jeudi 14 mars 2013

Derrin Nauendorf au Live Music Cafe, Bruxelles, le 13 mars 2013

 Les Lillois de Ginko Musik ont le nez fin, et ce pif renifle souvent Down Under, l'Australie regorge de talents cachés, ce soir au Live Music Café: Derrin Nauendorf!

22:00, elle dit où m'as-tu emmenée, le coin est sinistre, t'as vu la gueule des clients, sont tous ( 7 égaré(e)s)  à moitié bourrés ou stoned , sauf le chat qui se faufile entre nos jambes, t'es certain qu'il y a un concert ce soir?
Oui, madame, le gars, là, commence à jouer dans cinq minutes!
Tiens, voilà Fred Cerise , on ignore  le coloré édenté, à l'haleine pas nette, qui nous accoste en nous parlant d'une fumée blanche et qui nous questionne à propos de nos convictions religieuses pour nous concentrer sur le premier set de Derrin Nauendorf.

Pas un novice, l'Aussie, il parcourt le monde avec sa Yamaha guitar depuis une dizaine d'années, sa discographie est riche de 6/ 7 plaques, la dernière, ' Distant Empires', datant de 2012 et, ce bluesy singer/songwriter peut se targuer d'avoir assuré quelques premières parties pas stupides: Deep Purple ou Van Morrison...à part ça, les plans tordus ne lui font pas peur!
L'acoustic blues 'Ghost Town' ( Bruxelles, en ce glacial mercredi de mars) ouvre le show.
D'emblée le jeu fluide et adroit interpelle, le mec sans avoir l'air d'y toucher tapote sa gratte pour imprimer le tempo, les doigts ensuite caressent les cordes, les pincent, il travaille aussi bien en picking qu'en glissando, tu ajoutes un timbre traînant et un songwriting teinté de classicisme Woody Guthrie, pour te rendre compte que tu n'as pas devant toi le premier crabe venu.
Il poursuit par une sombre ballade ' I won't turn my back', a raw emotive voice qui te prend les tripes, tu penses à Lee Clayton,Tom Russell, Rodney Crowell... pas des figurants, quoi!
Pas étonnant le choix de la première reprise, Bob Dylan, 'Gotta serve somebody' , une version plus sèche que le gospel de Mister Bob.
'Soul's Keep', un country folk que tu retrouves sur son dernier né, sera suivi du bouillonnant 'Turning of the tide' de Richard Thompson.
Tous aux abris, l'Australie tire en rafale.
Dans le bistro, t'as quatre auditeurs attentifs, trois ivrognes affalés sur leur table, une nana à la recherche d'un mec à qui soutirer un micheton et deux touristes lituaniens regardant le foot sur grand écran, Derrin n'en a cure, tout à son art, il se donne à fond.
La traditional American spiritual/folk song , 'The Wayfaring Stranger', pour le Juif errant et les pochards anonymes.
Nouvelle perle, 'Crossroads' de Calvin Russel aux gutsy vocals impressionnants.
La  ballade 'Witness' date de 2012 et, avant la pause, le kangoroo termine par un instrumental lyrique ( untitled, yet), digne des meilleurs Peter Green.

Break et muzak indigeste avant la seconde mi-temps!

Départ agité, 'History's repeating',  le truc inspire  une gonze manifestement loin dans son trip j'avale et je renifle, après un numéro d'air guitar distingué, elle repère Fred Cerise, pas fier quand la chose lui lance, hello, nice to meet you, moi, c'est Vanessa, et toi?.
Comme le Fred est du genre timide  et traîne pour lui offrir une limonade, l'enfant s'en commande une avant de poursuivre sa séance d'aerobics.
J'ai rien dit, te souffle en souriant, celle qui partage ta couche!
Le bien- nommé 'Shipwrecked', le naufrage est proche, comment a-t-elle échoué dans ce port?
Superbe bluesrocker au  ton  electric Dylan.
Un downtempo datant de 2006, ' Shatter  like stars', puis une accélération brutale, 'New World Order'.
Vanessa revient à la charge, une danse épileptique effrayante et de violentes frappes de paume sur la table, sauvons la Maes...
Elle est bien cette petite, te souffle madame à l'oreille.
Vanessa, c'est pas le paradis, rétorque Fred, le placide.
Un  instrumental romantique pour calmer ses ardeurs, elle prend place sur la scène, ouf..
Everybody knows next one!
Effectivement, une belle version de 'Wild Horses' des Stones.
Si Steve Earle a sa ' Jerusalem', le ' One light on in Jerusalem' de Derrin Nauendorf est tout aussi profond, mais vachement plus remuant.
Solide morceau qu'il fait suivre de la dernière de la soirée, 'Let it go', après une lente amorce andalouse, la plage vire flamenco rock sauvage.
Le genre de truc à faire danser une armée de paralytiques en route vers Lourdes.

Le gars nous remercie, se commande une Leffe avant de se faire accoster par la virago, c'est le moment de se tirer en douce.

Derrin Nauendorf reste en Europe pour quelques jours, Assen ( Nederland) le 14 et un festival à Beauvais ce week-end!