lundi 9 octobre 2023

Abigaëlle Paris, Auprès de mon Arbre , Saint-Brieuc, le 7 octobre 2023

Abigaëlle Paris, Auprès de mon Arbre , Saint-Brieuc, le 7 octobre 2023

 

michel

 Auprès de mon Arbre, Georges?

Auprès de mon arbre, je vivais heureux, j'aurais jamais dû m'éloigner de mon arbre... Auprès de mon arbre, je vivais heureux, j'aurais jamais dû le quitter des yeux...


Dis, il se nichait à Saint-Brieuc, cet arbre?

Rue Fardel, on a dégoté un bistrot sympa, dont la terrasse s'étire sous un magnifique noyer du Caucase, depuis quelques années des concerts y sont organisés, très vite le lieu est devenu un endroit branché!

C'était un samedi 7 octobre, le soleil avait lui toute la journée, les cigales avaient chanté, les fourmis s'étaient affairées, Abigaëlle Paris devait achever sa mini-tournée briochine à l'ombre, sa présence avait attiré une foule nombreuse face à la mini-scène improvisée.

T'avais lu 18h, à 18:20', un duo s'installe: Abigaëlle Paris aux vocaux  et à l'Epiphone et le formidable guitariste Michael Avron, originaire du Burkina- Faso, en escale dans le Finistère, à sa gauche.

Il est mentionné au sein de plusieurs formations: Coveroad, Kinyonga, Pitaya,  Echo, ou aux côtés de Nabil Othmani, ou de Boubacar Kafando, e a.

Abigaëlle, quant à elle, est née de mère peule Wodaabe ( Niger, un pays qui fait la une pour ses relations ' difficiles' avec la France)  et de père français, forcément les sources de sa musique sont à puiser du côté de chez Abdallah ag Oumbadougou et d'autres adeptes du blues touareg.

Le concert débute par quelques frêles accords de guitare sur lesquels se collent des vocalises feutrées, difficile de trouver une introduction plus adéquate. 

Le duo enchaîne sur une composition, ' Niamey Blues' , peut-être en réponse au ' Niger Blues' de Zoumana Téréta. Ce blues sablonneux est décoré d'un premier solo radieux de Michael Avron, tandis que la douce voix d' Abigaëlle berce ton âme, ton coeur et ton esprit.

La réponse dans le public est immédiate, tout Saint-Brieuc a craqué, Michael, le plus disert, nous propose de poursuivre le voyage en oubliant les comportements inappropriés de certains touristes  occidentaux , voici ' Let yourself go', une recommandation à suivre à la lettre.

Abigaëlle chantonne, Michael murmure, tout en appuyant sur une pédale d'effets pour amplifier la plainte de sa guitare.

Celle longue plage, lancinante, devrait te faire oublier les tracas du quotidien.

On a quelques reprises au menu, ' Sajna Tere Bina' de Nusrat Fateh Ali Khan, par exemple.

Bienvenue au Pakistan pour un trip spirituel purificateur.

Ce long  lament, inspiré,  est naturellement propice à la contemplation.

Retour aux compositions personnelles et à l'anglais avec la suivante, où il est question d'espoir, de quête et de mémoire, la tapisserie brodée par la lead guitar a ravi  le Green Manalishi.

 ' Tamou', c'est le bien-être dans une des langues non-officielles du pays.

Le titre est plus rythmé et si tu veux, Saint- Brieuc, tu nous accompagnes en battant des mains, ainsi je peux te placer un solo saturé  à faire pâlir Ritchie Blackmore.

Seconde reprise de la soirée, des plus logiques: Tinariwen va nous emmener du côté des dunes au son de ses guitares poussiéreuses et de son chant hypnotique.

Les vibrations nomades, le groove envoûtant et le chant presque rituel, confèrent un caractère sacré  à la complainte ' Do you remember'  qui s'agite sérieusement lors d'un second mouvement durant lequel la guitare adopte des intonations de rumba congolaise.

Ali Farka Touré est décédé en 2006, en 1994 il avait gravé un album avec Ry Cooder, ' Soukora' en faisait partie, on l'a combiné  avec ' Baayo' de Baaba Maal.

Suivez le guide, pour une excursion en pays mandingue.

Surprenant et efficace!

Abigaëlle a écrit ' Who cares' il y a dix ans,  en étant inspirée par le sort des migrants, rien n'a changé depuis!

D'une voix plaintive , elle nous chante le désespoir de ceux qui fuient leur pays et leur famille dans l'espoir de trouver un monde meilleur, beaucoup y laissent leur peau, but, here,  who cares!

Aussi poignant que le ' Bangla Desh' de George Harrison , sans occulter le  solo de guitare, digne de Gary Moore.

Il en reste une, ' Money', ni le titre des Beatles, ni celui du Floyd, ou d'Abba, une dernière composition de Miss Paris.

 

Forcément, Saint-Brieuc réclame un bis, il aura droit à un morceau inédit, une rengaine simple, chantée peut-être en foulfouldé, la langue des Peuls.

Et pour faire plaisir à Madame X, a special request, dont le titre n'a pas été précisé,   mais qui chanté d'un timbre nasillard dit ..no matter where you go...  et questionne ..where have you been staying.. tout en permettant aux deux guitares d'entamer un galop effréné.


Un duo à ne pas manquer, s' il repasse dans le coin!