lundi 23 décembre 2019

Lunch Noazh au Mar'mousse - Plérin - le 20 décembre 2019 -

Lunch Noazh @Mar'mousse - Plérin - le 20 décembre 2019 

Tu connais un bar qui propose des bières bretonnes dans le coin?
Des? Combien?
Une dizaine...
Dirige-toi vers le Mar'mousse, au Légué, côté Plérin, la carte, changeante, propose quelques 550 à 600 bières locales et comme il vaut mieux se désaltérer en musique, en ce vendredi, où les chrétiens fêtent Saint Zéphyrin, qui bien que martyr, n'est pas mort de soif, les patrons du Kav and Bar ont choisi Lunch Noazh  pour distraire les curistes.
T'avais compris lunch noise, t'étais à côté de la plaque, il semble que  Lunch Noazh signifie le festin nu, et comme Naked Lunch était déjà pris, après avoir contacté William S. Burroughs, Julien Vrigneau, le leader de la formation, a opté pour la terminologie bretonne.
Lunch Noazh existe depuis huit/neuf ans, a sorti deux EP's et deux full CD's, le premier  'Breudeur ha c'hoarezed' a obtenu le Grand prix du disque produit en Bretagne en  2015.
Sa musique est du genre épineuse à étiqueter, passant du jazz  à la fusion, en y incorporant des éléments acid jazz, Brazilian jazz, trip hop,  folk, world, afro beat, soul, funk et pop.
Line-up actuel:
 Elise DESBORDES chant/ Julien VRIGNEAU saxophone tenor et soprano, flûtes et compositions/ Mael GUEGO guitare/ Victor SIMON basses et Xavier GARABEDIAN batterie, drumpad et programming.
Bonsoir les Mousses, on démarre par une suite , ' Tamm kentañ/ Eil tamm /Trede tamm/ Pevare tamm' , après l'intro jazz/gavotte, la fine Elise se joint à l'élément masculin pour vocaliser subtilement sur un funk Tower of Power meets Al Di Meola, 
En fouinant t'as découvert que 'Trede tamm' était un Kan ha diskan, les consonances gutturales du breton et le groove proposé par Julien et son équipe évoquent pour toi les efforts de Magma avec son langage kobaïen.
Après une ballade sur laquelle se fond un trip hop murmuré en anglais (Sujidigezh) , Victor Simon se paye un soliloque digne de Stanley  Clarke qui introduit la dernière pièce du second acte ( Rey Jabb/ Goustad/Drammou).
Le soprano amorce délicatement  ' An den glas', la guitare prend le relais, la rythmique imprime un tempo soutenu, des camélidés  impassibles mâchonnent la rare verdure croissant dans cet aride désert, Elise s'éveille pour psalmodier, de son timbre limpide,  ' Gast' et ' Bro ar bara' (un duo basse/chant) qui se succèdent. Après un wouah concluant la ballade ou initiant ' Pe get' , c'était pas clair, les copains de William S. Burroughs partent en funk saccadé, wah wah et sax se querellent tandis que mademoiselle Desbordes, qui a rejoint le groupe récemment,  scande répétitivement  pe get.
Merci, on prend une pause de 40', rendez-vous à 20:30'.

Une Coreff brune plus tard, le quintette réapparaît pour lâcher ' Kenan' un titre méandreux pendant lequel le leader passe du saxophone à la flûte...  space, shadow, atmosphere: all are qualities integral to ECM... et c'est bien au majestueux label que tu penses à l'écoute de cette ballade délicate.
Mael brode, s'amuse avec son pédalier, puis lance l'acid jazz ' Ma bugel'.
Tu demandes toujours ce que Carleen Anderson, autrefois chanteuses chez The Brand New Heavies, foutait là, et en s'approchant de toi elle  murmure, not bad for Frenchies. Ceux-ci poursuivent avec 'Dalc'hus' et une divagation instrumentale permettant aux garçons de jammer en roue libre.
Après un message social auquel manquait la notion de fraternité c'est ' Neuial' qui est lâché, une plage invitant aux déhanchements et contorsions.
Mael en solitaire, dans la lignée  Pat Metheny, ouvre la suivante qui, très vite, retrouve la route du funk. Basse puis  guitare en goguette et petit solo de drumpad , cette plage réserve pas mal de surprises, elle vire free jazz, l'ombre de Coltrane plane au dessus du comptoir, Elise après avoir admiré l'élément masculin retourne au turbin, se met à pousser des cris d'hyène, perdue dans la Baie de Saint-Brieuc, et c'est par un solo de batterie que prend fin l'épisode nouveautés ( Nerzh Kalon/ Pennou an Euzh/ Pouezhan Menozhiou/Lizher/Doksa ... titres donnés avec les réserves d'usage).
La ballade 'Rosa's dream' ( in English) achève le set.

Le bis prévu exige une participation du public.
 C'est une chorale qui entame le  refrain pop  ' Ti ma Zud' qui présente de séduisantes effluves samba.
Tu fredonnais encore l'air en longeant le Légué pour retrouver le char qui doit te ramener au bercail.