samedi 22 juin 2019

Les Frères Jack et The Money Makers à La Fête de la Musique 2019 à Saint- Quay- Portrieux au parc de la Duchesse Anne, le 21 juin 2019

Les Frères Jack et The Money Makers à La Fête de la Musique 2019 à Saint- Quay- Portrieux au parc de la Duchesse Anne, le 21 juin 2019

Le solstice d'été et la Fête de la Musique, cela fait plus de quarante ans  que les dates coïncident.
En Côtes-d'Armor, le choix était vaste, tu as ciblé Saint-Quay Portrieux, où à 19:20 de courageux baigneurs se prélassaient dans une Manche pas follement tropicale.
Sur la petite scène montée dans le Parc de la Duchesse Anne, les élèves de l' École de Musique de Saint-Quay-Portrieux étalaient leur talent, les concerts véritables étant prévus pour 20:30'.


20:30'- Les Frères Jack , des Caennais pas médisants, probablement fans des athlètes de la chanson, interprètes du mémorable 'Le tango interminable des perceurs de coffres forts' , se sont retirés dans leur royale loge pour passer leur tenue de scène, après un rendez-vous avec la maquilleuse.
15' plus tard, le trio rapplique, ils sont beaux comme des camions avec leurs scarpe bicolores, signées par le chausseur de la mafia new-yorkaise, leurs costards rayés à faire frémir Alain Delon et Jean-Paul Belmondo, leurs liquettes au col amidonné, leurs cravates de croque-morts et leurs feutres ou casquette très classes.
Comme les Daltons, qui étaient quatre, on te le rappelle, ils s'appellent tous Jack, t'as celui qui hésite entre les Beatles et les Stones, Richie ( Richard Lovene) aux ukulélés, cornet et chant / Tony ( Antoine Godey) à la contrebasse et chant et  Huggy ( Sébastien Guillemond) qui s'est amené avec la valise de Linda de Suza, dans laquelle il a fourré une panoplie de brols ( merci, Angèle) percussifs, il joue aussi du saxophone et comme ses faux-frères, il chante.
Le groupe vient de sortir un second album ( 'Trois de choeur') financé par le Quatar.
Le flyer promettait du swing tropical sixties, on ne va pas corriger l'auteur de cette réclame mais on ajoute que les gars du Calvados citent les Mills Brothers comme influence majeure et ces braves gens ont connu leurs plus grands succès avant la seconde guerre mondiale.
Départ en mode swing manouche avec ' On n'a qu'une vie', tu penses à Thomas Dutronc, sauf qu'ici ils sont trois à pérorer mélodieusement, quant au texte, il est du genre Ray Ventura chante Paul Misraki.
Les Everly Brothers ont conçu ' When will I be loved', Richie, Tony et Huggy en ont fait un calypso qui ne s'apparente guère à la version country de la plantureuse Dolly Parton.
Tu te souviens de ... J'ai la rate qui s'dilate. J'ai le foie qu'est pas droit..., les frérots ont, eux aussi, quelques ennuis physiques, 'Ma santé m'inquiète' les narre de manière humoristique.
Un kazoo annonce le début du film, ' Le cinémascope' en noir et blanc pour Les Frères Lumières, en écriture romantique pour Love Story.
Leur version Ringo sans les autres de 'With a little help from my friends' a fait rire ta voisine puis vient un morceau décrivant la faiblesse du mâle face à la tentation.
Non, Sidonie, ce n'est pas ce à quoi tu penses, écoute Nougaro ' Je suis sous' et tu comprendras , tous les potes qui te veulent du bien en t'amenant au troquet sont des voyous.
Retour au swing avec ' Hit that jive, Jack'  qui précède 'Fou d'elle' aux jeux de mots subtils.
1966, les Lovin' Spoonful, ' Daydream', quelle belle chanson, les frangins y greffent une séquence scat pas débile.
Ces Jacks sont aussi forts que les Flying Pickets.
Après avoir dénigré ' L'informatique' en ique et en aque, on nous promet un titre qui bouge, '  Ça Déménage', puis on passe au Casino tout proche pour miser sur le 21, pas de bol, ' T'as perdu'.
Ce cha cha cha évoque Sacha Distel et les cannibales.
Un ukulélé électrifié apparaît pour interpréter ' Get it on' de T Rex dans un moule exotico-rock délirant.
A fond la caisse, Ben-Hur, tiens '  Les clés du char' ou les Beatles remastered.
Et pour terminer l'aubade, les farfelus nous proposent le 'Feeling Good' de Nina Simone dans une version pétaradante.
Tout Saint-Quay a apprécié ce show magique et réclame un rappel, ce sera ' Across the alley from the Alamo', chanté a capella comme le faisaient les Mills Brothers.
Et pour couronner le tout,  Caen se paye une promenade parmi nous pour interpréter le gospel ' I'll fly away' avant de s'envoler pour la Normandie.

Le temps d'écluser un bock et les Money Makers sont en piste, des gars qui ont bien écouté Elmore James et qui savent comment faire secouer le gagne-pain des madames de petite vertu.
Venus en droite ligne d'Albi, cité du Jugement dernier et patrie d'Henri de Toulouse-Lautrec, célèbre rugbyman familier des cabarets de la butte, les cinq Money Makers pratiquent un swing  jump blues frétillant en alternance avec un vintage rock'n'roll sentant bon la brillantine et la sueur.
Leur facebook annonce Damien Daigneau : Chant, Piano/Matthieu Gastaldi : Batterie, Chœurs/Jean-Philippe Soler : Contrebasse, Chœurs/Tristan Camilleri : Guitare, il faut y ajouter un sax gluant tenu par Franck Mottin.
Trois albums dans la sacoche, le dernier, 'No secrets, no lies' a été baptisé il y a peu.
Ils entament d'ailleurs le pèlerinage  par 'Talk about relationship', un extrait de cette plaque.
Les admirateurs de Fats Domino, Louis Prima ou même de Joe Jackson quand il enregistre Jumpin' Jive',  seront à la fête ce soir, les bouffeurs de cassoulet sont tous du genre virtuoses pas avares de leur énergie et enthousiasme.
Ils enchaînent sur ' I wanna play with my friends', une sauterie des plus remuantes.
On poursuit  avec un titre sonnant comme du  Fats Domino à la sauce Sud-Ouest, le dégoulinant 'The picture of you', on signale que la madame dépeinte dans cette short story n'est pas du genre épouse conjugale docile.
La guitare se paye un numéro pas triste lors de la salve suivante (sur laquelle tu ne parviens pas à coller un libellé).
Ensuite on fait la connaissance du nana à la carrosserie impeccable, ' Bump Miss Susie' et c'est le sax qui divague.
Saint-Quay, on suppose que certains d'entre vous travaillent le lundi, on pense à eux, voici 'Blue Monday' d'un certain Fats Domino.
La jeunesse locale s'amuse, gesticule et hurle à la manière des gamines hystériques assistant aux shows des Beatles dans les sixties, leur ferveur déteint sur le troisième âge, le bitume est transformé en dancefloor urbain, à la plus grande joie du comité organisateur ( en l'occurrence la mairie et le Festival Place aux Artistes).
Damien, le chef: Mathieu, tu chantes avec moi,?
Yes, boss: ' Because you love me', un duo sucré, précède l'autobiographique 'Super Lover Man' , un titre un brin vaniteux.
Saint Quay, it's time for some good early rock'n'roll, voici 'True fine mama' de Little Richard.
La leçon de gymnastique se poursuit sur le plancher, ça ne va guère se calmer avec 'Rocking pneumonia and Boogie Woogie Flu'.
Doc, keskon fait?
Tais-toi et danse...
Il n'en restera qu'un, no matter what you say, c'est moi ' The last man standing'.
Bien, ce petit blues.
Après ' Close to you' vient le standard 'Sea Cruise' , à peine descendus du yacht, les petits gars du Sud balancent un Louis Jordan cérébral, ' Ain't nobody  here but us chickens', les poulets swinguent en mesure.
Pour rester dans le même bain, ils enchaînent sur 'Lawdy, Miss Clawdy' ,  written by Lloyd Price, il y a plus d'un demi-siècle.
Leur album précédent se nommait ' Be my guest', ce morceau de Fats est au programme ce soir, tout comme ' Hey Little girl' une plage plus récente, présentant des harmonies vocales dignes des Fab Four.
David Crosby avait pondu ' Almost cut my hair', les Money Makers vont plus loin ' I got my hair cut today'.
Short back and sides, s v p,  figaro, faut que je sois présentable.
'Oh Yeah'.
Oh yeah, répond Saint-Quay tout en remuant les guibolles, l'exercice se poursuit pendant ' You make me crazy' et la dernière salve, ' All the things'.
Mise en condition: on achève le morceau, vous hurlez une autre, une autre, on rejoue un titre, puis même cinéma, une autre, trois fois, et on revient, c'est clair?
Schéma respecté et final explosif grâce à ' Great balls of fire' à l'intro Alan Stivell, Bretagne oblige, Jerry Lee Lewis a retrouvé ses jambes de 20 ans et se dresse sur le piano avant de céder le relais à Richard Wayne Penniman pour 'Tutti Frutti'.

Oui, Vicenta?
Soirée fraîche, mais géniale..