mardi 21 octobre 2014

Festival MaMa Event, jour 1, Paris, le 15 octobre 2014

Charles Eloy.


Festival MaMa Event 2014


L’artiste qui débute la série de trois jours de concerts de MaMa Event n’hérite pas des conditions les plus favorables . C’est le cas de MINA TINDLE qui se retrouve devant un public de Parisiens qui n’ont pas encore la fièvre de la fin de semaine et les professionnels fatigués d’une journée de voyage, de recherche de leur hôtel et de rendez-vous professionnels. Vous avez un public acquis au premier rang, puis les professionnels qui sont généralement des entrepreneurs culturels à la découverte de talents et ayant une vue plus globale afin d’organiser des tournées.
Beaucoup de groupes ne présentent pas leurs titres ou d’une manière non compréhensible au public. La conséquence est une perte d’identité du groupe. J’ai remarqué que les groupes britanniques ont une approche plus pragmatique, en évitant les anecdotes banales ou pseudo-intellectuelles et annonçant brièvement leur titre.
Les conditions du concert de Mina Tindle étaient telles qu’il m’était parfois impossible de distinguer si elle chantait en français ou en anglais. Respectant l’artiste dont je n’ ai pu apprécier les talents à sa juste valeur , vous retrouverez uniquement les photos et un extrait du communiqué de presse sur le site de MaMa Event.
Derrière l’identité fuyante de Mini Tindle se cache le projet solo de Pauline, jeune musicienne parisienne. D’apparence folk et mélancolique, les chansons de Mina Tindle abritent en réalité des compositions mélodiques et pop dont l’éclat trouble et légèrement inquiétant n’est pas sans évoquer la rencontre d’une Linda Perhacs reprenant The Knife.


CHASSOL, accompagné de son batteur, sont les deuxièmes musiciens à monter sur scène. Une agréable surprise. Des extraits de films sont projetés sur un écran derrière les musiciens reprenant des scènes de la vie quotidienne en Inde. Chassol ne chante pas, mais il est accompagné par des loops ou samples de voix des personnes chantant dans le film. Les bruits de trafic, de train et autres activités humaines mélangés avec des rythmes binaires et plus complexes sont un prétexte à Chassol pour réinventer la musique puisée dans son univers de sons et d’images et de nous la communiquer. J’admire ce qu’il fait dans sa créativité et virtuosité. Mais les couleurs funky jazz avec l’utilisation de loops avec des voix répétitives génèrent parfois une fatigue à l’écoute. La musique est harmonisée sur les voix ou en contre-temps de ces dernières et les progressions d’accords créent des climax contenant des sensibilités d’une musique rayonnante représentant la dimension humaine des images du film.
Chassol et son batteur ont réussi à retenir la curiosité d’un public issu largement une culture pop rock et démontre que réconcilier la musique pop à la musique contemporaine relève pas d’une mission impossible.

Je quitte la salle « La Cigale » et passe devant Le Moulin Rouge pour rejoindre la discothèque « Le Bus Palladium ».
Les couleurs vives rouges de l’éclairage diffusent la même chaleur que le quartier Pigalle et le concert du groupe néerlandais TAYMIR risque d’être chaud.
Un ouragan de décibels inonde le dance floor de leur pop rock inspiré des années ‘60 avec des références plus récentes des Artic Monkeys et des Strokes. Bas Prins, le chanteur prend souvent des poses à la « Liam Gallagher » (Oasis).
Le groupe a la faculté d’amuser avec son énergie débordante, mais n’apporte pas d’innovation musicale. C’est une musique pour festivals internationaux à consommer de suite et à jouissance immédiate.
Taymir est un jeune groupe dont l’âge varie entre 17 et 24 ans et qui plaît à un large public, des jeunes et des nostalgiques des années ’60, mais qui n’a pas encore trouvé son propre style. Nous les pardonnons, c’est un phénomène inhérent à beaucoup de groupes de leur génération. Le côté naïf des textes renforce cette énergie juvénile.
Ensuite BOSCO DELREY, un Américain vivant à Paris, monte sur scène. Il est seul sur scène avec sa guitare et deux micros, un à chaque bout de scène.
Il nous amène dans ses valises des mélodies immédiates, une guitare vintage. Il chante et danse sur des rythmes mélangeant du rockabilly, du dance-hall jamaïcain, des rythmiques tribales, des sons psychédéliques. Je ressens bien la patte d’un musicien producteur doué comme Beck. Les chansons mélodieuses sont habillées d’arrangements sophistiqués. Je quitte le Bus Palladium avant la fin du concert. Son one man show ne correspond pas au talent qu’il développe avec une formule de deux musiciens supplémentaires. Les playbacks ne remplacent la sensation de partage des musiciens et de la générosité de sa musique.


Une dernière pour la soirée au Backstage by the Mills at O’Sullivans. Un concert des FILLS MONKEY, un duo burlesque qui ne communique qu’en rythme. C’est un spectacle musical ludique durant lequel les deux musiciens exploitent toutes les formes de rythmes (percussions, onomatopées, tubes en plastique, xylophone, guimbarde, sifflets, kazoos) et sont successivement acteurs, clowns, jongleurs et mimeurs. Ils descendent de la scène et jouent une partie de tennis, les tambourins remplacent les raquettes de tennis. Ensuite ils remontent sur la scène. Je remarque que les deux musiciens sont des virtuoses de la batterie. Les batteurs souvent relégués à l’arrière de la scène remplacent les guitar heroes pour devenir des drum heroes. Un musicien joue du hang, un instrument de la famille des idiophones (castagnettes,xylophone, guimbarde), une sorte de soucoupe avec le dessus de l’instrument une note fondamentale entourée d’autres notes. L’éclairage d’un bleu de nuit tombante crée des instants féériques.
Le Backstage by the Mills at O’Sullivans est un endroit qui convient pour ce genre de spectacle avec la proximité du public qui participe à l’esprit festif des musiciens.