samedi 17 mai 2014

Les Nuits Bota 2014 - TUnE-yArDs - Benjamin Clementine au Cirque Royal, Bruxelles, le 16 mai 2014

Le 16 mai 2014, démarrage officiel des Nuits 2014, après l'appât du lundi 12 ( The Neighbourhood et Badbadnotgood).
Six événements en tenant compte de l'afterparty débutant à 23:30', deux sold-out ( BRNS et James Holden), mais un Cirque Royal loin d'être plein pour l'attrayante double affiche: TUnE-yArDs - Benjamin Clementine.


 Benjamin Clementine
Préambule:
1° les photographes sont interdits de séjour, leur pass n'est valable qu'à partir de 21h.
2° obscurité intégrale dans la salle, une lumière tamisée dirigée sur le natif d'Edmonton Green
3° des cerbères aussi sympathiques qu'une meute de molosses affamés déambulent dans la fosse en quête de contrevenants essayant d'immortaliser Benjamin avec leur smartphone.
Ambiance suspicion...
Courte présentation: physique byronien,  parents ghanéens, fuit Londres pour s'installer à Paris, galère et buske, un EP, 'Cornerstone', un passage chez Jools Holland, il reçoit les clefs donnant accès à la porte du succès.
Détails: un jour il a confié à un gars des InRocks, "J’étais très rebelle. Dans ma famille, j’étais le fauteur de troubles.”, il semble toujours aussi farouche... est-il mégalo, on peut pour le moins le ranger dans la catégorie ' drôle d'oiseau' ou ' fauve indompté'.
Quoi qu'il en soit, l'artiste a fait très grosse impression malgré les  à -côtés dérangeants.

Venu des profondeurs des coulisses, Clementine surgit, nus pieds, affublé d'une redingote dickensienne recouvrant un torse nu, il reste silencieux, il scrute la foule d' un regard perçant, prend place derrière le piano pour entamer une pavane grave, la voix s'élève, imposante, profonde, à la Nina Simone,...what are you looking for.. comme si il s'en prenait à quelqu'un dans l'assemblée qui l'importunait. ( 'London'?)
Une approche  dramatique qui impose le silence et le respect.
Après avoir resserré son vêtement, il attaque la suivante, scénario identique, les doigts heurtent les touches, le ton monte, devient solennel, la voix, impressionne, breathy, pleine de pathos.
A nouveau, t'as l'impression qu'il s'adresse à toi en particulier, qu'il a des reproches à te faire, tout ça sous forme de parlando théâtral.
Le public est témoin d'un nouveau dialogue avec un être absent, 'Adios, adios, it wasn't me you were looking for'.
Titre achevé, il marmonne des phrases incompréhensibles avant de lancer un timide 'thank you, Brussels' et d'apostropher un couple, keep your mouth shut when I'm playing!
This song is about a relationship, 'Nemesis' qu'il avait interprété chez Jools Holland.
La voix fascine, le jeu de piano te fait penser à une pièce de Kurt Weill, ce type n'est à nul autre pareil.
Il poursuit avec 'Quiver a little' et son côté jazzy à la Sting avant de nous questionner, this is Belgium, no, Jacques Brel's country?
Il cite Brel, Brassens, Satie...I'm in these people you know!
Ses débuts difficiles à Paris, la quête d'un job, le boulanger qui l'a chassé, lui ont inspiré 'Curriculum vitae' auquel succède le formidable blues noir 'Cornerstone'.
Un coup d'oeil vers la table de mix, un mec lui fait signe: 2!
Deux titres vibrants et agités, proches de Billie Holiday, le dernier étant le cri poignant ' I won't complain' que ton esprit associe à ' Hang on to a dream' ( le jeu de piano) et à 'Don't let me be misunderstood' ( l'intensité).
Un artiste à découvrir de toute urgence, malgré son caractère excentrique!

 TUnE-yArDs

Contraste saisissant entre le set bouleversant de Benjamin Clementine et l'indie pop tribale  et expressive de Merrill Garbus.
C'est en 2010, un concert à La Rotonde, que tu croises pour la première fois la route de TUnE-yArDs, elle venait de sortir son premier album, 'Bird Brains'.
Un show ébouriffant ayant ravi le Botanique.
2014, un troisième album, ' Nikki Nack' et une tournée de promotion qui fait halte à Bruxelles.
Sur scène un quintet peinturluré, Merrill ( percussions, loop station, ukulele, lead vocals) - Nate Brenner ( basse, claviers, backings) et, pour ce tour,  la grande Jo Lampert – vocals,     Dani Markham - percussion, vocals et Abigail Nessen Bengson – vocals.
Le gospel tribal déjanté 'Rocking Chair' ouvre le bal, Merrill tapote  toms et cymbales, traficote sa voix, Dani fait de même, mais son attirail est plus fourni, la basse de Nate imprime un groove déluré et en arrière-plan, Jo et Abigail assurent les choeurs tout en se trémoussant frénétiquement.
Même approche rythmique pour le scandé 'Sink-O'
... Peace
Peace and love
 Love is waiting
For the feeling of discomfort to pass before killing...
Le band enchaîne sur le plus ancien 'Gangsta' et son junkyard groove imparable.
Les plages, toutes plus exubérantes les unes que les autres, s'enchaînent: 'Real Thing' et son amorce susurrée avant de passer à la trance décousue -   ' Time of dark', une mélopée  - 'Hey Life' où Neneh Cherry croise Busta Rhyme, sans oublier les yaketi-yak empruntés aux Coasters.
Break burlesque avant de passer à 'Powa' joué à l'ukulele, puis  une séquence bonds de kangourou, Nate s'abstient, pendant le chaotique et gélatineux 'Stop that man'.
 'Real live flesh' par son travail vocal heurté  est à rapprocher de Camille.
Chaque titre est bourré de petites trouvailles ingénieuses, évidemment l'accent est posé sur les rythmes, celui qui s'était déplacé pour un concept chansons à texte aura été leurré.
Les sonorités exotiques de 'You Yes You', le chatoyant 'Bizness' et le single 'Water Fountain' conçu dans le moule Tom Tom Club achèvent le set.

Rappels.
Pour satisfaire les fans le tube,' Es-So' et  'Manchild', plage clôturant le dernier né.

Un concert énergique et amusant!