lundi 27 octobre 2025

Talia - Le Chaland Qui Passe - Binic - le 26 octobre 2025

 Talia - Le Chaland Qui Passe - Binic - le 26 octobre 2025

michel 

 Talia is a young woman who finds herself working in the porn industry to make ends meet.

On t'arrête, Talia n'a aucun rapport avec 'l'héroïne' imaginée par   Daniel Volpe, il s'agit d'un trio grunge/garage basé à Paris, qui est resté coincé dans les années 90, une époque où des combos comme Hole, Babes in Toyland, L7 ou Elastica faisaient saliver  tous les teenagers boutonneux de la terre.

Une première mouture de Talia voit le jour en 2001, de cette époque antédiluvienne ne subsiste que  Nicolas Costa ( guitare, chant), qui n'a jamais porté de costard, ni voyagé en croisière dans la mer des Baléares.

Si des traces discographiques sont mentionnées, elles sont introuvables, en 2005, un deux titres parait.

Ils ne sont pas passés par Split et pourtant l'aventure se termine momentanément, pour reprendre trois ans plus  avec d'autres figurants.

Les albums se suivent:  ‘Cockroach Killer’ (2008), ‘Permanent Midlife Crisis’ (2013), ‘Thugs They Look Like Angels’ (2015), ‘Let Sleeping Dogs Lie’ EP enregistré par Steve Albini (2018) et ‘Whores On Parade’ (2020), et enfin  ' What might have been' ( 2023).

Nicolas s'est trouvé l'âme soeur,   Alice Thomas, il l'embrigade car elle joue de la basse, de là son surnom Alice B(ad)ass, il fallait dénicher un drummer, car le groupe en a fait une consommation immodérée. 

Aujourd'hui, coincé sous les marches de l'escalier,   on a pu voir Billy Albuquerque, qui n'est pas originaire du Nouveau -Mexique, mais du Brésil.

S'il n'était pas devenu batteur, il aurait pu solliciter chez Pinder comme jongleur. 

Particularité, Talia a un jumeau, du nom de Year of the Dog , pour répondre à Al Stewart qui a gravé ' Year of the cat'.

On te signale qu'en 2026,  ce sera  Year of the Gumbo.

On a bien vu une setlist, mais c'est devenu une manie de nos jours, c'est comme une décoration pour sapin de Noël.

Sur le papier, t'as lu ' My friends wanna die' qui est le premier titre de l'album 'Twice bitten' de Year of the Dog, les chiens ça peut mordre!

Talia, ce n'est pas un moteur diesel, pas besoin de préchauffage, pas de round d'observation, on entre d'emblée dans le vif du sujet, Billy ze kick frappe comme un Brésilien barjo, Alice martyrise sa basse tout en s'adonnant à des exercices  mouvementés, pas facile à la capter sur le smartphone, Nicolas a la rage, ses cordes vocales vont souffrir, car il n'a pas prévu de pastilles à base de miel et de citron, il se contente d'une mousse fraîche, ses riffs lacèrent nos tympans.

Bref, pas de  Music for Supermarkets, ce soir, mais du rock qui arrache, à base de punk, de grunge et de garage.

A noter, chez Talia  ils sont adeptes du train ne s'arrête pas à toutes les gares, ils ont donc embrayé sans pause sur  'Black Lightning' ( sur le premier album de 'Year of the dog') , une nouvelle diatribe survoltée reposant sur une basse lourde, un drumming échevelé, une guitare grinçante et des vocaux tempétueux.

Encore un feu rouge brûlé,  ' Boys' déboule, ces gamins sont vachement turbulents.

Un petit blanc, non pas du Muscadet, un blanc tuning, Alice annonce  'Breathe' introduit par un solo de batterie carré, la basse rejoint Billy avant l'attaque de la six cordes.

Respire un bon coup, ça va cogner méchant!

Un bridge permet à Alice de nous montrer  que Kim Deal n'est pas la seule à pouvoir manier une basse.

On ne te l'avait pas rapporté mais ces braves gens  portent des T-shirts sympa, pas tout neufs, un Kiss et un Sex Pistols, Billy qui a dompté un mustang, attaque ' Stuck with you',  toujours tiré du dernier 'Year of the Dog'.

Si t'aimes Nirvana, les Foo Fighters et  Mudhoney, tu vas craquer, par contre si ton truc c'est  Vitaa ou Slimane, passe ton chemin!

Seconde mini-pause et on reprend le fil, pas celui d'Ariane,  'Born on the last day of summer' n'est pas vraiment influencé par The Cure, c'est à nouveau Kurt Cobain que tu imagines entendre.

Une offensive sérieuse est amorcée par Billy, le brutal' Johnny Bait' ( un titre de Talia à entendre sur 'Thugs they look like angels' ) enfonce le clou plus profond.

'You spilled your guts'  , et qui va nettoyer ce merdier?

Rush final et fondu sur 'Stand alongside the dead' .

Pris d'une crise soudaine d'épilepsie, Nicolas se retrouve allongé sur le sol, tout en plaçant des riffs à réveiller Lazare.

Le chien d'Arnaud, déjà saisi en voyant des boyaux par terre , vient renifler le mourant qui se relève après s'être signé, un miracle  breton!

Après une  reprise de Fang ' The money will roll right in ' vient  leur dernier  forfait ' Disease', qu'aucun vétérinaire ne peut soigner.

Pour vivre heureux  vivons couchés, se dit Nicolas qui s'étend  sur le sol.

Arnaud, t'aurais pu prévoir un oreiller, c'est pas sympa!

 

40' furieuses viennent de s'écouler,  pas une âme dans le bistrot  n'a fait mine de se tirer.

Vanessa est la première à réagir: une autre, une autre... 

J'accorde mon instrument et on vous emballe ' White City' vite fait, suivi par  un morceau non répertorié!

Salut, Pascal!

Ton avis?

  "Du rock brut de décoffrage, à fond droit au but".

Faut voir avec le VAR s'il n'y avait pas hors-jeu... 

 

 


 

 

 

 

 

 

vendredi 24 octobre 2025

Moundrag à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 23 octobre 2025

 Moundrag à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 23 octobre 2025 

michel

T'as pas fait la queue au bar, t'as observé les techniciens  monter le matos  monumental du duo: deux Hammond, un drumset presque aussi impressionnant que celui de Chris Slade, deux gongs malais, mais pas malades, et autant de gong beaters revêtus de fourrure, une armature métallique pour supporter tout ce fatras, un écran qui nous permet  de ne pas confondre Moundrag avec Conchita Wurst, et une dizaine de baguettes pour agresser toms, charleston, caisses claires,  cowbell et  autres éléments du kit.

Ce soir tout Paimpol a mis le cap sur Saint-Brieuc pour la release party de ' Deux', le second chef-d'oeuvre grand format des frangins Goellaen Duvivier: Camille surnommé Organ Fury et Colin, Dr Mad Drum.

Moundrag, tu connais, tu les as croisés dans une pizzeria à Lannion ( voir ici), tu as assisté à une sortie de résidence à Bonjour Minuit, t'as laissé Pascal  relater une Session Live, tu voulais découvrir leur évolution!

Bordel, quelle baffe, ce groupe a pris une dimension monstrueuse, tu ne verras plus Moundrag jouer dans le bistro du coin, ce sont les plus grandes scènes, voire les stades, qui vont bientôt les programmer.

Gilbert, dans tous les bons coups, te rappelle qu'ils ont déjà fait la première partie de Deep Purple , Ian Paice s'est montré impressionné par le jeu de Colin, Jon Lord, là-haut, a ajouté, I love these Frenchies,  Vincent Crane, avec lequel il joue au bridge derrière les nuages , a répondu, sure, Jon, ils ont tout compris, euh, je te fais le coup de Bath.

On les laisse au paradis avec Vanessa, car une musique introductive annonce l'arrivée des frangins.

Colin, le Tibétain, cogne sur les deux gongs avec vigueur, Camille fait tonner son Hammond, le son est plus ample que celui des Grandes Orgues de la cathédrale de Chartres, la messe peut commencer! 

Comme mise en bouche, ils  ont opté pour ' My Woman', un titre plus ancien que tu peux entendre sur leur EP de 2019.

T'avais oublié tout ce que ce duo magnétique devait à Deep Purple, Uriah Heep ou Genesis , leur woman ne vient pas de Tokyo, mais elle t'emmène sur des sentiers où les grandes orgues font plus de bruit que les chutes du Niagara et comme Colin ne frappe pas comme  un cabillaud mourant, le truc a déjà emballé 100% du public, on ajoute que les vocaux te renvoient vers la grande époque de Peter Gabriel, c'était avant l'ère Phil Collins.

Pas le temps de reprendre son souffle, un roulement de batterie féroce et un orgue liturgique ont emmanché un second mouvement orageux, car Moundrag à l'instar des grands groupes prog ( ELP, Yes,...) est adepte des morceaux à rallonge.

Non, c'est pas du punk, mémé!

Un galop débridé pour amorcer 'Changes', un truc que n'aurait pas renier Atomic Rooster  et, si quelques passages des lyrics te renvoient vers 'Higher Ground' de Stevie Wonder, dis-toi bien qu'on n'est pas dans le même univers.

Saint-Brieuc, ce soir vous allez assister à une première live, voici  'Morning Epitaph' .

King Crimson, ça t'interpelle?

Tu ajoutes une pincée de  Greenslade, des bribes de  Gentle Giant, tu t'octroies un petit détour en Italie en pensant à Premiata Forneria Marconi, tu passes en Ecosse pour Beggar's Opera ( grand groupe) et t'as une vision sommaire de ce que propose les polis Paimpolais.

Un petit tour aux marges de l'enfer pour 'Limbo'  engagé par l'orgue de Camille. Fait chaud dans le coin, Dante a ôté sa chasuble, du coup c'est Colin qui enfile la cape et  s'approche du micro  placé à 22 cm de Josiane.

Il nous la joue Peter l'archange, époque ' The Knife' , après avoir prêché, il regagne sa place derrière les caisses, le truc part en vrille, style 'Rondo' que The Nice a emprunté à Dave Brubeck avant de le retravailler à leur sauce.

Encore une grosse claque!

'Black Flames', il y a de la fumée au dessus des eaux, c'est la chapelle qui a brûlé !

On n'est pas sûr que  l'enfer soit  pavé de bonnes intentions.

Ont été invités à la messe noire: Black Sabbath, Black Widow et  Electric Wizard!

Are you ready for 'The Hangman'  ( un titre de 2022) qui fait toujours autant d'effet.

Armé d'un tambourin, Colin part en pèlerinage, mais pas à Santiago de Compostela, du côté du Styx.

Revenu à sa place il se met à frapper comme un forcené, l'Hammond de son brother tangue dangereusement... I see shadows... qu'il dit, nous en a vu de toutes les couleurs, ce morceau est plus dingue que le ' Speed King' de Deep Purple.

Le public est en communion totale avec les prêtres des ténèbres, folie absolue à Saint-Brieuc!

Les trois fausses fins  n'ont déconcerté  personne et quand Colin a l'idée de nous emmener plus haut, on se lasse guider sans rechigner.

Son solo de batterie affolant a éberlué Keith Moon qui a demandé, c'est qui cet alien, il est inhumain.

Le marathon n'est pas terminé,  ils ont décidé de faire une course avec Belzébuth, ' Demon race'  comme du temps de  ' Race with the devil' de Gun.

Quelle  ruée!

Pour clôturer ce show hors mesure, le duo, visiblement ravi, propose ' The Caveman' , un truc qui a fait dire à Arthur Brown,: ils ont mis le feu!

Résumé: Moundrag n'est plus un petit groupe underground mais est devenu un des fers de lance de la scène bretonne.

Du coup, il y avait file à la table de merch!

PS - Le groupe annonce trois dates en novembre, lors des Monkey Weeks, il compte saluer la belle de Cadix 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

  

Grandma's Ashes à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 23 octobre 2025

 Grandma's Ashes  à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 23 octobre 2025

michel

Fabuleux double bill  en ce jeudi, où les éléments se sont déchaînés: Grandma’s Ashes, des féministes engagées et Moundrag, des Paimpolais , nés trop tard, leurs roots étant à chercher dans les seventies, une époque où sévissaient des groupes tels que Captain Beyond,  Arcadium, ou Irish Coffee.

Autre particularité, les deux groupes viennent de sortir un nouvel album, celui des Parisiennes étant disponible à minuit! 

En semaine, les concerts débutent un tantinet plus tôt dans le complexe briochin, Grandma's Ashes est annoncé à 20:45' .

Comme les habitués sont restés collés au bar, les filles retardent leur entrée en scène de 10'. 

Depuis que tu as eu en main, l'EP 'The Fates'( cf review)  , tu t'es dit, il faut écouter  ça sur scène.

  Eva Hägen (Basse, Chant) – Myriam El Moumni (Guitare, backings) – Edith Séguir (Batterie, backings) reviennent d'un trip en Corée du Sud  pour entamer la suite d'une tournée hexagonale, avec un crochet pour admirer Manneken Pis, elle  passe un peu partout ( sauf en Creuse).

En guise de préambule, de gros grondements se font entendre, la troupe est emmenée par Eva, peut-être habillée et maquillée par Nina aus Berlin, qui se place à gauche pour nous, Edith grimpe sur les planches où siège sa batterie et Myriam vient déjà tripoter sa panoplie de pédales à effets. 

On sera tenu au jus plus tard, mais ce soir les filles optent pour un nouveau répertoire, essentiellement basé sur leur second full length baptisé 'Bruxism', en souvenir d'un passage chez le dentiste.

D'après les notes de Myriam, 'Empty house' doit ouvrir les débats, et pourtant il semble qu'elles aient choisi 'Saints Kiss'.  Entre grunge, post punk, new wave et noise évoquant des gens aussi recommandables que les Breeders ou  Veruca Salt, cette plage fait fort, la guitare lacère les tympans, la basse est lourde, le drumming imposant et le chant agressif .

Sharp est le qualificatif qui vient à l'esprit.

Edith, qui ne fait pas dans le velours, ni le nylon,  introduit la suivante ( ' Empty House'?) , la basse ronronne, les licks de la Flying V  sentent le stoner, le trio fait preuve d'une saine agressivité, ça bouge pas mal sur l'estrade.

Des frappes pas tendre sur le charleston amorcent ' Flesh Cage' ( on n'ose plus trop se fier aux notes) , un morceau au tempo mid-paced , caractéristique du  sludge.

Un coup d'oeil à tes voisin(e)s, les têtes headbangent en mesure,  les filles lâchent quelques vocalises plus proches du growl que du chant liturgique, , la guitare part  en pointillé, le ton monte , on assiste à un duel à la baïonnette, une nouvelle fois, les forces de l'ordre se pointent en retard.

Après un changement de guitare c'est ' Sufferer'  ( ça craint une playlist non suivie)  qui vient chatouiller nos pavillons, un titre aux climats capricieux ( tu passes du venimeux à l'édulcorant) et  au chant psalmodié à deux voix

Des effets bruitistes pré-enregistrés entament le titre suivant, Eva a abandonné  sa basse, cale son pied de micro à 32 cm de la petite  Clothilde,  et entame d'une voix trafiquée   'Neutral Life Neutral Death ', une plage minimaliste, théâtrale, moins âpre que ce qui a précédé.

La lecture du nouvel album se poursuit (sans certitude quant aux titres joués), après une introduction faite de frappes pré-enregistrées, Eva prend le relais,  basse et guitare entrent en action, le bulldozer s'achemine vers les monticules à aplanir, la montée en puissance est démoniaque, c'est une machine de guerre qui déboule. 

Dans le carnet t'as pu lire ' Cold sun again' , ' Aside' et  ' Dormant' sans affirmer que    ces chansons ont été interprétées. 

Si  on n' a pas entendu la guitare acoustique devant démarrer ' Dormant',  on peut ajouter par contre  que le côté symphonic metal  du titre a particulièrement séduit, il  s'est achevé, après un battement de mains, sur un final wagnérien  digne de la chevauchée des Walkyries.

Myriam et Eva ont terminé ce titre embrasé par un numéro de ballet, toutes les deux ayant  réussi un grand écart parfait.

  C' est sous des applaudissements nourris que Grandma's Ashes a quitté le podium.

Les roadies en action, le public au bar! 

 

 


  

jeudi 23 octobre 2025

Album -Jean-Paul Daroux project « La cité engloutie »

 Album -Jean-Paul Daroux project  « La cité engloutie »

michel

jazz

 Plaza Mayor Company Ltd / Inouïe Distribution

 Quatre ans après la parution de 'Change ør nø Change', Jean-Paul Daroux propose un nouveau voyage, on l'accompagne  à la découverte de « La cité engloutie ».

Toujours accompagné par  Jean-Christophe Gautier à la  contrebasse ( et arrangements) et Luca Scalambrino à la batterie ( et arrangements), le pianiste de Cavalaire-sur-Mer entreprend une exploration des fonds marins à la recherche  d'une cité perdue, engloutie par les eaux.

Il mentionne l'Atlantide,   l'île mythique  évoquée par Platon, qu'aucun géographe ou archéologue n'a réussi à situer jusqu'ici.

Des cités antiques enfouies au fond des mers, il en existe des dizaines, près d'Hyères, dans son département, tu as la cité gréco-romaine d'Olbia,  la ville de Pavlopétri au sud du  Péloponnèse a été découverte en 1967, Phanagoria sur les bords de la mer Noire frappe les imaginations, depuis le 19è siècle, Port-Royal dans les Caraïbes repose  au fond de la mer depuis 1692, on pourrait en mentionner d'autres et si t'es féru de BD, on te conseille Alix, de Jacques Martin, la cité engloutie,Tarania, se situe près de la pointe du Raz.

La photo de pochette de l'album, montrant des ruines sous-marines, ne peut t'aider pour retrouver la métropole immergée , sauf si tu t'adresses au commandant Cousteau.

tracks 

 La cité engloutie 5:33
Le dernier chant venu de l'Atlantide 6:03
Le récif des sirènes 5:07
Embarquement pour l'illusion 5:27
Dans l'œil du Sextant 5:31
Vents contraires 5:16
Mistral sur le levant 6:52
Rue Carpeaux 5:49

Tu enfiles la combinaison de plongée en néoprène, un masque intégral, une Citizen Promaster Aqualand fixée au poignet, t'es fin prêt pour découvrir les secrets de ' La cité engloutie'.

Cinq minutes 30' en apnée, c'est pas pour toi, t'as emporté une bouteille d'air comprimé!

Un piano aquatique donne le signal, une batterie métronomique se pointe, on a déjà atteint une profondeur certaine avant l'arrivée de la contrebasse.

La faune marine n' a rien à craindre de ce jazz lyrique, soundscape idéal pour contempler   coraux, posidonie, algues calcaires ou padines, quelques éponges, des vers marins et ectoproctes, évidemment, t'as intérêt à éviter le sous-marin russe en mission d'espionnage!

Le   piano  fluide et romantique, s'autorise quelques à coups plus saccadés, c'est la houle, la contrebasse de Jean -Christophe, classique au démarrage, introduit un circuit de  boucles plus grinçant, tandis que le Sicilien maintient le cap sans défaillir.  

Remonté sur le chalutier, elle t'a demandé: t'as vu le  sérapéum?

Oui, et  deux ou trois sirènes aphones!

Le dernier chant venu de l'Atlantide' débute comme un nocturne de Gabriel Fauré, avant l'arrivée de la contrebasse qui transforme la mélodie ondulante en requiem sombre.

Le piano reprend le dessus et folâtre  insoucieusement, tandis qu'à l'arrière Luca  tambourine discrètement, la contrebasse, moins lugubre, ressurgit et la plage gagne en intensité.

Si  Claude Debussy a mis Mallarmé en musique, on ignore quel poète a inspiré  Jean-Paul Daroux, on ira poser la question à Saint-Preux, qui lui aussi s'est intéressé à l'Atlantide.

Le récif des sirènes ' est situé dans le  Parc naturel Cabo de Gata-Níjar (à Almeria), une légende dit  qu'un roi maure a enterré son trésor dans une grotte, sous la Vela Blanca, un  rocher couleur neige, il en a confié la garde aux sirènes.

Homère y a envoyé Ulysse, ça a failli mal tourner.

Jean-Paul Daroux et ses acolytes ont mis tout ça en musique., le récit étant dramatique, le fond sonore se veut théâtral et mouvementé, voire épique, à la manière des compositions de Michael Nyman.

Jazz et musique classique cohabitent depuis des lustres, Duke Ellington, par exemple,  s'est attaqué avec bonheur à Peer Gynt d 'Edvard Grieg, Jean-Paul Daroux, lui,  a judicieusement inséré un mouvement flamenco dans sa composition , nous rappelant par la même occasion que Miles Davis a fait fureur avec ses 'Flamenco Sketches' . Pour la petite histoire on cite   Bill Evans – Piano / Paul Chambers – Double Bass et  Jimmy Cobb – Drums.

Get on board, pas forcément pour retrouver les illusions perdues, ' Embarquement pour l'illusion ' , laissez-vous emporter par les arabesques subtiles, parfois syncopées,  d'un  piano be bop,  héritier de Earl Hines, il est soutenu par une contrebasse souple et un jeu de batterie adepte du rimshot.

Détail: destination inconnue car illusoire!

Quand tu navigues, il te faut des instruments de bord: boussoles, compas, quadrant nocturne, astrolabe, sextant, etc...

Le trio propose ' Dans l'œil du Sextant ' , gaffe aux erreurs de mesure, manipuler un sextant n'est pas un jeu d'enfant!

Jean-Paul Daroux et ses potes vont t'expliquer tout ça en musique, avec pour la contrebasse, tantôt des effets électro, évoquant l'usage d'un theremin, tantôt des caresses à l'archet.

Le piano tient le cap, la batterie, économe, ne perdant pas le nord.

Les participants au Vendée Globe sont au courant ( forcément), des fois, le voilier doit affronter des ' Vents Contraires'. 

Ce coup -ci, J P nous la joue Thelonious Monk en adoptant un jeu percussif et capricieux, il est bien secondé par une batterie robuste et vivace, la contrebasse devant calmer les ardeurs du duo tout en surveillant la manoeuvre pour épouser les frasques venteuses.

'Mistral sur le levant', pas de panique , il ne s'agit pas de tirs de missile Mistral sur l'Île du Levant , aucun exercice militaire, devant préparer une éventuelle invasion des troupes russes, n'est prévu au programme.

Le trio nous propose une pièce lyrique sur batterie métronomique,  le piano tantôt sombre, tantôt frivole, occupe une place prépondérante, la contrebasse, cachée et plaintive, attend son heure et sort du bois pour mener l'esquif à bon port.

Faut nous expliquer, J P, que vient faire la  'Rue Carpeaux' dans ce récit maritime?

Un excès de Pastis?

On veut bien  monter vers le Sacré Coeur, mais pas en pédalo!

Sinon, cette dernière composition frétillante, ne fait pas tache, et parachève brillamment un album de jazz aventureux, dans la lignée des plus grands compositeurs contemporains, on cite Brad Mehldau, Aaron Parks ou la nouvelle coqueluche hexagonale, Sofiane Pamart!

 

 

 


  

 

 

 

mercredi 22 octobre 2025

Robert Finley à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 21 octobre 2025

  Robert Finley à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 21 octobre 2025

michel

Le parcours du bluesman Robert Finley, 71 printemps,  est atypique.

Si ce brave homme, devenu aveugle à 62 ans, il exerçait le métier de menuisier à l'époque, a eu une  guitare ( achetée d'occasion)  en main à l'âge de 11 ans , il a dû   attendre jusqu'en 2016 pour enregistrer un premier album.

En tant que membre de l'US Army  en Allemagne, il a pu exploiter ses talents de guitariste dans le band de la garnison, un orchestre appelé à jouer  dans toutes les casernes US  européennes.

Revenu chez lui en Louisiane, il combine le métier de charpentier et de chanteur de rue au sein de la formation  Brother Finley and the Gospel Sisters, puis surgit le glaucome à l'origine de sa cécité.

Il est remarqué, alors qu'il s'adonnait au busking , par un gars de la  Music Maker Relief Foundation, qui le signe pour une tournée.

Les miracles n'arrivent pas qu'à Lourdes, il sort donc ce fameux premier album en 2016,  'Age Don't Mean a Thing'.

 Dan Auerbach des Black Keys le prend sous son aile et produit les quatre plaques suivantes, la dernière 'Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya' sent encore le talc.

Ce survivant, frais comme un gardon refusant la maison de repos, se tape une double tournée européenne en 2025. La première en été, la seconde depuis le 4 octobre, plusieurs dates françaises sont au programme, dont une à Saint-Brieuc (Bonjour Minuit) le 21 octobre.

En arrivant face aux portes d'entrée, tu avises plusieurs mortels tenant un écriteau ' cherche place, suis prêt(e) à vendre ma mère pour un ticket',  car le show affiche COMPLET!

Dans la salle,  tu remarques que le public n'est pas uniquement constitué  d'individus n'ayant plus 20 ans depuis longtemps, pas mal de jeunes ont fait le déplacement, ce que Robert n'a pas remarqué,  sa fille le lui a appris.

20h et des poussières, le band rapplique, et pas des idiots, car l'ancien menuisier est accompagné depuis un petit temps par les membres du groupe  The Sierra Band: Liam Hart (guitare), Charlie Love (batterie), Ollie Hopkins (basse).

Les éclaireurs placent une courte intro bien classe, puis Liam nous demande d'applaudir la légende Robert Finley.

Fringué d'une chemise bariolée criarde, le longiligne jeune homme de plus de 70 balais, est guidé  vers le micro par une de ses filles,la chanteuse de gospel Christy Johnson qui se charge (merveilleusement) des backings, tout en jouant à la nurse.

Il entame le set par le titre ouvrant son premier album, ' I just want to tell you' .

Si pas mal de gens cataloguent Robert d'artiste de blues, ce premier morceau doit autant à la soul qu'au genre célébré par Robert Johnson,  

La voix, mature,  est bien en place et  évoque  « Bobby Blue » Bland,  Liam alterne riffs pétillants et travail  à la wah wah, une  basse funky et un drumming souple complètent le scénario, sans oublier les backings appropriés de Christy.

Déjà, Saint-Brieuc vibre!

Robert est visiblement heureux d'être là, il le  fera savoir à maintes reprises, car le bonhomme est non seulement un chanteur à la voix exceptionnelle , il aime aussi prêcher en  bon évangéliste!

Pour introduire   'Get it while you can' il s'appuie sur la citation 'Ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd'hui'.

On peut être prédicateur et épicurien, rien d'incompatible. 

La voix est légèrement fatiguée, ce qui ajoute du charme au rendu, une nouvelle fois, le public peut se rendre compte que le gars de la Louisiane s'est entouré de pointures.

Liam, notamment, sans faire de cinéma, nous sort des licks à faire pâlir les meilleurs bluesmen. 

Avec le soulful  midtempo  ' Helping hand' on a  droit à un premier extrait du nouvel album.

La voix rauque se balade sur un fond gospel swampy,  ne reniant pas quelques touches psychédéliques.

Du bon boulot.

Tenant à peine debout, le septuagénaire, sous l'oeil attendri de sa fille,  se risque à  un pas de danse et à quelques mouvements pelviens  ayant peu de chances de le qualifier pour danse avec les stars.

Il enchaîne sur une tranche autobiographique avec le Southern soul poisseux  ' Livin' out a suitcase'  avant de revenir à 'Hallelujah! Don't Let The Devil Fool Ya', avec le titre habité  'Holy ghost party', au démarrage plutôt cool avant quelques dérapages psychédéliques énervés   rappelant les Chambers Brothers.

Prévenante, Christy lui apporte un tabouret.

 Après un nouvel exposé social,  il attaque le mélancolique ' I can feel your pain' d'une voix tellement haut perchée que tu crains une paralysie des cordes vocales.

Saint-Brieuc explose et hurle de joie!

Le lament est suivi par  ' What goes around '(comes around), un titre qui sent les marais de Louisiane à plein nez et a fait danser Miss Suzie Q.

Papa fait l'éloge de Christy, son ange gardien, she is going to sing one of her songs, folks!

Silence absolu dans la salle pendant ' My father's keeper', une belle tranche d'amour filial chantée d'un timbre profond. 

La ballade 'Nobody wants to be lonely' a une histoire: après une tournée, Robert ayant appris qu'un de ses amis d'enfance est hospitalisé, décide de lui rendre visite, en le voyant, le visage de ce dernier s'illumine, j'ai cru voir un arbre de Noël scintillant, ajoute l'artiste, ça faisait des mois que son copain n'avait pas eu de visite!

La chaleur humaine  est une qualité ayant tendance à disparaître.

Qui chantait  "What a drag it is getting old"?

Un petit cours d'histoire...  Voodoo traveled to New Orleans by the traditions carried by the West African and Haitian slaves... pour annoncer 'Medicine woman', une plage qu'il avait interprétée en 2019,  lors de l'émission 'America's Got Talent', il avait plus de 65 piges.

Demain, j'inscris ma grand-mère à The Voice!

On approche du terme et c'est là que le groupe attaque le morceau le plus rock du set '   Honey, Let Me Stay the Night'.

Jeanine twiste sur une surface réduite envoyant son coude gauche dans un endroit sensible de la dame se tenant derrière elle.

Robert n'a rien vu et nous raconte une nouvelle histoire ( d'amour non partagé)  pour introduire le soul blues 'Souled out on you'  qui peut évoquer ' When a man loves a woman' de Percy Sledge.

Il alterne les vocaux avec sa fille tandis que la guitare pleure. 

Oui, Petula?

 Cœur blessé, torturé par tout le mal que tu m'as fait...

Le public, lui, ne pleure pas et applaudit à tout rompre, alors que  la fin s'annonce,  le gospel  'I wanna thank you',  qui ouvre le dernier album, termine de belle ( et longue) manière une prestation impressionnante.

Christy ramène Daddy vers les loges, The Sierra Band achève la tirade et se tire pour revenir car personne n'a quitté la salle.

One more song?

Sure, guys!

Liam à la slide amorce 'Make me feel alright'  , un mix CCR/ Robert Cray, repris en choeur par un public comblé.

En passant par le  stand merch tu t'es procuré le T-shirt 'Life begins at 65'  !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dimanche 19 octobre 2025

Album - SHAGGY DOGS – Pinball Boomers

 Album - SHAGGY DOGS – Pinball Boomers

michel 

 

First Offence Records -  InOuïe Distribution
 
 Blues/Pub Rock/soul/ rock'n'roll
 
Avant, à l'époque des Who et de Tommy, t'avais un  Pinball Wizard, et puis sont venus les Shaggy Dogs, pas des Jamaïcains  amoureux d'une Carolina, non, des cabots parigots, mal coiffés,  ils  ont sorti récemment une nouvelle plaque baptisée ' Pinball boomers' ( pas d'inspiration François Bayrou, ce dernier  ne joue pas au flipper), ce qui signifie que leur discographie monte désormais  jusqu'à dix enregistrements. 
 
 Les toutous ayant aboyé sur l'EP 'Sorry for the Delay' de 2022 se nommaient: 
Red aka Pascal Redondo : vocals, mouth harp
Jacker:guitar ( Jacques Hervé Krief)
Thomas: bass ( Thomas Planque)
Guillermo: drums, percussion ( Guillaume Kessel)
Ben: piano, organ,   backing vocals (  Benoit Berardet)
 
On reprend quasi les mêmes en 2025, excepté le batteur, qui a emprunté une autre voie, il est remplacé par Vince ( Vincent Jany) , une vieille connaissance qui avait tenu momentanément les baguettes pour eux, il y a 15 ans.
Andrew Griffiths  s'est chargé de la section de cuivres, Katy Dann assure les choeurs,   Nick Brine ( désormais espagnol) a mixé, masterisé, chantonné et tapoté des claviers.
 
Tracks:
 
01. Who’s Gone Vote
02. City Guy
03. Your Love Is Dynamite
04. Lee’s The Man
05. My Baby Left Me In The Fog
06. Talk Too Fast
07. We Could Have Been To China
08. Wild Card
09. Go and Run
10. Better Life
 
 
Oncle Red a imaginé le flipper canin servant d'illustration de pochette. 
 
On se demande si les clebs se sont lancés dans la course à la présidence, la plage ouvrant l'album se nommant ' Who's gonna vote'( for me).
Pas Rex, trop à droite, peut-être Pluto, Rantanplan ou Milou, en tout cas, le truc remue sérieusement.
Démarrage sur une guitare tourbillonnante, relayée par un jeu de batterie sec, puis vient Red et sa question politicienne, le piano rapplique, le son gonfle, la basse gronde, les cuivres sortent de l'ombre, un choeur surgit, Red fouille ses poches, y trouve un harmonica plus ou moins propre, place une petite tirade pas idiote, puis le truc repart  façon  heartland rock à la Southside Johnny and The Asbury Jukes.
Une entrée en matière gluante! 
Encore plus sautillant, voici ' City Guy' et ses sonorités roulantes de juke joint music   qui te renvoient vers des gens tels que Leon Russell, Little Feat  ou Allen Toussaint.
Les riffs tranchants de Jacker se mesurent aux horns ( qui pompent généreusement)  dirigés par Andrew,   les choeurs mixtes  ajoutent une couleur noire  aux city lights, plus sudistes que celles que tu peux voir du côté de Zwevegem.
Marrant le petit côté Mud  ressenti à l'écoute du fiévreux ' Your love is dynamite'. 
J Geils rôde dans le coin également, du coup Red nous la joue Magic Dick, tandis que son copain Jacker préfère penser à Keith Richards et que les touches de  Ben  bondissent comme de petits marsupilamis espiègles.
Nico au saxophone et Freddy au trombone fournissent la teinte rhythm'n'blues, quant aux backings, tu n'as qu'une envie, c'est de te joindre à la troupe pour faire sauter le boxon.
Prix Nobel de la bonne humeur!   
'Lee's the man'  
Quel Lee, le général  s'étant illustré lors de l'American Civil War?
Tu oublies, et Bruce Lee aussi, Dr Feelgood, tu connais? 
 Lee Brilleaux, décédé en 1994, avait fondé le groupe avec Wilko Johnson, t'as eu le bonheur de les voir sur scène, il te reste des images claires quelque part au fond de ta boîte crânienne.
Alors, oui, Lee was the man!
Ecoute l'album 'Down by the Jetty' de 1975 et tu comprendras!
Un bel hommage, messieurs les Deschiens !
Place au slow brumeux  'My Baby Left Me In The Fog' , une voix poignante, flageolante, un Hammond bluesy, un harmonica triste, il y a de quoi avoir des idées noires et des envies de se jeter dans la Tamise!
Retour aux choses musclées avec le pub rocker impétueux  'Talk too fast'. 
 Quand  les Stones  passent par le pub du coin, ça cogne,  quelques images de billards électriques, malmenés par des mains fébriles, viennent effleurer ton esprit,   la bille  file à toute vitesse , t'as intérêt à être adroit et rapide sans bousculer la machine pour éviter le tilt!
Life is a pinball machine, baby, tu veux en savoir plus, tu lis Charlie Dickinson! 
 'We Could Have Been To China', ouais, mais le Covid a fait avorter la tournée prévue.
Les chiens nous narrent leurs mésaventures sur une assise rhythm'n'blues groovy en diable, ton chat, d'habitude apathique, s'est mis à gigoter en imitant un joueur de saxophone agité.
La section de cuivres s'en donne à coeur joie, c'est comme si Maceo Parker avait réuni tous ses copains accompagnant James Brown sur 'Papa's got a brand new bag' pour nous faire suer pire qu'Eugène! 
Le midtempo ' Wild Card' joue la carte flegmatique, un comble!
L'orgue divague, la rythmique s'agite sans panique, Thomas ne se planque pas et balance un petit solo de basse pas crasse, la guitare se promène en mode relax pendant cinq minutes,, stay, cool, darling!
 A écouter au volant d'une Studebaker  en sillonnant la Highway 61.
On a garé la Lark Sedan, elle consomme un max, pour opter pour un modèle à la fois plus nerveux et moins  énergivore, non, pas une électrique...  allez on fonce, ' Go and run' !
Un titre vintage rock  qui plaira à tous les fans des Blasters.
Les Shaggy Dogs ont bien écouter Bo Diddley, la dernière plage du recueil,  'Better Life' en est la preuve! 
L'harmonica de Red et la guitare  de Jacker tirent les marrons du feu, et chez toi tout le monde a repris le refrain en choeur ...waiting for a better life... car, pour l'instant ce n'est pas la joie!
 
Fidèles à eux -mêmes, les Shaggy Dogs nous ont livré  un brûlot  que Gault et Millau a estimé valoir cinq toques, Tim et Nina Zagat sont sur la même longueur d'ondes.
Michelin n'a pas encore rendu son verdict! 
 
 
 
 
 
 
 
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dimanche 12 octobre 2025

The Korgis et Iden Walk à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 11 octobre 2025

 The Korgis et Iden Walk à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 11 octobre 2025

michel 

La reine   Elizabeth II et ses "pets".... sa majesté a possédé  plus de 30 Pembroke Welsh Corgis ( ce sont des chiens nains).

Fort bien, un voisin élève des  tortues tabatières, elles s'appellent toutes Caroline.

Ah, intéressant,  donc, c'est en pensant à Muick et Sandy que le groupe de Bristol a opté pour le nom The Korgis.

Ceux qui ont pondu le slow gluant « Everybody’s got to learn sometimes », qui a envahi les ondes pendant  des années, depuis sa sortie en 1980, ont entamé un 'The end of the world tour 'qui les a conduits au UK, en Belgique et en France, avec un arrêt à Saint-Agathon.

Apprendre stimule le cerveau, du coup t'as mis le cap sur La Grande Ourse avec l'intention de ' to learn something' on a Saturday night!

Avant la prestation des  vétérans  de la scène pop/ new wave,  il a fallu se taper une ' performance', on évite le terme concert, d' Íden Walk!

Iden Walk est le nom choisi par Samir Dib ( de la Compagnie Sumak) , un ermite, musicien, homme de théâtre, druide, chaman, au physique proche de celui de Panoramix ou de Merlin l'Enchanteur.

Pendant trente minutes, il va  confectionner des mixtures musicales, moins efficaces que les remèdes miracles à base de serpolet, de gentiane, de vinaigre de topinambour, de sang d'araignée mâle et de poudre de perlimpinpin, elles ont néanmoins réussi à calmer le petit Gaspard qui gueulait derrière toi, au grand dam d'une maman inefficace.

Samir est poli, il se présente: mes machines, mon piano et moi-même, nous vous saluons, on s'appelle Iden Walk.

Il débute par un nocturne au piano, avant de faire entendre une voix d'outre-tombe dramatique  et inquiétante, récitant des prophéties dans un anglais peu intelligible, puis d'ajouter des textures électro à sa potion..

T'as relevé ...the draft is broken, yet drift on...   l'atmosphère et le look du personnage te renvoient des images de Robert Wyatt.

Tu vas déchanter rapidement, car pour la suite il  s'appuie sur un schéma identique, de plus en plus lugubre.

Après 10 minutes de cette musique  spectrale, faisant passer Gérard Grisey pour un humoriste, tu décroches et laisse ton cerveau vagabonder.

Oui, Louis?

Ce mec ne joue pas pour le public, il s'adonne à la masturbation intellectuelle.

Il termine son prêche sur un titre presque dansant, nous remercie, nous salue et quitte la scène en claudiquant.

Huguette, qui ronflait à ta gauche: c'est fini, monsieur?

Oui, madame! 

22:00 : The Korgis!

Du groupe, né en 1978, ne subsiste que  James Warren, vocals et bass.

Andy Cresswell-Davis, comme lui membre des fabuleux Stackridge, a jeté l'éponge en 2007, après quelques  allers et retours.

Désormais le quintette se compose de  James, de John Baker aux vocals, acoustic guitar  et keyboards, il a rejoint le groupe en 1980,  un ex - Graduate ( aux côtés de, e a , Roland Orzabal et Curt Smith) , d'Al Steele, lead guitar, synths,programming , membre depuis 1993, le très demandé ( Leo Sayer, Dave Edmunds, Shakin Stevens, Eartha Kitt, Bonnie Tyler...)  Paul Smith est aux drums depuis 2017,  et la dernière recrue ( 2023) ,  Danielle Nicholls aux vocals, percussions, acoustic guitar, glockenspiel et aerobics.

On ajoute que deux écrans de télévision complètent le paysage, car ce soir on aura droit à un show complet, il ne manquait qu'une ou deux pole dancers.

Détail: ils sont passés par le stock américain pour leur tenue de scène. 

James s'est amené avec une brochure qui lui permet d'illustrer  chaque titre d'anecdotes et de souvenirs,  dans  un français exotique.

Très sympa, le monsieur!

Al manipule les machines et lance une bande introductive judicieusement nommée 'Ouverture'. 

Sur les écrans des images d'hystérie collective  à la belle époque de la Beatlemania, quatre voix magnifiques  se rejoignent pour entamer 'End of an Era' qui nous plonge à Liverpool après le split des Fab Four.

L'ombre de John, Paul, George et Ringo plane, Saint -Agathon vient de comprendre que la soirée sera  placée sous le signe de la nostalgie pop et qu'on pourra oublier pendant près de deux heures la sinistrose ambiante.

'Dumb Waiters' le titletrack de l'album de 1980 , un magnifique exemple de pop/ new wave  synthétique, typique de ces années ( Alphaville, Big in Japan , Howard Jones,Thompson Twins ....  ) suit, puis vient le pastiche 'Good old days of the cold war' , une ère pré-Poutine.

Le clip hilarant a ravivé quelques souvenirs, une nouvelle fois, les harmonies vocales font mouche.

John se souvient de ses copains de Tears for Fears mais c'est une reprise de Simon & Garfunkel qu'il propose,   'The only living boy in New-York'.

Demain, sans faute,  tu  ré-écoutes ' Bridge over troubled water'  !

'If it's alright with you baby' a été un tube au Liechtenstein et à Andorre  .

Ils ne manquent pas d'humour et manient l'auto-dérision,  le titre est resté quelques semaines dans les charts britanniques sans vraiment décoller, les Korgis étaient considérés comme trop gentils.

C'est con, cette ballade est imparable!

Pour  "This World’s for Everyone", le groupe avait fait appel à un choeur d'orphelins du Liberia pour les backings.

Toujours influencés par les Beatles, ils avaient sans doute en mémoire 'The Concert for Bangladesh'  de George Harrison.

A une certaine époque les bons sentiments  fleurissaient, remember le Live Aid, imaginé par Bob Geldof.

Un jour, à  Bath, ils ont rencontré Peter Gabriel, ce qui explique la grandiose reprise de ' Solsbury Hill' .

J'ai gardé les sunglasses de l'époque où je chantais 'If I had you' à la BBC.

Very smart, James, et bel effet de slide d'Al Steele .

Pendant la pandémie, ils ont enregistré un album, composé à distance,  'Lines' en est extrait, tout comme le majestueux  et délicieusement désuet  ' Bringing back the spirit of love' précédé d'une ouverture symphonique.

Aucune explication nécessaire pour ' Back in the eighties'  suivi par le très ancien ' Boots and shoes' et ses soli de guitare nombreux.

' Coffee in New-York' pourrait bien devenir notre prochain single.

Quand les Korgis virent soul/funk  ( avec l'apport de cuivres sur bande), ça groove aux pieds de la statue de Liberté et aussi à la Grande Ourse.

Merde, Al a brisé une corde, tant pis  je continue, qu'il dit.

Les amateurs de Hall and Oates ont aimé, comme ceux de Sting , les vocaux de Danielle ont  fait merveille.

Sur l'album ' Kartoon world' voici ' The Ghost of you'  toujours orné d'un petit solo de guitare fluide et de vocaux immaculés.

Un de leurs singles  a été  produit par Trevor Horn, une bonne raison pour s'attaquer à   'Video killed the radio star'  repris en choeur par toute la salle.

Buggles ou bubbles, des bulles partout!

La ballade ' Hold on' chantée par John est idéale pour ceux qui aiment les slows collants, et puis James nous signale qu'un beau soir Al et  Paul ont joué devant la reine en accompagnant Bonnie Tyler.

Ce soir, c'est  Danielle Nicholls qui s'attaque à 'Total eclipse of the heart', t'as faillé  pleurer, car  c'était magique. 

La suivante, ' Lost and found' est un titre sombre, annonce James, cette pièce maîtresse du set a permis la mise en évidence de chaque instrument.

'Something about the Beatles', avec une guitare qui gently weeps,  se fond dans 'Sowing the seeds of loe' de Tears for Fears,  naturellement suivi par 'A day in the life'  .

La flèche aboutit droit au coeur, il vont nous tuer!

Ils sont donc sans pitié, car ils achèvent le set par celle que tout le monde attendait 'Everybody's got to learn sometime'.

Tous les smartphones en action et un public debout pour applaudir un groupe à la fois généreux et talentueux.

Ils nous quittent avec un  bis avant la photo de famille: le singalong chant d'espoir 'The best thing you can do is to love someone'. 

Derrière toi, Pablo Picasso a griffonné une colombe à l'arrière de  son ticket,  imprimé via le net!

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mercredi 8 octobre 2025

EP - Before I Buy A Gun par Andrea von Kampen

 EP -  Before I Buy A Gun par Andrea von Kampen

michel

Tone Tree Music

 folk - protest songs

Andrea von Kampen n'est pas originaire de Westphalie, elle voit le jour dans le Michigan ( Ann Arbor), mais elle avoue ceci,  I grew up in a German Lutheran tradition. Son paternel,  Dr.Kurt Von Kampen is  a professor in the Music department at Concordia University, maman, Dory von Kampen, enseigne.

Son frangin, David, est compositeur, le second brother,  Paul,  est directeur musical à la Lutheran High School Northwest in Rochester, et, enfin, elle a une soeur qui n'évolue pas dans l'univers du solfège, Rachel est prof de math.

Avant d'obtenir  a degree in music en 2016, elle avait déjà attiré l'attention en publiant l' EP 'Another Day', prolifique, elle enregistre 2 EP's en 2016, 'Desdemona' et a Christmas EP , l'année suivante paraît an Audiotree Live album, puis quelques singles.

Un premier full length CD, ' Old Country'  sort en 2019, le magazine Ear to the Ground lui attribue la note 10 out of 10. 

Aucune défaillance dans sa production , 2020 parution de l'EP 'Romeo & Juliet' , 2021, un album ' That Spell', 2022, on la retrouve sur le soundtrack de 'A Chance Encounter'  , en 2023, elle lâche pas moins de cinq EP's,  l'album ' Sister Moon' arrive dans les bacs en 2024, et enfin  l'EP ' Before I Buy A Gun' s'entend depuis une semaine.

Mince, quelle discographie, son âge?

31 ans,  à peine!


 Tracks

 1. Black Flag 

2. Spinning Wheel 

3. Before I Buy A Gun.

 

 Music & Lyrics by Andrea von Kampen
Vocals by Andrea von Kampen, Casey Allen, Shanda Fujan
Bass by Jonah Bennett
Cello by Jessica Dussault
Piano by David von Kampen
Arranged by David von Kampen
Engineered & Mixed by James Fleege

L'artwork  est   signé Megan Burma, qui a fondé Paper Pretzel, un design studio basé dans le Nebraska.

On doit probablement  la photo  à Analise Schrader

Tout en caressant un chien sur une  verte colline,   Andrea fixe l'objectif  semblant demander: je souris ou je fais sérieux!

Une guitare acoustique aux cordes gentiment pincées et une voix éthérée, c'est pas comme ça qu'on imagine un pavillon  noir flottant  fièrement au sommet de la hampe de la frégate de Jack Rakham.

L'idée du 'Black Flag'  est que dans ce monde moderne, on s'éloigne de plus en plus  de son  moi profond.

Après l'introduction intimiste, guitare/voix, Andrea a la bonne idée  d' habiller l'attrayante folk song d'un accompagnement majestueux, invitant un violoncelle, un synthé  et une basse  à gonfler la mélodie, avant d'entendre un piano précieux accompagner ses murmures affectueux.

A ranger aux côtés d'autres artistes rayonnantes telles que les Secret Sisters,  le duo mixte The Civil Wars, ou les plus anciennes Bridget St John ou Anne Briggs , et, pour le côté germanique, la talentueuse  Sibylle Baier.

En 1968,  Blood, Sweat and Tears, signe un de ses plus grands tubes avec le titre ' Spinning Wheel', la roue tourne toujours, rien n'a vraiment changé, sur l'écran tu peux voir another insane man yelling et t'as l'impression que c'est toi qu'il engueule.

Andrea caresse les cordes de son acoustique sur laquelle elle plaque une voix délicate, nostalgique et implorante, qui touche l'âme .

La structure de la chanson paraît simple, c'est ce qui fait sa force, pas besoin d'en rajouter, la poésie couleur sépia te renvoie vers les grands noms associés au   Greenwich Village  folk: Joni Mitchell et Joan Baez, en tête.

Si le chant poignant et le jeu de guitare ciselé représentent la pierre angulaire de la plage, il ne faut pas négliger l'apport essentiel du violoncelle, ajoutant un surcroit de mélancolie à l'édifice.

Pureté et authenticité, le mariage idéal pour captiver des pavillons devenus allergiques aux vociférations   de politiciens sectaires et hypocrites.

Before I Buy A Gun.'  pourrait bien devenir un hymne folk qu'on classera aux côtés de 'This land is your land' de Woody Guthrie ou 'We shall overcome',  le gospel chanté lors  des marches du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

 Le chant de paix d'Andrea von Kampen, admirablement  secondée   par la soprano Shanda Fujan  et par Casey Allen, propose une imagerie  forte,  le message  visant à l'abolition des armes à feu aux States est clair ... before I buy a gun I’ll get to know my neighbor... 

Quand on sait qu'aux States le Gun Control ne marche pas ( The Second Amendment guarantees law-abiding Americans the Right to Keep and Bear Arms.), que seulement trois états ( la Californie, la Floride et l' Illinois + la ville de New-York)   interdisent le port d'armes à feu , on n'est guère étonné du nombre de victimes recensées chaque année après des fusillades de masse ( un chiffre: 48 204 personnes  tuées par balles  en 2022).

C'est court trois titres,  mais Andrea von Kampen est comme le funambule qui se meut sur  un fil mince, le public la regarde avancer en priant pour qu'elle ne se casse pas la figure,  son folk intimiste,  magistralement rendu sur ce dernier EP, devrait, enfin, la faire connaître dans nos contrées.

 

 


 

 

 

 

 

 

 

lundi 6 octobre 2025

Festival Blues des Deux Rivières - Gasoline- Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025

 Festival Blues des Deux Rivières - Gasoline- Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025

michel

Le temps de passer à la gas station pour faire le plein de Chevron, 75 cents for a gallon, et tu reprends place car le combo Gasoline est prêt à faire flamber le baril.

Gasoline nous vient de Douarnenez , enfin trois de ces distributeurs de carburant ( l'explosive  blonde chanteuse  et guitariste Charlotte Yanni, le batteur Eric Parenty ( Dizzy Town Blues) et  le guitariste Brendan de Roeck ( vu avec Bobby and Sue et Rain Check), le quatrième élément , Kev Charlton, est un expat, originaire de Newcastle, où on ne sert pas de Châteauneuf-du-Pape, mais une brown ale très digeste, ne lui parlez pas du Charlton Athletic Football Club, il est fan des Magpies, il manie basse, contrebasse, il chante  et  étale un humour British,  emprunté aux Monty Python.

Gasoline pratique un old skool rock'n'roll teinté de rockabilly, de surf, de bluegrass et de western swing.

Female rockabilly  et swing dresses vont de pair, la tenue craquante de Charlotte ne fait pas exception à la règle, durant leur set le nom d'Imelda May a été mentionné, Charlotte a adopté le look Imelda!

Démarrage sur les chapeaux de roue avec  'Come back home to me' qui s'entend sur leur album ' Gasoline'.

On connaissait les talents de Brendan, déjà il lâche quelques rafales pas banales, le 'rosbif' ( c'est lui qui le dit) tabasse sa contrebasse et à l'arrière, Eric assure un train d'enfer.

Et Charlotte?

Love at first sight!

 "The Train Kept A-Rollin' de Tiny Bradshaw a tapé dans les oreilles de Jeff Beck, du coup les Yardbirds en ont fait un tube au UK.

La version de Gasoline, en mode TGV, a fait forte impression.

Une acoustique pour Charlotte et le midtempo  ' Dead by now'  est sur les rails, les boys aux backings , du champagne pour la fille.

Le temps de lancer les dés ( Roll the dice) et on enchaîne sur le fast paced ' Be your girl'. 

Quelques fantômes surgissent du fin fond des fifties:  Laura Lee Perkins, Wanda Jackson et Sparkle Moore.

'  Little Ramona (Gone Hillbilly Nuts)', elle a fait la connaissance de Hank Williams, ça l'a marquée.

Newcastle au chant , Charlotte en relais, une romance hillbilly  franco-anglaise sur un titre de BR5-49. 

Toujours chanté en duo 'My Baby'  vante les qualités de la madame...she gives me what I want, she makes me happy, je l'aime, cette petite, détail pas sans importance, she's full of money!

Pas de piano ce soir, sur l'album tu entends un copain de Jerry Lee Lewis accompagner ce country rockabilly  gaillard.

Une seconde histoire de train pour suive, ' Love train',  car même si le titre a été composé à bord d'un bateau, ' Love Boat'  était déjà pris.

Kev nous la joue Johnny Cash, Charlotte devient  June Carter, et la slapping bass est pour Lee Rocker.

Brendan hante la slide et la vibrato handle sur ' Right on time' , un rockabilly aux allures de rodéo.

La prochaine ' Dead Dove' est prévue pour notre second album. 

Euh, il ne s'agit pas d'un savon  mort mais d'un country track sonnant comme le fameux ' Ring of Fire' de Johnny Cash.

Pas de repos pour les braves, le quartet enchaîne sur ' No time for resting' , tandis que le gars, qui gamin se baignait dans le Tyne, maltraite l'upright bass, sa copine se tape un grand écart audacieux, tu fais pareil t'es bon pour dix séances chez l'ostéopathe. 

Imelda May ( encore elle) a enregistré ' Johnny's got a boom boom'  en 2009, ce morceau leur va comme un gant de velours.

Kev amorce, Charlotte  fait la fraise, ton coeur fait boom boom , celui de John Lee Hooker ne bat plus.

Place au singalong countrybilly  ' She's not stupid'  que Brendan décore d'un petit solo pas con, tandis que les canassons, au trot,  sillonnent les plaines bordant le Rio Grande. 

De loin t'as cru apercevoir  John Wayne et  Maureen O'Hara!

On a tous  une chanson qui nous tient au coeur, sauf Voulzy, lui c'est une petite fille oubliée ( il ne sera pas poursuivi pour pédophilie), le coeur de Kev vibre à l'écoute de 'Blue moon of Kentucky' de Bill Monroe, un succès immense pour Elvis.

Après ce bluegrass fleur bleue, terminé en séance cirque du soleil  car Charlotte grimpe sur la contrebasse coiffée ( la contrebasse) du chapeau du beau Kev.

Brendan et Eric font la chandelle en se chargeant des coeurs.

Une seconde reprise étonnante succède à la romance de Bill, une version dingue de ' Tainted Love'  que Soft Cell avait emprunté à Gloria Jones.

Grosse ambiance dans les halles, les danseurs se bousculent au pied du podium.

'Burnin' rubber' sent le caoutchouc brûlé et inspire le contrebassiste qui se couche sur son instrument en caressant ses parties intimes ( celles de l'instrument) .

La température vient de dépasser  120° ( fahrenheit) .

Le set prend fin avec le titre ouvrant l'album ' Be Mine'.

Kev a repris la basse électrique, derrière toi un mec a crié 'wouah'.

Tu le dévisages, incroyable, John Entwistle!

Le final sulfureux engendre des instants de délire dans le public, un bis s'impose: 'Psycho blues' , que Charlotte a enregistré sous son nom il y a quelques années.

Après une séance de slapping psychotique , la fille supplie Brendan de lui prêter son jouet: je veux faire un solo, petit!

Tiens, ma grande, amuse-toi!

Il est plus de  19h, les organisateurs décident de mettre fin à l'après-midi, Charlotte se prête avec grâce au jeu des selfies, signe les CD's , tu rejoins Gilbert et Polo, les tireurs d'élite de chez Nikon, un regard suffit pour comprendre que le show les a emballés!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Festival Blues des Deux Rivières - Ady One Woman Band - Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025

 Festival Blues des Deux Rivières - Ady One Woman Band - Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025

 

michel

Shook Me fait place à   Ady One Woman Band.

Moins farfelue que  Rémy Bricka, moins casquée que Bob Log III, Adeline Errard, devenue Ady One Woman Band, ex The Jake Walkers, chez qui elle s'amusait avec Anna Boulic, une autre connaissance,  puis Ady and The Hop Pickers, quand elle bossait dans les champs en chantant, va occuper la scène pendant plus de 90' ( c'était un peu long  pour mal de clients).

Ady n'est pas du genre taciturne, si elle a moins de choses à raconter que la concierge des Durand, elle tient pourtant le crachoir entre chaque chanson.

Avant d'aller s'asseoir derrière un drumkit, de ramasser une guitare ou une cigar box, elle entame son récital, debout, à l'avant de la scène, par une version honorable, a capella, de ' Mercedes Benz',  popularisé par la fantastique  Janis.

Un bon début de la fille qui avait remporté le  10ème Challenge Blues Français en 2024 ( prestation solo) ce qui lui a voulu un voyage à Memphis pour participer à l'International Blues Challenge ( la palme a été attribuée à Joce Reyome).

Quelques riffs  secs accompagnés de boum boum boum, elle vient d'amorcer une confession... je suis pas un cowboy mais j'aime ça....

Après ce  country blues, style Calamity Jane, vient une autre réflexion personnelle  la renvoyant vers ses tendres années, époque où les petites filles jouaient à la poupée Barbie ' Be a good girl', pas de doigt dans le nez, bonjour, monsieur, merci madame , tiens-toi droite...etc!

Plus rugueux sera le titre où elle se propose de  break her chains, suivi par  un souvenir de ses années passées au UK, un blues sous forme de marche où elle rend compte   avec nostalgie les bons moments passés là-bas... I'm missing the good times, I'm missing the boats... et peut-être la Guinness.

La voix est énergique, le jeu brut, pour la dentelle, tu t'adresses au Big Bopper.  

Elle vire rockabilly et pleurniche ... I feel so lonely... t'avais oublié les kleenex dans ta caisse, tu l'as laissée à son chagrin.

Elle poursuit  son propos féministe, légèrement éculé,  avant de nous proposer deux  tirades en français... tu sauras qui je suis.... et à la cigar box une chanson d'amour touchante.

'Dead man body' , c'est l'histoire d'une nana qui fait des cauchemars, elle voit le cadavre d'un mec dans sa cuisine.

Après ce gothic blues criard,  aux relents Alfred Hitchcock, vient une plage inspirée par  le mouvement #MeToo.

Il était question d'une Mrs Jones,  c'était pas celle des Counting Crows, ni une copine de Billy Paul.

Une partie du public, dissipée, discute haut et fort à la buvette, Ady ne s'en soucie pas, elle attaque un nouveau rockabilly pompé sur le 'Red Hot' de Billy Lee Riley.

Voilà ' Gemini blues',  car  comme Catherine Deneuve et  Françoise Dorléac, elle est née sous le signe des Gémeaux, elle orne la tirade d'un rire sardonique  avant de passer à 'Symphony' en mode Patricia Kaas.

Symphony, c'est Jessica Rose Gold, une stripteaseuse d'Orléans. 

Un autre des personnages issus de son imagination est ' Mister Nobody', un dragueur de seconde zone. 

Pour Simone Veil, elle a composé, ' Fier comme un homme'.

More women on stage,  ces dames ont des choses à dire... la cuisine, le tricot, repriser les chaussettes, torcher le nourrisson, c'est du passé!

Après une histoire de tattoo ( No Damsel in Distress) , elle nous relate son aventure américaine,  de Memphis  elle a poussé une pointe vers Clarksdale pour aller voir le fameux crossroads où Robert Johnson a pactisé avec le diable.

Elle se paye une promenade dans le public, se poste face à une fillette lui propose de glisser ses doigts sur sa gratte, puis elle profite d'une inattention de Gilbert pour lui piquer la place sur le banc qu'il avait imprudemment abandonnée,  avant d'aller finir le 'Crossroads' sur le podium.

Une dernière, autobiographique, ' Hillbilly girl' termine ce set épique.

Bonjour maman, hello papa,  le bis est pour vous ' Let me dance'. ( ?) 

 

Nota bene: pas vu de setlist,  les titres sont à prendre avec des pincettes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dimanche 5 octobre 2025

Festival Blues des Deux Rivières - Shook Me - Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025


 

 Festival Blues des Deux Rivières - Shook Me - Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025

michel

La  23e édition du Blues des Deux Rivières, le festival à ne pas manquer à Belle-Isle-En-Terre fait honneur aux dames, d'Ady ( One Woman Band) à la fantastique Irlandaise Grainne Duffy , elles  fouleront les planches des différentes scènes en nombre.

Trois jours de concerts, un programme copieux, Madame t'octroie un bon de sortie  pour le samedi 4 après-midi.

Trois formations sont attendues dans les Halles ( dans lesquelles on ne crève pas de chaud):  Shook Me,  Ady One Woman Band et Gasoline.

Début de la cérémonie à 14h.

Tu t'attendais, après avoir consulté l'affiche, à voir Ady et son artillerie.

Comme ils étaient deux sur scène, un chevelu barbu à la gratte et une dame vêtue d'un chandail rouge au chant, ton cerveau, vif comme une tortue grabataire, se dit OK,  aucun doute, this is not Ady, il doit s'agir de Shook Me.

Le duo est donc composé de  Florian Ebel à la guitare et Lillah Politzer à la voix!

Florian Ebel, un guitariste que Pascal a croisé maintes fois au sein du combo Ebel Elektik ( cf un, deux, trois).

Florian, dans le temps, animait des bals, s'amusait avec le bagad de Lorient, puis fait partie de Diougan.

Lillah chante (Soava Dia, Clakity Band, Blueval, Tanaw., Oulala jazz band.. ), joue la comédie, compose et dirige la compagnie Labo Tempo, compagnie qui compte Florian parmi ses membres.

Pourquoi Shook Me?

Because Willie Dixon et parce que le blues est leur dada! 

Détails: leur blues est âpre, rugueux et torturé, Florian hante la slide sur tous les titres proposés, sauf le dernier, la voix de Lillah passant du soulful  au  raspy ( cf Janis Joplin), bref les amateurs de blues ballads, de chilled ballads,  risquent d'avoir quelques problèmes de digestion.

Le duo démarre par un morceau de Gary Clark Jr., 'Don't owe you a thang' , a fast paced tune évoquant la rage des Black Keys.

Pour appuyer ses riffs cinglants, Florian, d'une botte poussiéreuse, écrase sans répit un stomp box , tandis qu'à sa droite Lillah  s'époumone  et lui, dit, gars je ne te dois rien, keske tu crois!

Le duo enchaîne sur le fameux ' You shook me' de Willie Dixon, qui tu t'en souviens était un des chevaux de bataille du Zep.

Lillah a du coffre et fait preuve de persuasion, Florian secoue tout sur son passage.

Après une intro plus ou moins sereine,  ' All of your love' remue davantage , on est entré dans le vif du sujet quand de sinistres craquements se font entendre.

Un médecin s'affaire pour remplacer le câble de micro de la chanteuse, Belle- Isle bat des mains car Lillah, très pro, oublie Pascal et C-News,  a poursuivi la tirade à voix nue ( a capella, si tu préfères), micro, en place,   d'une voix étourdissante, la madame achève le morceau sous les applaudissements d'un public conquis.

On passe à une ballade pour homme solitaire, ' Police dog blues' de Blind Blake , un bluesman d'une autre époque .

Florian habille ce blues rural d'un solo d'une efficacité redoutable, Lillah le rejoint et halète avant d'éclater à la manière de Janis, déjà citée. 

Et sinon?

On n'a pas entendu le clebs ( Rambler qu'il se nomme) aboyer on a préféré filer à toute vitesse. 

Si vous consulter notre chaîne YouTube vous pouvez voir le clip de ' Walkin blues'  sur lequel Francesco Musinu nous accompagne à l'harmonica. 

Son House a composé ce titre en 1930, Lillah  se l'approprie, Florian l'habille de riffs enragés, ta voisine accompagne le jeu de guitariste en battant le sol du talon, tout en secouant une longue chevelure qui vient fouetter ton oeil gauche, le moins abîmé.

Si Cream a enregistré ' Sitting on top of the world'  sur' Wheels of Fire', la première version de ce country blues date de 1930, on la doit aux Mississippi Sheiks.

Leur setlist mentionne ' Malted Milk' , on n'a pas entendu le morceau de Robert Johnson, mais bien un blues pour danser.

Ils sont quatre à obtempérer et à gigoter face au podium, ... I can take your money... chante Lillah avant de proposer une séquence participative plébiscitée par la salle qui applaudira chaleureusement la prestation de ce duo dynamique et talentueux.

Thelma: don't leave us this way, un bis ?

OK, voici ' I feel so good', le titre  pour lequel Florian a glissé la slide dans la poche de son jeans lacéré , après une intro millimétrée, la plage vire   boogie furieux pour le plus grand plaisir d'une audience conquise.

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

vendredi 3 octobre 2025

Album - Caity Gyorgy with Strings: Arranged and Conducted by Mark Limacher

 Album - Caity Gyorgy with Strings: Arranged and Conducted by Mark Limacher 

michel

orchestral & vocal jazz  

La Reserve Records 

 Caity Gyorgy naît à Calgary ( Canada) en 1998, le nom Gyorgy présage d'origines magyares, effectivement , des aïeux paternels ont quitté la Hongrie dans les années 30.

Tout gosse Caity chante dans différentes chorales,  à 17 ans  elle s'offre un premier contrat, elle se produit sur scène lors d'une soirée organisée par le maire de sa ville.

Sa carrière est lancée. 

A Toronto, elle obtient   un Bachelor of Music (Jazz Voice), elle poursuit ses études musicales à Montréal, 

Un diplôme en main, elle enregistre plusieurs albums, et collectionne les Juno Awards.  

Sa discographie mentionne:   No Bounds (Caity Gyorgy Records, 2021) / Featuring (La Reserve, 2022) ·/You're Alike, You Two (La Reserve, 2023) / Hello! How are you? (La Reserve, 2024) .

Et deux EP's.

Artiste demandée aux quatre coins de la planète, elle se produit  au Canada, au Mexique, au Japon, en Europe, aux États-Unis où elle interprète aussi bien des morceaux du Great American Songbook que ses propres compositions.

En 2025 paraît "Caity Gyorgy with Strings: Arranged and Conducted by Mark Limacher" 

Mark Limacher is a JUNO- nominated pianist, composer, improviser, arranger, and genre-crossing musician currently based in Calgary ( comme Caity).

 Tracklist
That Doesn't Matter
You'll Learn
Train Wrecked Dining Car
If I'd've Known
I've Been Kicking Myself
Sight to Behold
Memo 267
Pour for the Hour

 Voice: Caity Gyorgy

 Orchestra:

Drums: Nathaniel Chiang
Bass: Jonathan Wielebnowski
Piano: Mark Limacher

Violin 1: Gen Micheletti, Edmund Chung, Jeremy Gabbert, Jeongah Choi, Danielle Greene, Isaac Willocks

Violin 2: Theresa Lane, Adriana Lebedovich, Lidia Lee, Diane Lane, Laurent Grillet-Kim, Peter Blake

Viola: Marcin Swoboda, Alisa Klebanov, Jesse Morrison, Jeremy Bauman

Cello: Josué Valdepeñas, Clare Bradford, Kathleen De Caen, Dave Morrissey

Bass: Patrick Staples

Trombone: Carsten Rubeling, Kris Leslie, Nikki McCaslin, Dave Reid

Trumpet: Joel Gray, Samantha Whelan-Kotkas, Rich Scholz

Woodwinds: Emily Phernambucq, Cedric Blary, Dustyn Richardson, Brett McDonald, Dan Davis, Aidan Dugan

Horn: Jennifer Frank, Doug Umana, Maxwell Stein

Producers: Caity Gyorgy, Mark Limacher, Graham Lessard 

Le portrait de pochette est  signé June Cavlan ( photographe et chanteuse de jazz).

 

 “I love writing songs that sound old but feel new.” a -t - elle confié à un journaliste lors d'une interview, le constat s'avère confirmé dès la première plage du recueil, ' That doesn't matter' qui sonne comme du Ella Fitzgerald, secondée par l'orchestre de Nelson Riddle.

Le morceau offre quelques similitudes avec  'Let's Call The Whole Thing Off', les premières lignes ... You drink out of crystal, I drink out of polyethylene... évoquant par exemple... You say laughter and I say larfter... entendu sur le standard de George et Ira Gershwin.

Elégance, distinction, arrangements soyeux, on approche de la perfection!

Si la romance 'You'll learn'  ne touche pas ton âme, c'est que ton coeur est plus dur que du silex, le dessein était d'écrire un morceau à la mélodie aussi émouvante et sensible qu'un air d' opéra extrait de ' La Bohème' de Puccini, un sacré pari.....réussi!

Orchestration majestueuse et voix veloutée, un mariage parfait .

Paupières closes tu peux revoir  Gregory Peck et Audrey Hepburn dans ' Roman Holiday', avec la voix de Dean Martin et un choeur angélique en toile de fond.

Un phrasé gentiment syncopé et un piano romantique entament 'Train Wrecked Dining Car'  avant l'arrivée des cordes et des cuivres qui gonflent l'impression de débâcle sentimentale, suggérée par une imagerie énumérant une série de séismes: a train wreck, une maison en proie aux flammes...

Les silky vocals de Caity évoquant d'autres chanteuses célébrées dans les fifties: June Christy, Dinah Shore ou Shirley Horn.

Une longue intro à la Tommy Dorsey,  qui rappelle les comédies musicales de Broadway, amorce 'If I 'd've Known'.

Caity, tout en roucoulant, regrette tout ce qu'elle n'a pas osé faire avant, par timidité et manque d'audace, donc, un conseil, fonce, don't just wait till you know!

Dans un registre Doris Day,  Marilyn Monroe, le frivole '  I've Been Kicking Myself' et ses arrangements sautillants,  s'éloigne des instants mélancoliques pour aborder un style swing plus radieux.

'Sight to behold' et ses cordes acrobatiques permettent à la chanteuse de jouer à saute-mouton avec les violons, altos et violoncelles, alors que les cuivres se laissent aller à quelques improvisations andalouses pouvant éveiller des images de ' Carmen'.

Le nocturne dramatique  'Memo 267' est agrémenté de gros effets de voix, ...where have you gone, you're just beyond my reach... sont les premières paroles prononcées par la jeune femme qui chante sa détresse et son impuissance à  regagner l 'être aimé.

' Memo 267' est la plage la plus poignante du  livret, à rapprocher du soundtrack du film ' Anastasia' d'Anatole Litvak ( Yul Brynner et Ingrid Bergman vont t'arracher quelques larmes). 

 Plus léger ' Pour for the hour' se sirote comme un afternoon tea en écoutant du Glenn Miller et en applaudissant aux prouesses vocales de la pétillante chanteuse.

 

En résumé,  'Caity Gyorgy with Strings'  se déguste comme un délicieux entremets rétro , il aurait pu plaire à tes parents et doit permettre aux jeunes générations de comprendre qu'il n'y a pas que Jul, Ninho, PLK, Brennan Heart, Indira Pagonotto, Nono La Grinta, Aya Nakamura   ou pire,  comme ' musique' !