mardi 4 juillet 2023

Luciole au Lyncéus Festival, Esplanade de la Banche, Binic, le 2 juillet 2023

 Luciole au Lyncéus Festival, Esplanade de la Banche, Binic, le 2 juillet 2023

 

michel

 

Avant le Ite Missa Est , le Lyncéus Festival propose un dernier concert, suivi d'un deejay set, dans le chapiteau installé sur l'esplanade de la Banche, Luciole et Malouve, en dj set,  clôturent en beauté un festival riche en émotions.

Malgré les cris alarmistes annonçant l'inéluctable disparition des lucioles, à Binic on est parvenu à en rencontrer une, luisante, bien sûr,  Lucile Gérard, devenue Luciole, active sur scène depuis une quinzaine d'années.

Championne de France de slam, comédienne et maman, le coléoptère humain a sorti trois albums, le dernier, ' Un Cri',  sert d'alibi au concert de ce soir.

Le musicien Clément Simounet ( piano électrique, guitare acoustique, backings et accessoirement tête de turc) est le premier à s'installer sur les planches, il pianote, tandis qu'une voix invisible sécrète des onomatopées déconcertantes, ooh ooh , hey , hey, aha, aha... le piano s'anime davantage, Luciole se pointe, se déchausse et rejoint le musicien sur scène pour, après un moment de silence embarrassant, entamer  le titre ' Je ne chante pas' en slam flegmatique.

Un début qui a eu le don d'interpeller un auditoire, quelque peu médusé.

C'est une évidence, l'univers de Luciole n'est pas celui du commun des mortels.

Clément passe à la guitare, Luciole déterre le titre ' C'est comme', enregistré en 2015 sur l'album 'Une'.

Ce coup-ci elle chante et enchante.

C'est par un texte introductif que débute ' Un Cri'. Le cri est viscéral, le piano est serein, Lucile se confesse,  vibre,  émeut, la voix monte , redescend, les acrobaties vocales bousculent et percutent.

Non, t'as pas pensé  à Edvard Munch, tu t'es pas pris la tête entre les mains, saisi d'effroi, t'as bien écouté et t'as apprécié cette poésie intime et la gestuelle tourmentée de l'artiste.

'A ras bord' démarre en nocturne, au piano, avant que la montée des eaux ne viennent nous engloutir. Pour rythmer son chant, Lucile bat le sol du pied, le tapis moelleux estompe ses coups de talon fougueux.

Retour de la guitare pour le sensible ' Fleuve Amour'  qui présente un petit côté Marguerite Dumas pas désagréable.

Explication, il n'y a pas de batterie ce soir, voilà pourquoi vous  goûtez à une version épurée du tour de chant, qui comporte quelques morceaux plus anciens, dont 'Une'  sur fond musical sec et  final élastique.

Anecdote, lors d'un voyage au Japon, dans une cabane, perdue sur une île minuscule ( Teshima), existe une installation créée par  Christian Boltanski, qui répertorie les battements de coeur des visiteurs, ces battements du myocarde, amplifiés, sont comme de petites explosions  et peuvent, ou te  faire voir la mort, ou évoquer la  naissance.

Après avoir entendu l'enregistrement  ramené du pays du soleil levant, Luciole enchaîne sur 'Danger de mort' , un monologue métaphysique .

Retour à la musique avec ' La clé du problème' , décoré d'harmonieuses vocalises.

Une des grosses claques du set sera la version  complètement décalée, amorcée en mode rébus, de 'Aline' de Christophe.

Nouvelle confidence, l'album  'Un cri' a été conçu pendant ma grossesse ( tout s'explique), 'L'effet et la cause' en est une tentative d'exégèse.

Si t'as besoin d'un dictionnaire d'antonymes, écoute ' L'effet et la cause'.

L'apologie du cri se poursuit avec le slam/rock  ' Avec mes crocs'.

' Il est temps' annonce le retour au calme,  le dernier morceau du set  est précédé d'une nouvelle diatribe sur fond arabo-andalou,  'La conquête' , un titre rythmé, qui  demande la participation du public, invité à fredonner le refrain.


Un public qui aura droit au retour de l'artiste pour un double rappel,  elle descend de scène et propose ' Avoue' en solitaire et  a capella. Après ce texte, bourré de jeux de mots dadaïstes,  vient 'A bras le corps', un ragga qui termine un concert effrontément  original.