The Chris Rolling Squad et Vilebrequin au Barbe à Plouha le 2 novembre 2024
michel
Le Breizh, on arrive, cachez vos filles, vos mères et vos poules...
C'est pas un peu sexiste, ça, gars?
C'est le titre d'un roman, légèrement adapté.
Comme les deux groupes en mini-tournée en Bretagne sont du genre moteur gonflé à bloc, mort aux batteries électriques, et se disent adversaire du tourisme de masse, on s'est permis ce slogan macho.
Donc, la mini-tournée bretonne du Chris Rolling Squad et de Vilebrequin s'arrête au Barbe, en ce jour où les figaros honorent la mémoire de leurs disparus en allant se recueillir sur les tombes, avant de noyer leur chagrin au bistro du village, qui accueille deux des plus beaux fleurons de la scène rock des départements voisins: la Vendée et le Maine-et-Loire.
Ce soir on enregistre une clientèle blousons de cuir, jeans élimés, cheveux gris ou absents, mais descente vertigineuse!
Sont pas venus pour batifoler, mais pour déguster une sérieuse dose de rock'n'roll, pas mou du ventre.
20:00 pile, merci les voisines, copines de la flicaille, Vilebrequin, des pistonnés, en piste.
Sont quatre, Florent : Guitare / chant, Maxime : Guitare lead / chœurs, Valentin : Basse / chœur, Bastien : Batterie / chœurs, ils ont de la gueule et du tonus, ils ont baptisé leur recette ' Fat Rock' , normal, faut graisser les pièces du moteur pour éviter la rouille.
Carte de visite, l'album explicite ' We wanna rock' paru sur le label Chez Simone.
Contact, déverrouillage de l'antivol, en voiture, Simone.
Une déflagration à réveiller les macchabées et ce n'est que l'intro, ça promet, Marcel!
Un premier duel de grattes vient rehausser ' Time is running out' , les deux casquettes, Valentin et Bastien, maintiennent un tempo musclé.
Comme le set sera ramassé, il n'est pas question de perdre du temps, on fonce, tant pis pour les radars!
Pas le temps de s'occuper des deux mignonnes auto-stoppeuses, boum, boum, boum, fait le batteur,
' Like a Zombie' déboule, le fantôme de Dolores O'Riordan s'exprime: sont fous ces gamins!
Yann, il y a un truc qui cloche, on avait trop hâte d'en découdre, on a oublié le ravitaillement, demande à la serveuse d'aligner quatre pintes sur la scène.
'Four guys with sideburns', n'est pas le morceau favori de Gaëtan Roussel, un brin jaloux!
Cet hymne scandé est suivi par 'Give me your key'.
Tu t'es méfié, tu leur as refilé la clé du presbytère .
'More faster, more louder', mise en pratique immédiatement, Bastien abat un travail de forçat, les guitares se chamaillent, la basse grogne.
Puis vient l'instant, la bière de Maxime qui reposait sur une enceinte fait un bond à rendre jaloux Dick Fosbury, gros flop, elle atterrit sur le câblage, on a risqué le court-circuit, plus de jus, donc fin abrupte.
Un garagiste du coin vient retaper la bête, ils enchaînent sur une reprise, ' Rock'n'roll is king', pas de violons, pas de piano, mais beaucoup de sueur.
Changement de programme, vu les précieuses minutes perdues à attendre les techniciens de EDF, on passe à ' Get out', scandé à quatre voix!
Personne n'a songé à mettre les bouts malgré l'injonction, ils ont poursuivi avec ' Go to school' précédé par une longue intro, presque acide, Maxime refile un petit bisou à son micro, c'est parti en mode Ramones ayant piqué le petit cartable d'Angus Young.
Florent n'est pas content, il aboie tel un bouledogue malade, c'était le signal pour entamer ' The Break' où il est question d'un motherfucker , pas sexy!
'Devil juice' est dédié à un paroissien du coin amateur de grenadine.
C'est la dernière ligne droite, on va tout donner, ' We are crankshaft' et 'We wanna rock' mettent un terme à un set d'une efficacité irréprochable!
Après une brève séquence démontage/montage et soundcheck, c'est le Chris Rolling Squad qui à 21:04 va en découdre.
Euh, faux départ, un pipi urgent voit le batteur s'éclipser en direction des latrines.
Line- up: Chris Rolling ( guitare, chant), Brice Duval ( beau T-shirt The Prehistorics) à la basse et aux backings et Romain Cauneau aux drums et backings.
Un brin d'histoire: du temps où il s'appelait Chris Francheteau, Rolling jouait avec le heavy blues band Heavy Manic Souls, puis, ayant vu un film sur les barbouzes, il décide de monter le Chris Rolling Squad qui mélange heavy rock, psychobilly, punk et blues dément.
A ce jour, le groupe compte deux albums et un EP à son actif, mais c'est surtout live que le power trio fait des ravages.
Quelques vannes non vaccinées précèdent la mise à feu d'un concert exempt de setlist.
Aux pieds de Chris traîne un manuscrit avec les lyrics de son répertoire, car à l'instar de Jacques Higelin, il lui arrive d'avoir des trous de mémoire.
Démarrage sur les chapeaux de roue par un heavy blues d'une sauvagerie qui fait passer Marlon Brando, The Wild One, pour un petit branleur de banlieue.
Deux minutes de furie et puis le silence, plus de jus, l'ampli du leader a rendu l'âme.
Vilebrequin à la rescousse, on lui refile une nouvelle machine, ils enchaînent sur un truc ressemblant à ' 19th Nervous Breakdown' dans une version destroy.
'Trapped inside' s'entend sur l'album 'Cannonball Holocaust' , c'est le genre de truc que ton dentiste met à fond la caisse quand il a décidé de t'arracher une dent et de couvrir tes hurlements pour ne pas effrayer Madame Simonet qui patiente dans la salle d'attente.
Plouha, si tu pouvais pousser des hurlements de hooligans excités pendant les breaks de la suivante, on te refile des images de la Vierge, dédicacées.
Ce thrash metal saccadé et bestial a inspiré un duo d'agités qui a entamé une danse hystérique, style chorée de Sydenham, face au podium.
Imperturbable, le trio poursuit son trip dantesque, les riffs dévastateurs se succèdent, la basse tonne et, à l'arrière, Romain s'acharne sur les toms, caisses, charley et cymbales, comme s'il matraquait un Gaulois.
Après une danse du sabre épileptique, on a droit à un surprenant break lyrique, ce qui a encouragé les échappés de l'hôpital psychiatrique à redoubler d'efforts et d'imagination en multipliant les mouvements incontrôlés.
Eugène, le plus atteint, trébuche et manque de se fracasser le crâne contre un monitor.
'Loaded gun' est prévu pour le prochain album, on dédie le morceau à Charles Bronson.
L'arme était chargée, les balles ont sifflé à nos oreilles, ça n'a pas découragé les ballerines chauves.
Les rafales déferlent, parmi les titres joués on a reconnu ' Revolution all around' et ' Riff Raff', une reprise d'un obscur groupe australien qui compte deux frères Young dans ses rangs.
'Bad motherfucker' et 'Straight down to hell' , deux moshpit rousers ont beaucoup plu aux guignols fébriles.
Un coup d'oeil à la Rolex, indique qu'il faut penser à faire la prière du soir avant le dodo.
Yann s'approche et leur accorde dix minutes de rab, deux salves meurtrières, dont un 'Ace of Spades' sorti du chapeau de l'illusionniste, défilent, un petit coup de Jimi Hendrix vient conclure la tirade.
Salut Plouha, c'était cool!
Vous êtes cons, ou quoi, on veut un rappel.
Pour éviter l'émeute, l'escadron propose un morceau méchamment speedé, qualifié de porno par son leader qui a remarqué que les enfants étaient couchés.
Fin d'une soirée épique, la sono diffuse ' Where is my mind', les Pixies paraissent bien fades après cette débauche de fureur.