samedi 23 octobre 2010

Jacques Higelin au Théâtre National, Bruxelles, le 22 octobre 2010

Pendant dix jours (jusqu'au 30 octobre), Bruxelles et Liège vivent au rythme du Festival des Libertés, organisé par Bruxelles Laïque: théâtre, débats, conférences, documentaires, expositions et concerts.

Rendez-vous au Théâtre National, pour le show de Monsieur Jacques Higelin.

Les portes s'ouvriront à 20h40', ruée vers la scène, située à 1m 50 du sol.
21h00: rien ne bouge, si ce n'est dans la salle où les rescapés de toutes les barricades s'agitent.
Gros mouvement de foule dans ton dos, un clochard, farci jusque dans le petit orteil, bouscule tout sur son passage et pique la place de JP éberlué.
Le gueux s'est mis dans l'idée d'escalader le podium pour ramasser le paquet de clopes gisant aux pieds du piano, on refuse le coup de main.
C'est mal barré.
21h15', un duo bilingue vient présenter le spectacle tout en émettant quelques directives: pas de tabac, ni de caméra, ni de photos....
Arrivée des musiciens et du baladin de noir vêtu et délacé...
'Vive la Wallonie Libre' blague-t-il.
Le beurré, entouré d'une dizaine de mouches à merde, parvient à se faire tendre les cibiches par un Higelin bon prince.
Il s'assied et s' en allume une à 2 cm du rideau cachant le podium.
Sagement JP, passe derrière moi pour me laisser à côté du drôle.
C'est plus que mal barré!
Un petit coup d'oeil au band: des pros connaissant la musique et capable de supporter les frasques du frais septuagénaire ( soixante-dix balayettes depuis quelques jours)...
Alberto Malo aux drums- le fidèle Dominique Mahut aux percussions - le costard noir, cravate assortie, Julien Perraudeau ( Rodolphe Burger) à la basse - le British, Christopher (key)Board, aux claviers (Miossec, les Innocents, Marie France, Marc Lavoine, Thiéfaine...) et à la guitare, le flamboyant et bien chaussé, Alice Botté (Jad Wio, Daniel Darc e.a...)- de temps en temps, le régisseur et ami, Stéphane Guillaume (The Light), vient ajouter quelques lignes de guitare supplémentaires.
'Le Minimum' le grand Jacques a pris place derrière le piano, mon voisin, le Lord of the Flies, gueule les lyrics ...juste quand tu démarres, le minimum...avant l'artiste.
Le truc de Dijon commence à lui monter au nez, ça va saigner, c'est sûr.
Dans un coin, tu remarques un écran sur lequel défilent les lyrics...plus pratique qu'un souffleur dans son trou.
Encore un adepte d'A A ( pas forcément un alcoolo, Aloïs Alzheimer..).
Le théâtral 'Coup de Foudre' , titre de son dernier album studio.
On aime bien Higelin quand il la joue grosse gueule, là il s'attaque à un photographe amateur, collé à 66cm de son faciès: diatribe violente ... suis pas mannequin... le mec rengaine son jouet, pendant que la sécu confisque le mégot de l'ivrogne.
A l'acoustique 'J'ai jamais su' un cha cha cha léger et racoleur. Jacquot en équilibre sur son fil.
Au piano : 'New Orleans'.
Merde, le taré en remet une couche. Higelin s'arrête de jouer pour lui lancer: 'arrête de te répandre, mec, j'aimerais pas vivre avec toi..'
Faut le sortir, ça va dégénérer.
Higelin rêve d'une créole, Pamela Norton...
Fou, la ressemblance avec Gainsbourg.
Enfin, on sort le poivrot, le band attaque le rock noir bien juteux 'Mona Lisa Klaxon'.
Un grand moment, le petit Alice au pays des merveilles.
Un requiem douteux: 'Kyrie Eleison', c'est sûr qu'au prochain enterrement auquel on me conviera je penserai à Higelin, ce mec se fout de la mort comme de sa première liquette.
Vian, Ferré, Gainsbourg, Bashung, Higelin .
T'as triché, t'as sorti cinq as!
Une leçon de biologie et du bla bla bla matérialiste, il est disert, il déconne... ' Qu'est ce qui se passe à la caisse', encore un rock funky.
Tient la forme, le vieux!
Une ballade démarrant en full fat Yomo yogurt steel taste ' La fille au coeur d'acier', avec à nouveau le chat botté en évidence, une guitare Keith Richards country style.
Un nouveau monologue simili-philosophique, la gauche n'est plus ce quelle était. Soixante -huitard en 2010, c'est bidon et on attaque 'Paris, New York' (aller-retour), une des pièces maîtresses du show.
Belles flambées de guitares. Un régal!
Le subtil 'La rousse au chocolat', un slow bien pute et on reste dans l'ancien avec l'épique 'Champagne'. Le maître et Mahut seuls en piste, une limonade, en coulisse, pour les autres.
Au cabaret avec James Ensor, Félicien Rops et quelques madames peinturlurées.
Bruxelles bat des mains et vocalise à l'unisson, des bulles pour tous.
Un coup de tisane, suis presque aphone et réapparition des pistoleros pour quelques images d'Epinal estivales.
Les citadins migrateurs sur la route: ' Août Put' ou Gourdon, Alpes Maritimes, une tragédie iconoclaste featuring Jacko Le Pantin, un copain à Coluche.
Gros numéro de cabot: je sabote le morceau, je débite 500 tonnes d'âneries, je transforme le National en chorale paroissiale pour un canon/bourdon bidon.
Les 20' Higelin fait son malin... eh, Marie, tu refais mon lacet, un double noeud s v p.
Voilà qu'il la joue Armée du Salut et écoute la confession d'une malvoyante amoureuse.
Comment sortir de ce putain de piège?
On reprend la chorale Gourdon.
Grotesque!
Pire que Jacques Martin!
Heureusement, les musicos enchaînent sur une envolée rock salvatrice, la guitare furieuse d'Alice Botté sauve le capitaine du naufrage.
'Valse MF' pendant laquelle il trébuche verbalement et fusille son guitariste du regard... encore 3 tonnes de TNT, fieu, t'es pas avec Iron Maiden...
Pardon, madame!
Faut se le farcir, Jack!
' Bye, bye, bye', un country en line dance.
Tous sur une ligne, quatre guitares, une basse, quelques percus et un petit harmonica.
Higelin' Jack et sa bande de killers on the road, je téléphone à Gary Cooper pour remettre de l'ordre dans ce bled.
Envoyez le générique de fin.... plus de deux heures de show!
Oui, Stéphane, quoi?
Des hauts et des bas!
Comme d'hab.!

Bis
L'excellent 'L'amour sans savoir ce que c'est' , illustrant parfaitement le thème du festival: la liberté!
'Beau, beau ou laid'( 1979) du rock franchouillard et lyrique.
Le merveilleux 'Pars' en habit reggae pour finir le concert en beauté .
La version femme fatale de Grace Jones trottant dans ta cervelle, tu quittes le théâtre, heureux d'avoir vu cet éternel révolté, tout en sachant que c'était pas le concert du siècle.

Pars, et surtout ne te retourne pas...