samedi 15 juillet 2017

Gent Jazz Festival 2017 - Day six - De Bijloke- Gent- le 14 juillet 2017.

Gent Jazz Festival 2017 - Day six - De Bijloke- Gent- le 14 juillet 2017.

MAIN STAGE
22u30: Trixie Whitley
20u30: Peter Doherty
18u30: Jenny Hval
16u30: Stadt





A Paris, la fanfare militaire reprend Daft Punk, à Gand, le ciel est nuageux, une bise piquante rafraîchit les jardins de l'ancienne abbaye, il est 16:15, les convoyeurs ( peu nombreux) attendent.
Un quart-d'heure plus tard l'animateur annonce Stadt!
Les locaux, Fulco Ottervanger, look Dick Annegarn jeune, compositeur officiel de la ville de Gand, qui ne peut cacher des origines néerlandaises, (lead vocals, synth, keys, guitar) , le batteur Simon Segers (vu  fin juin avec Black Flowers), son frangin, Frederik Segers ( guitar, keys)  et  Joris Cool ( basse) , ne te sont pas inconnus, en 2012 , ils étaient au même programme que Sir Yes Sir au Club de l'Ancienne Belgique.
Le nom de ces braves gens se retrouvent aussi chez De Beren Gieren, Marvelas Something, BeraadGeslagen, Kartasan, et quelques autres formations jazzy ou pop.
Le groupe prépare un troisième album, après 'Kind of Diversion' et ' Escalators'.
Une longue intro psychédélique ébauche ' Healing night', ce mix de  film music et de krautrock prend des allures Archive/ Pink Floyd  lorsque Fulco entame son chant. La composition, fastueuse, séduit par son côté prog et les harmonies évoquant Crowded House.
Sur l'album' Escalators', voici ' Catch and fall' avec ses sonorités de guitare saturée , ses échos Beatles et de petites trouvailles electro.
La playlist indique ' Thuissfeer', le titre est scandé à trois voix, ensuite divers bruitages et un roulement de tambour précèdent 'Daily Comment' ,un titre que McCartney aurait pu composer.
Toujours au rayon nouveautés, Stadt embraye sur ' Afraid of being fed up' avant de revenir au second enfant avec le funky ' Human Interference' .
' Wordly affairs' baigne dans des climats Odyssée de l'Espace, pas étonnant que certains mentionnent Neu! ou Amon Düül II, Genesis passait par là également, ce qui fait qu'un voisin se demandait si on était revenu dans les seventies.
' Escalators' exploite toutes les possibilités offertes par les synthés, le moog et autres gadgets électroniques.
L'escalier roulant monte crescendo pour te déposer sur les toits de l'immeuble, avant de revenir sur terre où Fulco a ramassé une guitare  et attaque ' Fluid', un indie pop catchy.
' There's nothing twice' débute par un sifflement, le synthé répond, le truc s'emballe pour exploser au final.
Après ce fait d'armes Stadt prend congé et s'enfonce dans l'anonymat de la ville.
Ja, Stefaan?
Intéressant!

18:30 Jenny Hval.
Jenny?
" Preparing for show today by investigating torture chambers at Gravensteen", ça promet!
En octobre 2016, la troublante Norvégienne, cheveux verts, coupe Jeanne d'Arc, avait étonné tout son monde à l'AB Club, t'étais donc  préparé à subir pas mal d'extravagances, ce n'était pas le cas pour tout le monde.
Pas d'Orfee Schuyt aujourd'hui, Jenny est accompagnée par un seul musicien, homme à tout faire, il doit s'agir de Håvard Volden.
 Ils prennent tous deux  place près d'une table, couverte d'une draperie noire, sur laquelle repose les laptops et divers colifichets gothiques.
Elle dépose un sac polyéthylène près de la table, débite ...I just came back from shopping... deux ou trois crânes et quelques chauve-souris, sans doute, et continue... there was nobody here when we arrived, it was scaring, we'll try to make you stay ... et entame son chapelet, que certains ont baptisé limp dick rock.
Tu sais que tu ne vas pas assister à un concert mais à une performance, mêlant spoken-word, prose poems,  danse, verfremdung - effekten, prières,  et autres caprices de l'étrange androgyne.
Un soundtrack tantôt noisy, tantôt caoutchouteux, parfois ambient ou EBM, sert de toile de fond à ses textes.
Nous entendrons ' Lorna' et ' The great undressing' pendant qu'elle déambule de long en large sur le vaste podium.
Une aura de mystère plane sous le chapiteau, les plus délicats ou les terre-à-terre se tirent pour aller se réfugier face à une Duvel, les autres se laissent prendre dans les filets de la pythonisse pour écouter, sans broncher,  ses plaintes et ses soupirs dérangeants et troublants.
Le duo enfile une perruque, Jeanne Hval d'Oslo reprend  sa procession, sort un GSM de sous sa cape, nous filme, se prend en selfie, s'approche d'une camerawoman et colle son Samsung sur l'objectif tout en récitant la litanie, ...sometimes when I listen to voices, I cry, I cry... elle pleure, va s'asseoir sur un repose-pied, prend des poses  alanguies, se relève, s'approche de son complice puis entame un autre poème traitant de menstruation , 'Period piece'...don't be afraid, it's only blood...prévient-elle!
Håvard   a saisi une basse, le duo, après s'être  débarrassé des perruques,  amorce un dancetrack groovy, aux consonances Björk, ' Secret Touch'.
Nouvelle séquence de déguisements, elle enfouit sa tête sous la cape et, en fantôme, entame ' Female vampire' , après s'être tapé une danse de Saint-Guy tordue, elle achève le psaume en halètements et attaque ' Conceptual Romance', la dernière tirade du set.
Jenny se frotte maladivement le corps avec sa cape, salue l'assistance et s'évapore!
Tu dis bizarre, Louis?
Moi j'ai dit « Bizarre »… Comme c'est bizarre…

Peter Doherty.
Un concert du co-frontman des Libertines, c'est quitte ou double, en mars dernier à Lille, il plie bagages à la moitié du show, l'an dernier, au BSF il avait enchanté la Place des Palais!
Léger retard avant de voir arriver Pete et son combo Puta Madres, au sein duquel sévit l'excellent guitariste Jack Jones ( Trampolene), Katia de Vidas est  aux claviers, melodica, glockenspiel, Rafa à la batterie et on note la présence d'un bassiste barbu, qui n'avait pas l'air d'être Drew McConnell, débauché par Liam Gallagher.
Peter apparaît coiffé de son chapeau, d'une culotte de training trop large et d'un marcel, incapable de cacher un ventre bedonnant.
I Don’t Love Anyone (But You’re Not Just Anyone)' , avec le petit extrait de 'Johnny comes marching home again', est entamé de manière nonchalante, tu hésites... bourré, pas bourré, du cinéma, en tout cas, il a adopté le look clochard et rien qu'à voir ses yeux A Clockword Orange, tu sens  que ce concert risque de ne pas être banal.
' Last of the English roses' est repris en choeur par une poignée de fans ayant traversé la frontière linguistique pour entendre leur héros.
A la guitare, il engage ' Could it be arranged' qu'il mélange à un autre titre, déjà la confusion règne.
' You're my Waterloo' des Libertines est décoré de quelques lignes d'harmonica et nous rappelle combien ce groupe était important dans la British scene  des années 90.
Imprévisible, le clodo a déjà entamé un nouveau morceau au grand dam des musiciens, ' The whole world is our playground', encore un titre imparable, joué à l'arrache.
' Weed smoker's dream' ou 'Why don't you do right' est joué en mode cabaret, quand Doherty se la joue Tom Waits, tu te tais et tu valses.
Katia a saisi un melodica, c'est parti pour ' I could use a steady hand', autobiographique, sans doute, il termine le morceau en queue de poisson, nous rappelant que les Faces, de temps en temps, eux aussi, étaient du style foutraque.
'Hell to Pay at the Gates Of Heaven',  écrit après l'acte de terrorisme ayant frappé le Bataclan, se termine par un accès de fureur, le micro du bassiste vole dans les airs, Pete en perd son élégant falzar, se sert un petit cordial, puis, pris d'un coup de fatigue, il s'allonge face au batteur, pour très vite rebondir. Il  réunit toute la troupe, leur glisse deux ou trois trucs aux oreilles, un blanc, on fait quoi, un coup d'oeil à l'horloge, le temps passe, ils tergiversent encore avant de se décider pour 'Love reign over me'.
Espiègle, il  fait un signe en direction du roadie, viens Rockabilly Boy, prends cette guitare et fais la jam avec nous!
Il se débrouille, le bougre!
Les musiciens ne savent plus à quels saints se vouer, il vient d'entamer un morceau imprévu, le bassiste en français...  je suis désolé...  un mec vient de lancer une boulette de papier on stage, la réaction fuse, deux chopes pleines atterrissent dans la foule, Gand est prié de se charger des choeurs, le comique a décidé de transformer la Belgique en Jamaïque, un  gars vient lui indiquer que le terminus est en vue, rien à branler, je m'amuse, on continue, ' Down for the outing' est envoyé, il a repéré une nana pas bidon au premier rang, descend de scène, serre quelques pinces, embrasse la gamine et revient avec un gin fizz.
 Grosse pagaille,  l'heure est passée, pas pour lui,  couché à même le sol il a attaqué 'All at the sea'.
Les musiciens le suivent tant bien que mal.
A vous Gand, everyone who has a driver's licence sings, et maintenant ceux qui ont été en prison, puis, tous les Belges.... il invite tous ses copains à sortir de coulisses et à venir faire la fête, c'est le bordel intégral, euphorique, il entraîne tout ce beau monde vers la batterie, ils sont cinq à se casser la gueule puis à se relever, sans mal, à première vue.
 Il faut le pousser backstage , tout Gand se marre!
Après ce show bien rock'n'roll, le plaisantin se repointe et vient cueillir deux ou trois nanas qu'il traîne avec lui vers sa loge.
Les roadies doivent accélérer le mouvement  pour monter le matos de Trixie Whitley!

Trixie Whitley
Une éternité s'est écoulée depuis ta dernière rencontre avec la fille de feu Chris Whitley, c'était avec Black Dub, le projet de Daniel Lanois, à l'AB en 2009.
Depuis la Belgo-Américaine, geboren in Gent, a sorti d'autres EP's et trois full CD's, le dernier ''Sway' en 2016
Un seul musicien l'accompagne  ce soir,  Chris Vatalaro, batteur, bassiste, guitariste selon les besoins, le New-Yorkais a travaillé e a avec Sam Amidon, Elysian Fields, Colin Stetson ou Julia Biel.
Vêtue d'un long manteau sombre et coiffée d'un chapeau lui cachant tout le visage, Trixie entame le concert par une longue intro à la guitare, lourde et agressive, le morceau, ' Oh the joy' vire gospel noir, d'emblée Gand est conquis.
Chris au chômage pendant ce premier acte rejoint Miss Whitley pour ' Fourth corner'.
La voix bluesy, smoky et rocailleuse et l'instrumentation minimaliste  accrochent, et quand la jolie madame décide de sortir ses griffes, tu te dis que ce félin est capable de te sauter dessus sans prévenir si par malheur tu essayes de le flatter par une caresse inappropriée.
Après ' Never enough', Trixie tombe la pèlerine et s'installe derrière le Steinway  pour une cover intense de 'I can't stand the rain' alors que la setlist indique ' New Frontiers'.
Retour à la guitare pour un rugueux ' Soft spoken words' suivi par un tout nouveau morceau, ' Hotter I burn' , une plage qu'elle avait interprétée avec Marc Ribot lors d'un show à New-York.
Si vous le permettez, j'essaye encore une nouveauté, elle va s'asseoir aux pieds de la batterie, saisit une acoustique et utilise le micro trônant au dessus d'une cymbale pour interpréter une ballade que Chris enjolive de quelques notes au clavier.
Elle décide d'envoyer un second morceau dans la même position, après trois accords, clang, shit le micro de la guitare rend l'âme, plus rien ne sort du micro du batteur, too bad, changement de programme, elle repasse derrière les touches pour ' Closer', le style de ballade qui te cloue sur place et t'oblige à clore les paupières.
' The Shack' par contre secoue comme les meilleurs Black Keys, puis elle décide de nous narrer une partie de son autobiographie non publiée en insistant sur son attachement à la ville qui l'a vue naître  avant de proposer ' Need your love'.
Les deux derniers morceaux seront placés sous le signe du rock agressif, ' Hotel no name', j'adore forcer ma voix et chanter faux, suivi par  l'intense ' I'd rather go blind' .

Trixie refait surface pour interpréter' The visitor' solo, au piano, puis avec l'aide du fantastique Chris Vatalaro, ' Breathe you in my dreams' .
Dans nos rêves les plus fous c'est Trixie qu'on verra cette nuit, ...I ain't coming home tonight... dit-elle, tu l'attends quand même!