dimanche 29 décembre 2019

Concert lyrique avec le trio, Stéphanie Humeau, Juan Carlos Echeverry, Diana Higbee, Centre de Congrès à Saint-Quay-Portrieux, le 28 décembre 2019

Concert lyrique avec le trio, Stéphanie Humeau, Juan Carlos Echeverry, Diana Higbee, Centre de Congrès à Saint-Quay-Portrieux, le 28 décembre 2019

Second volet des concerts gratuits offerts par la mairie de  Saint-Quay-Portrieux. Après le jazz , l'art lyrique, avec comme interprètes Stéphanie Humeau, Juan Carlos Echeverry et Diana Higbee.
La pianiste, Stéphanie Humeau, et le ténor,  Juan Carlos Echeverry, avaient séduit le public dans la même salle, l'an dernier, en interprétant des airs napolitains et des extraits d'opérettes, ainsi que des oeuvres classiques pour piano solo , cette année l'impressionnante soprano Diana Higbee complète la distribution.
La diva naît à New-York ,d'un père affichant la même nationalité que Mario Lanza et d'une maman néo-zélandaise, après un passage au Carnegie Hall ( comme ouvreuse) et sa rencontre avec Renée Fleming ( deux Grammy Awards), elle poursuit ses études au Conservatoire du Centre à Paris, fait les yeux doux à Eve Ruggieri et se retrouve engagée pour interpréter, e a,  Mozart, Bizet ou Massenet.
Etablie au Mans, la madame est nommée direc­trice artis­ti­que chez « MUSICA Le Mans » pour le Festival d’Art Lyrique, elle continue toutefois à parcourir le monde pour donner des récitals ou interpréter de grands rôles à l'opéra.
Le programme de la soirée prévoit des airs d'opérettes, des extraits de comédies musicales, des arias ou lieder d'opéras et des pièces classiques pour piano.

Les dames, élégantes, prennent place, le ténor, sobre et sombre, les suit, le trio aborde ' Ange adorable', un extrait de  "Roméo et Juliette" de Gounod.
Le coup de foudre instantané, la fougue et la passion exprimées par les protagonistes, mais aussi la retenue, due aux conflits familiaux, se retrouvent dans la gestuelle précieuse de Carlos et de Diana, le doigté raffiné de Stéphanie Humeau fait le reste.
Le public vient de comprendre que la soirée sera captivante.
Exit la Colombie, Stéphanie d'une attaque agressive ébauche 'L'air des bijoux', un extrait  de ' Faust', un autre opéra de Charles Gounod.
La prestation théâtrale de  Diana Higbee sidère, le Capitaine Haddock qui venait de se servir un Bourbon plus que bien tassé en mouille ses mocassins, pas cirés, Milou n'a pas aboyé mais a reconnu l'air... Ah ! je ris de me voir si belle en ce miroir... la voix monte haut, haut, haut, rebondit sur le plafond et vient s'écraser à nos pieds.
Performance étonnante.
Retour du ténor qui a choisi une chanson issue de ' Carmen' de Bizet, ' La fleur que tu m'avais jetée', après cette confession amoureuse, il est rejoint par la coquette quelque part ' Près des remparts de Séville'.
Même sans castagnettes, la séguedille devrait allumer le pauvre hidalgo chargé de l'emmener en prison.
Le geôlier s'éloigne, Carmen, lascive, enchaîne sur 'L'amour Est Un Oiseau Rebelle', elle descend de scène en se débarrassant de sa veste brodée, vient câliner le maire, qui en rougit de surprise, avant de flatter une demi-douzaine d'individus de sexe masculin, assis sagement dans l'assistance, puis s'éclipse sous nos acclamations.
Quelle fille! 
Pour un premier impromptu sur les 88 touches, la pianiste a opté pour le prélude  ' Feux d'artifices' de Debussy. 
Virtuosité, souplesse et raffinement caractérisent le jeu de la frêle jeune personne.
Direction l'Italie , au début du siècle dernier, Giacomo Puccini signe 'Gianni Schicci' le troisième opéra du cycle 'Il Trittico' , Miss Higbee a choisi le filial  ' O mio babbino caro' avant d'être assistée par Juan Carlos pour le duo d'amour  'O suave fanciulla' tiré de ' La Bohème'.
On passe à Leonard Bernstein, la pianiste entreprend le prologue de 'West Side Story', le ténor embraye sur ' Maria',  le truc qui refilerait des frissons à un malentendant, puis vient  la princesse Diana qui avoue sans gêne ' I feel pretty', le public rit, pleure, s'émeut.
 Cette madame vit ses rôles à fond  et enchante.
Et quand Stéphanie Humeau se lance dans une version délirante de ' America', tu revois Natalie Wood virevolter dans le New-York des années 50.
Après la reprise du thème de 'Maria', les duettistes décident de terminer le premier acte par ' Tonight', ça va chauffer, les Jets et les Sharks ont décidé de mettre le feu dans le quartier! 

Break!

La pause fut brève, après un vol sans encombres  avec la compagnie Iberia Líneas Aéreas de España, tu atterris en Andalousie, Juan Carlos nous donne rendez-vous  avec ' La belle de Cadix', oui, celle qui a des yeux de velours, ... Chi-ca! Chi-ca! Chic! Ay! Ay! Ay!... pas le peine d'essayer de l'embobiner, d'ailleurs elle finira cloîtrée au Convento de Nuestra Señora del Rosario.
Revoilà la cantatrice, vêtue d'une robe de soirée  bleu turquoise qui a fait forte impression, elle interprète la Prima Donna song 'Art is Calling for Me',  tirée de 'The Enchantress' de Victor Herbert.
Elle en fait des tonnes, joue d' effets théâtraux, déploie des capacités vocales acrobatiques et expressives, bref elle nous en met plein la vue et les pavillons.
Retour du ténor qui engage 'L'air du Brésilien' issu de l'opéra bouffe pétillant  ' La vie parisienne' d'Offenbach.
Démarrage en mode steeple-chase, Juan Carlos piétine sur la troisième haie.
On reprend, nouvelle fausse queue!
Il sort, revient, la troisième tentative sera la bonne, le Brésil a conquis Saint-Quay!
Prinzessin Diana et les hot lips... elle entreprend  "Meine Lippen, sie küssen so heiß", l'air fameux que chante Giuditta dans l'opéra du même nom de Franz Lehár et nous laisse, une nouvelle fois, pantois.
Toujours Lehár Ferenc, 'Das Land des Lächelns', la romance   ' Je t'ai donné mon coeur', le sérieux et la sérénité de  Sou-Chong tranchent avec les envolées exubérantes de la soprano dont la tête apparaît après les dernières notes de l'aria.
Elle est remballée aussi sec par Stéphanie Humeau qui place son dernier solo, un medley terminé par le 'Can-Can', extrait d'Orphée aux Enfers.
Non, Manon, Toulouse-Lautrec n'était pas dans la salle.
La dernière ligne droite est en vue, trois airs de  Jacques Offenbach vont ponctuer le récital , 'Les oiseaux dans la charmille' ( Les contes d' Hoffmann) qui voit la divine nous la jouer automate désarticulé.
Cette séquence de body control stupéfiante a déclenché maints fous rires dans la salle  
On nous attend  à la cour d'Eisenach pour faire la connaissance du bizarre 'Kleinzach', magnifiquement dépeint par Juan-Carlos.
Le duo ' C'est une chanson d'amour' termine cette revue haute en couleurs.

Tout naturellement, la salle implore un rappel, les voeux du public seront exaucés, ' Brindisi' la drinking song que Giuseppe Verdi a inclus dans  'La Traviata' met un terme à cette divertissante soirée.