mercredi 20 juillet 2011

IL BALLO & Luanda Siqueira soprano au festival Midis-Minimes, Conservatoire de Bruxelles, le 19 juillet 2011

Nouveau détour par la rue de la Régence pour un récital à l'heure du déjeuner, organisé par Midis-Minimes.
Au menu: caldeirada à l'ancienne avec de la musique lusitanienne du 16è siècle, interprétée par l'ensemble Il Ballo et la merveilleuse soprano, Luanda Siqueira!

L'auditoire affichera quasi complet, à 12h15', lorsque les sept musiciens et la cantatrice feront leur apparition sur scène.
Luanda Siqueira est originaire de Rio de Janeiro, collectionne les prix ( essentiellement pour le chant baroque), intègre Les Jeunes voix du Rhin, participe à plusieurs opéras ( notamment avec l'ensemble Opera Fuoco) et rejoint Il Ballo, l'ensemble vocal & instrumental se consacrant à l'interprétation de la musique des 16è et 17è siècles.
L'ensemble compte 18 actionnaires, en ce triste 19 juillet, nous en verrons huit.
Au chant Luanda, comme énoncé, Benoît Tainturier cornet à bouquin et flûtes à bec/Frédéric Malmasson cornet à bouquin et flûtes à bec/Anne Dumont sacqueboute/Isabelle Dumont viole de gambe & lirone/Marjolaine Cambon viole de gambe/Leonardo Loredo luth, guitare/Sylvain Fabre percussion.
Pas des instruments courants: la sacqueboute est l'ancêtre du trombone- le cornet à bouquin, une corne d'appel ( pas un marque page, béotien), le bouquin est issu de bocca- nous vîmes des violes de gambe de formats divers- la lirone, de la famille des lyres, se joue comme un violoncelle-la guitare utilisée par Leonardo Loredo de Sá n'est pas la classique espagnole, mais une petite guitare renaissance ne devant pas peser plus de 380 grammes- quant aux éléments de percussion utilisés, ne t'attends pas à voir un kit à la Phil Collins, tu entendras divers tambourins de forme pandeiro, un tambour médiéval et quelques cloches.

Le récital débute par' Que he o que vejo' un cantique d'un auteur inconnu, retrouvé dans le recueil Cancioneiro Musical d’Elvas, un songbook de musique portugaise du XVI è.
Elégance, distinction, grâce....
Un silence olympien s'installe, Bruxelles, subjugué, ferme les yeux pour imaginer d'aimables ménestrels se produire face à de gentilshommes, vêtus de rhingraves, coiffés d'un feutre et chaussés d'escarpins à talons, flanqués de courtisanes habillées de jupes satinées, de corsets serrés fort et de coiffes à la Sévigné, la mouche n'est pas obligatoire!
Tout aussi lyrique et anonyme: ' Senhora del mondo' et une folie aussi délicate qu' une sonate de Haendel: 'Folias'.
' Dos estrellas le siguen' est de la plume de Manuel Machado ( 1590-1646), on peut imaginer que Georg Friedrich se soit inspiré de cette pièce pour écrire sa fameuse Sarabande, que Kubrick utilisa pour son fantastique 'Barry Lyndon' .
Magique!
Un nouveau chant anonyme: ' Vos senhora', une danse baroque, des flûtes bucoliques s'accouplant aux cordes ingambes, servant de fond décoratif à la voix voluptueuse et enchanteresse de Luanda.
Francisco de la Torre ( 1460-1505), un Sévillan: 'Danza Alta' une folie instrumentale.
Pour terminer par quatre cancioneiros anonymes: '
Puestos estan frente a frente' lent et dramatique - le pastoral et sacré 'Venid a sospirar al verde prado'- une version champêtre de 'A la villa voy', avec les violes jouées en arpeggio- et une dernière folia: 'Não tragais bozerguis pretos' un texte traitant du code vestimentaire imposé à la cour de Jean III, le Pieux!

Não tragais borzeguis pretos

que na corte são defesos

ora com borzeguis pretos

Não tragais o que defeso

porque quem trae o vedado

anda sempre aventurado

a ser vexado e preso

verenvos andar aceso

ora en cuydados secretos

ora con borzeguis pretos...

Superbe concert, public debout!

Un bis: un morceau brésilien plus récent, nous explique Leonardo.Une samba rythmée avant de prendre congé!