mercredi 30 novembre 2022

Album - JP Den Tex – The Starlight Adventure

Album - JP Den TexThe Starlight Adventure

 Label - Comme Les Chansons

michel 

Janvier 2012, Toogenblik, Haren, JP Den Tex,  un concert organisé par feu Luc Gheldof!

Douze déjà, que tu n'as plus rien entendu du  zwervende singer/songwriter, Jan Piet den Tex, geboren in Arnhem,  un jour d'hiver, en 1950,  où le thermomètre est monté jusqu'à 9°C.

Si le premier album sous son sigle ( Heartbeat) sort en 1980, ce fils du peintre et artiste graphiste Kees den Tex,  était déjà actif dans le milieu roots ( le mot n'était guère utilisé à l'époque) made in Holland depuis le début des seventies, il a fait partie du groupe Tortilla ( tout comme son frangin Emile Den Tex), de Turquoise ( dans lequel on retrouvait une autre star , aujourd'hui défunte, Thé Lau), de The Original City Machine, un projet d'Emile, et  tout comme Herman Brood, JP a pendant un moment joué avec Vitesse, un groupe fondé par  Herman Van Boeyen qui a tenu les baguettes chez quelques pointures pop rock néerlandaises: Tee Set, Supersister, Livin' Blues e.a.

En 2022, la discographie du troubadour, au visage buriné et éternellement coiffé de son petit bonnet de laine, se chiffre à près de 20 unités, son dernier né a été baptisé The Starlight Adventure.

Il contient dix plages à écouter sous la voûte céleste par une nuit claire et constellée d'étoiles. 

1. Stendhal Sonata
03:19
2. Dancer in the Dark
03:56
3. Stendhal Syndrome
03:52
4. If Time Is All It Takes
04:30
5. Like a Twig in the Wind
03:27
6. If I Were a Painter
04:38
7. Pickin' up the Pieces
02:55
8. Milan
03:22
9. A Sudden Shift in Mood
03:47
10. Someday (I'll Be Strong)
02:57

The 10 songs of  ‘The Starlight Adventure’ were composed by JP Den Tex and pianist/producer Rob van Donselaar

JP: vocals, some acoustic guitar

 Rob van Donselaar: piano, Hammond , Fender Rhodes, harmony vocals, percussion

Martijn Van Agt: guitars

Maarten Van Damme: guitars

Hein Offermans: bass, double bass

Martijn Bosman: drums

Denise van Donselaar: harmony vocals,lead vc on A Sudden Shift in Mood

Marius Bos; accordion

 Asia Czaj and Ewelina Krysiak : violin

Ekaterina Degtiarev: viola

Stanislav Degtyarev: cello

Bart Wagemakers: string arrangements, percussion


Pochette sombre: un clair de lune laisse entrevoir un paysage montagneux à l'arrière - plan, un piano à queue trône à l'avant - plan, pour justifier le titre de l'album, quelques étoiles sont visibles à gauche d'un sommet aride.


Il s'agit d'un concept album, toutes les pistes sont liées à un thème: le syndrome de Stendhal.

Comme une de tes connaissances a suivi quelques leçons, par internet, données par  Burrhus Frederic Skinner, il a daigné lever un coin du voile: "Stendhal lors d'une visite à la basilique Santa Croce de  Florence, passe par un état à mi-chemin entre l’extase esthétique et une transe mystique, au contact direct des grands artistes qui ont contribué à donner son âme au lieu."

En d'autres termes et en résumé:  l'art peut détériorer les sens, Henri Beyle l'a appris à ses dépens, ce qui ne l'a pas empêché, plus tard, d'inspirer une certaine Jeanne Mas.

Il y a toute une histoire derrière  'Stendhal Sonata', il y a une trentaine d'années, Jan Piet lors d'un voyage en Lombardie, fait la connaissance d'un certain Jim Molineaux, un aventurier admirateur de Stendhal, qui comme lui ne jure que par la culture européenne, italienne de préférence, le monsieur ( a- t-il réellement  existé?) décide de monter un spectacle itinérant nommé 'The Starlight Adventure',  basé sur l'oeuvre de l'écrivain chérissant  les aventures romanesques.

 Lord Jim ( merci Joseph Conrad) compte sur le singer/songwriter néerlandais pour composer l'introduction de son vaudeville, il faudra attendre 30 ans pour que  la ' Stendhal Sonata' voit le jour.

A la manière de Procol Harum, époque 'Grand Hotel', cette sonate repose à la fois sur le jeu d'orgue et de piano majestueux de Rob van Donselaar et la voix lasse du crooner de Arnhem,

Des percussions discrètes complètent le tableau.

Tu veux d'autres parallèles: Marc Cohn, Jackson Browne, Bruce Hornsby, Peter Cetera....

Avec ' Dancer in the Dark', JP propose une seconde piano ballad dégoulinant de nostalgie.

Ici l'instrumentation est plus riche, si le piano est toujours bien présent, les guitares et les choeurs  habillent élégamment cette valse,  qui te fait plus penser aux ballerines de Degas qu'aux paysages d' Ippolito Caffi ou aux  toiles solennelles de  Giuseppe Diotti.

Ton esprit tend à rapprocher le timbre serein de JP à celui de   Gordon Lightfoot, auteur de l'épatant  ' Sundown'. 

'Stendhal Syndrome'  raconte une errance dans les musées et palais florentins, puis une promenade sur le Ponte Vecchio  en compagnie  du   romancier/essayiste, féru de Lord Byron,  l'escapade peut conduire au fameux syndrome .   ...your hands begin to tremble, your head is spinning round... . 

Une nouvelle fois l'apport de  Rob van Donselaar est primordial, la slide  de Martijn Van Agt venant toutefois  égratigner,  à bon escient ,  le tapis, moelleux, confectionné par le piano-forte et l'orgue.   

Une chanson d'amour se doit d'être drapée de strates de violons, c'est le cas pour 'If Time Is All It Takes' , même si le chanteur confesse ...I know  true love isn't for me..,

... I know the outcome from the start, I will lose again and  play that blues again...  mais rien ne t'empêchera d'aimer encore!
Lucidité, résignation, OK, mais le jeu de l'amour est un éternel recommencement.
 
L'accordéon Tex Mex de  ‘Like a Twig in the Wind’ plaira aux fans de Ry Cooder et de Flaco Jiménez. Des Alpes jusqu'à Moscou, les brindilles voltigent au gré des vents, et puis il y a eu toi,  je suis tombé amoureux, too bad, ce fut Waterloo.
Il a de l'imagination, Jan Piet , et son éclectisme fait plaisir à entendre, avec ' Twig in the Wind' il est en lice pour les  Tejano Music Awards.
Pensait-il à  Joan Miró pour' If I were a painter', le Catalan, à un moment donné, lui  aussi voyait tout en bleu.
Une nouvelle fois  la mélancolie dégouline à grands flots, c'est Verlaine qui écrivait ...  Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville .
 Quelle est cette langueur qui pénètre mon coeur ?...
On retrouve cet état d'esprit dans la voix éreintée du poète et aussi dans l'orchestration sensible du morceau: piano, guitare acoustique, backings murmurés  et cordes doivent créer un climat propice aux propos embruinés du narrateur.
Tu ne trouveras aucune concordance entre le 'Pickin' up the Pieces' de JP den Tex et ' Pick up the Pieces' d'Average White Band.
 Il n'est pas question de funk mais de swamp music, sentant bon Lafayette ou Baton Rouge.
OK, ce n'est pas du Lynyrd Skynyrd, mais ça sent fort le bayou et quand il chantonne...laissez les mauvais temps rouler... tu sais que Zachary Richard est dans le coin.
La ville de la valse?
Vienne?
Pas pour JP, et oublie Paris, même si le morceau évoque ' Where do you go to my lovely' de Peter Starstedt,   c'est à 'Milan' qu'il nous invite à tourner en mesure.
 Pas trop vite Matilda, concentre- toi, suis les mouvements de l'accordéon, du piano et des violons. 
Le rossignol d'Arnhem y va d'un refrain en français, d'un autre en allemand,  pour terminer par quelques bribes d'italien.
Immer noch Wehmut, Denise van Donselaar et JP den Tex se partagent les vocaux sur  la ballade sentimentale   'A Sudden Shift in Mood'  et c'est avec 'Someday (I'll Be Strong)', toujours dominé par le jeu quasi liturgique de  Rob van Donselaar que s'achève le voyage, largement autobiographique, proposé par un auteur au sommet de son art.