jeudi 14 octobre 2010

Sting /Symphonicity au Sportpaleis, Antwerpen (Merksem), le 13 octobre 2010

Perplexe, tu te tapes les bouchons vers Anvers pour assister au concert belge de la tournée 'Symphonicities' de Sting.
De Peter Gabriel à Joe Jackson,en passant par Elvis Costello, Procol Harum, Deep Purple, Pink Floyd... et My Little Cheap Dictaphone, tous ont procédé à la relecture de leurs oeuvres en les enrobant d'un coulis classique.
S'il y eut des réussites, on dénombre pas mal d'essais ampoulés.

A 20h10' le Sportpaleis affiche quasi complet: la cinquantaine de musiciens du Royal Philarmonic Orchestra, dirigé par Steven Mercurio, prend place.
Ils sont suivis de près par l'élément rock du tour: l'incroyable guitariste argentin, Dominic Miller- le jazzman, Ira Coleman, à la basse ou contrebasse- deux percussionnistes subtils: David Cossin et le marocain, Rhani Krija et, last but not least, pour le plaisir des yeux et des oreilles, l'australienne Jo Lawry comme choriste.
Quelle nana, mes aïeux...
Première ovation avec l'apparition de Gordon Matthew Thomas Sumner, alias Sting.
Veston sobre, coiffure Tintin, un sourire espiègle, le fringant schoolteacher de Newcastle Upon Tyne ne fait pas ses 59 piges.
Ma belle-soeur ne peut réprimer un soupir...il est beau...
OK, il est mieux que Bart De Wever!

L'orchestre attaque une intro, Sting s'empare du micro ...You could say I lost my faith in science and progress... ' If I ever lose my faith in you'. Une voix incroyable, une acoustique impeccable pour un Palais des Sports au decorum sobre... t'as compris d'emblée que tu vas assister à un événement exceptionnel.
Ce ne sera pas de la Musique de Chambre pour mémés avachies, Sting ajoutant déjà quelques lignes de blitz harmonica à la mélodie et David quelques riffs pas dégueulasses.
Une harpe Pleyel amorce l'enchanteur 'Every Little Thing She Does is Magic' .
Explosion de joie:' Englishman in New York' , un sax sensuel et tous les éléments du Philarmonic Orchestra battant des mains: impressionnant!
Sting, tout sourire, s'amuse, nous aussi.
Grosse claque avec une version Carmen de 'Roxanne', que le playboy joue à l'acoustique.
Formidable, le qualificatif est faible.
Un traitement symphonique pour 'Straight to my heart' .
Une lovesong qui raconte You love me, I love you, c'est con..mais I love you, you love someone else, c'est tragique... crooning time pour 'When we dance'.
Sting subissant une mue Frank Sinatra, la classe!
His voice hasn’t lost much (if any) of its luster and tonal qualities... écrit le chroniqueur de la Gazette de Colorado Springs, on adhère à 100%.
Une intro Stravinsky: un 'Russians' majestueux et poignant, j'en tombe de mon siège.
Les roulements de tambour bombastiques martèlent ton cortex.
..I hope the Russians love their children too...
Tout ce dont est sûr, c'est qu'Antwerp loves Sting!
Sais pas si vous regardiez des séries western en 1959?
Au UK, oui!
On connaissait 'Bonanza', mec!
Time for a murder ballad, du John Wayne symphonique: 'I hung my head'.
Sting: le touche à tout!
Une de mes préférées 'Shape of my Heart'.
Silence, je pleure!
Que dis-tu, Sting?
'Why should I cry for you'
T'ai rien demandé, gars!
Une version sobre, mélancolique.
Dédié aux mineurs chiliens, le formidable, mélodramatique, socialement engagé:' We work the black seam'.
Autre registre: ' Whenever I say your name' aux touches rhythm'n blues.
Un duel vocal irrésistible, Jo montant aussi haut que Tina Turner, et un violon larmoyant.
La chair de poule.
Le romantique 'Fields of Gold' et pour mettre un terme au set 1, un rock nerveux 'Next to you'.
Le Royal Symphonic Orchestra en rock band vicieux.
A fond la caisse, public debout, en délire!
Quatorze titres, 80', pas un moment faible...

Deux pintjes, bitte!

'A thousand years' avec la star à la 6 cordes, amorce le second set.
L'épique ' This cowboy song', introduit par un festival Vivaldi suivra.
Miss Lawry s'avère fine mathématicienne et caresse le triangle tout en douceur.
Les vachers aimant le son du violon seront servis à volonté, la sérénade s'emballant pour virer gigue folle.
Faut pas oublier que les cowboys ont du sang irlandais.
Une leçon de tolérance, le jazzy ' Tomorrow we'll see', Sting en transsexuel se vendant du côté du Bois de Boulogne
...My skirt's too short
My tights have run
These new heels are killing me...
Doit être beau avec ses talons hauts!
Une histoire de vampires, il enfile une redingote, l'éclairage se meurt, le noir domine, Sting sous un rayon de lune...si on peut parler d'un highlight parmi tous ces chefs-d'oeuvre on citera le dramatique ' Moon over Bourbon Street' .
Tom Waits rôde, Sting accentue l'atmosphère sombre en maniant un theremin inquiétant sur fond de violons klezmer.
Magistral!
'End of the game' pour les foxes ayant bouffé toute sa volaille.
Une détonation assourdissante pour l'hallali.
Composé pour 'Cold Mountain' (featuring Nicole Kidman/ Jude Law), chanté par Alison Krauss sur la BO: ' You will be my ain true', démarre en marche solennelle, les fiddles virent irlandais, Jo et Sting entamant un vocal duet charmant.
Bossa nova/ crooning time ' All would envy'... envier ce vieux beau, old enough to be her dad, au bras d'une jeune dame sexy en diable.
Dean Martin, sors de ce corps!
Finie la rigolade, le biblique et prophétique 'Mad about You' .
Deuxième livre de Samuel: le roi David succombant aux charmes de Bethsabée!
T'aurais succombé de même, surtout après le brillant solo de clarinette.
Bethsabée, épouse-moi!... I'm lost without you, lost without you...
Un incroyable 'King of pain' , avec tous les musiciens debout, le Sportpaleis suit leur exemple, les derniers sièges venant se coller frontstage.
La démence, des frissons dans le dos.
'Every breath you take' , sortez les briquets..
Une communion totale, l'extase.
Fin de la performance.
Un concert d'anthologie, Sting fut charismatique en diable!

Un triple encore!
Il nous l'avait pas encore joué raï, voilà 'Desert Rose' avec Rhani au darbouka.
Jo Lawry en belly dancer valait à elle seule le prix de ton ticket et quand elle nous la joue chanteuse kabyle, t'es transformé en Ali Baba contemplant le trésor des 40 voleurs.
Grandiose!
Nouveau rock sanglant 'She's too good to me'.
Si tu crois qu'un chef d'orchestre c'est un mec sérieux , tu dois aller voir Steven Mercurio, un kangourou maniant la baguette.
Et pour finir en beauté, Anvers l'attendait, 'Fragile', une version sanglots longs à faire pleurer Verlaine.

Ce soir c'était la totale: émotion, humour, énergie, rock...
Merci Sting!
Et l'improbable se produit, le British, heureux, rapplique et a capella nous accorde 'I was brought to my senses'.

'And where the two birds were flying
I swear I saw you and I'
T'es pas un oiseau, faut se retaper Bruxelles, ce sera pas la joie, 8000 personnes ont repris leur carriole, ça klaxonne moins mélodieusement que dans le Sportpaleis.