lundi 27 février 2017

LABtrio - CD release Nature City - Jazz Station- Saint-Josse - ten-Noode, le 25 février 2017

LABtrio - CD release Nature City - Jazz Station- Saint-Josse-ten-Noode, le 25 février 2017

Le LABtrio fête 10 ans d'existence et la sortie d'un troisième disque, ' Nature City'.
 Le 24, ces talentueux  jeunes gens, dont la moyenne d'âge se situe en dessous de la barre de 30, réjouissaient le Handelsbeurs, ce samedi, Bruxelles les attendait à la Jazz Station, chaussée de Louvain.
Du jazz en apéro, puisque le concert débute à 18h, heure à laquelle l'ancienne gare est pleine à ras bord, il a fallu refuser des candidats auditeurs.

Line-up:
 -Lander Gyselinck: Drums, Compositions, making weird faces, pour le plus grand plaisir des photographes...
-Bram De Looze:  Piano, Compositions, changing forms and laughing, smiling plutôt.
-Anneleen Boehme: Double Bass, Compositions, takin' care of the others et du public également, elle annonce les morceaux in't Frans,  English, und in Dutch!
A la lecture de ces noms, une étincelle jaillit dans ton cerveau décrépit: Lander , cet éternel gamin qui accumule les onderscheidingen ( e.a. :Vlaamse cultuurprijs voor muziek, Mia als beste muzikant), en dehors du LABtrio, il s'agite au sein de STUFF, Beraadgeslagen ou Laughing Bastards... , tu l'as croisé à Brosella, au Gent Jazz, à l'AB, au Jazz Marathon etc..., Bram, lui,  dirige son propre Septych, il s'amuse avec Antoine Pierre ou Axel Gilain et d'autres jazzmen tricolores, quant à la gentille Anneleen, elle a fondé tout récemment un bass quartet baptisé The Bass Party et elle collabore  avec la fine chanteuse Fien Desmet.

Il a fallu 15' pour installer tout le monde, ensuite l'équipe se faufile entre les tables et les chaises pour gagner le podium.
'Elevator', la première plage de 'Nature City' est lancée par juffrouw Boehme, pour ne pas effrayer la clientèle, le démarrage se fait en douceur, Lander caresse affectueusement ses cymbales, le pianiste rêve avant de se mettre à triturer les entrailles de son instrument de manière peu sympathique.
Tandis que la double bass répète la même note de manière constante, Bram décide qu'il est l'heure de jouer de manière plus conventionnelle, lentement la composition évolue vers des sphères emplies de mystères, d'embuscades et de pièges.
Un premier break permet à Anneleen de placer un soliloque pas chiffonné, les garçons se joignent à elle pour terminer l'ascension au pas de course.
Ja, Cindy?
Of ik het goed vind?
Bête question, maske, qui n'apprécie pas ces aventures?
'Ihor', composé par Bram De Looze, est introduit de manière minimaliste par le batteur, très concentré, Bram, le rejoint, puis  la contrebasse se fait entendre.
Le trio nous propose du jazz sur le fil qui te prend à la  gorge, l'étreinte ne sera relâchée qu'après les dernières notes.
Comme libérés, les auditeurs applaudissent pendant de longues minutes.
Patiente, l'élément féminin attend que les clameurs faiblissent pour saisir le micro et présenter les deux premières salves, ainsi que la suivante, une 'Fugue' de Bach traitée façon Blue Note.
Bach et le jazz ne sont pas étrangers, Jacques Loussier, The Swingle Singers, The Modern Jazz Quartet et bien d'autres  se sont attaqués à l'oeuvre de Johann Sebastian, on retiendra également l'admiration sans  borne de Keith Emerson pour le maître baroque, en 1967, déjà, le 'Rondo' de The Nice  contient un extrait de 'Toccata and Fugue in D minor'. La formule proposée par le LABtrio rejette toute vision linéaire de la fugue, l'approche déstructurée peut surprendre.
Frottements et bruissements annoncent ' Twin Peaks' , pièce pour laquelle le piano prend des accents romantiques tandis que Lander a sorti des castagnettes miniatures d'une boîte à malices.
Anneleen, appliquée, grimace en manipulant ses cordes, les cymbales frétillent sous les frôlements du magicien des baguettes, Bram s'applique, la Jazz Station retient son souffle et savoure.
Le set un prend fin avec un morceau dédié aux nombreux individus souffrant de taux de cholestérol trop élevé et d'excès de triglycérides; ' Low fat', un faux swing acrobatique.

Pause de 15', pas évident d'atteindre le bar!

'Anders' ( album 'Fluxus') engage la seconde mi-temps, même équipe, aucun changement, comme après le coup de sifflet initial, les joueurs décident de mettre la balle en mouvement sans s'énerver.
Ils dessinent de jolies arabesques, ce qui nous permet de rêvasser et de songer à des paisibles paysages agrestes où tu croises fermes isolées et troupeaux flegmatiques, l'air est sain, la ville est loin.
Avec le limpide  'Lumen' on replonge dans la lecture du dernier recueil, tandis que ' Wiggle', dominé par le jeu de batterie, semble plus destiné aux amateurs de montagnes russes et autres attractions brise-cou.
Le piano brode, la contrebasse, sobre, entame un effort solitaire de longue haleine, mais le perfide Lander  accélère sensiblement le rythme et pour nous mystifier in extenso nous propose  une fausse fin hypocrite avant de terminer en toute décontraction.
'Mental Floss' passe du steeple-chase au romantisme serein puis se fait torrent capricieux, les nombreux changements de directions te tiennent en haleine de bout en bout et quand tu lis FIN  au générique, tu applaudis sans retenue.
Nous allons terminer ce set par une seconda adaptation d'une oeuvre de Bach, 'Variation 15'.
Bach servi on the rocks pétille comme une boisson euphorisante et  la Jazz Station se lève pour faire un triomphe au LABtrio.

Un bis?
A vous de choisir: eighties ou nineties?
Julie, à voix haute: eighties!
OK, put on your dancing shoes voici notre vision du hit ' She's a maniac' de Michael Sembello!

La Classe , tout simplement!