mardi 28 décembre 2010

Passeport Provisoire au Bar du Matin, Forest, le 27 décembre 2010

"En moyenne, il ne neige que 4 jours et demi en décembre"!
Les communes ont épuisé leur stock de sel de déneigeage. Depuis plusieurs jours, le réseau routier est transformé en gigantesque patinoire.
Bruxelles prend des allures moscovites, la population, en état de léthargie forcée, hiberne.
Le taux de disputes conjugales atteint des sommets alarmants.
Tu te munis des indispensables accessoires hivernaux, sautes dans ta luge pour te diriger vers le Bar du Matin programmant Passeport Provisoire!
Un emergency travel document devant te permettre un saut de quelques heures à Ouagadougou. En pleine saison sèche, le thermomètre y monte à 39°C, ai refilé mes moufles à un Marocain qui traversait la chaussée d'Alsemberg.
Sont quatre à se promener avec ce morceau de papier orné de sceaux!

Pascale Seydel, professeur de Djembé , tama, et autres engins percussifs, elle fit partie de Ryth'Miss,
qui écuma, jadis, nos festivals colorés ( les Francofolies, Couleur Café...): au chant, percussions et kamale n'goni (le n'goni est un instrument à cordes , ressemblant vaguement à une harpe montée sur une calebasse trouée, faite en peau de chèvre, de zébu ou de rhinocéros).
Le n'goni à l'origine joué par les griots connaît une version moderne fabriquée par des chasseurs rebelles: le kamale n'goni!
Olivier Stroobant ( membre des groupes Djenkafo et Mali mali ), également formé aux percussions africaines: chant, kamale n'goni, percussions.
Et les petits nouveaux:
Martine Noschese( Mali mali, Belles Agogo): bukarabu, callebasse, oudou, râpe à parmesan... et backings vocals.
Et l'impressionnant Kalifa Koné.
Un maître au djembé, dunun mais aussi au balafon.

Tu te pointes à 20h23', Passeport Provisoire vient d'entamer son premier titre me souffle Fred Cerise en mode kirsch.
'Deniya' une engageante mélodie burkinabe, alliant adresse et générosité.
Le son enivrant du n'goni te transporte du côté de la savane dans laquelle damalisques, hippotragues ou phacochères gambadent sans passeport et insouciants.
Les habitués du Bar ont, tous, le visage épanoui et troquent leur bovril contre un zoom-koom rafraîchissant.
Même scénario enchanteur pour 'Nimagnanibi'.
Pour le Dieu de la musique, 'Apollo' , douceur et vigueur se côtoient sur fond de rythmes lancinants, propices au voyage spirituel.
'Orodara' une berceuse décorée de sonorités étranges, produites par un vase africain, l'oudou.
'Baba' seul titre non-originaire de Bobo-Dialousso, ville ayant vu naître Cheikh Lô.
Un festival de percussions.
'Taso Denu' retour au pays des hommes intègres pour ce blues entêtant qui sera suivi d'une chanson d'amour culinaire voyant Kalifa malmener la cucurbitacée transformée en tamtam, et, pour donner du goût au légume, Martine sort la râpe pour citrus et assaisonne la ballade.
Succulent!
Une autre chanson populaire de l'ex Haute- Volta, ' Sinte Kono Fe'.
Pascale, l'étymologiste, nous explique l'origine du titre/dicton: l'oiseau n'a pas de sein mais Dieu nourrit ses enfants. ( sic!)
Oui, c'est Dolly Parton qui signe la version country!
'Sabou' en hommage aux chasseurs du Mali, créateurs du n'goni moderne.
Une locale, Miss gazelle rouge, gratifie l'assemblée d'une performance dansée fort appréciée.
Un instrumental exotique au balafon et déjà le dernier titre, l' agité 'Anga Faso'.

Le Bar réclame un bis, ce sera 'Nimagnanibi' bis!

Out of Africa: passeport périmé, avec un brin de nostalgie: back to Siberia...