lundi 2 mai 2011

Roots & Roses Festival à Lessines, le 1 mai 2011 - tome 1

1er mai 1886 : à l'appel de l'American Federation of Labor, 350 000 travailleurs débrayent aux États-Unis pour réclamer la journée de travail de huit heures.
1 mai 2011: 1° ton épouse espère un brin de muguet- 2° à Lessines, fière bourgade hennuyère au passé glorieux, la fine équipe de Boogietown organise le second Roots & Roses Festival.
Une affiche à faire baver le gourmet le plus raffiné, un droit d'entrée démocratique, des stands offrant une nourriture saine, une organisation impeccable et souriante, un astre solaire généreux, un public Belgique unie ( 40% de flamins, 40% de Walen, buiten puisque le soleil luit, 126% de dikkeneks uit Brussel, 6 chiens bilingues et 2 ou 3 curés à la recherche de chair fraîche: que du bonheur disait l'autre à la TSF.
Deux chapiteaux: roots et roses, un horaire respecté, Roots & Roses c'est le festival sympa à échelle humaine.
Pas de grabuge?
Quelques coups de soleil, sur la plaine y avait que des buveurs de grenadine, sauf deux gars de la gendarmerie, en civil, carburant à la trappiste.
Douze groupes qu'il faudra se farcir, Gargantua a de l'appétit!

11h00, Ganashake!
Onze heures, t'imagines, la Belgique ronfle ou soigne une gueule de bois jour de sabbat, le blues rock trio d'Erps-Kwerps, fabuleux avant Eric Burdon, ouvrira le marathon devant une assistance, forcément, réduite.
Un petit retard, les mecs à la table sont arrivés en courant après la messe dominicale, un bref discours en Flaçais ou Franmand, me souviens plus, et Bert Minnaert, Jess "Mr Chin" Jacob, Sander Goethals attaquent leur set.
Jess:' Lessines, je vais vous réveiller', et ce salopard, bien remis de la Nacht du blues à Wuustwezel, hurle comme une bonne femme ayant aperçu une spinnekop dans sa baignoire 'Bonjour, Lessines' avant d'envoyer 'Indian Chief' .
On est d'emblée dans le vif du sujet, ça pompe, ça groove, ça cogne, ça rugit, c'est pas du genre mélasse.
Ganashake vient de sortir un premier CD produit par Jean-Marie Aerts, ils vont nous en balancer quelques titres.
Un triste individu a piqué la perruque de Hound Dog Taylor, 'Gimme back my wig' gueule J J.
Une version fracassante. Le single 'Plastic Scene' aux relents Stevie Ray. Un truc pour réveiller les cadavres ' Graveyard Shuffle' suivi d'une intro à la rythmique d'enfer pour 'Special Sauce'.
La guitare rapplique et tu revois le flamboyant Rory Gallagher en action.
'Shuffle' annonce la playlist... un morceau écrit pour les éjaculateurs précoces... why don't you come, baby, why don't you come when I come... sur un rythme va et vient lascif.
'We messed it up' c'est pas du gâchis.
Lessines, ça va toujours?
Joue, ket!
Le speedé ' Bobby Hitchhike'.
Un petit signe venant des coulisses, plus qu'une!
'Arrogant girl' enchaîné sur 'Swink'.
Brillante entrée en matière. Avec Ganashake , la Belgique blues tient un diamant brut, style Lukaku!


Changement d'igloo pour les Moonshine Playboys.
T'as déjà croisé quelquefois la route des Chippendales d'Anderlecht, des jeunes gens beaux comme des camions.
Marvin: Banjo, Mandolin, Guitars & Vocals/Bronson : Guitar, Squeeze Box & Pretty Nice Vocals
/Gable : Doghouse Bass, Vocals, tous des Cuvelier, cuisinent country/bluegrass et leur grande spécialité c'est la transformation de hits interplanétaires en plats rustiques home-cookin' Texas/St Guidon flavour.
Donc t'auras les Beastie Boys ' Fight for your right' façon frijoles borrachos, 'Come as You Are' aux oignons frits et plein d'autres mets succulents, épicés second-degré truculent: le Floyd, Melanie, les Pistols par exemple...
Toute cette nourriture végétarienne interpelle ton estomac qui te signale qu'il est l'heure de se restaurer.

Un truc mauricien pas dégueu et on reprend la route, direction la Principauté: Dan San.
Encore un collectif déjà entendu à plusieurs reprises.
Surprise, en ce premier jour de mai, ils sont six sur scène, dont une avenante et douce damoiselle.
Ce poulain Jaune Orange a sorti un EP 7 titres, 'Pillow', et, effectivement, leur acoustic folk/pop peut s'écouter couché avec un pillow sous la nuque.
C'est soigné, propret, joli, bourré d'harmonies vocales sentant bon Simon & Garfunkel, les Byrds ou America, pour les aînés- Bright Eyes, King of Convenience, pour les boutonneux.
A écouter d'une oreille distraite en sirotant une blonde, pour faciliter la digestion.

13h20', tape ton mot de passe pour Bob Log III
axiome I: Bob est amerloque
postulat II: Bob est un one-man band
théorème III: Bob a plus qu'une araignée dans le plafond
A part çà, tu t'amuses pendant 45' avec son blues/punk/boogie déjanté.
Avec des centaines d'autres braves gens, t'es là à attendre patiemment l'arrivée du gars, quand sorti du néant, tu peux ouïr un grand brrrraaanngg , une guitare maltraitée en coulisses, 30 secondes de ce traitement thérapeutique et un alien rapplique: costard noir seyant, bottines noires, chaussettes rouges empruntées à Axel Witsel et un casque de cosmonaute sur le crâne, à l'avant de cette coquille, le rigolo a fixé un cornet de téléphone, aussi antique qu'Alexandre Graham Bell, qui lui servira de micro.
Donc il nous interprète à une vitesse supersonique un blues slidé venu de Mars tout en piétinant un kickdrum et un tambourin.
Morceau à peine achevé, il y va d'une séance de striptease pour se retrouver en tenue d'homme-canon échappé de chez Barnum.
Il reprend place sur son tabouret et recommence sa gymnastique post-natale.
Musicalement tu peux pas le comparer à Remy Bricka mais plutôt à un Captain Beefheart ayant passé la nuit avec Jon Spencer en avalant quelques litres de mauvais Bourbon.
Plus givré que ce gars, ça existe pas, mais tu vibres et rigoles à son numéro humoristique et à son blues artisanal.
Setlist?
Connais pas, mon cher, je joue à l'improvisation ou je demande à ma guitare 'Bla bla' ce qui lui ferait plaisir.
Il puisera dans son album de 2009 'My shit is perfect'. ( dont 'Bump Pow')
Pour varier, il passe de la slide au fingerpicking pour nous prouver qu'il n'est pas pingouin.
Tout en tapant de ses godasses sur sa pédale, il étale sa bière maison et conclut qu'il ne peut continuer sans mousse.
Garçon, à boire!
Comment va-t-il avaler le liquide avec son bassinet?
Fermez les yeux Lessines, I drink!
On poursuit dans le frénétique, le Delta Blues distordu, le scatologique et l'absurde.
Sa pendule spatiale n'étant pas un modèle d'exactitude, il quitte le podium après 35'.
Non, non, retourne là-bas, t'as encore dix minutes à tenir.
OK, boum, boum, boum.. fait la drum machine, et puis non vais leur interpréter a lovesong: ..shake it, shake it...
Le délire à nos côtés.
Veux bien en jouer encore une mais I want two ladies on my knees...
Deux intrépides gravissent le podium pour prendre place sur les quadriceps fémoraux du phénomène, une troisième a fait le déplacement pour rien: complet!
Et avanti pour le boogie women on my knees que j'appelle : ' I want your shit on my leg'.
Fou à lier!

Second soliste d'affilée, Bjørn Berge, au style complètement différent.

C'est en 2007, que tu vis le bluesman Norvégien à l'AB club. Depuis, sa discographie s'est allongée: onze CD's , le dernier 'Fretwork' en 2009, mais un nouveau produit doit sortir de l'usine un de ces 4.
Le costaud débarque avec une paire de guitares acoustiques, une six cordes mais aussi une twelve strings.
Ce gars combine maîtrise technique, finesse, feeling, jeu clair ou alambiqué, sobriété ou vélocité tout en chantant d'un timbre chaud à la Tony Joe White.
B B, de Haugesund, est à la guitare ce qu'un autre B B nordique (Bjorn Borg) est à la raquette: un virtuose.
Quelques instrumentaux ( dont probablement 'Fretwork) énervés, musclés ou lorgnant vers le classique avec un superbe jeu andalou , un ou deux titres folk et des covers ( superbe version laidback du 'Woodstock' de Joni Mitchell, ou le nerveux 'Give it away' des Red Hot Chili Peppers...) :voilà le mix proposé par le gars du fjordenland.
Une plume pour le Delta slide blues 'Drifting Blues' de Charles Brown.
La Gaule a apprécié!

The Sore Losers
Des copains de Mourinho?
Non, des Limbourgeois nourris aux Stones, Led Zep, Guns, Black Crowes et autres adeptes du rock aux accents blues, garage avec quelques touches psychédéliques ou Southern rock.
Du vettig rock'n roll comme on l'aime, pas aussi gras que Bart, de man van 785 776 (Vlaamse) stemmen, toutefois.
Leur début (titelloos), produit par Pascal Deweze, regorge de hits et les singles squattent De Afrekening depuis des mois.
Ils ont fait grosse impression à Lessines et comptent bien enflammer un bon nombre de podiums de festivals cet été.
'Juvenile heart attack' méchant bluesrock avec quelques touches grunge, ça canarde vache dès les premières lignes.
Et ils ont de la gueule ces petits gars de Hasselt: pensez à cacher les pucelles, on annonce une période de défloraison massive!
'Girl' ...I'm ready to play with you...on vous aura prévenus!
Guitares ravagées, rythmique en béton et une voix à la Chris Robinson: ça bétonne dur.
'Guiding Hand' prend ma main, je t'emmène faire un tour.
'Hollow Tree' aux teintes Doors bluesy, travail éblouissant de Cedric Maes à la lead ( by the way, les autres mauvais perdants se nomment: Kevin Maenen - bass & backing vocals, Alessio Di Turi - drums et le sale gamin de rue, Jan Straetemans - vocals & rhythm guitar).
Bluestime, baby: 'Into your head' , un truc que même Classic 21 blues passe en boucle.
Pas le temps de battre des mains, Alessio a déjà enchaîné sur 'Silver Seas', si les flots sont sereins au début, la mer s'agite sérieusement et je te préviens petite, ...this is gonna hurt you more than it's gonna hurt me...du power rock avec refrain catchy à la Cheap Trick.
'Your smile' du Gioconda rock, sexy et souriant.
Le track ouvrant la plaque: 'Beyond repair'. Gros hit , clip crapuleux: du sang partout, un obus plus imposant que ceux que la Grosse Bertha propulsait sur Paris en 1918... ça fait très mal, tu pourras pas réparer!
La dernière puisqu'il fait beau, 'Goodmorning sunshine' , tu peux entendre le gazouillis des petits oiseaux accompagnant une slide bucolique. Le truc te faisant penser au 'Dead Flowers' des Stones.
Les Sore Losers, c'est du solide. Ces gars ont tout compris au rock et sont à l'aube d'une belle carrière.


Hayseed Dixie

Une autre paire de manches, tricotées façon country/bluegrass/hillbilly: les Appalachian hellraisers vont tondre le gazon ras, très ras!
Barley Scotch : Singer, Guitar, Fiddle/Reverend Don Wayne Reno : Banjo/Deacon Dale Reno : Mandolin, Guitar/Jake 'Bakesnake' Byers : Acoustic Bass naissent au Tennessee en 2000 et pondent huit amniotes hautement recommandés pour la bonne santé des zygomates, le plus jeune 'Killer Grass' 2010.
Encore un band qui a fait l'unanimité sur la plaine jouxtant l'Ancien Chemin d'Ollignies.
Seize titres mixant covers délirantes et compositions personnelles infectieuses.
Pendant une heure tes panards vont battre le plancher des vaches, tes mains vont se cogner, ta tête va headbanger dans tous les sens et ta rate risquer l'explosion à force de rire comme une baleine: une java incroyable!
Leur message pontifical: on est ici pour se marrer et pour boire.
Reçu 5 sur 5, messieurs!
Un peu de AC/DC ( 'Have a drink on me' - 'You shook me all night long' façon Hank Williams) suivi d'un square dance en surmultipliée ...noticed what you think of me ... et un Kiss my country ' Detroit Rock City' avec un solo époustouflant du Deacon. Sais pas si ce diacre a collaboré avec l'évêque de Bruges aimant les enfants, mais bordel, il sait manier une guitare.
Une nouvelle chanson à boire ouvrant leur dernier CD: 'Tolerance' ça s'appelle, puis on s'attaque à Aerosmith 'Walk this way'.
Quelques anecdotes familiales à propos du supposé géniteur des frangins,une virée gospel pour ivrognes, une remarque admirative à propos de Chris Martin: 'we say Coldplay sucks', can you repeat after me...Coldplay sucks, allelujah... Barley Scotch sans soda, c'est mieux que tous les Monty Python réunis!
Ecoute Reverend de mes deux, ta barbe colle dans la contrebasse, viens ici je vais t'aider pendant ton aubade, je fais les accords, tu grattes...
Ambiance Oktoberfeesten dans le wigwam.
Une séquence crooning pour annoncer the greatest killing song on earth: ' Bohemian Rhapsody' de Queen.
Rien que d'y penser, je pleure!
Ces quatre comiques font mieux que les Nylons ou les Flying Pickets.
'Corn Liquor' la meilleure c'est celle fabriquée par mon bompa, the meanest & ugliest man in the States. Le cirque continue avec e.a. 'Bad moon rising' du CCR , pour finir en medley rock anthems introduit par 'Dueling Banjos'.
Dale, montre à ces bouseux comment on joue de la mandoline derrière la nuque!
Si t'insistes, fieu!
Gros succès, cent fois mérité et en rappel: 'Highway to hell' sans péage!
Tous au bar!