Album -Jean-Paul Daroux project « La cité engloutie »
michel
jazz
Plaza Mayor Company Ltd / Inouïe Distribution
Quatre ans après la parution de 'Change ør nø Change', Jean-Paul Daroux propose un nouveau voyage, on l'accompagne à la découverte de « La cité engloutie ».
Toujours accompagné par Jean-Christophe Gautier à la contrebasse ( et arrangements) et Luca Scalambrino à la batterie ( et arrangements), le pianiste de Cavalaire-sur-Mer entreprend une exploration des fonds marins à la recherche d'une cité perdue, engloutie par les eaux.
Il mentionne l'Atlantide, l'île mythique évoquée par Platon, qu'aucun géographe ou archéologue n'a réussi à situer jusqu'ici.
Des cités antiques enfouies au fond des mers, il en existe des dizaines, près d'Hyères, dans son département, tu as la cité gréco-romaine d'Olbia, la ville de Pavlopétri au sud du Péloponnèse a été découverte en 1967, Phanagoria sur les bords de la mer Noire frappe les imaginations, depuis le 19è siècle, Port-Royal dans les Caraïbes repose au fond de la mer depuis 1692, on pourrait en mentionner d'autres et si t'es féru de BD, on te conseille Alix, de Jacques Martin, la cité engloutie,Tarania, se situe près de la pointe du Raz.
La photo de pochette de l'album, montrant des ruines sous-marines, ne peut t'aider pour retrouver la métropole immergée , sauf si tu t'adresses au commandant Cousteau.
tracks
La cité engloutie 5:33
Le dernier chant venu de l'Atlantide 6:03
Le récif des sirènes 5:07
Embarquement pour l'illusion 5:27
Dans l'œil du Sextant 5:31
Vents contraires 5:16
Mistral sur le levant 6:52
Rue Carpeaux 5:49
Tu enfiles la combinaison de plongée en néoprène, un masque intégral, une Citizen Promaster Aqualand fixée au poignet, t'es fin prêt pour découvrir les secrets de ' La cité engloutie'.
Cinq minutes 30' en apnée, c'est pas pour toi, t'as emporté une bouteille d'air comprimé!
Un piano aquatique donne le signal, une batterie métronomique se pointe, on a déjà atteint une profondeur certaine avant l'arrivée de la contrebasse.
La faune marine n' a rien à craindre de ce jazz lyrique, soundscape idéal pour contempler coraux, posidonie, algues calcaires ou padines, quelques éponges, des vers marins et ectoproctes, évidemment, t'as intérêt à éviter le sous-marin russe en mission d'espionnage!
Le piano fluide et romantique, s'autorise quelques à coups plus saccadés, c'est la houle, la contrebasse de Jean -Christophe, classique au démarrage, introduit un circuit de boucles plus grinçant, tandis que le Sicilien maintient le cap sans défaillir.
Remonté sur le chalutier, elle t'a demandé: t'as vu le sérapéum?
Oui, et deux ou trois sirènes aphones!
' Le dernier chant venu de l'Atlantide' débute comme un nocturne de Gabriel Fauré, avant l'arrivée de la contrebasse qui transforme la mélodie ondulante en requiem sombre.
Le piano reprend le dessus et folâtre insoucieusement, tandis qu'à l'arrière Luca tambourine discrètement, la contrebasse, moins lugubre, ressurgit et la plage gagne en intensité.
Si Claude Debussy a mis Mallarmé en musique, on ignore quel poète a inspiré Jean-Paul Daroux, on ira poser la question à Saint-Preux, qui lui aussi s'est intéressé à l'Atlantide.
' Le récif des sirènes ' est situé dans le Parc naturel Cabo de Gata-Níjar (à Almeria), une légende dit qu'un roi maure a enterré son trésor dans une grotte, sous la Vela Blanca, un rocher couleur neige, il en a confié la garde aux sirènes.
Homère y a envoyé Ulysse, ça a failli mal tourner.
Jean-Paul Daroux et ses acolytes ont mis tout ça en musique., le récit étant dramatique, le fond sonore se veut théâtral et mouvementé, voire épique, à la manière des compositions de Michael Nyman.
Jazz et musique classique cohabitent depuis des lustres, Duke Ellington, par exemple, s'est attaqué avec bonheur à Peer Gynt d 'Edvard Grieg, Jean-Paul Daroux, lui, a judicieusement inséré un mouvement flamenco dans sa composition , nous rappelant par la même occasion que Miles Davis a fait fureur avec ses 'Flamenco Sketches' . Pour la petite histoire on cite Bill Evans – Piano / Paul Chambers – Double Bass et Jimmy Cobb – Drums.
Get on board, pas forcément pour retrouver les illusions perdues, ' Embarquement pour l'illusion ' , laissez-vous emporter par les arabesques subtiles, parfois syncopées, d'un piano be bop, héritier de Earl Hines, il est soutenu par une contrebasse souple et un jeu de batterie adepte du rimshot.
Détail: destination inconnue car illusoire!
Quand tu navigues, il te faut des instruments de bord: boussoles, compas, quadrant nocturne, astrolabe, sextant, etc...
Le trio propose ' Dans l'œil du Sextant ' , gaffe aux erreurs de mesure, manipuler un sextant n'est pas un jeu d'enfant!
Jean-Paul Daroux et ses potes vont t'expliquer tout ça en musique, avec pour la contrebasse, tantôt des effets électro, évoquant l'usage d'un theremin, tantôt des caresses à l'archet.
Le piano tient le cap, la batterie, économe, ne perdant pas le nord.
Les participants au Vendée Globe sont au courant ( forcément), des fois, le voilier doit affronter des ' Vents Contraires'.
Ce coup -ci, J P nous la joue Thelonious Monk en adoptant un jeu percussif et capricieux, il est bien secondé par une batterie robuste et vivace, la contrebasse devant calmer les ardeurs du duo tout en surveillant la manoeuvre pour épouser les frasques venteuses.
'Mistral sur le levant', pas de panique , il ne s'agit pas de tirs de missile Mistral sur l'Île du Levant , aucun exercice militaire, devant préparer une éventuelle invasion des troupes russes, n'est prévu au programme.
Le trio nous propose une pièce lyrique sur batterie métronomique, le piano tantôt sombre, tantôt frivole, occupe une place prépondérante, la contrebasse, cachée et plaintive, attend son heure et sort du bois pour mener l'esquif à bon port.
Faut nous expliquer, J P, que vient faire la 'Rue Carpeaux' dans ce récit maritime?
Un excès de Pastis?
On veut bien monter vers le Sacré Coeur, mais pas en pédalo!
Sinon, cette dernière composition frétillante, ne fait pas tache, et parachève brillamment un album de jazz aventureux, dans la lignée des plus grands compositeurs contemporains, on cite Brad Mehldau, Aaron Parks ou la nouvelle coqueluche hexagonale, Sofiane Pamart!