samedi 24 juillet 2010

Kirsty McGee -Joy Pryor -Bistro Palace au Bouche à Oreille, à Etterbeek, le 23 juillet 2010

En ce 23 juillet de l'an 2010, les Soirées Cerises ont élu domicile au Bouche à Oreille au numéro 11 de la rue Felix Hap à Etterbeek, pour une collaboration Filipe Hortas (BàO)- Florin7 et Fred Cerise.
Très bonne initiative d'ailleurs car l'endroit est très accueillant et possède, en plus de la beauté des lieux ,une acoustique impeccable.
Toutes les conditions sont donc remplies pour que la soirée soit une réussite d'autant plus que le public a répondu présent.
Après avoir discuté le coup avec quelques têtes connues ( Fred, Michel,Guy, Evelyne, etc...), direction la salle, sur le coup de 21h pour le début des hostilités avec Bistro Palace.
Mathias Brismée est l'âme de Bistro Palace. Proposant des textes fantaisistes, habités d'un humour noir caustique il les habille d'arrangements subtils mêlant allègrement les genres musicaux comme le jazz, le rock indie, le blues et la musique expérimentale.
Ce soir autour de Mathias au chant et guitare électrique, il y a Raphaël Dodemont, aux claviers, et N'dembo Ziavoula à la batterie et clarinette basse.
Il entame le set avec "Rue du Silence" et le ton est donné.Tantôt tendres, tantôt drôles, les textes de Mathias Brismée s'impriment rapidement dans votre matière grise et on se prend à fredonner un refrain alors que quelques instants plus tôt on ignorait tout de la chanson en question.
Ce qui frappe aussi l'auditeur lambda c'est la qualité d'écoute que le band parvient à instaurer lorsqu'il est sur scène.
Pas un bruit dans la salle pendant les chansons....on entend les mouches voler sur le costume du "Fossoyeur"....

Maniant la langue de Voltaire avec brio, Mathias nous propose de petites saynètes en musique, rendant hommage au Bowling de sa jeunesse sorte de carte postale bruxelloise(' Le Bowling de L'Empereur'), autobiographiques sur la déception amoureuse douce-amère ( 'le Pain Perdu'), sur l'usure du couple ('Madame Rêve' -hommage à Bashung?-, un thriller musical sur plage des Landes avec coup de feu et cadavre (' La Balade'), des rêves un peu fous sur rythme manouche ( 'J'attends l'Or'), à quoi pensent les marins lorsqu'ils font l'amour? (' Les Marins'), l'exotisme sur fond de montée en puissance musicale ( 'Terre et Mer').
Sans oublier "Le Fossoyeur", qui m'a scotché dès le début du se,t tant il s'agit de la chanson parfaite pour illustrer l'univers du groupe. Magique !
Une excellente découverte donc que ce Bistro Palace que je ne peux que vous encourager à aller applaudir au détour de leurs prestations. Le talent est rare, ne passez pas à coté !



Joy Pryor

Que disait Sara Teasdale, poétesse maudite du Missouri? ' J'ai trouvé plus de joie dans la tristesse Que vous pourriez en trouver dans la joie'!
Joy (leitmotiv: la suivante sera une chanson triste) a fait sienne la maxime.

Une guitare sèche, peinture faciale noire pour conjurer les mauvais esprits, Miss Pryor prend place au milieu de la scène, elle sera flanquée de Romain Caudert, à la basse et de Reynald Monnet, à la guitare ou à l'harmonica.
'Le Magicien' (où était-il, Merlin, godv.?)..ce n'était rien, c'était vague, bien trop vague, ce n'était rien...crrr ...crrr...crrr...
Jack est pas content et vient saboter ce folk noir, François (excellent boulot, menneke) quitte ses boutons pour venir se planter derrière Joy et serrer le câble récalcitrant.
Il y a moins stressant comme entrée en matière.
Bye bye Jack premier, Jack 2 est moins ronchon :'Et Si', une chanson pas marrante.
Une voix attachante, rauque à la Valérie Lagrange, avec des intonations Patricia Kaas , quand la Lorraine n'en fait pas trop.
Du folk bluesy, à l'esprit rock.
La post -adolescente est une écorchée vive, elle n'est pas prête à faire trop de concessions pour entrer dans le monde adulte, vénal et vulgaire.
Il y a du Jeff Buckley ou du Léo, la révolte, Ferré dans l'approche, musicalement, tu peux citer Paul Personne, Capdevielle ou les grandes américaines: Cat Power et Patti Smith.
'Là-Bas' dédiée à l'un d'entre vous.
Un downtempo sombre, embelli de lignes de basse jazzy et de traits d'harmonica discrets.
Ma soeur jumelle, Savannah, tâte également de la scène, je lui dédie le Faustien: 'Le Pacte'.
..les dieux m'ont offert la névrose...
Chouette cadeau!
'River' un fleuve morose aux eaux bleues, style I woke up this morning, my wife left me, took everything except the bills .... univers imagé, vu aux travers d'un prisme flou.
'Juste pour rire' ..rien n'est gratuit au pays des fées...
Bordel, me souffle J P, vais me taper des cauchemars cette nuit.
'La Bile Noire' une palette dont les teintes claires ont été bannies, pour ne garder que le soleil noir de la mélancolie.
L'ai écrite étant adolescente, pour dire merde à maman: 'L'équilibre' .
Lorsque l'alcool est ton dernier ami, le verre de trop c'est le n°25 ou 26?
'Je suis le fil' auto-portrait poignant.
Le trio clôture le set par un Nick Cave adéquat, la prière visionnaire et démente' The Mercy Seat'.
Malheureusement trahie par de nouvelles interférences de câblage.
..and like a moth that tries
to enter the bright eye
I go shuffling out of life
Just to hide in death awhile...

Qu'est ce que tu bois, Nick?


Il est environ 23h, et on passe, enfin, à la tête d'affiche de la soirée : Kirsty McGee.
La folk-singer britannique, nominée aux BBC awards, est en tournée actuellement en Belgique en Hollande et en Allemagne.
Chouette initiative de Fred "Cerises" d'être parvenu à la harponner pour un concert intimiste au Bouche à Oreille.
En duo, accompagnée de l'excellent Mat Martin aux banjos et guitare, Kirsty ne se départit jamais de son large sourire.
La gentillesse et la disponibilité de l'artiste n'a d'égal que son talent.
Elle entame le show avec 'Lamb'. Le son est tès bon et la magnifique voix de Kirsty admirablement mise en valeur.
Derrière le jeu de guitare tout en douceur et en subtilité de Miss McGee, Mat Martin ( formidable de bout en bout) tisse de la dentelle musicale.
On est sous le charme, rien d'autre à dire.
On pense à Sandy Denny, à Joan Baez, qui elles aussi possèdent cette musicalité exceptionnelle dans la voix, véritable don du ciel pour celui ou celle qui la possède.
"Omaha", le magnifique "Last Orders "( quelle mélodie !), " Alibi Blues", "Sandman", "Prison Song" ( écrit spécialement pour une prestation dans une prison), "The Last to Understand" en duo vocal avec Mat Martin, qui en plus d'être un excellent musicien possède aussi une très bonne voix lui permettant d'assurer les backing vocals avec brio, "Gunsore"," Fool", "Stonefruit"....le public du BAO est sous le charme...
Visiblement de très bonne humeur, le duo plaisante souvent comme lorsque Mat accordant avec difficulté un banjo récalcitrant dira: "Si vous rêvez de jouer du banjo...forget it !!!.
L'homme s'exprime d'ailleurs impeccablement en français, et pour cause : sa mère est bretonne !
Et Kirsty d'enchaîner avec "Wife", un morceau écrit par son ami, James Steel, qui officie dans "The Brute Chorus".
Le morceau a été remarqué par la presse anglo-saxonne et classé dans un top 50 des chansons folk de l'année.
Ensuite viendront" The Profit Song" et "Faith" avant que le duo n'enchaîne sur "Betray My Trust", superbe chanson écrite par Mike West, producteur des "Kansas Sessions""album de Kirsty sorti en 2008.
"Dust Devils" et "All the world is green" splendide cover de Tom Waits ( le chanteur préféré de Mat Martin, il a bon goût le bougre !) clôtureront un set en tous points parfait devant un public comblé qui demanda 2 bis.


Kirsty McGee possède sans doute une des plus belles voix actuelles du folk anglais, prions pour que la critique internationale s'en rende compte au plus vite.
Bravo Kirsty pour ce concert tout en douceur and...see you next time !


Jp et Michel!