mardi 3 mai 2011

Roots & Roses Festival à Lessines, le 1 mai 2011 - tome 2

Il est 17h, on va entamer le second chapitre de la saga Roots & Roses avec The Bellrays.
En 2009, t'avais assisté, dans la Rotonde du Bota, au concert intime de Bob & Lisa à l'occasion de leur album 'Rosethorns', en 2011 les Bellrays au complet ont repris la route et jouent ' Black Lightning' sorti en 2010.

Lisa Kekaula, robe noire moulante et bottillons rouges à hauts talons, vachement casse-gueule, au centre de la scène, elle sera flanquée de son mec Bob Vennum, guitariste bondissant au jeu bien crade et de Justin Andres à la basse.
En retrait, Stefan Litrownik, le drummer!
Une drum pop intro 'Buried alive' : la terre est dure, faut s'échiner pour creuser le trou.
Dedju, j'ai déjà des ampoules, signale le Stef.
Fais pas ta mauviette: ' That's not the way it should be' , fougue et rage, punk/garage et soul, la marque de fabrique du band de Riverside.
Pas de doute il va faire chaud, très chaud sous la toile.
'You're sorry now' le Bob est passé chez le toubib qui soigne Riccardo Ricco et ce charlatan lui a fait une transfusion qui transforme le Ricain en marsupilami, pendant que l'ébouriffée hurle ...sorry now...
Le timing est serré, on pousse davantage sur le champignon: I'm going down to 'Pinball City' , une partie de flipper nerveuse.
A soul/blues ballad ' Anymore' pour mettre en évidence le timbre noir de la diva.
Un slow, ça suffit, les amis, place au rhythm'n blues, le vrai, pas le truc en plastic que t'entends sur MTV : 'The way'!
Encore plus musclé, 'Power to burn', quand les Bellrays rencontrent le Clash, ça brûle.
'Living a lie' est du même acabit.
'Everybody get up' le style de truc que Tina Turner pouvait interpréter il y a 20 ans.
Sueur, fièvre, infection... ce machin visqueux et graisseux vient se coller à tes cellules.
Soul time avec 'Have a little faith in me' et sa guitare wah wah.
Un rock bouillonnant sur le dernier CD' Close your eyes' sera suivi d'un soul/blues pernicieux ' Sun comes down' .
Faut pas les laisser refroidir dit Bob, voilà le colérique 'On Top' et puis le titletrack, l'orageux ' Black Ligthning' .
Ciel tourmenté, éclairs incendiant, guitare destructrice, rythmique folle et la voix d'une diablesse.
Une dernière attaque sous la ceinture ' Voodoo train'.
Les Bellrays: des vicelards à l'esprit retors!

Finie la rigolade, place au recueillement avec David Eugene Edwards.

Tu l'as connu Sixteen Horsepower et Woven Hand, ce soir l'homme habité par quelque esprit malin, les yeux vitreux, une barbe pas soignée, une plume fixée dans la chevelure, sera accompagné par le percussionniste/claviériste Jeff Linsenmaier (Woven Hand, the Czars...).
Le duo s'assied, l'artiste tourmenté s'empare d'un banjo/mandoline et entame une première litanie, chantée d'une voix déformée.
Attachez vos ceintures, c'est parti pour un trip chamanique.
On commence par quelques joyeusetés au répertoire de Woven Hand, 'Kingdom of ice' - 'Not one stone' mentionne la setlist, mais ça reste à vérifier pour le premier titre.
Après un morceau, le poète dérangé remballe les photographes qui risquent de troubler les mânes , de sa voix monocorde et sur un accompagnement musical dépouillé, il poursuit son périple mystique. 'Swedish purse' sur fond d'orgue liturgique.
Les gens venus pour voir Gad Elmaleh prennent la direction des buvettes, le farceur entre en transe pendant une incantation répétitive minimaliste ...he believes in the signs of the Zodiac... Effrayant!
Moment de répit, des eaux moins troublées: 'Iron Feather'
I must miss you
Under the ashen sky
And out from among them...
T'as pas envie de rire, crois moi!
L'hypnotique 'His rest' le voit pris de tremblements épileptiques, ça va pas s'arranger avec 'Hutterite Mile' de 16 Horsepower , une mélopée mortuaire.
Vite sucer une pastille pour échapper à tous ces démons.... it is no mystery
i know my way from here
it is no mystery
i know my way from here..
Il se lève en titubant, entame un pas de danse allumé, trébuche, il va faire connaissance avec le sol .... tu retiens ton souffle!
Ouf, il se calme et regagne son siège.
Ce mec est marié et a des gosses, me souffle un voisin, ça doit pas rigoler à table...
Vu sous cet angle, évidemment!
'Singing grass' et 'Splinters' mettent fin à ce set angoissant.

Un double bis réclamé par les fans: le prophétique 'Horse Head' et 'Poor Mouth' en final.
Que va devenir David Eugene, qui va l'exorciser, le débarrasser des esprits maléfiques ayant pris possession de son cerveau?

Prêt pour la parade?
The Jim Jones Revue, rock ‘n’ roll played louder and more distorted than you’ve ever heard, les mêmes qui en septembre avaient mis le café Central à feu et à sang.
Jim Jones: Vocals / Guitar-Rupert Orton: Guitar-Gavin Jay: Bass-Nick Jones: Drums-Henri Herbert: Piano vont nous refaire le même coup de Trafalgar à deux pas du CC René Magritte.
T'as bien lu le nom du pianiste car en mars.. Elliot Mortimer has left The JJR...
Pis de panaque, H H c'est pas Helenio Herrera, le roi du catenaccio, sa devise : on fonce vers le but adverse, on démolit tout au passage!
Un peu moins de 20 titres, extraits de leurs deux cd's, pendant lesquels t'as quitté le 21ème siècle pour replonger dans les fifties et le rock with balls: Jerry Lee Lewis, Little Richard, Elvis , Screamin Jay Hawkins, MC5 .. + quelques pointes plus modernes: Dr Feelgood, Grinderman ou Jon Spencer...
Energie, sueur, fureur, rage, passion... ne crois pas que le show soit téléphoné, ces Rosbifs ont le rock dans le sang et leur primitive raw energy est transmise à la masse qui adore.
Des titres?
Pas de setlist, on balance au feeling.
On a entendu e.a. 'Hey hey hey hey' - 'Dishonest John' -' -'Another daze' - 'High Horse' - 'Shoot first' t'as intérêt à suivre le conseil, si tu veux pas te faire buter ..' Burning your house down', avec un Jim effrayant, aussi horrifiant que le regretté Alex Harvey ( Sensational Alex Harvey Band) - 'Premeditated' - 'Cement Mixer' , deux guitares, une basse sur une ligne, un peloton d'exécution impassible pour une rafale meurtrière- ... I woke up screaming... hurle Monsieur Jones sur fond de piano fou, ce cauchemar l'a rendu nuts, il escalade les enceintes et harangue le peuple: listen, à mon signal, vous gueulez: Fuck this shit... 2500 gosiers s'époumonent: fuck this shit... le méchant est en nage, mon voisin parle d'appeler Veeweyde pour qu'on lui fasse une piquouze.
On reprend le récital avec un punk rock bestial - plus calme 'Righteous wrong', pour repartir pied au plancher 'Killin Spree', puis la voix rauque et agressive annonce 'Elemental', les photographes ont depuis longtemps rangé Nikon, Canon et Pentax pour rocker comme des folles dans le couloir frontstage
La clique enverra encore un ou deux bâtons de dynamite ( dont 'Rock'n Roll Psychosis) pour terminer par un Walt Disney enfants non admis 'Princess & the frog' .
That was it!

Tucson, c'est pas East London, faut pas compter sur Howe Gelb et son Giant Sand pour nous la jouer dirty rock, ça fait 26 ans qu'il se meut dans les sphères alt.country/americana et ce soir lui et ses Danish boys nous ont gratifiés d'un concert cinquante carats.

Tas vu ses potes, Burns et Convertino chez Calexico, t'as son album OP8 avec les mêmes + Lisa Germano, mais son dernier OP us ( 'Blurry Blue Montain'), il l'a enregistré avec Thøger T. Lund( upright bass)/Anders Pedersen( guitar & lapsteel)/Peter Dombernowsky( drums) et Nikolaj Heyman (Guitar and Wurlitzer).
On suppose que ce sont ces mecs qui étaient avec lui on stage.
Pas de setlist, c'est chiant à la fin, mais il nous confie avoir interprété presque tout le dernier CD.

Good morning, annonce -t-il en rigolant avant d'attaquer le downtempo 'Fields of Green', pièce maîtresse ouvrant le CD ...They’ve been killing off all my heroes since I was 17.. Magique!
Un country rock pointu pour suivre, Nikolaj étant passé derrière les claviers.
Au tour d'Howe de troquer son acoustique contre une électrique et de nous emmener à grands coups de guitares lyriques et cinématiques du côté des grands espaces de l'Ouest (' Monk's Mountain') ..a long tall shadow ...marmonne -t-il d'un timbre poussiéreux ( cf Lanegan) et mûri par un quart de siècle on the road.
Vertigineux!
Western Lounge Music, pour citer un inconditionnel du cowboy.
Quand Giant Sand rocke c'est laidback, dans le style Crazy Horse, Ry Cooder ou J J Cale. ('Brand new swamp thing')
On aura droit à un titre écrit il y a 26 ans 'Thin Line Man', à quelques ballades élégantes à la Leonard Cohen/Tom Waits ( 'Chunk of Coal', un piano lament ou le late night jazz 'Time Flies' ) , du Johnny Cash rockabilly 'Ride the Rail', des traces de Bob Dylan électrique et une love song désabusée avant de saluer le public par un 'Bonsoir, Lessines' sous-entendant toute sa gratitude.

En rappel stylé: 'Shiver', titre plus ancien retravaillé pour la bonne cause.


Le poteau est en vue, le doigt sur la gâchette: Triggerfinger!

En décembre le trio infernal a rempli l'AB trois soirs de suite.
Le troisième CD, 'All this dancin' around', a été mis en boîte à L A dans les Sound City Studios avec Greg Gordon derrière les machines.
Ne parlez plus de ptis Belges, ce sont des monstres.
Ruben Block l'élégant, au chant ravagé et riffs ravageurs, en maître de cérémonie, Monsieur Paul (Van Bruystegem) en force tranquille à la basse et derrière les fûts, Mario Goossens, beste drummer uit Belgenland, en bourreau des cymbales, toms et caisses en tous genres.
Ils ont mis les 2000 rescapés à genoux.
La classe mondiale!
'I'm coming for you', merci, c'est gentil... Un son lourd, très lourd, le coach a dit on mise tout sur l'attaque à outrance, n'ayez pas peur de renverser celui qui entrave votre marche en avant, vous le balayez!
'On my knees' c'est à genoux que je secoue ma guitare rouge vif comme un prunier chargé de fruits.
'Short term memory love' de plus en plus sauvage!
Une rythmique techno pour le bestial 'Cherry' , un rouleau compresseur pour écraser les noyaux de cette cherry.
'My baby's got a gun', un blues qu'il dit le Ruben, mais un blues AC/DC.
..she's ready to shoot... c'est rien, ça petit, la mienne m'attend avec un rouleau à tarte!
Bordel, Lessines, the sweat is running from my back dans mon cul, je dégouline!
'Camaro'.
C'est une Chevrolet que tu veux ?
Vroum, vroum, vroum... aussi puissant que le Led Zeppelin de 1968.
'All this dancing around' chanté à 3 voix, ça saute dans tous les sens dans la tente .
A toi, Mario: un tour de force phénoménal, les potes entrent dans la danse, ça va faire mal, très mal: ' First Taste' , une charge héroïque aux relents stoner rock , Ruben s'arrache les amygdales, une petite nana devant nous essaye de l'imiter, en vain.
Et pour terminer en beauté, un autre favori de notre saine jeunesse 'Is it' , aux lyrics intellectuels ....Is it my shirt, is it my shoes?
Is it my love for the blues?
Aaha aah
aahaa aaah
aahaa aaah
Is it possible baby? ...
Lessines, vous n'êtes qu'un ramassis de pédales, j'escalade les baffles et je veux vous voir et entendre gueuler...aaaah... aaaah... le trio, à l'aise, nous regarde glapir avant que Ruben ne présente l'équipe, qui décide de finir le morceau!
55' du tonnerre de Dieu!

Un double rappel:
'It hasn't gone away' aux lignes de guitare surf , pour nous rappeler que Ruben Block pratiquait ce genre avec Sin Alley.
'Love lost in love' achève la fête!

Il est 23h , un festival impeccable de bout en bout!
Une dernière pintje avec Luc Toogenblik, un merci à Monsieur Paul pour son aide( setlist) et, direction Bruxelles!