samedi 13 novembre 2021

Album - Sequel(s) by Orpheum Black

 Album - Sequel(s) by Orpheum Black

 Blood Blast

NoPo

 ORPHEUM BLACK Sequel(s) 2021

Les 5 musiciens viennent de quelque part, surtout de la région d'Orléans.
Leurs expériences passées paraissent riches : Romain et Greg 10 ans chez Wild Dawn, Mélodie chez  No Sign, Nothing Gauthier The Lunatiks, Paskal Desuert les rejoint, en dernier, pour finaliser le line-up.
Mélodie Archambault : Chant, claviers
Grégory Daudin : Chant, Guitare
Romain Clément : Guitare
Gauthier Daniels : Basse
Paskal Desuert : Batterie

Quand j'ai commencé à me documenter sur le groupe, je me suis dit 'ouch', y'a du boulot!
Les Orléanais sortent, en effet, une oeuvre très ambitieuse et dense, relatant un voyage introspectif en quête de sens.

'Sequel(s)' continue l'histoire de 'Act I' (paru début 2020) dans un concept-album très cinématographique (le nom 'Orpheum' est d'ailleurs le plus souvent associé à des salles de spectacles).

Le visuel aussi poursuit ce chemin et ressemble à une affiche de cinéma, 'A new chapter begins soon' ou le retour...
'Orpheum black présente SEQUEL(S) 1er album' comme une punchline flanquée au dos d'un personnage en filigrane, domine une photo des 5 musiciens en forêt, la femme dans un fauteuil (on sait qu'elle est importante, ouch!).
En bas, figure l'année de parution et la distribution. La pochette CD ne reprend qu'une partie de cet artwork numérique complet.

Les influences?
Dans la famille prog-metal, je suggère les parents Anathema et Tool, les enfants Soen et Steven Wilson...
... et pour les petits enfants (comme OB, en somme), les très cinématiques Derev et Spectre Beneath.
Ici, les auteurs composent textes et musique en même temps pour mieux coller aux émotions et les morceaux, souvent mélancoliques, se rejoignent par des ponts textuels et musicaux.

Oui, on peut ressentir 'Mantra' telle une invocation.
Les 1ères notes, aux arpèges électriques, annoncent une météo sombre avec de gros nuages. Une seconde guitare pleure.
Pourtant, dès que la voix de Mélodie perce, on sait que la lumière jaillira dans des éclaircies aérées. Gregory vient hurler avec elle, une éruption.
Ses vocaux, clairs, puissants, grondent comme l'orage, Mélodie soutient sa douleur.
Le solo de guitare zèbre le ciel en plusieurs endroits, finissant dans une envolée techno-prog à la Steve Vai ou Tool.
Quand Romain lâche prise, le clavier ramène une ambiance tristement prenante.

Il pleut des cordes toxiques sur 'Seized by Depth' pesant, où puissance et retenue alternent.
Les voix arrosées d'acide font monter leurs plaintes parfois ensemble, parfois imbriquées, parfois en rotation.
Le final éthéré s'enfonce au plus profond dans le néant.

Une cadence martiale démarre 'Head on fire' avec des claviers en pointillés. Le groupe compose cette chanson très tôt dans son histoire mais l'intègre, plus récemment, changeant ses arrangements pour le live.
Grégory prend les commandes avec sa voix couverte et doublée d'abord puis Mélodie vient à la rescousse transportée plus loin par des choeurs.
Le solo de guitare plein de magma fait des vagues et le chant, des vocalises chamaniques du plus bel effet.
La voix de Mélodie saisit et celle de Grégory aide à la mettre en valeur.

'Strangest dreams' entonne voluptueusement par 2 voix douces mêlées et les cordes égrenées légèrement sur des effluves sanglotantes de violons.
Sur le clip, des portes noires, comme autant de points d'entrée, parsèment une belle forêt automnale.
La batterie tribale vient réveiller tout ça par ses roulements. Les voix bouillonnent crescendo et s'énervent alors sous les claquements.
La chorégraphie des 2 chanteurs acteurs (Grégory, le voyageur et Mélodie, la muse devant les autres musiciens 'alters') s'installe, entourée de superbes couleurs rouille, pareil à la chevelure de la muse, coiffée d'un diadème solaire (qu'on retrouvera, plus tard, dans le coffre de la voiture sur 'Together & alone').
Le solo de gratte tranchant ouvre les veines pendant que les sons de synthé-violons, pas lassés, jouent la scie. L'émotion grimpe à son comble.
Le court-métrage s'achève par la chute du voyageur, emprisonné dans l'obscurité, après avoir touché la main de la muse, échappée jusqu'à l'entrée d'une porte noire 'Hold my hand while I'm falling'.
Composé à 5, ce 1er single traite de la puissance des liens entre individus.

'The black', contrairement à son titre, démarre sur un motif accrocheur. Le rythme mid-tempo entraîne des voix tranquilles et séparées (bien que doublées) sur les couplets, fougueuses et ensemble sur les refrains.
La guitare, très rock, couplée à un orgue groovy, apporte un climat fleurant bon les seventies.

'Alive', lui, aurait pu s'intituler 'The black'.
L'entrée se fait sur une route bien rectiligne que ce soit au niveau des frappes, du riff épais, souligné par un clavier, ou des lignes vocales fougueuses.
Oui mais voilà, un peu après mi-morceau, le ciel se couvre et une voix death arrive au premier plan.
Bien vite, Mélodie ramène un peu de lumière sur des bases pourtant bien lourdes avec basse/batterie qui cognent.

A nouveau, basse/batterie plombent l'ambiance à l'entrée de 'Unsaid forever' et Mélodie, possédée, psalmodie son texte angoissant 'This is the end of us'.
Guitares et claviers se mettent alors à tournoyer. Le rythme change continuellement et force les vocaux à s'adapter.
Des passages, secs, au pouls faible alternent avec d'autres, plus fiévreux, rendant le morceau complexe.
Le clip fusionne les 2 personnages, dans des formes et ombres rougeoyantes, par des effets stroboscopiques pendant que la guitare trace un solo final percutant, s'arrêtant sur le visage de la muse rayonnante.

L'intro de 'Together & alone' me ramène aux émotions dégagées par Anathema avec des claviers et samples recherchés et des voix mixtes aériennes.
Le morceau entre ensuite dans un balancement cocoon, au son de violons, avant un instant suspendu.
Assez vite, le solo de guitare, lent et épuré, développe, par des harmonies magnifiques, une atmosphère flottante au milieu d'un bouquet de flamants roses rappelant D.Gilmour.
Dans le clip, malgré le conseil 'Don’t be afraid of the dark', on suit une fuite effrénée de la muse, à travers des ombres fantomatiques effrayantes (ses alters), achevée dans un souffle épique à 2, avec le retour du voyageur devant une porte aveuglante 'Blinded by the truth'.

'Way back home' insuffle un peu de sérénité comme sa désignation l'indique.
Piano, fond d'orgue, tendance acoustique, guitare en arpèges, sont joués avec beaucoup de finesse (on attendrait presque la voix de Kate Bush).
La mélodie, en sinusoïde, et la combinaison de guitare électrique/acoustique transmettent des émotions à fleur de peau.
La clôture, fouettée, fait monter les voix crescendo vers une exaltation. La belle ballade s'arrête sur une touche de piano.


SEQUEL(S) est un album qui s'apprécie dans la durée. Les multiples écoutes font grandir un plaisir insoupçonnable.
La merveilleuse osmose entre les 2 voix, à la fois techniquement maîtrisées, mais aussi, remplies de passion, fait frissonner.
L'instrumentation, solide dans la rythmique et très riche dans les combinaisons guitares/claviers, cache souvent de nouvelles notes à découvrir.
Beaucoup de talent, de recherche et une grande motivation rendent cette oeuvre incontournable cette année.


TRACK-LIST
01 - Mantra
02 - Seized by Depth
03 - Head on Fire
04 - Strangest Dream
05 - The Black
06 - Alive
07 - Unsaid Forever
08 - Together & Alone
09 - Way Back Home
Produit par Romin Clément