lundi 21 juin 2021

Les Enfants de Marcel au Bar des Sports à Pléhédel, le 20 juin 2021

 Les Enfants de Marcel au Bar des Sports à Pléhédel, le 20 juin 2021

 

( Michel)

Depuis le 28 octobre 2020, tu n'avais plus assisté à un concert live, tu parles d'une frustration.

Comme beaucoup, tu avais déjà fait une croix sur les Fêtes de la Musique 2021, quand soudain, lueur d'espoir, l'équipe à Manu décide d'assouplir, ce n'est pas la rave party de Redon qui te branchait, t'en as rien à cirer de ces rassemblements de ploucs où la musique est prétexte à la castagne avec la flicaille,  à la consommation massive de dope, aux seringues abandonnées, à la gerbe immonde, aux résidus fécaux et autres joyeusetés.

Tu dis, Louis... c'est une image d'Epinal, c'est pas mieux au foot, o k, on s'en fout, la musique proposée lors d'une rave c'est de la merde, point!

Donc en ce 20 juin, à 18h, tu pries les invités au repas dominical de lever la séance, on t'attend au Bar des Sports où doivent se produire Les Enfants de Marcel.

Tu ne sais pas de quoi, ni de qui il s'agit, la progéniture de Marcel Amont, peut-être, ou les gosses de Marcel Cerdan ou encore ceux de Marcel Barouh, un pongiste ayant connu son heure de gloire dans les années 50/60?

Un mystère!

La fiche d'un bar de Langueux, où la formation a joué il y a une dizaine de jours, mentionne:  Marcel, c’est Marcel Paul, résistant, syndicaliste...

Euh, Google, à l'aide -  début de bio: 
Marcel Paul est né le 12 juillet 1900 à la maternité de Port-Royal, à Paris. Deux jours plus tard, sa mère, Marie Dubois, une couturière de 22 ans qui a quitté son Ille-et-Vilaine natale pour tenter sa chance dans la capitale, l’abandonne. Le bébé est alors pris en charge par l’Assistance publique. Cette institution veillera sur le jeune pupille...

Le gosse fait carrière: résistant,  ministre sous De Gaulle, syndicaliste,  officier de la Légion d'Honneur, et un timbre poste à son effigie....un mythe!

Tu continues tes investigations,  le groupe n'a pas 10 mois d'existence, pas de Marcel Paul dans l'effectif, leur page facebook ne va pas élucider l'affaire,  tu t'obstines et déniches des noms:
“Babouche” Benoit Hillion au saxophone  ( actif au sein de Callipyge ou d' Ar Senic), Jean-François Larher au piano électrique ( Callipyge), Vida Cochard à la guitare ou à la basse et accessoirement au chant  ( Edmée & The Flyroots),  “Babat” Baptiste Béranger à la batterie et Lluvalinka Clara au chant.

T'as laissé les mousquetaires de Jazz ô Château s'installer aux premières loges pour t'attabler à côté des femmes fatales du village, vers 19 h, deux mioches sont poussés sur le podium, ils doivent assurer l'avant-programme.

Après la séquence l'école des fans, sans les facéties de Jacques Martin, le quintette rapplique!

On avait lu la présentation sur leur facebook ( 3 followers, dont toi) :

Le plaisir de jouer de la musique, se jouer des ennuis le temps de quelques notes et de poésie. Faire danser les pensées, les âmes et les corps.
Les Enfants de Marcel : du soleil au coeur, avec des paroles engagées...
 
Le premier titre, '20 ans' ; confirme la description, une chanteuse souriante qui bouge, des musiciens chevronnés, ( cinq étoiles pour le sax), un texte pas con, sur fond cha cha cha qui chaloupe.
Un bémol, tes copines ont choisi une table éloignée du podium, la balance n'est pas top, certains instruments sont  occultés, l'exposé n'est pas toujours perceptible.
Même scénario rétro pour la suivante, 'Si maman avait su'.
Au terme du morceau, tu confies ton demi à madame qui vient d'achever la vaisselle, pour t'approcher de la scène, léger mieux acoustique.
Le groupe passe en mode Caraïbes pour 'Vie belle et cruelle', un merengue ondoyant.
( on te refile les titres avec les réserves d'usage, t'as bien jeté un oeil à la playlist qui ressemblait à un jeu de piste, avec des flèches, des ajouts, des messages codés et une date indiquant le 11 juin).
La guitare au chant pour  ' Jerusalem', une chanson à texte interprétée en piano/voix.
Adamo, qui passait par là, a applaudi et s'est enquis  de l'auteur de cette complainte intelligente, Lluvalinka signalera plus tard que 95% des textes sont de la plume de Vida Cochard.
L'équipe revient au complet pour 'La Barricade' , la pièce maîtresse, musclée,  du répertoire.
Il y a du Boris Vian ou du Léo Ferré dans ce titre coup de poing.
'Par le temps qui court'  évoque Alice Donna au Marie-Paule Belle, Gaëlle, une autre belle, y entend des relents ' La Salsa du Démon'.
Pas con vu les splendides flon flon, farandole les Branquignols.
Chauffe, Marcel, chauffe!
Une valse, Richard?
'Bonjour le Métro' , un sax voltigeur nous fait oublier l'absence d'accordéon. On irait bien boire un petit vin blanc à la guinguette au bord de la Seine, on attendra des jours moins pluvieux. 
Pause pub:
Lieu d’échanges et de discussions par excellence, le piano bleu est le bar intimiste de Saint-Brieuc. Cosy, feutré, chaleureux, on sirote son chocolat chaud, son verre de vin ou sa bière, à l’intérieur ou en terrasse...
T'es pas encore obligé de t'y rendre en voiture électrique...
Donc en hommage à cet établissement briochin, voici ' Le piano bleu', un morceau sensuel qui groove passionnément. 
 C'est déjà la dernière, la basse introduit 'N'importe où, n'importe quand', qui, sur de chauds rythmes de samba carioca, te conduit sur une plage de Rio, où, en sirotant un mojito, tu contemples le  Cristo Redentor écartant les bras du haut du mont du Corcovado..
C'est qui ce mec qui se trémousse avant de s'étaler sur la pelouse, c'est pas Neymar? 
Un bis, les amis?
Une seconde version de ' La Barricade'.

Pléhédel est chaud boulette, pas question de laisser les gosses de Marcel se replier.
On n'a plus rien en magasin!
 Qu'à cela ne tienne, improvisez.
C'est ce qu'ils firent et le boeuf endiablé va durer plus d'une plombe.
En démarrant  par 'Les mots d'amour' de Marya Andrade ( texte de Tété)  en mode Brasilian jazz collant.
Un blanc, Babouche a déniché une flûte amérindienne, et c'est reparti pour un exercice jazz funk avec un guest, doué, au chant hispanique, il enchaîne sur un reggae à base de farine de blé, puis aidé de son portable pour le texte, il reprend Soprano, 'Musica'.
Les rescapés se sont collés au podium, sous le barnum,  tandis qu'une vile pluie inonde le boulodrome, sans nuire à la liesse.
Dans le public on a dénombré pas mal de figures locales maniant un outil musical, ainsi Charlotte Le Calvez ( Acoustic Ladyland, Talkie Walkie...) a les doigts qui la démangent, elle se saisit de la guitare, Jean-François a sorti un ocarina de sa casquette pour entamer une torride ' Lambada'.
Colin Le Moigne ( Talkie Walkie , Sylvain Francois and the Surnatural Katastroff...) qui avait déjà piqué l'instrument de Vida lors d'une tirade précédente, est pris de picotements dans les jambes, il agrippe ton épouse conjugale et la fait tournoyer sur la piste ( sans étoiles) improvisée.
Ambiance au zénith , la clique embraye sur la romance tzigane ' Les Yeux Noirs' , le voyage se poursuit en mode Gato Barbieri avant de virer tango/soul  pour la reprise de ' Back to black' de la divine Amy.
Vamos a bailar, Pléhédel.
Jazz ô Château envoie un émissaire féminin sur scène pour une promenade avec Lou Redd ' Take a Walk on the Wild  Side', la paroisse entière se charge du chorus.
' Wonderwall' d'Oasis et une bamba dénaturée terminent les festivités.
Aucun astre dans le ciel, mais plein de sourires pour fleurir le visage des villageois, heureux d'avoir recouvré une liberté si longtemps réprimée!