dimanche 28 décembre 2025

Armel Dupas Trio et Claire Nouet au Centre de Congrès de Saint-Quay-Portrieux le samedi 26 décembre 2025

 Armel Dupas Trio et Claire Nouet au Centre de Congrès de Saint-Quay-Portrieux le samedi 26 décembre 2025

michel

Comme toujours, le programme des animations de fin d’année à Saint-Quay-Portrieux est chargé et varié: des concerts, un marché, le traditionnel bain sur la plage du Casino, des films pour enfants de 3 à 99 ans, un spectacle pyrotechnique, la venue du Père Noël, du vin chaud, des pâtisseries  et un feu d'artifices.

Le 26 décembre, c'est  au Centre de congrès qu'il fallait être pour assister au «Christmas Jazz gig » avec le groupe Armel Dupas Trio et la chanteuse Claire Nouet, un show proposé par l’association Quand le jazz est là ( Jazz Ô château) et la mairie quinocéenne.

Après avoir goûté au vin chaud , c'est le rush vers la salle de concert, de courtes allocutions du Maire de Saint-Quay et de la dynamique  présidente  de Jazz Ô château ( un coin du voile de l'édition 2026 est levé, l'immense Shai Maestro sera à l'affiche du festival)  précèdent le concert de Noël.

Le pianiste et compositeur nantais   Armel Dupas peut afficher un beau bristol: des collaborations avec Henri Texier, Arnaud Desplechin, Sandra Nkaké, Catherine Ringer, des concerts et enregistrements avec Chloé Cailleton, des soundtracks, et une kyrielle de créations en tant que leader ou co-leader.

Depuis 2021 il se produit au sein du  Armel Dupas Trio qui a gravé cinq albums, deux recueils ont vu le jour en 2025: 'Standards Vol. 1' et 'Everyday Superheroes', ce soir le répertoire est surtout basé sur 'Let it snow, let it swing'.

Si en 2017, un Armel Dupas Trio existait déjà et se composait d'  Armel Dupas, Mathieu Penot et Kenny Ruby, en 2021, ce sont Jules Billé ( contrebasse) et Christophe Piot ( batterie)  qui accompagnent le pianiste.

Ce soir Armel  a invité la chanteuse  Claire Nouet ( Da Carmine)  à se joindre au trio, pour se faire il a été obligé de réarranger les morceaux afin de laisser de l'espace à l'excellente  chanteuse compositrice du pays de la Loire ( Tennie). 

En prélude au concert, l'éloquent Armel Dupas nous prévient que ce soir il ne faut pas s'attendre à du free jazz, le programme est catalogué 'Easy Listening' ( ce qui ne signifie pas que tu subiras de la muzak de grande surface).

En 1957, le chanteur country Bobby Helms enregistre ' Jingle Bell Rock', en guise d'échauffement le trio nous propose une version instrumentale frivole.

Il n'aura pas fallu plus de quatre minutes pour se rendre compte que la soirée sera fascinante, ces gens sont loin d'être empotés.

Une porte s'ouvre,  Claire Nouet, vêtue d'une élégante robe noire s'avance et agrippe le micro, Armel toujours aussi loquace nous révèle la genèse du standard , extrait du Great American Songbook'  'Have Yourself a Merry Little Christmas' de  Hugh Martin et  Ralph Blane, un immense succès pour Judy Garland, Frank Sinatra ou tout récemment Azealia Banks.

La voix claire et limpide de Mademoiselle Nouet a ravi ton épouse et la salle entière,  la séquence scat était du meilleur effet.

1934,  il y avait encore de la neige en Pennsylvanie  à l'époque, peu de gens se souviennent de  ' Winter Wonderland'  par Richard Himber and his Orchestra, mais les mamies s'extasient  devant les versions de Bing Crosby, Perry Como, Elvis Presley  ou Tony  Bennett.

Le phrasé impeccable de Claire rend justice à cet immortel hivernal. 

Toujours en 1934,  "Santa Claus Is Comin' to Town" became a smash  hit.

Le trio a décidé de donner une couleur New-Orleans au foxtrot original, ce qui a permis à Christophe Piot, qui n'a jamais gardé les filets du Standard de Liège, de montrer toute l'étendue de son talent.

Après son introduction ébouriffante, Claire saute dans le wagon, bientôt suivie par la contrebasse et le piano,  la luge du Père Noël glisse à une vitesse TGV, les rennes sont dopés, les cadeaux tombent de la cheminée.

En 1818, à Oberndorf, près de  Salzbourg  , l'orgue de la chapelle déconne, tant pis on s'en passera, et l'organiste  Conrad Franz Xaver Gruber met en musique un poème écrit par  le prêtre Josef  Mohr,  le duo ignorait que 'Stille Nacht, heilige Nacht' allait faire le tour du monde et être traduit en 968 langues.

Du coup on a droit à un titre trilingue ' Stille Nacht/ Silent Night,/Douce Nuit' et on a eu des étoiles plein les yeux et le coeur. 

Tu dis, Céline?

Oui, c'était mieux que la soupe de Richard Clayderman ou que celle d'André Rieu. 

Toujours du côté germanique où les  fröhliche Weihnachten s'entendent partout, voici ' O Tannenbaum' devenu ' Mon beau sapin' chez Tino Rossi.

En mode swing syncopé , c'est moins ringard, et quand les baguettes et balais de Christophe s'animent, ça frise le Lindy Hop.

Non on ne jouera pas du Mariah Carey , mais vous aurez néanmoins droit à un titre moins poussiéreux, ' Last Christmas' de Wham a failli te faire pleurer,  d'abord en pensant à George Michael et puis par l'interprétation brillante de Claire Nouet, magnifiquement soutenue par le trio.

Une infidélité aux Christmas carols pour suivre , Claire au repos, le trio propose deux de ses compositions, d'abord ' Chocolate cake' , une mignardise qu'on doit à Christophe Piot.

Ce superbe rondo en forme de cumbia colombienne est suivi  par ' The West Coasters' qui mixe cool jazz,  be bop et  swing.

Dave Brubeck, Shelly Manne et   Red Mitchell ont ouvert de grands yeux.

On replonge dans la piscine de Santa Claus  et on assiste au retour de la chanteuse avec ' The Christmas song' de Mel Torme, qui reçoit un traitement cha cha cha/calypso.

Tous les marrons, grillés au feu de bois ont été engloutis, on passe au ' White Christmas' d'Irving Berlin, précédé d'un savoureux historique consacré au compositeur d'origine russe, devenu américain en 1918.

Si Irving Berlin a composé le titre en Californie, dans ses souvenirs, le Noël blanc le renvoie vers sa Russie natale.

La version bilingue proposée ce soir a ému toute l'assistance.

Le standard de 1946 'Sleigh ride '   reçoit une approche George Shearing, décorée d'un scat Diana Krall sur piano expressif et petit coup d'archet rusé.

Jule Styne est connu à Broadway, il a composé la musique de 'Let It Snow! Let It Snow! Let It Snow!' que tu connais forcément par le séducteur Dean Martin.

Non, le titre n'a pas inspiré Adamo pour ' Tombe la neige'.

Pour clôturer le set, le groupe a choisi 'Jingle bells' , le titre original étant  "The One Horse Open Sleigh".

Si le morceau est associé à Noël, à l'origine c'était une chanson à boire .

Un jour on ira demander à Dalida comment la rengaine est devenue ' Vive le vent' en français.

Public debout après les dernières notes, un triomphe mille fois mérité  et un bis réclamé par de nombreuses voix.

 Raymond Vincy et Henri Martinet composent 'Petit Papa Noël' en 1944, la chanson est censurée par les Nazis  et remodelée en 1946 pour devenir le single le plus vendu en France ( c'était avant Aya Nakamura).

Le trio et Claire ont eu l'excellente idée d'assaisonner la comptine d'une sauce relevée qui a enflammé la salle.

Après s'être plié à l'exercice des autographes, les musiciens ont repris la route pour aller chanter Noël sous d'autres cieux. 

Un regret?

Oui, il manquait ' Rocking around the Christmas tree' de Brenda Lee!