mercredi 2 avril 2025

Şatellites à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 1 avril 2025

 Şatellites à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 1 avril 2025

michel

 

Un premier avril  sans poissons, ni Lavigne,  mais avec des satellites  à Saint-Brieuc, c'est à Bonjour Minuit qu'il fallait être.

Pas de panique, il ne s'agit pas d'un satellite  espion,  manoeuvré depuis Moscou, mais d'un combo  psyché israélien ( de Jaffa, comme les oranges) produisant une musique hybride, fusionnant folk anatolien, psychédélisme oriental, électro cosmique et rock transcontinental.

On les compare volontiers à Altin Gün, des Amstellodamois ayant intégré des éléments ottomans dans leur recette, on ajoutera les fantasques Baba Zula, ou Lalalar, des stambouliotes, vus dans la même salle en 2023.

Un concert, un mardi à Bonjour Minuit, ça signifie pas d'avant-programme, afin que les ouailles puissent regagner leur lit à une heure acceptable, est-ce la raison pour laquelle le groupe a décidé d'entamer son angélus dix minutes avant les 21h annoncées, אולי ?

Les satellites ( of love, merci Lou), sont six à toupiller autour de la planète, sans casques:  Itamar Kluger - au saz bağlama, et bouzouki /  Ariel Harrosh - à la basse/   Yuli Shafriri,  à la gestuelle sinusoïdale,  aux vocaux, tambourin  et circonvolutions  sensuelles/  Tal Eyal aux percussions/ Tsuf Mishali au synthé et keys/ et l'excellent  Lotan Yaish à la batterie.

Tsuf est le premier à quitter les coulisses,  il goupille  une intro electro-dabkeh à faire danser tous les  daboia palaestinae de la planète.

Après 120 secondes, Itamar et Ariel se pointent, ils sont  suivis  par Tal et Lotan, ' Olurmu Dersim' en mode raï turc est sur les rails, quand la gracile Yuli émerge de l'ombre pour entamer son chant envoûtant, les premiers rangs l'imitent et se déhanchent  à la manière des meilleures adeptes du Raqs sharqi .

Très vite, les contorsions de Yuli  se muent en sauts de kangourous, échappés du parc de Gan Guru.

Le public impressionné par ce premier titre enivrant se rapproche de la scène.

Fondu enchaîné sur 'Deli Deli'  au groove tout aussi contagieux, le titre qui suit, 'Esmerim', incite à la trance , le baglama et la basse donnent le ton sur fond de percussions obsédantes.

Lotan poursuit sur la lancée  , 'Tisladi Mehmet Emmi' fond sur nous, comme un baklava capiteux, Yuli attire tous les regards grâce à sa gestuelle,  aussi gracieuse, qu'ensorcelante.

Le grand retour des  Nahed Sabry, Hülya Babuş ou  Taheya Carioca!

In English, Saint- Brieuc can you sing with us , it's easy you say ' Yar Oi'.

Va bene, Signora!

Ce titre tournoyant, aux sonorités caoutchouteuses, vire tribal avec chant zagharit!

L'instrumental anatolien 'Şaşkın' voit Yuli faire virevolter son foulard, elle poursuit ses exercices dans la salle, grimpe sur le comptoir, reprend un bain de foule pour terminer son périple en se hissant sur la batterie.

Apparition d'une flûte traversière pour décorer le nerveux, jazzy et funky ' Gizli Ajan' qu'elle termine à genoux.

Place au sinueux, 'Yok Yok' d'Erkin Koray, qui avec ses volutes stellaires, ses percussions hallucinantes et son saz électrifié , transforme Bonjour Minuit en boîte de nuit du côté des rives du Bosphore.

'Ikmiz Bir Fidaniz' est une chanson pour les coeurs blessés ( c'est celle que Petula Clark a préféré).

Entamé par un soupir, elle termine ce slow lancinant à genoux.

Une séquence de bruitages  desert sounds amorce 'Hudayda'  au chant enivrant,  bourré d'effets ondoyants, le saz  électrifié et les percussions  font  des merveilles, la basse affermit  le tout.

Après une ébauche théâtrale ' ' Zühtü' et son chant profond déboule,   mais c'est surtout le jeu de Lotan Yaish qui attire l'attention, un savoir-faire souverain.

    'Z​ü​l​ü​f D​ö​k​ü​lm​ü​s Y​ü​ze' termine le set sur une note d'  Eastern pychedelism irrésistible.

Après une petite heure de set, la troupe disparaît avant de revenir pour les rappels.

On nous promet du disco et effectivement on peut classer ' Disko  Arabesque'  dans cette rubrique.

Yuli vient allumer quelques éléments mâles dans la salle, deux filles délurées, se collent à toi avant de se dandiner à 5 cm de la scène.

La température  vient de sérieusement franchir le cap des 30°, le sensuel  ' Midnight sweat' ne va pas  faire descendre le thermomètre  et c'est par ' Seni Sen Olduğun İçin Sevdim' , son saz qui cisaille, son synthé jazzy et un effort solitaire musclé du batteur, que s'achève un concert haut en couleurs.

 

Si Tasmin Archer chantait ' Sleeping Satellite' , les Satellites  vus ce soir étaient loin d'être apathiques!