Album - SHAGGY DOGS – Pinball Boomers
michel
Album - SHAGGY DOGS – Pinball Boomers
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The Korgis et Iden Walk à La Grande Ourse de Saint-Agathon, le 11 octobre 2025
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La reine Elizabeth II et ses "pets".... sa majesté a possédé plus de 30 Pembroke Welsh Corgis ( ce sont des chiens nains).
Fort bien, un voisin élève des tortues tabatières, elles s'appellent toutes Caroline.
Ah, intéressant, donc, c'est en pensant à Muick et Sandy que le groupe de Bristol a opté pour le nom The Korgis.
Ceux qui ont pondu le slow gluant « Everybody’s got to learn sometimes », qui a envahi les ondes pendant des années, depuis sa sortie en 1980, ont entamé un 'The end of the world tour 'qui les a conduits au UK, en Belgique et en France, avec un arrêt à Saint-Agathon.
Apprendre stimule le cerveau, du coup t'as mis le cap sur La Grande Ourse avec l'intention de ' to learn something' on a Saturday night!
Avant la prestation des vétérans de la scène pop/ new wave, il a fallu se taper une ' performance', on évite le terme concert, d' Íden Walk!
Iden Walk est le nom choisi par Samir Dib ( de la Compagnie Sumak) , un ermite, musicien, homme de théâtre, druide, chaman, au physique proche de celui de Panoramix ou de Merlin l'Enchanteur.
Pendant trente minutes, il va confectionner des mixtures musicales, moins efficaces que les remèdes miracles à base de serpolet, de gentiane, de vinaigre de topinambour, de sang d'araignée mâle et de poudre de perlimpinpin, elles ont néanmoins réussi à calmer le petit Gaspard qui gueulait derrière toi, au grand dam d'une maman inefficace.
Samir est poli, il se présente: mes machines, mon piano et moi-même, nous vous saluons, on s'appelle Iden Walk.
Il débute par un nocturne au piano, avant de faire entendre une voix d'outre-tombe dramatique et inquiétante, récitant des prophéties dans un anglais peu intelligible, puis d'ajouter des textures électro à sa potion..
T'as relevé ...the draft is broken, yet drift on... l'atmosphère et le look du personnage te renvoient des images de Robert Wyatt.
Tu vas déchanter rapidement, car pour la suite il s'appuie sur un schéma identique, de plus en plus lugubre.
Après 10 minutes de cette musique spectrale, faisant passer Gérard Grisey pour un humoriste, tu décroches et laisse ton cerveau vagabonder.
Oui, Louis?
Ce mec ne joue pas pour le public, il s'adonne à la masturbation intellectuelle.
Il termine son prêche sur un titre presque dansant, nous remercie, nous salue et quitte la scène en claudiquant.
Huguette, qui ronflait à ta gauche: c'est fini, monsieur?
Oui, madame!
22:00 : The Korgis!
Du groupe, né en 1978, ne subsiste que James Warren, vocals et bass.
Andy Cresswell-Davis, comme lui membre des fabuleux Stackridge, a jeté l'éponge en 2007, après quelques allers et retours.
Désormais le quintette se compose de James, de John Baker aux vocals, acoustic guitar et keyboards, il a rejoint le groupe en 1980, un ex - Graduate ( aux côtés de, e a , Roland Orzabal et Curt Smith) , d'Al Steele, lead guitar, synths,programming , membre depuis 1993, le très demandé ( Leo Sayer, Dave Edmunds, Shakin Stevens, Eartha Kitt, Bonnie Tyler...) Paul Smith est aux drums depuis 2017, et la dernière recrue ( 2023) , Danielle Nicholls aux vocals, percussions, acoustic guitar, glockenspiel et aerobics.
On ajoute que deux écrans de télévision complètent le paysage, car ce soir on aura droit à un show complet, il ne manquait qu'une ou deux pole dancers.
Détail: ils sont passés par le stock américain pour leur tenue de scène.
James s'est amené avec une brochure qui lui permet d'illustrer chaque titre d'anecdotes et de souvenirs, dans un français exotique.
Très sympa, le monsieur!
Al manipule les machines et lance une bande introductive judicieusement nommée 'Ouverture'.
Sur les écrans des images d'hystérie collective à la belle époque de la Beatlemania, quatre voix magnifiques se rejoignent pour entamer 'End of an Era' qui nous plonge à Liverpool après le split des Fab Four.
L'ombre de John, Paul, George et Ringo plane, Saint -Agathon vient de comprendre que la soirée sera placée sous le signe de la nostalgie pop et qu'on pourra oublier pendant près de deux heures la sinistrose ambiante.
'Dumb Waiters' le titletrack de l'album de 1980 , un magnifique exemple de pop/ new wave synthétique, typique de ces années ( Alphaville, Big in Japan , Howard Jones,Thompson Twins .... ) suit, puis vient le pastiche 'Good old days of the cold war' , une ère pré-Poutine.
Le clip hilarant a ravivé quelques souvenirs, une nouvelle fois, les harmonies vocales font mouche.
John se souvient de ses copains de Tears for Fears mais c'est une reprise de Simon & Garfunkel qu'il propose, 'The only living boy in New-York'.
Demain, sans faute, tu ré-écoutes ' Bridge over troubled water' !
'If it's alright with you baby' a été un tube au Liechtenstein et à Andorre .
Ils ne manquent pas d'humour et manient l'auto-dérision, le titre est resté quelques semaines dans les charts britanniques sans vraiment décoller, les Korgis étaient considérés comme trop gentils.
C'est con, cette ballade est imparable!
Pour "This World’s for Everyone", le groupe avait fait appel à un choeur d'orphelins du Liberia pour les backings.
Toujours influencés par les Beatles, ils avaient sans doute en mémoire 'The Concert for Bangladesh' de George Harrison.
A une certaine époque les bons sentiments fleurissaient, remember le Live Aid, imaginé par Bob Geldof.
Un jour, à Bath, ils ont rencontré Peter Gabriel, ce qui explique la grandiose reprise de ' Solsbury Hill' .
J'ai gardé les sunglasses de l'époque où je chantais 'If I had you' à la BBC.
Very smart, James, et bel effet de slide d'Al Steele .
Pendant la pandémie, ils ont enregistré un album, composé à distance, 'Lines' en est extrait, tout comme le majestueux et délicieusement désuet ' Bringing back the spirit of love' précédé d'une ouverture symphonique.
Aucune explication nécessaire pour ' Back in the eighties' suivi par le très ancien ' Boots and shoes' et ses soli de guitare nombreux.
' Coffee in New-York' pourrait bien devenir notre prochain single.
Quand les Korgis virent soul/funk ( avec l'apport de cuivres sur bande), ça groove aux pieds de la statue de Liberté et aussi à la Grande Ourse.
Merde, Al a brisé une corde, tant pis je continue, qu'il dit.
Les amateurs de Hall and Oates ont aimé, comme ceux de Sting , les vocaux de Danielle ont fait merveille.
Sur l'album ' Kartoon world' voici ' The Ghost of you' toujours orné d'un petit solo de guitare fluide et de vocaux immaculés.
Un de leurs singles a été produit par Trevor Horn, une bonne raison pour s'attaquer à 'Video killed the radio star' repris en choeur par toute la salle.
Buggles ou bubbles, des bulles partout!
La ballade ' Hold on' chantée par John est idéale pour ceux qui aiment les slows collants, et puis James nous signale qu'un beau soir Al et Paul ont joué devant la reine en accompagnant Bonnie Tyler.
Ce soir, c'est Danielle Nicholls qui s'attaque à 'Total eclipse of the heart', t'as faillé pleurer, car c'était magique.
La suivante, ' Lost and found' est un titre sombre, annonce James, cette pièce maîtresse du set a permis la mise en évidence de chaque instrument.
'Something about the Beatles', avec une guitare qui gently weeps, se fond dans 'Sowing the seeds of loe' de Tears for Fears, naturellement suivi par 'A day in the life' .
La flèche aboutit droit au coeur, il vont nous tuer!
Ils sont donc sans pitié, car ils achèvent le set par celle que tout le monde attendait 'Everybody's got to learn sometime'.
Tous les smartphones en action et un public debout pour applaudir un groupe à la fois généreux et talentueux.
Ils nous quittent avec un bis avant la photo de famille: le singalong chant d'espoir 'The best thing you can do is to love someone'.
Derrière toi, Pablo Picasso a griffonné une colombe à l'arrière de son ticket, imprimé via le net!
EP - Before I Buy A Gun par Andrea von Kampen
michel
Tone Tree Music
folk - protest songs
Andrea von Kampen n'est pas originaire de Westphalie, elle voit le jour dans le Michigan ( Ann Arbor), mais elle avoue ceci, I grew up in a German Lutheran tradition. Son paternel, Dr.Kurt Von Kampen is a professor in the Music department at Concordia University, maman, Dory von Kampen, enseigne.
Son frangin, David, est compositeur, le second brother, Paul, est directeur musical à la Lutheran High School Northwest in Rochester, et, enfin, elle a une soeur qui n'évolue pas dans l'univers du solfège, Rachel est prof de math.
Avant d'obtenir a degree in music en 2016, elle avait déjà attiré l'attention en publiant l' EP 'Another Day', prolifique, elle enregistre 2 EP's en 2016, 'Desdemona' et a Christmas EP , l'année suivante paraît an Audiotree Live album, puis quelques singles.
Un premier full length CD, ' Old Country' sort en 2019, le magazine Ear to the Ground lui attribue la note 10 out of 10.
Aucune défaillance dans sa production , 2020 parution de l'EP 'Romeo & Juliet' , 2021, un album ' That Spell', 2022, on la retrouve sur le soundtrack de 'A Chance Encounter' , en 2023, elle lâche pas moins de cinq EP's, l'album ' Sister Moon' arrive dans les bacs en 2024, et enfin l'EP ' Before I Buy A Gun' s'entend depuis une semaine.
Mince, quelle discographie, son âge?
31 ans, à peine!
Tracks
1. Black Flag
2. Spinning Wheel
3. Before I Buy A Gun.
Music & Lyrics by Andrea von Kampen
Vocals by Andrea von Kampen, Casey Allen, Shanda Fujan
Bass by Jonah Bennett
Cello by Jessica Dussault
Piano by David von Kampen
Arranged by David von Kampen
Engineered & Mixed by James Fleege
L'artwork est signé Megan Burma, qui a fondé Paper Pretzel, un design studio basé dans le Nebraska.
On doit probablement la photo à Analise Schrader
Tout en caressant un chien sur une verte colline, Andrea fixe l'objectif semblant demander: je souris ou je fais sérieux!
Une guitare acoustique aux cordes gentiment pincées et une voix éthérée, c'est pas comme ça qu'on imagine un pavillon noir flottant fièrement au sommet de la hampe de la frégate de Jack Rakham.
L'idée du 'Black Flag' est que dans ce monde moderne, on s'éloigne de plus en plus de son moi profond.
Après l'introduction intimiste, guitare/voix, Andrea a la bonne idée d' habiller l'attrayante folk song d'un accompagnement majestueux, invitant un violoncelle, un synthé et une basse à gonfler la mélodie, avant d'entendre un piano précieux accompagner ses murmures affectueux.
A ranger aux côtés d'autres artistes rayonnantes telles que les Secret Sisters, le duo mixte The Civil Wars, ou les plus anciennes Bridget St John ou Anne Briggs , et, pour le côté germanique, la talentueuse Sibylle Baier.
En 1968, Blood, Sweat and Tears, signe un de ses plus grands tubes avec le titre ' Spinning Wheel', la roue tourne toujours, rien n'a vraiment changé, sur l'écran tu peux voir another insane man yelling et t'as l'impression que c'est toi qu'il engueule.
Andrea caresse les cordes de son acoustique sur laquelle elle plaque une voix délicate, nostalgique et implorante, qui touche l'âme .
La structure de la chanson paraît simple, c'est ce qui fait sa force, pas besoin d'en rajouter, la poésie couleur sépia te renvoie vers les grands noms associés au Greenwich Village folk: Joni Mitchell et Joan Baez, en tête.
Si le chant poignant et le jeu de guitare ciselé représentent la pierre angulaire de la plage, il ne faut pas négliger l'apport essentiel du violoncelle, ajoutant un surcroit de mélancolie à l'édifice.
Pureté et authenticité, le mariage idéal pour captiver des pavillons devenus allergiques aux vociférations de politiciens sectaires et hypocrites.
' Before I Buy A Gun.' pourrait bien devenir un hymne folk qu'on classera aux côtés de 'This land is your land' de Woody Guthrie ou 'We shall overcome', le gospel chanté lors des marches du mouvement des droits civiques aux États-Unis.
Le chant de paix d'Andrea von Kampen, admirablement secondée par la soprano Shanda Fujan et par Casey Allen, propose une imagerie forte, le message visant à l'abolition des armes à feu aux States est clair ... before I buy a gun I’ll get to know my neighbor...
Quand on sait qu'aux States le Gun Control ne marche pas ( The Second Amendment guarantees law-abiding Americans the Right to Keep and Bear Arms.), que seulement trois états ( la Californie, la Floride et l' Illinois + la ville de New-York) interdisent le port d'armes à feu , on n'est guère étonné du nombre de victimes recensées chaque année après des fusillades de masse ( un chiffre: 48 204 personnes tuées par balles en 2022).
C'est court trois titres, mais Andrea von Kampen est comme le funambule qui se meut sur un fil mince, le public la regarde avancer en priant pour qu'elle ne se casse pas la figure, son folk intimiste, magistralement rendu sur ce dernier EP, devrait, enfin, la faire connaître dans nos contrées.
Festival Blues des Deux Rivières - Gasoline- Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025
michel
Le temps de passer à la gas station pour faire le plein de Chevron, 75 cents for a gallon, et tu reprends place car le combo Gasoline est prêt à faire flamber le baril.
Gasoline nous vient de Douarnenez , enfin trois de ces distributeurs de carburant ( l'explosive blonde chanteuse et guitariste Charlotte Yanni, le batteur Eric Parenty ( Dizzy Town Blues) et le guitariste Brendan de Roeck ( vu avec Bobby and Sue et Rain Check), le quatrième élément , Kev Charlton, est un expat, originaire de Newcastle, où on ne sert pas de Châteauneuf-du-Pape, mais une brown ale très digeste, ne lui parlez pas du Charlton Athletic Football Club, il est fan des Magpies, il manie basse, contrebasse, il chante et étale un humour British, emprunté aux Monty Python.
Gasoline pratique un old skool rock'n'roll teinté de rockabilly, de surf, de bluegrass et de western swing.
Female rockabilly et swing dresses vont de pair, la tenue craquante de Charlotte ne fait pas exception à la règle, durant leur set le nom d'Imelda May a été mentionné, Charlotte a adopté le look Imelda!
Démarrage sur les chapeaux de roue avec 'Come back home to me' qui s'entend sur leur album ' Gasoline'.
On connaissait les talents de Brendan, déjà il lâche quelques rafales pas banales, le 'rosbif' ( c'est lui qui le dit) tabasse sa contrebasse et à l'arrière, Eric assure un train d'enfer.
Et Charlotte?
Love at first sight!
"The Train Kept A-Rollin' de Tiny Bradshaw a tapé dans les oreilles de Jeff Beck, du coup les Yardbirds en ont fait un tube au UK.
La version de Gasoline, en mode TGV, a fait forte impression.
Une acoustique pour Charlotte et le midtempo ' Dead by now' est sur les rails, les boys aux backings , du champagne pour la fille.
Le temps de lancer les dés ( Roll the dice) et on enchaîne sur le fast paced ' Be your girl'.
Quelques fantômes surgissent du fin fond des fifties: Laura Lee Perkins, Wanda Jackson et Sparkle Moore.
' Little Ramona (Gone Hillbilly Nuts)', elle a fait la connaissance de Hank Williams, ça l'a marquée.
Newcastle au chant , Charlotte en relais, une romance hillbilly franco-anglaise sur un titre de BR5-49.
Toujours chanté en duo 'My Baby' vante les qualités de la madame...she gives me what I want, she makes me happy, je l'aime, cette petite, détail pas sans importance, she's full of money!
Pas de piano ce soir, sur l'album tu entends un copain de Jerry Lee Lewis accompagner ce country rockabilly gaillard.
Une seconde histoire de train pour suive, ' Love train', car même si le titre a été composé à bord d'un bateau, ' Love Boat' était déjà pris.
Kev nous la joue Johnny Cash, Charlotte devient June Carter, et la slapping bass est pour Lee Rocker.
Brendan hante la slide et la vibrato handle sur ' Right on time' , un rockabilly aux allures de rodéo.
La prochaine ' Dead Dove' est prévue pour notre second album.
Euh, il ne s'agit pas d'un savon mort mais d'un country track sonnant comme le fameux ' Ring of Fire' de Johnny Cash.
Pas de repos pour les braves, le quartet enchaîne sur ' No time for resting' , tandis que le gars, qui gamin se baignait dans le Tyne, maltraite l'upright bass, sa copine se tape un grand écart audacieux, tu fais pareil t'es bon pour dix séances chez l'ostéopathe.
Imelda May ( encore elle) a enregistré ' Johnny's got a boom boom' en 2009, ce morceau leur va comme un gant de velours.
Kev amorce, Charlotte fait la fraise, ton coeur fait boom boom , celui de John Lee Hooker ne bat plus.
Place au singalong countrybilly ' She's not stupid' que Brendan décore d'un petit solo pas con, tandis que les canassons, au trot, sillonnent les plaines bordant le Rio Grande.
De loin t'as cru apercevoir John Wayne et Maureen O'Hara!
On a tous une chanson qui nous tient au coeur, sauf Voulzy, lui c'est une petite fille oubliée ( il ne sera pas poursuivi pour pédophilie), le coeur de Kev vibre à l'écoute de 'Blue moon of Kentucky' de Bill Monroe, un succès immense pour Elvis.
Après ce bluegrass fleur bleue, terminé en séance cirque du soleil car Charlotte grimpe sur la contrebasse coiffée ( la contrebasse) du chapeau du beau Kev.
Brendan et Eric font la chandelle en se chargeant des coeurs.
Une seconde reprise étonnante succède à la romance de Bill, une version dingue de ' Tainted Love' que Soft Cell avait emprunté à Gloria Jones.
Grosse ambiance dans les halles, les danseurs se bousculent au pied du podium.
'Burnin' rubber' sent le caoutchouc brûlé et inspire le contrebassiste qui se couche sur son instrument en caressant ses parties intimes ( celles de l'instrument) .
La température vient de dépasser 120° ( fahrenheit) .
Le set prend fin avec le titre ouvrant l'album ' Be Mine'.
Kev a repris la basse électrique, derrière toi un mec a crié 'wouah'.
Tu le dévisages, incroyable, John Entwistle!
Le final sulfureux engendre des instants de délire dans le public, un bis s'impose: 'Psycho blues' , que Charlotte a enregistré sous son nom il y a quelques années.
Après une séance de slapping psychotique , la fille supplie Brendan de lui prêter son jouet: je veux faire un solo, petit!
Tiens, ma grande, amuse-toi!
Il est plus de 19h, les organisateurs décident de mettre fin à l'après-midi, Charlotte se prête avec grâce au jeu des selfies, signe les CD's , tu rejoins Gilbert et Polo, les tireurs d'élite de chez Nikon, un regard suffit pour comprendre que le show les a emballés!
Festival Blues des Deux Rivières - Ady One Woman Band - Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025
michel
Shook Me fait place à Ady One Woman Band.
Moins farfelue que Rémy Bricka, moins casquée que Bob Log III, Adeline Errard, devenue Ady One Woman Band, ex The Jake Walkers, chez qui elle s'amusait avec Anna Boulic, une autre connaissance, puis Ady and The Hop Pickers, quand elle bossait dans les champs en chantant, va occuper la scène pendant plus de 90' ( c'était un peu long pour mal de clients).
Ady n'est pas du genre taciturne, si elle a moins de choses à raconter que la concierge des Durand, elle tient pourtant le crachoir entre chaque chanson.
Avant d'aller s'asseoir derrière un drumkit, de ramasser une guitare ou une cigar box, elle entame son récital, debout, à l'avant de la scène, par une version honorable, a capella, de ' Mercedes Benz', popularisé par la fantastique Janis.
Un bon début de la fille qui avait remporté le 10ème Challenge Blues Français en 2024 ( prestation solo) ce qui lui a voulu un voyage à Memphis pour participer à l'International Blues Challenge ( la palme a été attribuée à Joce Reyome).
Quelques riffs secs accompagnés de boum boum boum, elle vient d'amorcer une confession... je suis pas un cowboy mais j'aime ça....
Après ce country blues, style Calamity Jane, vient une autre réflexion personnelle la renvoyant vers ses tendres années, époque où les petites filles jouaient à la poupée Barbie ' Be a good girl', pas de doigt dans le nez, bonjour, monsieur, merci madame , tiens-toi droite...etc!
Plus rugueux sera le titre où elle se propose de break her chains, suivi par un souvenir de ses années passées au UK, un blues sous forme de marche où elle rend compte avec nostalgie les bons moments passés là-bas... I'm missing the good times, I'm missing the boats... et peut-être la Guinness.
La voix est énergique, le jeu brut, pour la dentelle, tu t'adresses au Big Bopper.
Elle vire rockabilly et pleurniche ... I feel so lonely... t'avais oublié les kleenex dans ta caisse, tu l'as laissée à son chagrin.
Elle poursuit son propos féministe, légèrement éculé, avant de nous proposer deux tirades en français... tu sauras qui je suis.... et à la cigar box une chanson d'amour touchante.
'Dead man body' , c'est l'histoire d'une nana qui fait des cauchemars, elle voit le cadavre d'un mec dans sa cuisine.
Après ce gothic blues criard, aux relents Alfred Hitchcock, vient une plage inspirée par le mouvement #MeToo.
Il était question d'une Mrs Jones, c'était pas celle des Counting Crows, ni une copine de Billy Paul.
Une partie du public, dissipée, discute haut et fort à la buvette, Ady ne s'en soucie pas, elle attaque un nouveau rockabilly pompé sur le 'Red Hot' de Billy Lee Riley.
Voilà ' Gemini blues', car comme Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, elle est née sous le signe des Gémeaux, elle orne la tirade d'un rire sardonique avant de passer à 'Symphony' en mode Patricia Kaas.
Symphony, c'est Jessica Rose Gold, une stripteaseuse d'Orléans.
Un autre des personnages issus de son imagination est ' Mister Nobody', un dragueur de seconde zone.
Pour Simone Veil, elle a composé, ' Fier comme un homme'.
More women on stage, ces dames ont des choses à dire... la cuisine, le tricot, repriser les chaussettes, torcher le nourrisson, c'est du passé!
Après une histoire de tattoo ( No Damsel in Distress) , elle nous relate son aventure américaine, de Memphis elle a poussé une pointe vers Clarksdale pour aller voir le fameux crossroads où Robert Johnson a pactisé avec le diable.
Elle se paye une promenade dans le public, se poste face à une fillette lui propose de glisser ses doigts sur sa gratte, puis elle profite d'une inattention de Gilbert pour lui piquer la place sur le banc qu'il avait imprudemment abandonnée, avant d'aller finir le 'Crossroads' sur le podium.
Une dernière, autobiographique, ' Hillbilly girl' termine ce set épique.
Bonjour maman, hello papa, le bis est pour vous ' Let me dance'. ( ?)
Nota bene: pas vu de setlist, les titres sont à prendre avec des pincettes.
Festival Blues des Deux Rivières - Shook Me - Halles de Belle-Isle-En-Terre, le 4 octobre 2025
michel
La 23e édition du Blues des Deux Rivières, le festival à ne pas manquer à Belle-Isle-En-Terre fait honneur aux dames, d'Ady ( One Woman Band) à la fantastique Irlandaise Grainne Duffy , elles fouleront les planches des différentes scènes en nombre.
Trois jours de concerts, un programme copieux, Madame t'octroie un bon de sortie pour le samedi 4 après-midi.
Trois formations sont attendues dans les Halles ( dans lesquelles on ne crève pas de chaud): Shook Me, Ady One Woman Band et Gasoline.
Début de la cérémonie à 14h.
Tu t'attendais, après avoir consulté l'affiche, à voir Ady et son artillerie.
Comme ils étaient deux sur scène, un chevelu barbu à la gratte et une dame vêtue d'un chandail rouge au chant, ton cerveau, vif comme une tortue grabataire, se dit OK, aucun doute, this is not Ady, il doit s'agir de Shook Me.
Le duo est donc composé de Florian Ebel à la guitare et Lillah Politzer à la voix!
Florian Ebel, un guitariste que Pascal a croisé maintes fois au sein du combo Ebel Elektik ( cf un, deux, trois).
Florian, dans le temps, animait des bals, s'amusait avec le bagad de Lorient, puis fait partie de Diougan.
Lillah chante (Soava Dia, Clakity Band, Blueval, Tanaw., Oulala jazz band.. ), joue la comédie, compose et dirige la compagnie Labo Tempo, compagnie qui compte Florian parmi ses membres.
Pourquoi Shook Me?
Because Willie Dixon et parce que le blues est leur dada!
Détails: leur blues est âpre, rugueux et torturé, Florian hante la slide sur tous les titres proposés, sauf le dernier, la voix de Lillah passant du soulful au raspy ( cf Janis Joplin), bref les amateurs de blues ballads, de chilled ballads, risquent d'avoir quelques problèmes de digestion.
Le duo démarre par un morceau de Gary Clark Jr., 'Don't owe you a thang' , a fast paced tune évoquant la rage des Black Keys.
Pour appuyer ses riffs cinglants, Florian, d'une botte poussiéreuse, écrase sans répit un stomp box , tandis qu'à sa droite Lillah s'époumone et lui, dit, gars je ne te dois rien, keske tu crois!
Le duo enchaîne sur le fameux ' You shook me' de Willie Dixon, qui tu t'en souviens était un des chevaux de bataille du Zep.
Lillah a du coffre et fait preuve de persuasion, Florian secoue tout sur son passage.
Après une intro plus ou moins sereine, ' All of your love' remue davantage , on est entré dans le vif du sujet quand de sinistres craquements se font entendre.
Un médecin s'affaire pour remplacer le câble de micro de la chanteuse, Belle- Isle bat des mains car Lillah, très pro, oublie Pascal et C-News, a poursuivi la tirade à voix nue ( a capella, si tu préfères), micro, en place, d'une voix étourdissante, la madame achève le morceau sous les applaudissements d'un public conquis.
On passe à une ballade pour homme solitaire, ' Police dog blues' de Blind Blake , un bluesman d'une autre époque .
Florian habille ce blues rural d'un solo d'une efficacité redoutable, Lillah le rejoint et halète avant d'éclater à la manière de Janis, déjà citée.
Et sinon?
On n'a pas entendu le clebs ( Rambler qu'il se nomme) aboyer on a préféré filer à toute vitesse.
Si vous consulter notre chaîne YouTube vous pouvez voir le clip de ' Walkin blues' sur lequel Francesco Musinu nous accompagne à l'harmonica.
Son House a composé ce titre en 1930, Lillah se l'approprie, Florian l'habille de riffs enragés, ta voisine accompagne le jeu de guitariste en battant le sol du talon, tout en secouant une longue chevelure qui vient fouetter ton oeil gauche, le moins abîmé.
Si Cream a enregistré ' Sitting on top of the world' sur' Wheels of Fire', la première version de ce country blues date de 1930, on la doit aux Mississippi Sheiks.
Leur setlist mentionne ' Malted Milk' , on n'a pas entendu le morceau de Robert Johnson, mais bien un blues pour danser.
Ils sont quatre à obtempérer et à gigoter face au podium, ... I can take your money... chante Lillah avant de proposer une séquence participative plébiscitée par la salle qui applaudira chaleureusement la prestation de ce duo dynamique et talentueux.
Thelma: don't leave us this way, un bis ?
OK, voici ' I feel so good', le titre pour lequel Florian a glissé la slide dans la poche de son jeans lacéré , après une intro millimétrée, la plage vire boogie furieux pour le plus grand plaisir d'une audience conquise.
Album - Caity Gyorgy with Strings: Arranged and Conducted by Mark Limacher
michel
orchestral & vocal jazz
La Reserve Records
Caity Gyorgy naît à Calgary ( Canada) en 1998, le nom Gyorgy présage d'origines magyares, effectivement , des aïeux paternels ont quitté la Hongrie dans les années 30.
Tout gosse Caity chante dans différentes chorales, à 17 ans elle s'offre un premier contrat, elle se produit sur scène lors d'une soirée organisée par le maire de sa ville.
Sa carrière est lancée.
A Toronto, elle obtient un Bachelor of Music (Jazz Voice), elle poursuit ses études musicales à Montréal,
Un diplôme en main, elle enregistre plusieurs albums, et collectionne les Juno Awards.
Sa discographie mentionne: No Bounds (Caity Gyorgy Records, 2021) / Featuring (La Reserve, 2022) ·/You're Alike, You Two (La Reserve, 2023) / Hello! How are you? (La Reserve, 2024) .
Et deux EP's.
Artiste demandée aux quatre coins de la planète, elle se produit au Canada, au Mexique, au Japon, en Europe, aux États-Unis où elle interprète aussi bien des morceaux du Great American Songbook que ses propres compositions.
En 2025 paraît "Caity Gyorgy with Strings: Arranged and Conducted by Mark Limacher"
Mark Limacher is a JUNO- nominated pianist, composer, improviser, arranger, and genre-crossing musician currently based in Calgary ( comme Caity).
Tracklist
That Doesn't Matter
You'll Learn
Train Wrecked Dining Car
If I'd've Known
I've Been Kicking Myself
Sight to Behold
Memo 267
Pour for the Hour
Voice: Caity Gyorgy
Orchestra:
Drums: Nathaniel Chiang
Bass: Jonathan Wielebnowski
Piano: Mark Limacher
Violin 1: Gen Micheletti, Edmund Chung, Jeremy Gabbert, Jeongah Choi, Danielle Greene, Isaac Willocks
Violin 2: Theresa Lane, Adriana Lebedovich, Lidia Lee, Diane Lane, Laurent Grillet-Kim, Peter Blake
Viola: Marcin Swoboda, Alisa Klebanov, Jesse Morrison, Jeremy Bauman
Cello: Josué Valdepeñas, Clare Bradford, Kathleen De Caen, Dave Morrissey
Bass: Patrick Staples
Trombone: Carsten Rubeling, Kris Leslie, Nikki McCaslin, Dave Reid
Trumpet: Joel Gray, Samantha Whelan-Kotkas, Rich Scholz
Woodwinds: Emily Phernambucq, Cedric Blary, Dustyn Richardson, Brett McDonald, Dan Davis, Aidan Dugan
Horn: Jennifer Frank, Doug Umana, Maxwell Stein
Producers: Caity Gyorgy, Mark Limacher, Graham Lessard
Le portrait de pochette est signé June Cavlan ( photographe et chanteuse de jazz).
“I love writing songs that sound old but feel new.” a -t - elle confié à un journaliste lors d'une interview, le constat s'avère confirmé dès la première plage du recueil, ' That doesn't matter' qui sonne comme du Ella Fitzgerald, secondée par l'orchestre de Nelson Riddle.
Le morceau offre quelques similitudes avec 'Let's Call The Whole Thing Off', les premières lignes ... You drink out of crystal, I drink out of polyethylene... évoquant par exemple... You say laughter and I say larfter... entendu sur le standard de George et Ira Gershwin.
Elégance, distinction, arrangements soyeux, on approche de la perfection!
Si la romance 'You'll learn' ne touche pas ton âme, c'est que ton coeur est plus dur que du silex, le dessein était d'écrire un morceau à la mélodie aussi émouvante et sensible qu'un air d' opéra extrait de ' La Bohème' de Puccini, un sacré pari.....réussi!
Orchestration majestueuse et voix veloutée, un mariage parfait .
Paupières closes tu peux revoir Gregory Peck et Audrey Hepburn dans ' Roman Holiday', avec la voix de Dean Martin et un choeur angélique en toile de fond.
Un phrasé gentiment syncopé et un piano romantique entament 'Train Wrecked Dining Car' avant l'arrivée des cordes et des cuivres qui gonflent l'impression de débâcle sentimentale, suggérée par une imagerie énumérant une série de séismes: a train wreck, une maison en proie aux flammes...
Les silky vocals de Caity évoquant d'autres chanteuses célébrées dans les fifties: June Christy, Dinah Shore ou Shirley Horn.
Une longue intro à la Tommy Dorsey, qui rappelle les comédies musicales de Broadway, amorce 'If I 'd've Known'.
Caity, tout en roucoulant, regrette tout ce qu'elle n'a pas osé faire avant, par timidité et manque d'audace, donc, un conseil, fonce, don't just wait till you know!
Dans un registre Doris Day, Marilyn Monroe, le frivole ' I've Been Kicking Myself' et ses arrangements sautillants, s'éloigne des instants mélancoliques pour aborder un style swing plus radieux.
'Sight to behold' et ses cordes acrobatiques permettent à la chanteuse de jouer à saute-mouton avec les violons, altos et violoncelles, alors que les cuivres se laissent aller à quelques improvisations andalouses pouvant éveiller des images de ' Carmen'.
Le nocturne dramatique 'Memo 267' est agrémenté de gros effets de voix, ...where have you gone, you're just beyond my reach... sont les premières paroles prononcées par la jeune femme qui chante sa détresse et son impuissance à regagner l 'être aimé.
' Memo 267' est la plage la plus poignante du livret, à rapprocher du soundtrack du film ' Anastasia' d'Anatole Litvak ( Yul Brynner et Ingrid Bergman vont t'arracher quelques larmes).
Plus léger ' Pour for the hour' se sirote comme un afternoon tea en écoutant du Glenn Miller et en applaudissant aux prouesses vocales de la pétillante chanteuse.
En résumé, 'Caity Gyorgy with Strings' se déguste comme un délicieux entremets rétro , il aurait pu plaire à tes parents et doit permettre aux jeunes générations de comprendre qu'il n'y a pas que Jul, Ninho, PLK, Brennan Heart, Indira Pagonotto, Nono La Grinta, Aya Nakamura ou pire, comme ' musique' !