jeudi 29 mai 2014

Dianne Reeves - De Roma - Borgerhout, Antwerpen, le 28 mai 2014

Tous les amateurs de jazz partagent le même avis: Dianne Reeves  is among the pre-eminent jazz vocalists in the world...l'une des plus belles voix du jazz vient de sortir un nouvel album 'Beautiful Life' ....stellar phrasing, authentic emotion, tasteful inflection, and expertise at selecting appropriate material....her silky full dynamic voice epitimizes the definition of a true soprano with range...

A gros traits, un portrait de la chanteuse de Detroit: cousine de George Duke,  naissance en 1956, leçons de piano, intérêt marqué pour les grandes chanteuses de jazz ( Ella, Billie, Sarah..) , rencontre avec Clark Terry qui devient son mentor, tourne avec Caldera, Sergio Mendes, Harry Belafonte avant d'opter pour le leadership, une disco comptant une vingtaine d'albums, on te l'a signalé, le dernier 'Beautiful Life'.

JP, Dianne Reeves passe au Roma à Anvers, la seule date belge de la tournée, ça te dit?
Ja, on y va, menneke!

Le Roma a besoin de votre aide, vient nous seriner un présentateur avec humour, et c'est vrai que l'antique cinéma fait peine à voir , faudrait que le premier magistrat ( wie is hij nog?) de la ville   portuaire pense à sauver ce monument historique du dépérissement total!

 Après ce laïus fort applaudi, le band de Dianne Reeves prend possession du podium.
Des aigles, en commençant par le pianiste/organiste, Peter Martin, le musical director, petit par la taille ce sosie de Ben Kingsley a éclaboussé la salle par son talent et la justesse de son jeu, puis celui qui t'aura le plus impressionné, le guitariste brésilien Romero Lubambo, ce que Romelo Lukaku fait avec un ballon, ce virtuose le fait avec les doigts, la pub dit: Romero's guitar playing brings together the styles and rhythms of his Brazilian heritage with his fluency in jazz to create a distinctive, exciting new sound... , c'était encore mieux!
A la contrebasse ou basse électrique, Reginald Veal, pas un veau, tu peux nous croire, il a e.a. travaillé avec toute la clique Marsalis, aux drums, Terreon Gully, on cite une ou deux collaborations pour le fun: Lizz Wright et Jacky Terrasson.
Tout ce beau monde ouvre par une plage aux accents latino présentant  des effluves cha cha cha/ rumba avant un break pendant lequel la guitare electro-acoustique s'octroie une envolée lyrique, les doigts de Romero dansant sur les cordes, sur un signal discret du maître de musique la composition vire bossa nova. 
Une mise en bouche succulente.
Please welcome Misses Dianne Reeves!
 Elle porte une longue jupe fleurie sur une  blouse bleue.  
Reginald a troqué la contrebasse qu'il caressait d'un archet contre une basse électrique, le morceau démarre en mode ballade, la diva vocalise avant d'entonner d'une voix veloutée ...now here you again, you say you want your freedom... lyrics entamant ' Dreams' de Stevie Nicks/Fleetwood Mac. 
Sur background gentle groove funk, la chanteuse improvise, passe des aigus aux graves, du scat acrobatique à l'African chant pour ensuite glisser vers un phrasé plus sensuel, tout cela sans forcer.
Avec Dianne Reeves pas d'effets clinquants, le naturel prime.
Dianne dédie la suivante à Maya Angelou, poète, civil right activist, scénariste...décédée le jour même, il s'agira du standard 'Stormy Weather' .
Une  crystal clear diction rappelant l'esthétique d'une Betty Carter puis un break permettant à Peter Martin d'étaler un toucher soyeux.
Elle poursuit par une version jazzy de 'In your eyes' composé par Peter Gabriel, la voix, ample, séduit les pavillons les plus abrutis, à nouveau elle se permet une gymnastique casse-gueule, le style de truc qu'un trapéziste aguerri n'oserait jamais tenter, sauf après absorption de trois flacons de vodka. 
En duo avec son ami Romero qu'elle connaît depuis 25 ans, he's my brother from another mother.
Que leur joue-t-on, fiston?
Une bossa nova caressante, 'Our love is here to stay'.
Une dentellière brugeoise ne peut faire mieux que l'ouvrage de broderie raffiné exécuté par le Brésilien.
Ce mec est époustouflant.
La paire invite le pianiste.
This place looks like my living-room, let's do a living-room song.
Romero: euh, je peux rester?
Of course!
Le trio s'attaque à la romance sentimentale 'I'm in love again', co-écrite par Peggy Lee.
Magda, ta voisine de table, a utilisé trois kleenex avant de se sécher les larmes avec son chemisier.
Tous en piste, un piano serein, une guitare fragile, une rythmique discrète, Miss Reeves en onomatopées, ainsi démarre le chaloupé ' Waiting in vain' de Bob Marley qui prendra des couleurs ragga lors d'un mouvement final présentant un goût épicé des Caraïbes.
'Cold', la ballade signée Terreon Gully / Peter Martin / Dianne Reeves est une des perles du dernier né, certaines intonations  nous rappellent le travail d'un certain Al Jarreau. 
La pièce suivante, ua duet, ' Satiated' (Been Waiting) se meut dans un moule soul/r'n'b, groovy à souhait, avec le drummer répondant aux avances sensuelles de l'imposante lady.
Ce titre hyper sexy terminera le set.
Elle présente l'équipe en chantant, on aurait pu lui refiler un bottin téléphonique, elle l'aurait transformer en caresse vocale digne de Marvin Gaye, cette madame est phénoménale, De Roma l'a compris et lui fait un triomphe.

Bis
'You taught my heart to sing' de McCoy Tyner, une berceuse pour terminer la soirée, excellent choix! 

Un British, un jour, a formulé " Dianne Reeves's  voice itself is a work of art", ce type n'avait pas abusé de la Newcastle Brown Ale!