui chantonne 'Ik wil alleen maar zwemmen' en bikini orange.
Spindrift naît à Delaware en 1992 et s'ébat dans le psychedelic/ Sergio Leone soundtrack rock agrémenté d' un soupçon The Doors , The Warlocks ou Hawkwind...
Le frontman ( guitare/vocals) Kirpatrick Thomas est flanqué du fidèle et impressionnant Henry Evans (une doubleneck bass suscitant quelques flashes Jimmy Page à ton cerveau usagé)- à la pedal steel ou rhythm guitar, Luke Dawson- aux drums, James Acton- l'élément féminin= Sasha Vallely( keyboards, shakers, tambourine, flutes, dont une archaïque flûte amérindienne). Elle en jette, la madame, affublée d'une flashy red western shirt et d'un galurin emprunté à Calamity Jane.
Pendant 40' le combo te guidera dans les étendues désertiques de la Sierra Nevada, tu traverseras la Death Valley accompagné par une B O cinématique, style 'Once upon a time in the West', capable d' impressionner tout Tarantino normalement constitué!
Leur dernier effort discographique, le quatrième full CD, (' Classic Soundtracks Vol. 1) est dans les rayons depuis une semaine, mais le band commence par 'Red Reflection' , un magistral spaghetti psychedelic blues servi sans Emmental.
Les fantômes de Jim Morrison et de Janis Joplin planent sous la voûte étoilée de la Rotonde.
C'est notre 46è gig d'affilée, Brussels , on joue au Charlatan (Gent) demain, voici ' Space Vixens Theme'.
Guitares métalliques pour ce thème hanté, pesant, aux vocalises pas vraiment Petit Chaperon Rouge.
'Speak to the Wind' façon surf, suivi de 'When I was free', une incantation purificatrice virant subitement oumpapa country waltz sur fond Ventures ( 'Girlz Booze & Gunz') et finissant en danse cosaque délirante ' Roundup'.
Sasha nous sort sa flûte en bois de cèdre ( de l'ouest), piquée à un Medicine Man parti faire pipi et Spindrift amorce le 'Theme for ghost patrol'. Sur un rythme de polka on assiste à une joyeuse cavalcade d'étalons non castrés faisant voler la poussière rouge d'un aride désert sur nos pâles visages.
'Drifters Pass', aux relents Dead Meadow meets The Brian Jonestown Massacre, sera chanté en duo.
Sans pause le James attaque l'ultime chant guerrier, sentant bon le Redbone cru 1970: 'Indian Run'.
Courent vite les Peaux Rouges, constate Christine...
Excellent hors-d'oeuvre!

Le temps d'un crochet par le bar, histoire de s'humecter les lèvres et retour dans l'hémicycle pour Still Corners.
L'accessoiriste s'est affairé pendant notre courte absence: bye bye spaghetti, cactus, vautours et crotales pour faire place aux brumes londoniennes, plongeant la salle dans un univers romantique cher aux soeurs Brontë.
C'est Sub Pop qui a signé le groupe en mars, un album doit sortir avant l'été, pour l'instant il faut se contenter de quelques EP's!
Explique, fieu, c'est quoi ces coins tranquilles?
Un quintette, emmené par la réservée Tessa Murray, une frêle et douce enfant se cachant derrière sa blonde chevelure et dont l'intensité vocale n'excède pas 21 décibels, she used to be a choir-girl- Leon Dufficy, à la guitare- l'instigateur du projet, Greg Hughes( organ) - Paul Mayhew (drums) et Luke Jarvis (basse).
35' de dream pop, d'ambiances éthérées, de mélopées proches de Cocteau Twins, avec en contrepoint une guitare surf métallique et de temps en temps des épisodes shoegazing, ou lo-fi indiepop flottant.
C'est joli, délicat, distingué comme la plus tendre porcelaine, la Bone China, mise au point par Josiah Spode, illustre potier de Stoke-on-Trent.
Une intro aérienne murmurée précède une ' History of Love' fredonnée en moins de 100 mots.
La voix exquise de Tessa plane au dessus de la tessiture musicale Twin Peaks style.
'Eyes '( de Rogue Wave) et 'Endless Summer' naviguent dans les mêmes eaux.
Certains critiques citent la regrettée Trish Keenan de Broadcast, on peut ajouter Camera Obscura, Belle & Sebastian et dans une moindre mesure les Cardigans, trop sucrés en comparaison!
'Cuckoo', puis 'Parallels', une ritournelle manège de bois au clavier enfantin, seront suivis de l'instrumental agité aux coloris postrock/Stereolab ' Hunter'.
Quelques riffs Johnny Guitar pour le titre Vlad Ţepeş 'I wrote in blood', même schéma pour 'Velveteen' avant de terminer chez Cousteau :' Submarine'!

Agréable et frais, mais n'ayant aucun rapport avec les autres groupes proposés!

Avant l'acte 3, Kurt Vile & the Violators,
avec Didier(Buster Keaton/Big in Japan) et Jean-Marie, pas le papa de Marine, un autre qui vote Vlaams Belang, on décide d'aller saluer les barmaids, puisque le vil Kurt pas Weill est prévu à 22h.
Bordel, signale le brave Didier en entendant de méchantes guitares émanant de la Rotonde, il est 21h58, ces infâmes Ricains ont commencé sans nous.
Faut courir, les petits!
Kurt Vile ( vocals, guitars) nous vient de Philadelphie. Les Spinners, Billy Paul, les Stylistics, Teddy Pendergrass ou Harold Melvin... il sait pas qui c'est.
On l'a nourri à Nirvana, Soundgarden, Alice in Chains, Hüsker Dü, Screaming Blue Messiahs ou Sleater-Kinney.
A peine une trentaine d'années et déjà 4 albums, le dernier "Smoke Ring For My Halo" 2011 ( chez Matador) .
Les Violators!
Aux drums, un gars qu'il connaissait de l'époque 'The War on Drugs': Mike Zanghi- Jesse Trbovich à la guitare et sax - et probablement Adam Granduciel ( The War on drugs) à la troisième guitare.
Ce quatuor, pendant plus de 80', nous a asséné un post-grunge décapant, nous laissant avec les tympans en bouillie, avec l'impression d'être passé sous un Caterpillar D11 Oversized 698 kW / 935 ch ( jaune canari) en pleins travaux de terrassement.
Les comiques comparant ce petit gars, à la bouille jeune Rory Gallagher, à Leonard Cohen, Bruce Springsteen ou Tom Petty doivent aller assister à un de ses gigs, ear-plugs recommandés!
'Hunchback' ça commence hyper fort avec un rock psyche dans la veine des Black Angels, puissance 20.
Les headbangers sont à la fête, les fans de Still Corners se sont enfouis au grand galop!
'Monkey' s'inspire vocalement d'un vieux singe nommé Zimmerman, musicalement du Loner en pleine déprime.
Play it loud est la devise!
'Jesus Fever' s'entend sur le dernier album, et ces quatre gars à la même coupe de tifs que le mec de Nazareth, ont bien besoin de vessies de glace pour faire tomber la température: c'est torride!
Même dynamique pour 'On tour' mais il s'est saisi d'une acoustique, suivi d'un oldie: 'Freeway', du folk sauvage.
Le downtempo ressemblant à du Ryan Bingham 'Ghost town' est dédié à Bill Callahan.
J'en ai pour 5 secondes, je rebranche l'électricité et on vous jette un Springsteen: 'Downbound train'.
Les mecs, couchés sur leur gratte, ont pas vu les wagons passer.
'Overnite religion' another ear- shattering lullaby.
Le Jesse Turbo colle son jouet contre le haut-parleur, je te parle pas de l'effet feedback obtenu.
Un titre catchy, 'He's alright', suivra cette agression sonore, avant qu'un petit malin au fond de la salle ne questionne le brave Kurt: 'hey man, you need a haircut, don't you?'.
Un lecteur du Figaro, sans doute!
Une acoustique, quelques shakers discrets: une ballade 'Peeping Tomboy'!
Solo, en fingerpicking: 'Breathin out' pour conclure par le géant 'Freak Train', avec Trbovich en Adolphe Sax.
Ce 'Freak Train ' laissera pas mal de cadavres dans l'auditoire.
Un final noisy, insupportable pour tes conduits auditifs: larsen, distorsion, et sax strident.
Tu sors de là broyé, laminé, transformé en poudre, matière particulaire 0,005 µm de diamètre, mais heureux !