jeudi 11 mai 2023

Tamar Aphek • Meule à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 10 mai 2023

Tamar Aphek Meule à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc , le 10 mai 2023

 

michel

Ils arrivent: St Mamert (11 mai), St Pancrace (12 mai) et St Servais (13 mai), on annonce un net fléchissement des températures... elle est bien bonne, en ce 10 mai, vers 20:30' ,  madame soleil, dans ta voiture,  notait 10° C., heureusement à Bonjour Minuit, le mercure montait au dessus de 20°C.

Deux formations au programme, Tamar Aphek et  Meule, deux univers dissemblables.

Du kraut, math rock, électro, avant-garde, psychédélisme, noise pour le groupe de Tours, du rock indie/arty pour les Israéliens.  

En avalant ta fraîche  Lancelot, pas déposée sur une table ronde, mais sur une enceinte, tu jettes un oeil au matériel déjà installé sur scène,  la double batterie attire les regards, tout comme le matériau électronique imposant, installé à gauche pour nous, un synthé modulaire de 0,36 m2 à l'avant, un plus petit à l'arrière, des fils colorés partout, des petits boutons, des manettes et d'autres bidules étranges, , un truc à ne pas mettre dans les mains du Dr Mabuse ou dans celles d'un autre illustre médecin , le Dr Caligari, car ils pourraient en faire un mauvais usage.

21:00, un  alchimiste, pas forcément fou, se présente et tripote la machine pour en tirer des sons pink floydiens, époque 'Echoes', le savant, aussi guitariste, se nomme Valentin Pedler ( vu chez Thé Vanille) avec ses copains batteurs,  Léo Kappes, issu du milieu jazz et Dorris Biayenda ( Lehmanns Brothers)  qui le rejoignent plus tard , ils ont formé Meule, il y a quelques années.

Oui, meule peut évoquer le foin, mais c'est  aussi un outil permettant de moudre, polir ou broyer ( ce dernier verbe convient parfaitement au cocktail proposé par le trio).

D'accord, Meule n'est pas le premier groupe proposant deux batteurs, Genesis, Thee Oh Sees, Tortoise, Do May Say Think, Tedeschi Trucks Band, Morphine, Frank Zappa..., ils sont nombreux à avoir fait appel à un double drumming, mais ici, le côté percussif, à la fois très technique et éminemment addictif, constitue l'élément crucial de la prestation scénique, non pas que Valentin fait de la figuration, loin de là, c'est lui qui apporte  les éléments créatifs nécessaires au son Meule.

A leur actif deux EP's , le dernier ' Beau Red' sent encore la peinture.

Pas de setlist, beaucoup d'obscurité, des grooves lancinants, des structures complexes, des envolées cosmiques, de la symétrie ou de la dissonance, bref pas une macédoine à donner aux bébés souffrant de problèmes digestifs.

Soit tu accroches à 100% , soit tu lâches pied et tu vas te commander un verre.

Après l'intro aux machines, Dorris et Léo frappent méthodiquement toms, caisses claires et cymbales, le pied s'occupant de la grosse, caisse, la guitare de Valentin crisse, le synthé modulaire envoie des sonorités tournoyantes,  tandis que Léo entame un chant. ' Diois' présente  certaines affinités avec l'univers de Kraftwerk, d'autres citent King Gizzard and the Lizard Wizard.

' Getway', qui suit, présente les mêmes caractéristiques et te conduit irrémédiablement à l'état de transe, les oreilles encaissent, le corps exulte.

Trois coups de baguettes, un cri poussif, la suivante est engagée,  toujours aussi fulgurante.

Le voyage se poursuit avec un morceau math /funk, on va de surprises en surprises. Du coup, face au podium, un duo d'allumés engage un techno twist osé, puis on passe  aux travaux de plomberie, rehaussés de bruitages Pierre Henry.

Ce maelström  nous entraîne au plus profond la mer, t'as vu des poissons abyssaux danser comme des chats siamois  complètement stoned.

We're  sorry, comme Brenda Lee,  on ne t'a plus fourni de titres, pour te faire une idée,   t'as qu'à écouter leurs EP's.

Allez, on te fait plaisir, on te dira qu'on a reconnu 'No Couchette' part 1 and 2 et que ' Flush' ,  au chant désespéré,  a beaucoup plu aux joueurs de poker.

Leur trip sans concessions se termine par une plage instrumentale  furibarde, sur  drumming métronomique et aux astuces synthétiques désarçonnantes.

L' originalité et  la créativité sont des qualités, avec le savoir-faire en prime, on peut dire que Meule affûte les sens et aiguise l'esprit. 


22 30 Tamar Aphek

Après être passé en Europe en février, le groupe de la chanteuse/guitariste de Tel-Aviv se retape la France en mai 2023.

Son parcours français prévoit quelques  dates bretonnes,  dont Saint-Brieuc, où elle vient présenter l'album 'All bets are off' ( sorti en 2021), et quelques singles, dont ' Stories' paru en 2023.

La jeune dame au look Lio ( jeune),  est accompagnée par le dépeigné Or Dromi  ( basse, parfois synthé) , le moins chevelu  David Gorensteyn (drums) et par  Ariel Harrosh (Korg et synthé, ou basse quand Or pique sa place).

Les garçons amorcent ' Crossbow', il faut attendre 130 secondes avant de voir arriver Tamar, la Rickenbacker d'Or avait déjà son petit effet et très vite le public a pu constater que David  aux drums, est du genre vainqueur de Goliath,  et quand la guitare de la lead lady se met à grincer, tu souris sans réfléchir.

Les vocaux ténébreux de l'Israélienne donne un caractère Anna Calvi à  cette première plage éruptive.

Le midtempo 'Too much information'  chanté d'un timbre velouté, pourrait être placé dans la catégorie dream pop  si on fait abstraction du jeu vigoureux de David à l'arrière.

Par contre ' Russian winter' est là pour te secouer, la guitare rugit, la basse part en fuzz, l'orgue qui  brode à la Ray Manzarek  et le jeu chaotique du batteur forment un contrepoint noisy aux vocaux clairs de la lady.

Assez dépitée du manque de ferveur du public, Tamar le  prie de se approcher de la scène, ce qui entraîne peu de réactions. ' Benefits' , un titre dansant et ' Corridor', un autre nouveau morceau,  au départ loupé par le bassiste, en première instance, cognent sec, elle vient caresser l' ampli  de sa guitare pour créer un effet larsen avant de sortir du tunnel.

Or Dromi ( membre du combo I was a bastard, on ne sait s'il a changé depuis)  tient à partager l'avis qu'il a du Français moyen, pour ne blesser personne on ne le divulguera pas,  Tamar , peu concernée, a déjà amorcé 'Send them over' pendant lequel sa guitare  vient à nouveau déchirer la délicate mélodie.

Le groupe va nous secouer davantage avec le tendu ' Bring it up'  au jeu de guitare destroy, soutenu par une batterie impétueuse.

Pour son dernier single ' Stories', elle pique la basse d'Or en lui signifiant d'aller s'amuser au synthé.

Ce slow s'éloigne de la frénésie des  titres précédents en  présentant un caractère poppy.

Décidément Or Dromi à la bougeotte, il passe derrière le Korg et oblige Oriel à tapoter le petit clavier, ' Dream inside a dream' date de 2016, il a été gravé sur l'EP 'One week and a day'.

Le caractère psychédélique du morceau et les vocaux éthérés fascinent  une partie d'un public , définitivement très sage ce soir.

' Big commotion'  n'est pas aussi agité que le ' Commotion' de CCR  mais tient la route , il précède un retour à l'album de 2021 avec  'Nothing can surprise me' , un rondo psychédélique mixant éléments jazzy ( la batterie) et guitare Robby Krieger ( remember ' Break on through').

Un des highlights du set.

Le set prend fin avec l'obsédant  et explosif  ' Star Quality'  , un morceau  brutal que Tamar jouait déjà au sein de Carusella, un groupe guitare/batterie ayant sévi il y a une quinzaine d'années.

Tamar a eu bien raison de conserver ce ' Star Quality', qui arrache un max.


Saint-Brieuc if you clap, we'll come back, but I need a shot of whisky.

On a frappé des mains, le whisky est arrivé, sans glaçons, ils ont proposé le métallique  ' Show me your pretty side'  qui lui aussi présentait des effluves Anna Calvi.

T'es descendu aux lavatories, tu t'es posté face au miroir, t'as tourné la tête à droite, puis à gauche, t'as été incapable de dire qu'elle était ton  meilleur côté!