jeudi 12 octobre 2023

Album - Maggot Heart – Hunger

 Album - Maggot HeartHunger

 

 Svart Records

 

michel

 

Maggot Heart ... coeur d'asticot, c'est moins appétissant que coeur d'artichaut, on n'a pas questionné Linnéa Olsson pour savoir ce qui l'a incitée  à  choisir  cette formule pour baptiser le projet qu'elle a fomenté  en 2016, un avant la parution  d' un premier EP ( City Girls), sur lequel elle est secondée par Uno Bruniusson (Death Alley, Procession) on drums et Gottfrid Åhman (Reveal) on bass.

La Suédoise, Linnéa Olsson, à ne pas confondre avec sa compatriote Linnea (Matilda) Olsson, essentiellement violoncelliste, copine de Peter Gabriel et ex- membre d' Isildurs Bane, débute comme seconde guitariste de Sonic Ritual, un combo catalogué heavy metal/punk rock, actif jusqu'en 2011, après avoir posé ses valises à Berlin, elle monte The Oath avec Johanna Sadonis et vire doom.

La cohabitation entre ces deux fortes personnalités est épineuse, Johanna rejoint Lucifer, Linnéa, les finlandais de Beastmilk, le lait ayant tourné, la formation devient Grave Pleasures.

Jouissances de courte durée pour Miss Olsson qui crée Maggot Heart.

Après la sortie de quelques EP's, trois albums voient le jour: 'Dusk to Dusk ( 2017), Mercy Machine ( 2020) et le tout récent ' Hunger'.


Tracklist 

   1. "Scandinavian Hunger"   

2. "Nil By Mouth"   

3. "LBD"   

4. "Archer"  

 5. "This Shadow"   

6. "Looking Back At You"   

7. "Concrete Soup"  

 8. "Parasite"


Crédits:

Linnéa Olsson: Vocals & guitars
Olivia Airey: Bass
Uno Bruniusson: Drums

Produced by Maggot Heart

Jan Groppel: Trumpet
Lars Zander: Tenor saxophone
Fabien de Menou: Piano

Recorded in Studio X Berlin by Torben Utecht
Mixed by Ben Greenberg in Circular Ruin Studio, New York City
Mastered by Carl Saff

Front cover photo by Victor Puigcerver
Front cover photo edit by Sophia Kuhn
Back cover photo by Sara Gewalt
Layout by Afshin Piran 

La photo de pochette dévoile une  Linnéa, sûre d'elle, prenant une pose provocante, ce qui a fait dire à un chroniqueur que cet artwork conviendrait mieux pour un groupe de sophisti-pop ( Johnny Hates Jazz ou pire, Go West) que pour une formation évoluant dans un univers métallique.

Quant à nous, le travail du photographe catalan, basé à Berlin, nous botte!   

Départ caustique, relativement suffocant, avec 'Scandinavian Hunger'  sur lequel elle s'amuse à répéter d'un timbre agressif ...you are what you eat.... du coup, tu te demandes si tous les Suédois se nourrissent de boulettes Ikea ou s' il leur arrive d' avaler des trucs moins digestes, des clous, par exemple.

Après l'amorce brutale, mariant doom et mamours industriels, couplé  au  chant renfrogné et  au  jeu de batterie en mode métal hurlant de Uno,  les grincements de la guitare font  passer les nuisances sonores de la scierie de Tonneins pour une berceuse  anodine, et tu as omis de mentionner  la basse massive, un wall of sound à elle seule, en support.

Bref, comme mise en bouche, ce 'Scandinavian Hunger' n'est pas des plus légers. 

Pour suivre, le groupe déficèle ' Nil by mouth' , un post proto punk apocalyptique, aussi 'Raw' que ce que proposaient les Stooges.

Une rythmique insistante et un chant scandé pour bien enfoncer le pieu dans ton crâne,  Linnéa est déterminée, elle fait preuve d'une  fureur  inflexible et si la combinaison te semble dissonante, sache que c'est voulu! 

Apparition d'une section de cuivres sur ' LBD' , ce qui nous fait penser à l'énorme boulot du regretté Steve MacKay avec les Stooges. 

Funk et punk, le mariage n'est pas incompatible et, si tu y ajoutes un hook pop rock et des guitares hard, tu obtiens  une plage imparable, qui te tiendra en haleine pendant plus de 6',  tout en évoquant le côté brut d'une Patti Smith à ses débuts.

'Archer' , pourquoi les vocaux ouvrant le morceau te font-ils penser à à Megadeth ' A tout le monde', l'intonation, maybe?

Sinon, ce morceau, ambitieux, se démarque des plages précédentes, après une intro à la guitare plus proche de 'Ghost Riders in the Sky' que de Sonic Youth, la voix, détachée,  distille son texte sibyllin, il faut attendre près d'une minute pour que le titre montre une certaine emphase.

Un piano, une trompette , un saxophone, s'invitent à la fête pour s'éloigner franchement du schéma   punk, post punk, noise ou métal et  adopter un caractère dramatique que l'on retrouve chez Nick Cave  et autres disciples d'un rock arty, décoré de touches gothiques.

Une plage décisive!   

Un gars mentionne Jarboe à l'écoute de  This Shadow' , il est vrai que l'univers de celle qui a chanté pour les cygnes de Michael Gira et qui s'est acoquinée avec Neurosis   n'est pas fort éloigné de l'approche de Maggot Heart: guitares abrasives et vocaux rageurs s'appuient sur une basse aussi vicieuse que  rocailleuse, bien soutenue par le  drumming exalté de l'ex - batteur d'  In Solitude.

Oui,  Linnéa ?

 “This song is both melancholic and euphoric, sometimes you don’t know if you’re feeling one or the other, I actually had Courtney Love in mind, as in I wanted to write a chorus, she would be proud of!...

On compte faire passer le message lors d'une prochaine escale en Californie.

 "Looking Back At You"   s'avère tout aussi féroce que la tirade précédente, ici aussi elle s'épanche...Looking Back at You is about reclaiming power...,  guitares métalliques qui claquent comme le fouet utilisé pour dompter les récalcitrantes, tempo saccadé, atmosphère accablante, le trio a décidé qu'il n'était pas question de laisser à l'auditeur le temps de reprendre son souffle.

Comment aimes-tu le potage?

Velouté et onctueux, ben, dans ce cas on déconseille la ' Concrete Soup' de Maggot Heart.

Il y a longtemps qu'on n'avait plus entendu des lignes de basse aussi destructrices, quant à l'intro de guitare, elle vient tout droit du ' Paranoid' de Black Sabbath. Pour pimenter davantage le bouillon, la chanteuse expulse ses lyrics au lance-flammes et comme le brave Uno, dans ses jeunes années, lui aussi a pris des cours de cuisine chez Odin, tu serais bien inspiré de ne pas prendre une louche supplémentaire de cette fameuse soupe.

Les riffs de  ' Parasite'  sont aussi fabuleux que ceux du même titre chez Kiss, là ne s'arrête pas la comparaison, même si l'étiquette classic hard rock n'est pas de mise.

Reverb, feedback, riffs acérés, vocaux dérangés, drumming marteau pilon,  poussées noise, et même le chant final,  haletant et tourmenté,  au bout de six minutes, tout est réuni  pour te détourner d'une zone de confort rassurante.


Maggot Heart bouscule,  ne laisse personne indifférent, ' Hunger' doit pouvoir assouvir les appétits les plus gargantuesques.

Le groupe entame une tournée aux States la semaine prochaine, retour prévu en Europe après le 10 novembre.