mardi 15 mai 2012

Steven Wilson à l'Ancienne Belgique, Bruxelles, le 14 mai 2012

Steven Wilson:
    “People talk about progressive rock as pompous, fussy, obsessed with technique, but the only thing the best progressive rock bands had in common was ambition... Yes, Pink Floyd or King Crimson, they concentrate on the album as an art form, treat the album as a musical journey that tells a story.”

Pour te donner une petite idée de ce qui nous attendait à l'AB Box en ce lundi de mai.
Le leader de Porcupine Tree n'a jamais été classé dans la  même catégorie que  Mr Bean/ Benny Hill ou Jim Carey, il se prend même vaguement au sérieux, mais, avec lui un show approche de la perfection.

A 19h20', les fans purs et durs forment déjà trois rangées derrière une barrière Nadar les séparant de la scène.
Jean- Pierre, le photographe de Keys & Chords, a réussi à dénicher une place stratégiquement valable, à l'extrémité du premier rang, où il pourra travailler sans être gêné par un rideau de tulle séparant public et artiste.
Les consignes sont strictes, photos pendant trois morceaux et puis Auf Wieder Sehn, messieurs!

20:00 pile, toujours dans l'obscurité, le drummer, Marco Minnemann ( KMB, Adrian Belew, Paul Gilbert, Kreator..) prend place  pour une intro musclée, la basse le rejoint, un look Gretchen aux couettes blondes et à la barbe naissante, Nick Beggs, ex-Kajagoogoo, ensuite les claviers, Adam Holzman ( Ray Manzarek, Miles Davis, Chaka Khan...) et le guitariste bulgare, Niko Tsonev (Jamiroquai, Richard Ashcroft...),  l'intro vire groove, puis jazz/progrock étincelant, cinquième élément, la flûte, Theo Travis ( Gong, Soft Machine Legacy, Cipher, Anja Garbarek...), ce multi-instrumentiste maniera différents saxophones, une clarinette et tapotera un orgue, enfin, apparition de l'architecte, Steven Wilson, qui vient saluer Bruxelles, encourager son équipe et participer à la confection de cette première plage ambitieuse et épique ' No twilights within the court of the sun' sur l'album 'Insurgentes'.
Sur l'écran, en background,  un jeu d'images sombres sur lesquelles se dessinent les ombres des virtuoses.
Esthétisme symboliste!
Wilson est loquace: Good evening, thank you for coming, d'une voix déformée, robotisée, du même ton d'outre-tombe il poursuit...
I’m a collector, I collect anything I find
I never throw anything away that’s mine..
Le théâtral et crimsonien ' Index' , pieds nus, il déambule avant  de s'agenouiller mains levées.
Bel effet dramatique.
Une intro au piano ' Deform to form a star', majestueuse ballade, ornée d'harmonies éthérées, digne des meilleurs Yes.
Une acoustique, sur laquelle se greffent de gros riffs de guitare,  amorce l'instrumental à la structure complexe 'Sectarian' .
Le rideau disparaît, la foule manifeste sa joie, sur scène, un jazz  fusion du meilleur effet.
L'Ancienne Belgique is one of my favourite venues in Europe, déclare le gars de Kingston upon Thames pour annoncer ' Postcard', une ballade que tu retrouves sur son dernier ( double) CD ' Grace for Drowning'.
'Remainder the black dog' une des pièces maîtresses du set, pendant un bridge instrumental il admoneste deux tristes sires, bruyants et visiblement entamés... vous pourriez pas vous tenir cois , vachers avant d'aller s'installer derrière son orgue pour aider la troupe.
Brillant solo de sax te faisant penser à If ( avec Dick Morrissey) , Nucleus ou Colosseum.
De la lave en fusion!
Deux guitares: ' Harmony Korine' suivi du léger, Pink Floydien,  ' Abandoner', légèreté passagère, une étourdissante explosion secoue la mélodie qui  peu après se meurt en douceur.
Nouvelles remarques aux buveurs, puis ' Insurgentes', titletrack de son premier effort solo et titre que le band a appris la semaine dernière.
It's a fragile piece of music, so be quiet!
Piano dominant et Nick Beggs au Chapman Stick, instrument cher à Tony Levin.
A brand new one, Brussels, d'ailleurs je l'introduis par un jingle, it is called 'Luminol' et  ce morceau imposant présente certaines similitudes avec le 'Roundabout' de Yes.
'No part of me' , fragilité et beauté seront, une nouvelle fois, agressées par de lourdes rafales sur lesquelles un sax oriental caracole hardiment.
Convaincant!
Les musiciens rock ne sont pas très futés, leurs titres traitent souvent de chicks ou, comme les miens, de serial killers, hier à Dortmund, un gars de Sofia m'a affirmé que la Bulgarie a enfanté un des plus horribles tueurs de cette terre, Niko ne le connaissait pas.
What about Belgium?
Pêle-mêle, Di Rupo, Danneels, Annie Cordy, Dutroux... fusent!
J'aimerais un silence monacal pendant l'intro, vu les Taloche...
 Prêts pour  une suite de plus de vingt minutes de prog lumineux?
'Raider II'  débute par un grand piano classique, vire ambiance film d'horreur, en quadriphonie, un mouvement vulnérable à la flûte fait place à une déflagration monstrueuse, puis vient  un chant funèbre sur coulis noir et grondements inquiétants, ça virevolte, soubresaute, des torrents de guitare, des nappés de piano, des rires, des pleurs: c'est  l'Odyssée!
Le public devient fou, le maître se barre en douce, laissant les musiciens orphelins.
Le clavier tire sa révérence, puis Theo Travis, après quelques lignes lyriques Niko rejoint la Bulgarie, seuls restent en piste la basse et la batterie.
Le Titanic prend eau de toute part, le duo plonge dans les coulisses.
1h50' de très haut niveau!

Un bis
' Get all you deserve' avec un Steven Wilson affublé d'un masque  à gaz.

Les fans resteront longtemps présents après le départ du SW Band qui ne reviendra pas, qui ne distribuera pas les setlists!