dimanche 17 septembre 2017

Sparks - Mister Goodnite- Ancienne Belgique, Bruxelles, le 16 septembre 2017

Sparks - Mister Goodnite- Ancienne Belgique, Bruxelles, le 16 septembre 2017

19:00 doors - DJ Fred and  Manu
20:00 Mister Goodnite
21:00 Sparks
22:30 curfew



Deux ans après leur passage à l'AB en compagnie de Franz Ferdinand ( FFS), les frères Mael remettent le couvert et viennent présenter leur dernier bébé, 'Hippopotamus', qui rejoint ses 22 frères dans la discothèque du brillant combo de Los Angeles. 
A l'issue du concert, le public était unanime, an awesome gig, cheerful and rousing!

En arrivant, vers 19:10, pour te trouver près de la scène, tu savais que l'attente serait fastidieuse, ce que tu n'avais pas prévu c'est que tu allais te caler près d'une tribu malodorante.
Que la peste emporte les gens qui ignorent l'usage du savon et du déodorant, que la madame nichée devant toi vienne, en droite ligne, du pays où Victor Hugo se prononce Hugggggo fasse des économies sur la bouffe, on en doute vu sa corpulence, passe encore, mais sur le savon...

20:05, un gars fringué d'un costume pied-de-poule désuet se pointe, il tient un bouquet de roses, fraîches à 6h du mat en main, le dépose sur une table, sur laquelle traîne une platine, un sampler, et une enseigne lumineuse disant goodnite, c'est Mister Goodnite qui nous prévient que les titres qu'il proposera ce soir sont sur  disque, il se contentera de crooner sur des grésillements d'une autre époque.
C'est qui ce marchand de sable?
Tyler Parkford, qu'on retrouvera plus tard comme musicien des Sparks, le vocaliste/claviériste de Mini Mansion. Mister Goodnite est un projet parallèle lui permettant de fantasmer  sur les grandes voix d'antan: Dean Martin, Fred Astaire, Perry Como et   autres charmeurs d'une époque révolue.
Les bios signalent qu'en principe ils sont deux!
 Convaincant?
Pas vraiment, plutôt caricatural!
Sur le microsillon, 'You're too cool', Tyler roucoule, la Hollande se pâme, à ta gauche, Nick te dit préférer Gene Pitney, tu acquiesces.
La suivante sera tout aussi maniérée, tu peux penser aux Pet Shop Boys à Marc Almond ou à Gilbert O' Sullivan et Barry Manilow ou au  Pasadena Roof Orchestra, sauf qu'ici c'est un disque qui passe et le gars colle sa voix sur la mélodie.
Pourquoi il ne se contente pas de chanter sous la douche?
On t'attendait pour aller lui poser la question.
La suivante demandant une voix à la Freddie Mercury l'a fatigué, il passe à un registre moins aigu, la lounge  music lui sied mieux. 
T'as essayé le second degré pour apprécier, t'aurais dû passer au sixième, il devrait tenter le burlesque. Dans un cabaret de troisième zone, ça peut fonctionner!
Si t'es intéressé, une majorité des morceaux chantés se trouvent sur une compil baptisée 'Songs about love and lack thereof', on te signale aussi qu'il a pompé ' I can't let Maggie go ' (  Honeybus) pour une de ses rengaines, d'autres  se nommaient ' All about my lovers', ' 'Sucker free' ou ' Bottom line'.
A 20:30, les gens de la table lui ont permis d'en balancer une dernière, il a salué et est parti avaler un piña colada.

21h et des poussières,  sonnez hérauts, résonnez trompettes, voici les Sparks.
Cinq musiciens précèdent Ron (keyboards) et Russell Mael (vocals), ils sont tous passés au Comptoir de la Mer pour acheter un tricot marin, le plus chic de la bande est Ron, portant une veste tricotée, cravate assortie sur pantalon noir bouffant, dommage que la petite moustache n'ait pas adopté les mêmes teintes.
Et Russell?
Sportif, le tricot et un bermuda permettant la mise en évidence de ses mollets aussi athlétiques que ceux de Twiggy.
Le band: un batteur, Steven Nistor (  Daniel Lanois, Sparklehorse)/ une basse, Zach Dawes (Mini Mansions)/ un claviériste, Tyler Parkford (Mini Mansions) moins chochotte  en matelot/ et deux guitares, Evan Weiss (Junk) et sans doute Michael Shuman (Mini Mansions), mais on croit avoir entendu Russell mentionné Trevor, affaire à suivre!
Dès les premières mesures du théâtral  'What the Hell Is It This Time?' , Bruxelles a pigé que la soirée sera à classer dans les annales.
Russell déborde d'énergie, son frangin refuse de bouger plus que ses petits doigts, et encore avec parcimonie, impossible de trouver un contraste plus flagrant. L'enthousiasme et la componction enfantées par la même maman!
Premier plongeon dans le passé avec ' Propaganda' , un an avant 'Bohemian Rhapsody', les Sparks inventent l'opéra rock, ils y collent  ' At Home, At Work, At Play', qui s'entend sur le même album.
Le falsetto de Russel amorce ' Good morning' qui précède l'imparable  disco 'When Do I Get To Sing ‘My Way' de 1994.
Le cadet, frivole, virevolte, l'aîné, aussi impassible que la Joconde,  contemple le vide.
Concis et old-fashioned, voici 'Probably nothing' .
 ' Missionary  position' nous prouve qu'en 2017 le band n'a rien perdu de sa verve, ni de sa créativité.
Petit détail, le canon de Pachelbel a probablement servi d'influence pour la construction de cette plage.
Associer un hippopotame et Jérôme Bosch ( ' Hippopotamus) , les Sparks osent tout !
Et qui dirige l'enquête?
' Sherlock Homes', du Pulp avant la lettre!
' Dick around' sera chanté et joué en cascades, cette  symphonie chutes du Niagara,  faite de folles spirales, nous montre à quel point le groupe maîtrise son fait.
Une table, deux chaises, oui mais en  ' Scandinavian design' , un clin d'oeil à Ringo Starr?
Brussels, another new one, 'Edith Piaf (said it better than me)', une autre réussite, il faudra se procurer l'hippopotame au plus vite!
Depeche Mode a enregistré une cover du hit  'Never Turn Your Back on Mother Earth', Nicolas Sirkis ou Mary Hopkin aussi, on préfère l'original.
Ce groupe inclassable et inimitable n'a rien perdu de sa verve ni de sa pertinence, 'I Wish You Were Fun' le prouve, une fois de plus.
'My Baby’s Taking Me Home' que Russell répète 86 fois tandis que les copains canonnent, précède un des clous du spectacle, le tourbillonnant 'The Number One Song In Heaven'. Tous les regards sont rivés sur Ron, il se lève, ôte son colbert, le plie soigneusement, le dépose sur le piano électrique, d'une démarche solennelle il vient se placer au devant de la scène,  ébauche quelques fingersnaps avant d'entamer une danse à faire pâlir Zizi Jeanmaire.
Le délire dans la salle, lui regagne son poste et reprend sa position figée.
Un cri immense retentit dans le théâtre tout le monde a reconnu les premières mesures de 'This town ain't big enough for the both of us'.
Quelle explosion!
' Hospitality on parade' achève le show ' normal'.

Bruxelles bout et ne devra pas patienter des heures pour le rappel qui débute par le lead single extrait du disque gravé par FFS, 'Johnny Delusional', suivi par une dernière bombe, 'Amateur Hour' , le second tube gigantesque extrait de 'Kimono my house'.
Public heureux, groupe ravi, photo de familles, remerciements, le mot de la fin pour Russell: FORMIDABLE.
Miracle, Ron saisit le micro, oui, il parle et  tient à nous rappeler les liens unissant les Sparks et Bruxelles où ils ont enregistré deux albums, ému, il dédie le concert à Marc Moulin.
Des gentlemen!