mercredi 16 février 2011

Joan As Police Woman - The Two à l'Orangerie du Botanique, Bruxelles, le 15 février 2011

Le mouvement de grève générale qui touchait l’ensemble du réseau de la STIB mardi ( 15 février) est qualifié de “sauvage, asocial et antiéconomique”, par le Groupement des usagers des transports publics à Bruxelles... tu lis dans les gazettes!
En deux mots: le bordel intégral, Bruxelles transformée en cimetière automobile, des conducteurs fous furieux, une pagaille indescriptible.
Près du Parc Royal, un automobiliste s'enquiert: coincé depuis combien de temps?
90' pour faire 389 mètres, Monsieur!
Je viens d'Anderlecht, ça fait 3 h que les escargots unijambistes me dépassent en souriant.
Tu parviens à larguer ton véhicule près de la Colonne du Congrès et poursuis au galop pour arriver à 20h10' dans une Orangerie peu peuplée, alors que le Bota annonçait un concert quasi complet.
20:35' aucun mouvement sur scène, inquiétant, car au niveau communication: le néant!


20:40' The Two pointe le bout du nez en coulisse, venu de Paris, le duo a connu les joies du trafic de la capitale européenne, un roadie improvise un soundcheck et à 20:45', Ara Starck ( fille de...non pas Johnny Stark le coiffeur de Mireille Mathieu, mais de Philippe Starck , designer Bains Douches) et David Jarre ( fils de... et de..., petit-fils de...) nous expliquent avoir largué leur van, rempli de matos le long d'un trottoir de Bruxelles ma belle ( aïe, aïe, aïe...) pour continuer en steeple-chase.
Essoufflés, ils se proposent de nous interpréter quelques titres acoustiques.
'I know' que tu retrouves sur leur album intitulé The Two.
Du folk pop propret proche des mélodies de Cocoon.
Mélodie fluide, fraîches harmonies vocales: c'est agréable.
...I woke up the other day far from the fairies and the wizards... une nouvelle fois, l'harmonieux doublé vocal vient chatouiller tes pavillons agressés des heures durant par le chaos urbain.
Le jars au chant ... Gotta find a recipe to make my life more comfortable with you.. le perroquet embraye tout en secouant un tambourin.
C'est sympa, sans prétentions, élégant et printanier, ça te rappelle Rue Royale ou Loney Dear.
Voilà, Bruxelles, désolé, on doit céder le podium à Joan, à la prochaine!
Chapeau bas, la France, personne ne pourra leur reprocher un manque de professionnalisme!

Une nouvelle attente incompréhensible ( le matos est prêt, les Frenchies ont quitté les lieux depuis 25') et à 21h20', enfin: Joan as Police Woman!

En 2007, déjà au Bota (à la Rotonde), tu croisas la route de Joan Wasser, elle venait de sortir un premier CD ' Real Life' , mais on la présentait surtout comme petite amie de Jeff Buckley et violoniste d'Antony ou de Rufus Wainwright.
A l'époque on la classait dans le tiroir indie, aux côtés des Feist, Cat Power et tutti quanti, mais en insistant sur les inflexions soul ou cabaret.
2011, un troisième album est disponible ( sans compter 'Cover', vendu uniquement lors des concerts) : ' The Deep Field'. Joan semble avoir entièrement viré rhythm'n blues funky et soul lascif.
La diva alternera guitare et claviers pour accompagner son chant et sera flanquée d' un duo convaincant: Parker Kindred on drums & backings (Jeff Buckley, Adam Green, Antony & the Johnsons...) et le formidable Tyler Wood aux moog bass, synthé, keyboards et backings ( Glass Ghost).
'The action man' soulful et noir effectivement, Tyler Wood étant super efficace aux claviers.
Nettement plus énergique que la version soft et léchée du CD.
Un drumming binaire et un gros son de basse introduisent le single 'The Magic' , une funky Joan métamorphosée en Dusty Springfield. C'est du solide.
Elle passe à la guitare , ses vocaux sont malheureusement couverts par l'instrumentation et deviennent inaudibles, de plus la caisse claire de la batterie tremblote désagréablement à chaque frappe, ces vibrations (voulues?) agacent à la longue, dommage, ' Chemmie' est un chouette titre, le suivant 'Hard White Wall' cogne tout autant.
Les arrangements sont soignés, la voix de l'aubergine est sensuelle, l'énergie dégagée est tonique, c'est plus rock que musique de chambre.
Marrant, la madame, face au micro, inspire profondément entre chaque titre, en cassant son image de femme fatale.
Tu penses à Monica Seles haletant après chaque service.
Retour derrière les touches pour la mielleuse soul ballad, 'Anyone', présente sur son premier CD.
Al Green meets Minnie Riperton.
Le downtempo 'Run for love' aux synthés éthérés et drumming métronomique.
' Flash' une tendre ballade folk bluesy sera suivi de ' Nervous' un rock bien nerveux que certains rapprochent de Skunk Anansie.
Nouveau plongeon dans 'Real Life' pour le hit 'Save Me': mélancolie et acrobaties vocales .
Le sirupeux 'Kiss the specifics' baigne dans une ambiance de spleen proche de Paul Verlaine .
I dedicate the next tune à tous ceux ayant passé un bon ou mauvais moment lors de la St - Valentin...
Faut rire, Joan?
Le nostalgique 'Forever and a year' qu'elle entame seule au piano, de discrètes touches de claviers et un drumming en demi-teintes décorent la superbe mélodie.
Bruxelles l'attendait, personne ne sera pas déçu par le hit groovy 'Eternal Flame'.
Notre dernière est pour The Two, coincé sur la route pendant des heures, they're French, no?
'I was everyone' plage épique, consacrée à Jeanne d'Arc.
Joan Wasser en Pucelle d'Orléans affrontant les bataillons anglais pour délivrer la ville par un beau matin de mai en l'an 1429.
Final héroïque après un gig de 75'.

Bis
En solo 'Human Condition': du André Malraux flamboyant.
The boys are back pour un second rappel, le brillant 'Real Life' :
...Six hundred thousand miles and all this solitude
I know what is pleasing
What I’ll find beneath your new pair of glasses...

Un lament imparable pour finir en beauté!