vendredi 8 juin 2018

Alsarah & The Nubatones - La Passerelle - Saint Brieuc - le 7 juin 2018

Alsarah and  The Nubatones - La Passerelle - Saint Brieuc  - le 7 juin 2018.

La saison 2017/2018 touche à sa fin, avant la présentation de la nouvelle affiche ( le 14 juin/entrée libre),  La Passerelle a programmé un dernier concert, prestigieux, au Théâtre Louis Guilloux: Alsarah and  The Nubatones!

Après une escale en Germanie (  Würzburg) et un passage remarqué aux Nuits du Ramadan (Maroc), la chef de file de la rétro-pop Est africaine dépose ses bagages en France pour deux concerts exceptionnels, le 7 à Saint-Brieuc et le lendemain, au New Morning à Paris.
A peine âgée de huit ans, Alsarah doit quitter le Soudan pour fuir un coup d'état militaire, ses parents,   militants des droits de l’homme, après une étape au Yémen, décident de s'expatrier aux Etats-Unis et réclament l'asile politique.
Là-bas,  Alsarah étudie l' ethnomusicologie et forme le groupe Alsarah et the Nubatones.
 Le groupe a sorti deux full CD 's ( le dernier 'Manara' en 2016)  et un EP,  Alsarah a également accouché d'un album solo et a participé au Nile Project, regroupant différents musiciens issus du bassin du Nil.


Il est 20:40', Mawuena Kodjovi : basse/ Brandon Terzic : oud et Rami El Aasser : percussions apparaissent, suivis de près par la superbe Nahid, la soeur d'Alsarah, qui assure les secondes voix et secoue shakers et idiophones divers.
Les sonorités caractéristiques du luth oriental retentissent, basse et percussions ( derbouka, bendir, tar...) embrayent, Alsarah, dissimulée derrière un rideau, attend avant de s'avancer d'une démarche majestueuse vers le micro tendu au centre de la scène.
D'une élégance raffinée, elle porte  une longue robe plissée  à faire pâlir les couturiers parisiens et une parure de colliers ethniques du meilleur goût, la princesse nubienne entame ' Salam Nubia'.
La voix est puissante, envoûtante, elle ensorcelle et a tôt fait de nous transporter du côté du Nil, comme sur un tapis volant évoluant en arabesques insouciantes.
Un second chant, rythmé, ' Soukura', succède au disco groove du premier thème, Rami nous gratifie d'un festival percussif magnétique, Alsarah se permet une gymnastique vocale périlleuse tandis que Nahid se charge des choeurs en se mouvant de manière féline.
Pendant l'effervescent ' Nuba Noutu'  , la belle dame laisse le champ libre aux musiciens, ils ne se privent pas, le titre invite à la danse, les filles en profitent,  le morceau  évoque certains éléments ethno-techno comme en produisaient Transglobal Underground et Natacha Atlas.
L'heure est aux présentations, quelques bribes de français ( La Bretagne est la Nubie de France)  se mêlent au discours anglais, Saint-Brieuc, if you wanna dance, you can dance, you wanna sway, sway, you wanna call a friend with your cell-phone, do it...
Assez parlé, place à la musique,le dancetrack  '3yan T3ban' avait été remixé par Oddisee à l'époque, il est suivi par 'Alforag' , a love ballad pour laquelle le chant se fait guttural. 
Après la fin abrupte de la romance, la troupe amorce 'Albahr'.
Socialement engagée, la jeune femme dit avoir été inspirée par des réfugiés rencontrés dans des camps au Sud du Soudan, ' Albahr' est le résultat de ces entretiens.
Elle évoque d'autres souvenirs pénibles, disserte sur le thème des disparus, de la perte, philosophe...missing and memory are like intertwined lovers..that's what ' Fulani' is about.
Fondu enchaîné sur le déchirant et lancinant 'Manara' pour lequel Mawuena a troqué sa basse contre une trompette jazzy.
Elle explique: 'Manara' is the lighthouse of my journey et c'est sans conteste un des titres phares du set. 
L'incantation 'Nar' vire soudain dance, la voix transformée se balade sur les sonorités exotiques de l'oud, Nahid s'amuse avec des wooden blocks, le navire tangue!
'Fugu' et ' 3roos Elneel', où il est question du Nil, des plus belles filles du village ( The brides of the Nile) , de crocodiles, de divorcées immortelles , de sirènes, nous conduisent insensiblement vers la fin du voyage.
Après ce chapitre des contes et légendes de Nubie, rythmé par les battements de mains d'une salle conquise, Alsarah entame un nouveau dancetrack irrésistible, 'Yanas Baridou', illustré par un solo époustouflant de  Rami El Aasser.
Avant de se quitter, let me introduce the family puis vient le singalong interactif  'Habibi taal' et son final impétueux, qui clôture un concert fascinant.

Saint-Brieuc rappelle les Nubatones et leur grande prêtresse, après ' Rennato', chanté d'un timbre profond,  la fête est bel et bien finie, Alsarah  rejoint la table de merchandising pour signer ses albums et te copier la setlist en souriant.