jeudi 28 juillet 2011

John Cale- Hannah Peel- Anton Walgrave au M-idzomer festival, Leuven, le 28 juillet 2011

Impeccable festival multi- culturel, organisé conjointement par Het Depot, 30CC et M (Museum van Leuven) dans le jardin du Musée de Louvain, récemment rénové: expo, danse, performance, stand-up comedy, spoken-word et musique, le M-idzomer c'est tout ça!
Sold-out pour le premier jour, plus de 1500 personnes se pressent dans le coquet espace vert: normal, quand on accueille la légende John Cale!

Ouverture des portes prévue à 17h, et c'est à cette heure qu'un cumulus congestus sournois décide d'arroser la fière cité des Tobback d'une ondée pas sollicitée.
Il te reste une petite heure avant le premier gig, tu la passeras dans le lounge bar du bâtiment.

Anton Walgrave.
Un revenant!
Après quelques années de retraite, le Louvaniste renaît avec un cinquième CD, produit par Mario 'Triggerfinger' Goossens, 'As you are'.
Seul, armé d'une acoustique, d'un impressionnant set de pédales ( loops, samples, beatdrums...) et d'un mini-keyboard, Anton nous proposera un set racé et intimiste de 30'.
Arrangements soignés, voix impeccable, du travail de singer/songwriter proche des efforts de Tom McRae, Ed Harcourt ou Ben Howard... très British, en fait!
Le mélancolique folkpop 'Hannah' ouvre le set et sera suivi de 'Nobody Moves' superbe acoustic folk métaphysique.
Il poursuit avec la ballade introspective 'Ice' et tu finis par te demander pour quelle raison ce compositeur de talent n'est pas arrivé à atteindre le degré de notoriété obtenu par un Milow.
Walgrave est moins mellow, ses lyrics témoignent d'un réel art poétique.
L'uptempo ' All you have to do' aux drumbeats quelque peu envahissants fait place au tout aussi rythmé 'Sweet Mine'.
Me demandez pas de quoi traite ce morceau, n'en sais rien moi-même, ajoute le barbu.
A classer dans le tiroir Damien Rice.
Le titletrack clôture le set: ' As you are' est inspiré par 'Life of Brian' des Monty Python.
Ce titre catchy en diable devrait faire un hit en Flandre.
Concert plaisant.

Hannah Peel
Non, ce n'est pas la fille de John Peel, ni celle de Diana Rigg.
Oui, la rousse alt. folk pop singer-songwriter, née en Irlande mais raised in Yorkshire, a le vent en poupe et risque de suivre le même chemin étoilé que Florence & the Machine.
Toutefois, le public du M-idzomer ne criera pas au génie après le set de 40' proposé hier.
Charmant, fragile, éthéré, sweet, belles voix ( on y ajoute celle de la guitariste, Laura Groves) , joli(s) minois... mais aussi sans aspérités et monocorde.
Prises une à une, les neuf plages sont de petites perles minimalistes, tu emballes le tout et l'aiguille de la balance n' indiquera pas plus qu' une dizaine d'onces avoirdupoids.
'Sugar Hiccup' sur le EP 'Rebox' entame le set, Hannah maniant délicatement une boîte à musique désuète, de type componium.
A ses côtés Laura y ajoute quelques rares lignes de guitare et en arrière-plan, Mr Fox, droit sorti d'une séquence chaude de 'Eyes Wide Shut' tripote un laptop ou/et secoue quelques shakers.
D'emblée tu baignes dans un univers ouaté à la CocoRosie ou Múm.
Miss Peel derrière les claviers pour la gracieuse valse marine 'Song of the Sea', se retrouvant sur le premier full CD' Broken Wave' .
Vulnérabilité, joliesse, exquise mélancolie, beauté précaire, du symbolisme à la Fernand Khnopff.
'Don't kiss the broken one' une rengaine Julie Andrews goes electro.
Retour de la music box pour 'Unwound' , du Joanna Newsom anglais.
Le nostalgique et médiéval 'Regret', aux jolies harmonies vocales, est proche de certains titres d'Azure Ray .
'Solitude' baigne dans les mêmes eaux romantiques.
Next one is a song you might recognize, et elle nous sert une version épurée, magique de 'Blue Monday' de New Order.
Le point fort du concert!
'The Almond tree' présente des touches Kate Bush pas désagréables et la dernière plage, le traditionnel irlandais du 18è siècle ' Cailin Deas Cruite Na Mbo' , te ramène au temps béni du folk cher à Fairport Convention/ Steeleye Span, modernisé grâce à l' apport électronique seyant.
Frais et subtil!

John Cale
69 piges, il ne les fait pas, le fier Gallois!
Voix puissante, claire, regard assassin, nez crochu, tenue estivale, cheveux en bataille, le copain (?) de Lou Reed et de Nico avait l'air en forme, sharp as a knife, et d'assez bonne humeur.
Un concert dense et concis, à peine 70' incluant le rappel.
Accompagné de deux musiciens racés, le formidable Michael Jerome (Better than Ezra, Richard Thompson) à la batterie et le discret mais oh combien efficace, Dustin Boyer, à la guitare, Mr. Cale entame le gig, peu avant 20h30', par un... Hello, Leuven, nice to see you...ironique, avant de prendre place derrière les claviers.
Aïe, un bourdonnement pas sympathique, on espère que ça va pas gâter son entrain.
Un roadie s'affaire et règle le problème en moins de deux.
Un Nico pour bien démarrer: 'Frozen Warnings' , suivi du formidable ' Chinese envoy' ( 1982- 'Music for a new society').
Que des sourires à tes côtés, Leuven sait qu'il va assister à un concert pas banal.
Et c'est pas le classique 'Darling I need you' qui va nous chagriner, ce truc te remue les tripes et te caresse les neurones.
Grosse claque avec la version destroy de 'Heatbreak Hotel', Elvis violé à Louvain!
Du jazzy crooning avec ' Amsterdam', en clair obscur comme la Ronde de Nuit de Rembrandt.
Chef-d'oeuvre, me souffle Tinneke!
Oui, madame!
Il passe à l'acoustique pour un 'Things' assez poppy et embraye sur 'Sold Motel', dont le chorus aux ooh ooh oohs racoleurs forme un pendant joyeux aux lyrics moins légers, référant e. a. au général Custer .
Un petit Sam Peckinpah?
'Cable Hogue', du country/Southern rock permettant à Dustin d'étaler tout son savoir.
En route pour Ponchatrain Louisiana avec une portion de swampy blues à faire rougir Tony Joe White: ' Dancing Undercover'.
Marie-Louise et Yvonne, 129 ans à elles deux , ont la bougeotte, elles remuent leurs croupes en cadence. Normal, ça s'agite ferme sur scène également.
Une version laidback et sudiste de ' Whaddya mean by that' suivie du singalong 'Catastrofuk', deux titres qu'il vient d'enregistrer sur un EP devant sortir en septembre.
Finie la séquence guitare, l'artiste reprend place derrière les touches: 'Guts' un titre pre-punk qu'il enregistra avec Phil Manzanera sur 'Slow Dazzle' et qui plus tard servira de titletrack pour une compilation sortie en 1977.
La setlist mentionne 'Satellite Walk' comme titre ultime, ils ne l'ont pas interprété.
Ils termineront en force avec un morceau vigoureux, groovy et bluesy, aussi bouillant que du Dr. John ' Dirty ass rock'n roll' ( probablement), John Cale se permettant même un numéro Little Richard au piano électrique.
Chaud, chaud!

Thank you, Leuven, goodnight...

Pas possible, à peine 65'.
La foule hurle, le trio revient pour une courte ballade, ' Gravel Drive', avant de se tirer définitivement et en te laissant un goût de trop peu sur le bout de la langue!