samedi 23 janvier 2010

Ches Smith solo (as Congs for Brums) et Yolk aux Ateliers Claus à Saint-Gilles le 22 janvier 2010

Au programme, les Ateliers Claus avaient prévu Good for Cows, un duo formé par le bassiste Devin Hoff et le batteur Ches Smith, tous deux membres de l'experimental indie band Xiu Xiu.
Pas de bol, Devin se casse un poignet, changement de bill, mon cher Clinton: Ches Smith jouera en solo sous le nom de Congs for Brums, titre d'un CD( solo percussion set) sortant en 2006.
Ches est un des percussionnistes les plus prisés par l'avant-garde rock ou jazz, on ne compte plus ses collaborations scéniques ou discographiques:Tom Waits, Marc Ribot, Trevor Dunn ou Mr Bungle, Fred Frith ,Xiu Xiu... récemment tu le vois accompagner Carla Bozulich et notre national Lyenn. La crème, quoi!

21h30', à l'étage!
Fais le vide dans ta boîte crânienne, oublie: mélodies, gammes, polyphonies, contrepoints conventionnels, fixe le dispositif de sécurité adéquat et laisse-toi emporter par un tourbillon méso-dimensionnel.
Un drum-kit complet, un mini synthé, un sequencer, une panoplie d'effect pedals ...en route pour Das Experiment!
Une suite en trois phases: 'Doom' 'Bell' 'Metal Vacation' (dernier titre que tu retrouves sur le cd solo). Une intro electro bruitiste, quelques frappes sur un tom , on les fait tourner en loops, un ballet caresses de balais ...pendant 5 minutes on prépare tes oreilles à la fureur qui va suivre: le Ches entame un combat furieux avec son ensemble de cymbales, fûts, charleston, caisses claires ou pas, sans oublier les couvercles de casseroles qu'il a piqués dans la cuisine des ateliers.
Un soundtrack futuriste dans lequel l'espace laissé au silence, ou aux notes solitaires est aussi important que la profusion de formules polyrythmiques. Un jongleur parvenant à rendre cohérent la juxtaposition de sons aussi divers que l'horrible crissement de la craie sur tableau noir, les clochettes de vaches rentrant à l'étable après une journée de pâtures alpestres, les coups de masse destructeurs portés à l'attirail percussif.
Bref, 20' emballantes.
'Conclusion' une amorce minimaliste au synthé, de gros beats et un shuffle sordide viennent étouffer la simpliste mélodie, le forgeron prend place derrière son kit et attaque une marche tribale hypnotique. Une pièce d'1/4 heure.
'Turn your Ipod into a car... and your car into Spanish...'
Pardon? T'as bien compris, gars!
Ce titre devrait figurer sur un album, sortie prévue en 2010.
L'agricole, le vaudou, Ravel ou Bizet se mélangent pour exploser en final cataclysmique: Armageddon!
Une dernière pièce :'Me & Omar' aux sonorités steel-drums de Trinidad.

55' intenses et on a droit à un rabiot, toujours 'Untitled'.
Heavy beats et bruitages Metal Music Machine.
Si Fritz Lang devait tourner Metropolis en version 2010, il confie la bande sonore à Ches Smith, c'est sûr!

Au rez-de-chaussée:Yolk!
Du jaune d'oeuf dunkerquois , né d'une poule nourrie aux champignons hallucinogènes plutôt qu'au mélange de céréales pour basse-cour.
Dans le poulailler:les Carette Bros: Antoine(basse) et Valentin (guitare), Adrien Michel(claviers, sax, PC), Fabrice Brzoskiewicz (batterie) et Delphine Delegorgue (vocaux et effets).
Plus d'une dizaine d'années à picorer dans un répertoire prog/ jazz/ heavy/psych/speedmetal rock avec pointes d'electro.
En 2007 un CD éponyme, et,depuis 2006, pas mal de shows.
Yolk est souvent associé au mouvement RIO (Rock in Opposition) d'Henry Cow, Art Zoyd, Univers Zero, Art Bears et autres progressistes des 70's.
'Le bal de Marguerite' débute par une intro aux claviers, sirènes d'alerte anti-aérienne, quelques Messerschmitz survolant St-Gilles, pour virer registre cérémonieux de l'orgue Bédart-Krischer, pièce maîtresse de l'église de Malo-les-Bains.Une guitare triturée, accompagnée de vocaux torturés voient Marguerite en route vers le bal du côté de Canterbury.
'Déprime à bord' le sax d'Adrien te conduit vers l'univers de Van der Graaf Generator et du son de saxophone caractéristique de David Jackson. Les vocalises exotiques de Miss Delphine donnant une touche personnelle à la composition.
'Sanky eye ball' du jazz rock lourd, aux vocaux hystériques, proche de Magma.
'Requiem' un clavier introït missa pro defunctis, des incantations Kyrie...l'archétype de la composition progrock. Tu les soupçonnes d'avoir écouter' Ars Longa Vita Brevis' des Nice pendant des journées entières.
Le pesant 'I want to fight', au sax entêtant, nous renvoie, à nouveau, vers le Van der Graaf de Peter Hammill.
'Elephant Cathédrale'. Celui d'Hannibal Barca, rescapé de la traversée des Alpes, dans la Cattedrale di San Giovanni Battista ?
Heavy comme le pachyderme et majestueux comme l'édifice épiscopal, sans oublier les décorations vocales de Delphine, mixant le berbère à Nina Hagen.
Notre dernier morceau, Bruxelles, a new song 'Untitled' yet.
Longue plage spacerock, atmosphérique, parfois balayée par une méchante bise Black Sabbath.

60' d'un trip opiacé aux effluves seventies.