jeudi 10 février 2011

Nathaniel Rateliff au Witloof Bar du Botanique, Bruxelles, le 9 février 2011

Anna Calvi, nouvelle hype encensée partout, affiche sold-out depuis des semaines dans une Rotonde peuplée de BCBG peu habitués à fréquenter des salles de concert, si ce n'est pour se faire voir et affirmer j'y étais!
Le Witloof se contente d'un public plus restreint, une assistance dans laquelle domine l'élément féminin âgé de 18 à 25 ans.
George Clooney?
Trop vieux, gars.

Nathaniel Rateliff!
Wie is dat, un Chippendale poussant la chansonnette?
C'est ça, le fils caché de Di Rupo et de Soeur Sourire!
Nathaniel, un barbu joufflu d'1 mètre 68, sans semelles compensées, est de la race des singer/songwriters d'exception.
Le gars nous vient du Missouri où la vie ne semble pas lui avoir souri, mon cher Mickey!
Ses émouvantes chansons mélancoliques et intimistes te saisissent à la gorge avant de te donner la chair de poule.

C'est à 20h40 que le barde, accompagné d'un duo de musiciens aussi discrets que parfaits, se pointe sur scène.
Pete Roe qui devait assurer le support s'est vu obligé de regagner Londres pour assister aux funérailles d'un ami.
L'attente fut longue, mais personne n'a regretté le déplacement sous les voûtes du Bota.
Graham Brown, double bass & backing vc. et la splendide Ruth Detuberville, cello & backing vc. encadrent le nounours qui nous salue in French: bonsoir, ça va?
Let's go: ' We never win' une des merveilles que tu trouves sur l'album ' In memory of loss' :
Quelle voix, mes aïeux: indescriptible, soyeuse tel un murmure, vulnérable, puis légèrement rauque, elle vient te caresser les pavillons auditifs avant de se frayer un passage vers tes tripes.
On peut citer Bonnie Prince Billy ou Iron & Wine , l'album a d'ailleurs été produit par Brian Deck qui travaille avec Samuel Beam, mais aussi l'inégalé Gram Parsons (les Byrds, Flying Burrito Brothers...) et d'autres chantres de l'Americana le plus poignant.
En 2007, Nathaniel avait déjà sorti un album ('Desire and dissolving men') sous le patronyme The Wheel , la jazzy waltz 'This' ne se retrouve ni sur cette plaque, ni sur ' In Memory...'.
C'est pas un hasard si N R en résidence au Lost Lake Lounge, à chaque séance, performs a collection of Leonard Cohen 's songs.
L'élégant Leonard est une source d'inspiration plus que recommandable.
Sans transition, enregistré avec The Wheel: 'Bumps and bruises' , titre narratif sur background musical spectral.
L'alt.country 'Laughing' sillonne les mêmes sentiers sombres et intimistes, l'ancien routier fouille sa mémoire pour mettre en musique des pans de son passé.
Les douces harmonies vocales de Ruth et Graham ornent avec sobriété les flèches nostalgiques tirées par le citoyen de Denver.
'A lamb on the stone' , du Cohen nu: un accompagnement minimaliste, organique et toujours cette voix captivante.
'Boil & fight' simplicité rafraîchissante, sincérité et talent.
L' émouvant et psalmodié 'Once in a great while' sonne comme les vieilles countrysongs larmoyantes des forties.
I wrote a song about a fight: dur d'imaginer ce gars tendre comme un agneau entamer un pugilat avec un autre mâle: ' You should have seen the other guy'.
Le combat démarre mollo pour gagner en intensité lorsque Nate se met à rugir comme un grizzly en rut, pas de doute ça va saigner.
Grosse ovation à la fin des hostilités.
Plus rock 'Shroud'.
Aucun cinéma, droit au but, ses chansons sont imparables.
Une chanson d'amour, le bonus track du CD 'Pounds & pounds' avant de voir les musiciens regagner les coulisses et laisser le poilu seul en piste avec sa guitare.
'Early Spring Till' pas vraiment une ballade annonçant les bourgeons, mais un gars te narrant tendrement ses expériences funestes, pas un donneur de leçons, mais un mec qui positive...
Are you tied to your field, wrung out
Have you fallen from where glory sprouts
Are you cut off in fields and pressed down
Like an early spring till that don't come around
I think I've been there
..
J'ai vécu tout ça.
Une dernière, toujours solo:le désespéré ' Whimper and wail'.
Goodnight!

Tout le Witloof a apprécié ce troubadour authentique et le rappelle.
Le dylanien 'My hanging surrender' sur l'album enregistré avec The Wheel.
Ravi de l'écoute attentive du public bruxellois, le gars nous octroie un second bis, le sensible 'When you're here'.
Cinquante minutes d'un concert similaire à celui qu'a vu un Amerloque à Glasgow, qui confia au journaliste présent ...I’m gonna go and lie in my bed, drink whisky and cry myself to sleep for two days... on n'ira pas jusque là, madame ne serait pas d'accord, mais on peut comprendre!
Les chicons continuent d'acclamer le barde ( non pas le Bart!) qui, ému, rapplique pour un nouveau couplet.
A request pour une jolie anglaise assise face à lui: la perle de douceur ...ain't it hard luck living a good life... pour finir par un tout nouveau titre: 'Fire & leeve' mettant en évidence son jeu de guitare.

Excellent concert!