vendredi 23 avril 2010

Marc Morvan & Ben Jarry à la Cellule 133A à Saint-Gilles, le 22 avril 2010

Cellule 133 A, avenue Ducpétiaux, une succursale de la prison de St-Gilles, sise juste en face?
Non, une salle de danse (cours de tango) qui, depuis peu, s'ouvre aux concerts.
Faut être fin limier pour trouver l'endroit, la plaque annonçant l'artère a été subtilisée par un ex-locataire de l'hôtel pénitentiaire et, à 20h, tu te retrouves devant une porte close, ça craint!
Le responsable des lieux rapplique et ne comprend pas que des gens se soient tirés devant l'absence totale d'informations.Un politicien, sans doute!
Dominique, l'organisatrice du concert,et les musiciens étaient partis se sustenter dans un kebab du coin.
20h35', légère panique devant le manque d'affluence.
Bruxelles arrive au compte-gouttes.

21h25 Marc Morvan & Benjamin Jarry

à pied d'oeuvre.
Marc Morvan n'est pas Bourguignon, comme son associé, il est Nantais.
Ce compositeur/guitariste s'ébattait, il y a peu, dans le trio 3 Guys Never In , un projet aux odeurs Belle & Sebastian, The Divine Comedy et autres groupes pratiquant une British pop arty.
Ben Jarry, n'est pas un rejeton d'Alfred Ubu, mais un violoncelliste au passé rock, il tenait la basse chez Moesgaard ou chez Puanteur Crack.
Le duo a sorti, en 2009, l'album folk 'Udolpho' que toute la presse hexagonale encense.
Les Inrocks: 'un raffinement et une galanterie rares...'!

C'est parti, le haut-parleur à tes côtés va gâcher quelque peu ton plaisir en grésillant pendant tout le concert.
'Down her nest' un violoncelle sombre et sobre, une acoustique frétillante et un phrasé murmuré, limpide comme une source alpine.
Ce sera du folk intimiste, fragile et minimaliste. Un nid douillet abritant de frêles oisillons.
Basé sur le long-métrage 'Gerry' de Gus Van Zant: 'The Photograph of Gerry' , une longue intro instrumentale d'un classicisme serein pour ce cliché sépia mélancolique.
'A man at the frontier'.Du baroque ciselé et délicat.
'Emily', précédée d'une séance accordage. Emily, une héroïne romanesque à la Jane Austen. Une amoureuse se promenant,rêveuse, dans une campagne anglaise brumeuse et paisible.
Beau et précieux comme le 'Lady d'Arbanville' de Cat Stevens.
Une cover de The Magnetic Fields : 'Abigail of Kilronan' . Gracieuse et allègre ballade médiévale.
'On your back' doux et mélancolique.
Morvan et Jarry sont des contemplatifs, des esthètes abhorrant le trivial et le laid.
Les arrangements subtils(et ils ne sont que deux) te renvoient vers le travail des très British Pentangle et, Marc te signale qu'il a beaucoup écouté Vashti Bunyan, mère du freak folk décrètent les spécialistes.
Seconde reprise: John Cale 'Hanky Punky NoHow' sur 'Paris 1919'. John Cale en dandy!
'From the lair of the desert's king' épopée romantique.
Lord Byron plutôt que Lamartine.
'Some Magnificent Days' un caprice Renaissance majestueux.
'The Murder of our Neighbour' assassinat vicinal au final nerveux.
'The Magical Gloves of K S' un tour de magie tourmenté.
'Before you say goodbye' chanson d' adieu, sur lit d'arpèges distingués et de violoncelle soyeux.
Notre dernière, que je viens d'écrire , still 'Untitled' et, d'ailleurs, je dépose les lyrics sur le pupitre, ne les connais pas encore by heart.
Une dernière épure folk aérienne et fluette.

Un bis
Un titre écrit il y a 8 ans pour 3 Guys Never In : 'Antique Song' .
... this is an antique song...
Eh, attends, Marc, dois accorder le violoncelle.
Merde, t'as cassé tous mes effets!
On remet le couvert pour cette douce ballade mélancolique qui clôt ce concert t'ayant, pour une heure, soustrait aux querelles obscènes de nos tristes élus.