samedi 30 novembre 2019

Gilles de Suez and the Little Big Band au bar-hôtel Le Saint-Yves, à Tréguier, le 29 novembre 2019

Gilles de Suez and the Little Big Band  au  bar-hôtel Le Saint-Yves, à Tréguier, le 29 novembre 2019

Le Collectif Culture Bar-Bars souffle ses vingt bougies et, comme l'an dernier, le bar-hôtel Le Saint-Yves, à Tréguier participe à la fête en invitant Gilles de Suez and the Little Big Band.

A very little big band, indeed, puisque Gilles du Canal au beau chapeau ( guitare semi-acoustique, tambourine with holder pouvant s'attacher à son 43 fillette, vocals) est flanqué de deux comparses, 
Christian Tezenas ( 12 harmonicas), un petit-fils de la Comtesse aux pieds nus et du tromboniste,  nourri aux Skatalistes et  coiffé par le même figaro que Vanupié, KinOeil.
Gilles s'est lancé relativement récemment comme compositeur/interprète,  après avoir sévi au sein de plusieurs formations rock/blues/funk/reggae/world, aucune trace discographique jusqu'ici, pas mal de concerts par contre pour ce prof de guitare, amateur de blues flegmatique.
19:45', Gilles présente l'équipage, confond Le Soupson, le Carnegie Hall et le Saint-Yves, ce qui amuse l'harmoniciste puis lance une longue intro bluesy, bien accompagné par le small band,  en voiture sur le 'Macadam', aussi lisse que la route empruntée par De Palmas .
Sympa cette road song nonchalante ( cf Nino Ferrer) , l'instrumentation inhabituelle séduit.
Le temps d'enfiler un mini-tambourin au pied droit et trio amorce 'Jeune Capitaines'.
La bagnole est laissée au port, on embarque sur un rafiot fraichement repeint.
Musicalement pas grand chose n'a changé, le rythme reste traînant, les flots ne sont guère agités ce soir.
La faible lueur des  lampadaires miroite sur le Jaudy paresseux.
' Laissez passer' est décoré d'une envolée sévillane  ensoleillée, tu quittes le bal masqué pour écouter, avec l'ami Pierrot, une 'Valse de plume' poétique.
Quand l'harmonica se fait Charlie Musselwhite et le trombone Slide Hampton, tu comprends aisément que Gilles a déniché l'équilibre.
Tous les écumeurs des mers ne sont pas assoiffés de sang, il existe des 'Pirates sensibles', le leader à la slide tandis que les pirates  chantent des chansons bancales.
Après un clin d'oeil aux nuits de Montréal avec ' Royal Phoenix' .Wah Wah quand tu apparais le groove n'est jamais loin, vient un premier titre interprété dans la langue de William de Stratford-upon-Avon, ' The devil's waiting for me'.
En attendant Gilles, le devil  s'est servi une vodka bien tassée en reluquant quelques Charlie's Angels perdues dans le coin.
Comme AC/DC le trio emprunte the highway to hell, il n'y a que le Zep à avoir  choisi le Stairway to Heaven.
Le nocturne inspire,  voici 'Les Nuits',  à la  sortie de la boîte tu contemples les flaques sur le bitume en pensant à Thelonious Monk.
Mise en boucles des premiers accords et des percussions digitales sur la guitare pour habiller un formidable 'Afro blues'  , morceau achevant la première mi-temps.

Une Lancelot, brassée par un artisan,  plus tard, le trio reprend place sous les projecteurs orangés.
Gilles de Suez, sans panama , ni melon, mais coiffé, et ses deux sbires reprennent du service en proposant 'La Java', celle des Pieds Nickelés.
Un swing devant plaire à Jean Gabin, Arsène Lupin, Rouletabille et Nougaro.
En hommage à Serge Gainsbourg, le trio reprend ' Requiem pour un con'.
Une version toute personnelle sur tempo paresseux.
It's time for a jazzy cruise, ' Vague à l'âme', suivi par le constat ' Toujours là' et jamais las.
A la table derrière toi, il y a un gars babillard qui répète pour la quinzième fois à la nana qui l'accompagne ses mésaventures avec les forces de l'ordre, comme son babil n'était pas des plus discrets on te résume son monologue, j'étais peinard sur la 4 voies, le compte-tour n'était pas tout à fait dans le rouge, l'aiguille de l'indicateur flirtait avec le 170 km/h, un képi passait par là, il m'a suivi, dépassé, prié de m'arrêter et collé une prune bien mûre.
Et ton permis?
Moins six, sans doute!
Les musiciens poursuivent leur trip en adaptant 'Rain dogs' de l'immense Tom Waits, un copain de Jim Jarmusch, tient à nous rappeler Little Walter.
Admirable travail de  KinOeil, dont les lèvres prennent la forme des lippes d'Angelina Jolie.
Retour au blues après l'incartade cabaret, voici 'Buena' de Morphine.
Guitare et harmonica se payent une longue chevauchée les voyant traverser des paysages sablonneux à la rare végétation.
Pour les Belges du coin, ' Chic et pas cher' d'Arno, qui connaît un rappeur gueulant motherfucker en dormant.
Le concert prend fin avec 'I got mine' des Black Keys, que tu joueras en ré, Christian.
Oui, chef!

Le 5 décembre à l' Hôtel Ibis Rennes Cesson ( 49 € la chambre, pas nuptiale).