samedi 30 octobre 2010

Julie Rens- Annelies Monseré- Colline Hill au Café-Théâtre Le Cuberdon, Bruxelles, le 29 octobre 2010

Les quotidiens titrent: Le Cuberdon, ouverture d'un café-théâtre, fin du mois!
99 Boulevard Lemonnier, à 20 mètres de la Place Anneessens.
La Communauté française? La Famille Emsens? Albert Frère? Un cheikh adepte de polygamie? La mafia moscovite?
Non, un coup de folie d'une avenante jeune personne , comédienne/metteur en scène de 27 printemps: Aurélie Lannoy!
La blonde Aurélie voit loin: théâtre, cafés philo, soirées poétiques, expositions et concerts acoustiques.
Pour le lever de rideau en ce week-end Halloween, la belle enfant ne fait pas appel à la fée Citrouille mais à Fred Cerise, gros amateur de friandises con(m?)iques!
Trois jours de musique, pas moins de 10 groupes signés par Monsieur Kriek.

A 20h10', après avoir pris le pouls de la fine équipe, scruté à droite et à gauche et avoir analysé la carte des consommations ( prix démocratiques, gens accueillants, salle coquette sentant la fraîche peinture, bonne acoustique, un seul point restant à régler: les sanitaires...), Bruxelles est prête à écouter

Colline Hill

Colline Hill, pourquoi pas Stella La Star ou Gay La Folle, Prune Plum, Rose Flower...
Bon, c'est tout, mec?
Colline Hill nous vient de Bretagne, mais réside chez nous (Liège).
Cette singer/songwriter a fait le plein de parts vendues sur Aka Music et va sortir un premier CD 'Wishes'.
Les pros croient en elle, Werner Pensaert a arrangé son premier single, les internautes l'adorent.

20h10'
Un signal sinusoïdal en provenance de l'ampli, pas de retour sur la pente, feedback pénible: ouille, le technicien/cuberdon à la table rame... On secoue la console dans tous les sens pour obtenir un son convenable.
'Autumn Girl' un folk intimiste, une voix pleine, titre aussi percutant que du Tracy Chapman.
Même veine pour la ballade introspective qui suivra .... I am lost in your world...('No more, no less').
Public attentif, Colline a su imposer le silence d'emblée, une guitare sobre en background, sur laquelle se greffe un chant nourri d'émotions .
Elle cite Heather Nova ou Alanis Morissette comme influences, on entend également du Janis Ian.
Un folk/pop chatoyant 'Join the sky', suivi d'un titre emprunté à J J Heller , singer/songwriter de Nashville, l'émouvant ' What love really means'.
L'aérien 'Where you are' - le sentimental et nostalgique 'From now' .
Chacun de ces titres accroche l'auditeur, pourtant un sentiment d'uniformité s'installe insensiblement.
Dommage que Colline ne soit pas accompagnée, ce soir, par Fred Malempré ou Giovanni Rizzuto pour donner plus d'envergure à ses compositions.
'You gotta hold on' est proche de l'univers plus léger de Jason Mraz.
Trois derniers folk/pop satinés mettront fin à cet excellent set ' Cause I love'- 'She believes in me' et le poppy ' By You'.
Gros succès, les nanas adorent, les durs furent émus!

Changement de planète avec Annelies Monseré!
Tu veux garder l'étiquette folk?
OK, tu y accoles drone-folk, experimental folk, lo-fi, minimalism...
Un bail que t'avais plus croisé les insondables chemins de la Gantoise, en mars 2008 à la Flûte Enchantée.
Pas de transformation notable, toujours la même humilité et profondeur.
Dans sa valise un nouveau CD, 'Marit', sorti en 2009, pour lequel Miss Monseré a pu compter sur la collaboration de Nathan Amundsen des Rivulets ou de Jessica Bailiff, une amie de longue date.
Une guitare à peine effleurée, un chant murmuré: 'Sand' .
Austère, tu dis.
Oui, spartiate, glacé, d'une beauté gothique, un paysage hivernal figé de Hendrick Avercamp.
'September' The Cranes, une cover chétive, ton voisin n'ose appuyer sur le bouton de l'obturateur de peur de briser le charme.
'New Home' ein Kammerspieldrama.
Le sépulcral ' Wake', la musique du silence. Hildegard von Bingen fait du rock'n roll, si tu la compares à Annelies.
Un melodica enfantin frelaté par l'effect pedal.
Retour à la guitare pour la mélopée sombre 'Common ground', proche du psych folk d'Islaja.
Les Cranes bis: 'Shining Road', dépouillé à l'extrême.
Un titre plus ancien ' You were on my side' sur le CD 'Helder' 2005.
Le melodica et un glockenspiel format de poche: ' I will lock you' de l'ambient-core joué par une visionnaire ascétique.
Le traditional folk 'Are you going to leave me' , a tale of a mistreated maiden, qu'Annelies a appris à connaître sur l'album ' Love, Death & the Lady' de Shirley and Dolly Collins.
Isobel Campbell a enregistré sa version sur 'Milkwhite Sheets'.
Gloomy images.
Aux States on m'a demandé pourquoi je ne chantais pas en flamand, depuis je reprends Luc De Vos (Gorki).
A capella 'Samen in dat donkere huis', et ils y font quoi?...Alles wat niet mag...
Un dernier souffle magique 'Blind/Light' et la visitandine regagne son couvent.
Vite, une gymnastique articulaire avant de saisir ta chope.
Annelies Monseré est à coup sûr une des artistes les plus originales foulant nos scènes.

Nouveau virage avec le troisième élément féminin programmé par Cherry Fred: Julie Rens!
Place à l'insouciance, à la fraîcheur, au female jazz: Julie Rens, pas 20 ans et une maîtrise vocale sidérante.
Mais où as-tu croisé ce sourire?
Septembre 2008, Julie faisait les choeurs pour Samir Barris (Brain Snob or Sir).
On la retrouve aussi sur un clip d'Akro, un ex Starflam, mais, depuis quelques mois, elle tourne avec le surdoué Martin Salemi, un petit gars qui, à l'instar d'Amadeus, pianote depuis la plus tendre enfance.
Tu peux l'entendre chez Spout Big Space, Opmoc, Funkarium...
Un premier vocal jazz brillant sur fond de claviers suaves, Pascal, mon voisin d'Antwerpen, est aux anges.
Etonnante maestria.
'Cry me a river' un classique, au répertoire des plus grandes: Julie London, Ella Fitzgerald, Nina Simone, mais aussi Christophe ou Viktor Lazlo.
Remarquable version.
Une touche exotique, direction La Havane pour un boléro-son moiré: 'Lagrimas Negras' .
Un guest, Ruben Verbruggen (Merinos Quartet), au sax: le sensuel 'Gee Baby'.
Une romance légère ' You're everything' de Chick Corea, le Chick avait invité Flora Purim aux vocalises.
Late night jazz, propice à la consommation de cocktails sirupeux.
Exit Ruben, drink een pintje, menneke!
'Toxic' de Britney Spears, superbe en traduction jazzy.
Dominique me souffle que Yael Naim en a fait une version inoubliable.
'My Funny Valentine' elle va nous faire pleurer, la petite!
Ruben, dépose ta chope et rejoins-nous pour un second hit de l'ex de Justin Timberlake 'Baby, one more time'.
C'est décidé je me procure le catalogue complet de la Spears, mais je veux la variante bossa-nova.
Ce trio est incroyable de maturité.
Miles Davis, le bebop: 'Boplicity', un duel rollercoaster vocaux/sax.
Etourdissant!
Encore un standard: 'Angel Eyes' et une lecture audacieuse de 'Summertime'.
Pas revenus de notre surprise, Julie et acolytes nous servent un Nirvana trafiqué, 'Lithium'.
Ai failli tomber de mon siège!
Imagine Kurt Cobain faisant l'amour au paradis avec Mark Sandman de Morphine...

Merci Le Cuberdon, nous étions le Julie Rens trio!
Une voix à l'arrière supplie: Julie, le Portishead, please!
C'est Fredo!
Le glorieux 'Glory Box' met fin à cette prestation inspirée.

Longue vie au Cuberdon!