The Cactus Candies à la Cervoiserie, Trégueux, le 18 avril 2025
michel
Une cervoiserie n'est pas un salon de thé, la clientèle est dissemblable.
D'après une étude sérieuse, les amateurs de thé sont rentables car ils sont passionnés par la boisson préférée de certains anglais et prêts à dépenser pour des mélanges de qualité supérieure et des expériences uniques.
D'accord mais reprendre une Cervoiserie peut rapporter gros, on a lu: après 2 ans d’activité, le chiffre d'affaires potentiel atteint 600 000 €.
En poussant les portes, désolé, elles s'ouvrent sans devoir faire un mouvement du bras et de la main, vers 19h, t'as vite remarqué que l'établissement implanté dans la zone commerciale de Langueux a fait le plein.
Le concept, boire un coup et déguster un burger, une pizza ou une planche de charcuterie après le boulot ( afterwork est plus tendance) marche du tonnerre.
Service au bar, normal, tu ne vois pas les barmen ou barmaids parcourir des kilomètres pour prendre les commandes des déshydratés, donc, tu te prends un demi et tu t'enquiers de l'heure du concert.
21:00, déclare le jeune homme.
Caca, le site annonçait 19:30!
Tu déniches une table face au podium, sirotes ta cervoise à l'aise et, surprise, à 19:35', un quartet prend place: The Cactus Candies!
La friandise est fabriquée à base de figues de barbarie, tu y ajoutes de la pectine, du sucre de canne , de l'acide citrique, du citrate de sodium et un colorant.
It's gummy, tu veux t'en procurer sur Amazon, tu liras "This item cannot be shipped to your selected delivery location", pour t'acheter une boîte de 240 g de ces gommes, tu prends un ticket d'avion pour l'Arizona, sur place tu débourseras 13 dollars.
Ne nous remercie pas, les clients sont rois.
Et sinon, les Cactus Candies français ne sont pas à dédaigner, ils sont originaires de Loire-Atlantique et pratiquent un mix de country/hillbilly/rockabilly/western swing/bluegrass/honky-tonk, importé en droite ligne des States, sans frais de douane.
Trois enregistrements à leur actif et de nombreux concerts, depuis leur naissance en 2015.
Ils sont quatre ce soir: Laurence Hornecker alias Lilou au chant ( micro vintage) et à la guitare acoustique ( active chez The Pathfinders et Fatal Cabaret), elle est affublée de boots à fanfreluches et d'une robe vintage / son conjoint, Jull Gretschy ( Julien Fournier) chante de temps en temps ou assure les backings, ( ne pas confondre avec un piètre rappeur) et manie habilement une Gretsch, non il n'a pas fait partie des Brylcreem Boys, il aurait pu/ à la contrebasse et au chant, tu as Thibaut Chopin, un copain de George Sand/ et à la pedal steel ou à la guitare Vassili Caillosse ( vu avec les Hawaiian Pistoleros).
Pas de violon, ce soir!
On se pose quelques questions, comment le groupe va-t-il dominer l'indiscipline de la clientèle et le brouhaha intense qui l'accompagne.
Réponse après deux morceaux: 'Panhandle' ( lu sur la playlist, il s'agit peut-être de l'instrumental ' Panhandle rag' au répertoire de Bob Wills) et de 'Texas Women' ( pas celui de Hank Williams Jr., non un truc que tu peux entendre sur leur second album, 'Candle Light Rodeo')!
Tout va bien, la voix canaille de la souriante Lilou impressionne, la Gretsch tire en rafales, la contrebasse maintient un rythme d'enfer et les sonorités typiques de la gliding hand sur la pedal steel guitar t'emmène du côté d'Austin, d' El Paso ou de n'importe quel bled, où les gamins rêvent de Leon McAuliffe et les fillettes de Barbara Mandrell.
Thibaut donne la réplique à Lilou sur ' No more time' , un morceau de la fratrie Maddox, cinq éléments mâles et Rose, ils faisaient fureur en Alabama dans les années trente jusqu' aux fifties.
'Bawlin' Baby' narre les frasques d'une nana volage sur les bords et ailleurs, le titre était au répertoire de Johnny Horton, un gars à la voix faite pour chanter dans les montagnes du Tyrol.
Jull au chant pour le rockabilly ' Catting around' ( Charlie Adams), ça swingue d'Argentine jusqu'en Bosnie-Herzégovine.
Patsy Cline a enregistré ' Turn the cards slowly' en 1955, gars, t'as pas intérêt à tricher, il y a mon colt à portée de main.
Johnny Cash et l'arithmétique, c'était pas une histoire d'amour, la lecture, ça l'emmerdait, mais quand il chantait ' Straight A is in love' et quand les Cactus Candies s'y mettent avec deux guitares, ça vibre.
Une once de hillbilly, kids?
Voici, ' I'm just too lazy', des Farmer Boys, des paysans qui ne se tuent pas à la tâche.
Lilou et Thibaut nous chantent cette rengaine pleine d'entrain en duo.
Rose Maddox, sans ses frangins, a eu le cafard quand son mec s'est barré avec une autre greluche, résultat, elle s'est sentie ' Down, down, down'.
Une superbe version, ce soir!
Il y a moyen de communiquer avec sa bien-aimée en morse, il faut le code!
Le 'Morse code' suit les battements du coeur.
Déjà dans les fifties tout allait trop vite, 'Progress' t'explique tout ça en mode country/rockabilly .
George Jones et son épouse Tammy Wynette ont fait un tabac avec 'Milwaukee Here I Come', Lilou et son Gretschi nous refont le coup en 2025.
Un hic, depuis Nantes ça prendra plus de temps que depuis Nashville pour rejoindre Milwaukee.
Slow time avec ' Dark Moon' de Bonnie Guitar, la Gretsch en vibrato et Lilou en vibrato vocal, l'émotion est à son sommet!
Mr Gretsch au chant pour la romance ' My Hillbilly Baby', she's the sweetest gal in town, vais l'épouser, vite fait!
La pedal steel en vedette pour le coup!
C'est parti pour une fameuse accélération avec le rockabilly ' False Hearted Girl' ( Tennessee Ernie Ford & Ella Mae Morse ) , le titre a peut-être influencé le ' Jackson' de June Carter et Johnny Cash.
A tour de rôle, la Gretsch et la pedal steel mitraillent, avant un aparté judicieux de la contrebasse.
La dame se place en retrait, 'Guilty Conscience' et ' I didn't know the gun was loaded' , en mode comedy capers se succèdent.
La pedal steel cravache, les balles sifflent à nos oreilles.
En principe le set 1 s'achève ici, le contrat prévoit 90' d'affilée, ils enchaînent sur un nouveau Farmer Boys, ' Somehow, someway, someday' aux harmonies vocales acrobatiques.
Après quelques palabres, ils optent pour la romance fleur bleue 'Crying ' time' de Tammy Wynette et George Jones, elle est démarrée en duo, contrebasse et lap steel partent rendre visite à madame pipi, dès leur retour, la pedal steel geint à faire pleurer les mouettes, du coup en rentrant chez toi, t'as retrouvé ' Stand by your man' de Miss Wynette pour le déposer sur la platine et pleurnicher tel un ivrogne.
Qui dit female country, dit Dolly Parton, voici ' Cash on the barrelhead ' qui précède un country rock ' I'm jealous' ( de Werly Fairburn ), interprété à la manière d'Elvis Presley.
Avec ' Let the teardrops fall' de Patsy Cline, on revient aux classiques rockabilly.
L'uptempo chanté d'une voix à la Wanda Jackson se termine par un solo à faire s'égosiller des mouettes aphones.
' Daddy works so hard' est là pour te conseiller qu'il ne faut pas se crever au boulot .
Et après une étonnante intro western swing, c'est ' Drivin' nails in my coffin' d'Ernest Tubb qui défile.
' Don't make love in a buggy', un titre montagne russe de Jack and Daniel, grille tous les feux rouges, du coup, la lap steel se tape un coup de frein mal calibré qui a amené le sourire chez les copains.
Personne n'aime le lundi, ni les Boomtown Rats , ni les Bangles, ni, un certain Tony Douglas, son ' Old blue Monday' t'explique tout ça!
Il en reste une car on nous attend à Saint-Brieuc pour le concert de Lucky Pepper.
Et c'est en force que le combo termine son set généreux, ' Doggone it' de Hal Harris est capable de faire danser un paralytiqu,. Vassili termine l'exercice par un solo à faire frémir un zombie cataleptique.
Douze clients déchaînés exigent un bis, et c'est donc avec un supplément de chantilly que les Cactus Candies complètent leur prestation exemplaire, ' Fool I am' ( de Pat Ferguson) et son duel de guitares ont fait valser les verres vides sur la table.