mardi 21 août 2012

Swing Wespelaar 2012, day 3, le 19 août 2012

A 15h devant chez toi, is dat goed?
Juste après la sieste, OK, Luk!
Le thermomètre indique 39°, pas à l'ombre, il n'y a pas d'ombre.
 La N21 a des allures US Route 50 from Sacramento to Ocean City, et si on n'a pas croisé Stephen King le long de cette lonely Flemish  road où les ghost villages se nomment Steenokkerzeel, Melsbroek ou Wambeek... on a sué comme des porcs malgré la clim,  le macadam collait aux pneus, des bovidés déshydratés nous regardaient passer d'un oeil avachi.
Le GPS marmonne: tourner à droite puis tout droit jusqu'à l'église, 15h 40', direction le dorpskern.
Première impression, nettement moins de monde que vendredi, il a fallu  à peine 22 secondes pour obtenir une eau, zéro % d'alcool, et une Primus et à 16h10' un courageux introduit The Juke Joints.

Pour la petite histoire, le marathon débutait à 14h30' avec le brillant Tiny Legs Tim, mais à cette heure Luk faisait la vaisselle!
The Juke Joints, encore eux, tu me dis!
Ben, oui, vu l'imposante colonie batave qui chaque année rend visite au Swing Festival, les organisateurs estiment judicieux de programmer un  groupe de chez eux.
L'an dernier, tu vis Peter Kempe - lead vocals , drums, mandoline /Michel Staat - lead guitar /Sonnyboy vd Broek - harmonica, cajun accordion, backing vocals /Derk Korpershoek - bass, backing vocals accompagner Eddie Clearwater à Zingem et assurer son avant- programme.
Du boulot correct, mais cet après-midi,  en cause probablement l'étouffante chaleur, le set de ces vétérans nous a paru ( niet waar, Luk) téléphoné, brouillon, peu emballant.
Du travail de pro, peut-être, mais le fonctionnaire qui pointe à 8h30' et puis à 17h, lui aussi justifie son salaire en effectuant une exaltante besogne sans dépenser trop d'énergie.
A part ça, Wespelaar était ravi, ce second-hand blues a plu.
Un premier Chicago blues, puis 'Stax sound' sur leur dernier Cd.
Le son est assez confus, lyrics peu compréhensibles,  le fait que le drummer se charge des vocaux ne facilite pas  les choses.
Un signe de Sonny Boy vers la lead guitar, viens ici, fieu, je t'attaque au flipper, un premier duel au final élastique.
Je ramasse mon French accordeon et on attaque un zydeco pas trop salé.
En trio, comme Taste, l'hommage à Rory Gallagher et Lou Martin, le fabuleux 'Out on the Western Plain'.
L'album 'Going to Chicago' a été produit par Ronnie Baker Brooks, on vous en balance deux extraits dont le rock 'This is it', après ce fait d'arme un shuffle bouillant.
Le singer cueille une mandoline dans le pommier, tu me payes un vin blanc s'il commence à chanter... Mama's in the kitchen baking up a pie...
Un Chardonnay pour Luk et une pintje, a u b!
'Going to my hometown', c'est pas une mauvaise idée, les gars, nous,on reste au bar!
' Going to Chicago' - 'Mojo Hand' et une dernière tranche de cake cajun.
Hup, hup, Oranje, hup!

Erja Lyytinen
Petite robe rouge moulante, juste au ras des fesses, bas résilles, chevelure noire scintillante et un  sourire vissé aux lèvres pulpeuses.
Une apparition séduisante et quand on te dira que la petite Finlandaise joue de la guitare comme un chef, mariant passion, énergie, drive et intensité et chante comme une blues mamma noire faisant 3 fois son poids, tu auras compris que le public conquis lui a accordé une standing ovation (  o k, on était déjà presque tous standing après 30 secondes pour reluquer ses guibolles) de 5 bonnes minutes.
On ajoutera que ce prodige féminin est flanquée d'un band impeccable,  Davide Floreno: guitar- Roger Inniss: bass ( un formidable bassiste que tu as vu avec Oli Brown) et Miri Miettinen: drums.
Band qu'elle n'utilise pas comme faire-valoir,  elle laisse suffisamment d'espace aux musiciens afin qu'ils puissent s'ébattre à leur guise.
Une intro planante ' The road leading home', à la Chris Rea, amorce un premier blues rock électrique, à la wah wah vorace 'Voracious Love'.
Bordel, ça fait du bien!
Elle enchaîne sur  'Don't let a good woman down' ( I suppose), ses petits doigts virevoltent, les notes giclent , des voisins citent Ana Popovic.
Tampa Red wrote it , mais le monde a retenu la version d'Elmore James, 'It hurts me too', en dehors de l'élément visuel non négligeable, ce blues est à ranger à côté de tes meilleurs grands crus: Clos-de-Vougeot, Vosne-Romanée, Aloxe-Corton....
Elle poursuit avec  le mélodique ' Everything's fine', un hit à Helsinki avant de la jouer séductrice: Wespelaar, is my hair still OK, what about my make-up?
Perfect, lady, just perfect!
Un slow ' Can't fall in love with you', merde, tu l'aimais déjà, t'étais sur le point d'acheter une bague de fiançailles sur Ebay, et puis la gifle!
Davide Floreno, the other guitarist, n'est pas du genre pingouin, il fait si bien pleurer son instrument, que du coup, Rita, Greetje, Marianne  et une demi-douzaine d'autres mamies se mettent à chialer en chorus.
Lors d'un trip aux States, je voulais absolument admirer le carrefour où Robert Johnson avait vendu son âme au diable pour maîtriser le blues, je vais boire un truc dans un juke-joint, une big fat mama me dit, you skinny white girl  c'est juste derrière toi, at the intersection of route 61 and route 49..
Voici ma version, décalée et viciée, de 'Crossroads' au démarrage poussiéreux avant de virer rock lourd et agité.
Luk, tire-toi, petit, je descends fendre la foule et saluer mes compatriotes, oui, Lars, tu peux gratter mon jouet, dis-moi où est l'église( tout en jouant 'When the saints go marchin in' ) je ne vois plus rien avec tous ces géants autour de moi, le truc vire 'Skinny girl' avant le retour sur scène.
Pour mettre de l'huile sur le feu, elle achève avec 'Oil and Water'.

Bis
'  Soul of a man' un dernier highlight d'un show n'ayant connu aucun temps mort!

Marquise Knox
Encore un brave gars que t'as croisé il y pas si longtemps, au Nekkersdal, mars 2011.
Comme à Laken, une formule trio ce soir, Roger Inniss remplace Eugene Johnson au pied levé à la  basse, Michael Battle – drums ( on imagine) et le costaud aux vocals, harmonica et guitares.
Comme à Laken, un blues semblant couler de source, dans la lignée des grands: Muddy Waters, B B et Albert King, Lightnin Hopkins.
Comme à Laken, tu ressens un certain ennui après 45' de perfection et de virtuosité.
Pas d'étincelles, un show réduit au minimum ( un bain de foule)!
Son mentor, Michael Burks, est décédé il y a peu, ce qui explique le choix de 'Motherless Child' comme premier morceau.
Cool, chaloupé, relax!
Sans pause: 'Dust my broom' , puis son ' America's Blues' au ton engagé...America’s so beautiful, they tell me this: here’s the land of the free . But it’s getting’ so bad a man can’t hardly feed his family...
Pas de notes superflues, pas d'esbroufe, juste le nécessaire.
'Killing Floor', propice à une promenade downstairs, sur le floor foulé par la masse, une fois revenu sur  scène un  Duffy Duck walk, sans palmes.
Les Chicago blues tunes imprégnés de sonorités traditionnelles se succèdent, au passage on reconnaît 'I'm a man' de Muddy Waters, puis un medley boogie de John Lee Hooker, incluant des séquences du célèbre 'Boom Boom' .
Assis sous un arbre, une limonade à portée de main, ce soulful blues chanté d'un timbre ample se laisse écouter sans déplaisir, néanmoins, tu as perdu le fil, en ne sachant plus si le trio entame le neuvième ou dixième titre, but, anyway, who cares!
Un slow blues confessé précède un dernier titre au tempo relativement élevé.
Contrat rempli.
 Ite Missa Est!

Un bis
Le schéma traditionnel: primo: slow, secundo: fast, le rappel sera donc slow!
That was it, goodnight Wespelaar!
Sleep well, boy!

Big Joe Louis & The Kokomo Kings

Fin juillet, Walter Wolfman Washington déclare forfait, à la hâte les organisateurs doivent dénicher un headliner pour le dimanche, le choix se porte sur le vétéran du British blues, Big Joe Louis, il ne sera pas accompagné de ses Blue Kings, mais par 3/4 du band suédois, The Kokomo Kings: Samuel Andersson a.k.a. Harmonica Sam munspel,  ( donc pas de Ronni Busack-Boysen gitarr), Magnus Lanshammar bas  och Daniel Winerö trummor.
Tu titilles en entendant le nom de Big Joe Louis, ton cerveau sort le négatif du Brown Bomber, ayant assommé pour le compte  57 de ses adversaires en 72 combats, on te rassure, c'est pas le même.
Big Joe Louis naît en Jamaïque pour rejoindre le UK dans les early seventies, Cream, les Stones, John Mayall, Duster Bennett, Savoy Brown, Fleetwood Mac...il ne connaissait pas, à Kingston, le ska et les Jackson 5 ne le branchaient guère, il se nourrissait de Skip James, Howlin Wolf ou Big Joe Turner. Tout naturellement il jouera du Chicago blues, et son premier album sera produit par le pape du blues made in the UK, Mike Vernon.
Pendant plus de 90', le quartet aura ravi la plaine avec un set intense et énergique de Delta blues au charme désuet et à l'esprit vintage.
Le gars est doté du timbre idéal pour chanter le Mississippi, c'est pas pour rien qu'il fut par deux fois acclamé Best Male Vocalist lors des British Blues Awards.
'Catch my pony', tous en selle pour une chevauchée du côté du Delta.
Le poney à l'étable, de l'avoine à profusion, voici ' She was all the world to me' , fine picking et les nordiques assurent comme des Vikings, notons que c'est le premier band à utiliser une contrebasse et de la brillantine à profusion.
Arthur 'Big Boy' Crudup, ' Mean ol' Frisco', encore une vieillerie qui n'a pas pris une ride.
Sa bonne femme a le gosier en pente,' Drink on, little girl' ( Sonny Boy Williamson) puis le standard ' Catfish', après lequel il remercie Wespelaar avec un cinquième 'Dank u , wel'.
Il agrippe une mandoline, présente la troupe scandinave pour amorcer un sixième jump blues, une histoire de mule pour ensuite  sauter dans le 'Go Go Train', un tortillard cheminant sur some dirty lowdown groovetracks.
Escapade solo, un slowblues collant,  ' Seems like a million years'.
Ce mec est brillant, mais tu commences à comprendre la relative désaffection du public, Big Joe Louis n'est pas une tête d'affiche.
Il enchaîne sur le standard pondu par un autre Big Joe, ( Williams), en 1935, 'Baby, please don't go'.
Luk, nerveux, reluque sa Cartier, cadeau reçu de Jackie Onassis, ex-Kennedy , il est près de 23h, que penses-tu?
Tu penses plus depuis longtemps, Big Joe continue la lecture de l'héritage yankee noir , il pleurniche en criant son amour à une belle qui s'est tirée.
 Le clocher s'agite, un neveu de Big Ben sonne 23 coups, let's go afin  d'éviter les embouteillages.
 Sur le chemin menant au carrosse de Cendrillon t'as encore entendu Joe enfiler deux complaintes 50's  Chicago style.


Swing Wespelaar 2012 s'achève, un bon cru et, comme toujours, une ambiance décontractée et une organisation impeccable.