dimanche 17 janvier 2010

Bistro Palace (solo) et Seesayle ,Soirée Cerise, à l'Ane Fou à Schaerbeek, le 16 janvier 2010

L'âne castré par Brigitte est devenu fou, sans compter les sévices qu'il a subis en travaillant, en black, pour Saint- Nicolas.Il a décidé de s'établir à Schaerbeek, face aux Halles.Son maître Raymond le traite plutôt bien et lui offre des concerts gratuits, décorés de cerises, de Schaerbeek, ça va de soi, papa!

Bonne chambrée en ce samedi pour accueillir BISTRO PALACE!
En principe BP, c'est un quartette:Fantine Baonville (chant,composition, accordéon) -Mathias Brismée: non, pas de jeu de mots puéril (chant, composition, guitare et melon lubrique 'Clockwork Orange', garez les clochards...) - Jérôme Colleyn (batterie,percussions, xylophone...) -Merryl Havard, qui sort d'Eton (elle était déguisée en Harry Potter pour y avoir accès): violoncelle et choeurs.
Les consignes de Goethals sont claires:pas de batterie, hein Fred (Cerise)!
Il paniquait en voyant la caisse que Mathias avait déposée à côté de sa guitare, il fallait bien que le solitaire brimé puisse décorer ses mélodies de frappes de peau sonores.
Donc 1/4 de Bistro Palace, à 20h45', se lance dans le périlleux exercice de la chanson à texte,héritière de Tonton Georges et du voisin de Gauguin à Hiva 'Oa.
Il ne faudra que quelques accords et rimes de 'Rue du Silence' pour comprendre que le petit Mathias a tout pour devenir un grand du Music-Hall. Des lyrics brillants, passant du romantisme lyrique, à la grivoiserie café-concert, sans oublier les incursions au pays de la fantaisie ou les escapades au royaume de la tendresse.Ce qui ne gâte rien, la palette musicale passant du jazz franchouillard, au blues, à la pop, ou au folk est des plus seyantes.
Pas une mouche t'entendras voler pendant le set de ce moussaillon bruxellois, chaque titre sera applaudi à tout rompre.
'Madame s'ennuie' ou l'usure du couple, évoquant le meilleur Cabrel. Tu sais, Monsieur au resto reluque les jambes des serveuses et madame rêve d'un black bien monté. Le blues des petits bourgeois.
'L'étage du dessous',c'est là que vit une jolie demoiselle dont tu es amoureux. Du blues Amélie Poulain concupiscent.
'J'attends l'or' avant l'ouverture du Salon des Vacances, un tour du monde cérébral.De jolis loops, de joyeuses percussions , de belles trouvailles littéraires.... sur les djangos des manouches...Ce mec est génial: une touche de Murat, un brin de Fersen, une admiration sans bornes pour Brel/Brassens/Gainsbourg...On adhère.
'Les Marins' pas d'électricité sur le radeau, au diable ce micro...où vont les marins quand ils font l'amour?.... Question existentielle!
'La balade' un blues landais, une carte postale de Mimizan avec cadavre en arrière-plan!Et toujours cette guitare Calexico.
'Le bowling de l'Empereur'= le Crosly, 25 pistes: bleues, rouges, débutants...
Le blues déboule pour virer cancan Poelvoorde & co et mourir en flamenco des Marolles. Strike!
On termine dans la gaité (rue Fossé aux Loups,tu nous fais le plan de Bruxelles?) :'Le Fossoyeur' pas des Lilas, Dominique!
Second degré subtil. Chouette petit tour sur la Rive Gauche.

Bistro Palace, l'âne en est fou et en redemande: 'Terre et Mer' : exotique et salin.
Les CD's 5 titres (5€) se vendent à la pelle!

SEESAYLE

Cécile 'Seesayle' Gonay: son piano, ses samples, sa guitare, ses violons, son chant enchanteur + Tyty, son Chachat, compagnon à tout faire, responsable de l'impeccabilité sonore et du ramassage d'objets égarés par la lunaire Bansidh.
Il y a quelques mois tu croises sa route chez Mozart, elle batifolait avec Lunabee.Tu sais qu'elle sévit, également, dans l'Orchestre du Vent ou Adieu les Guêpes et, tu remarques, à une table voisine, ses copines de chez Fifrelin.
21h55', tu quittes l'ère technologique pour plonger dans un monde médiéval, peuplé de Fir Bolg, de Tuatha Dé Dânann, de Hinzelmännchen, voire de druides Cathbad ou Corann...
'Marionnette' effigie gothique, plus proche de Kate Bush que d'Aline Bevilacqua, on y accole 'Love Song', à l'esthétique William Butler Yeats ou James Abbott Whistler.
'Dormir Debout'...drôles de songes qui viennent hanter mes nuits...maman, laisse ma lampe de chevet allumée, svp! Les comptines ne sont pas toutes innocentes.
'Si' c'est pas une réponse à la sentence précédente, c'est le titre suivant, bourré de samples et de réminiscences batcave.
'Quick sands' après le cauchemar, les sables mouvants, annonce la magicienne.Rêverie byronienne sur fond de guitare coldwave.
'The Vampire' une nouvelle composition (aux claviers) d'inspiration Stoker. Un son d'harmonium désuet et lugubre.
Tout aussi neuf et clin d'oeil au groupe dans lequel Miss Gonay a joué de 1995 à 1998: 'White Lie'. Sombre mensonge blanc. Magnifique.
'I gave my soul' faustien.... I am ashamed I have no name The words I say I say in vain....lancinante confession annonçant la mort des rêves.
'Still here' marre d'être bound to the ground, I wish I could find my wings... Icare à la recherche du capitaine Nemo.
Pour Bryan? 'Fairy': explicite ce titre! Menuet galant pour 3 grosses femmes qui pourraient changer ma vie.
Un traditionnel hongrois ' Hova Mesz', au violon en arpèges. Du folklore transsylvanien, couleur Bela Bartok à la recherche de ses racines.
On met un terme au set avec un morceau en cinq temps dont le titre provisoire est 'Five'. Du Dave Brubeck alternatif, décoré d'halètements dynamiques en loops et débouchant sur une fantaisie(tempo libre) évoquant la profondeur de l'âme slave.

Superbe concert et double encore:
Le sobre 'How Far'.Piano/voix, sans aucun gimmick et un dernier air tzigane: 'Violonou', à l'intro cuisses de grenouille.
Seesayle: mieux qu'un peplum, mon cher Emile!