lundi 24 septembre 2018

Sax Gordon à La Grande Ourse - Saint-Agathon, le 23 septembre 2018

Sax Gordon à La Grande Ourse - Saint-Agathon, le 23 septembre 2018

Reprise à La Grande Ourse, profitant de la mini-tournée franco-belge de Gordon Beadle, alias Sax Gordon, Melrose le signe pour un concert à Saint-Agathon.
La veille, le gars de Boston se produisait à Gouvy, après un périple de 830 km, le hard-driving tenor saxophonist et sa légion étrangère ont rejoint les Côtes-d'Armor pour offrir aux locaux un afternoon tea des plus corsés.
Sax Gordon, une apparence légèrement similaire à celle de Richard Gotainer, peut arborer un bristol peu banal, quelques noms d'artistes avec lesquels il a collaboré pour te convaincre: Champion Jack Dupree, Luther "Guitar Jr" Johnson, Duke Robillard,  Jimmy Whiterspoon, Solomon Burke, Little Milton, Johnny Copeland, Herb Ellis, Ben E. King, Keely Smith, Howard Tate, Martha Reeves, Junior Wells, Mississippi Heat, Mike Sanchez etc...qui dit mieux?
La discographie du Monsieur doit compter six volumes, celui qu'il vendait après le show a été baptisé ' Rock and roll lives here', il sent encore le talc!
Sax Gordon directs  different musical bands around the world... pour son trip hexagonal, il a laissé les Ricains chez Trump et a embrigadé une fine équipe locale: Nico Duportal, à la guitare, son pote Thibaut Chopin, non Jules, pas au piano, à la basse ( Nico Duportal and His Rhythm Dudes) et Fabrice Bessouat à la batterie ( Stagger Lee et des tournées avec tous les bluesmen des States voyageant léger).
Ce quatuor redoutable décide d'ouvrir le feu, après les salutations d'usage ( bonswar, ça va, it's all the French I know)  par un instrumental r'n'b graisseux, Gordon, après coup, a essayé de t'expliquer qu'il était basé sur un morceau de Muddy Waters et il s'est mis à te le chanter non sans avoir déposé sa consommation sur la table de merch.
La bricole pourrait être intitulée  'For Whom the Horn Honks', elle t'a amené à songer à Junior Walker, les petits soli de guitar et de sax tenor ont ravi ton jeune voisin qui venait de te confier qu'il avait assisté à un concert de Louis Armstrong avant la bataille de Hamburger Hill.
'Don't mess with me' is a true story, nous confie le showman, qui nous la joue crooner avant de lancer let me mess around et placer un solo de derrière les fagots.
Changement de style, il nous propose un old-fashioned blues, ' The way it is', pendant lequel il se paye une  balade dans les gradins, et,  avant de rejoindre les mercenaires, il se laisse prendre en gros plan par le cousin de François Truffaut.
Toute cette gymnastique l'a essoufflé... Nico, place nous un petit solo, je me repeigne!
'I still like to do  the things I used to do' is a new one et traite du problème du vieillissement.
Comment soignes-tu la chose, Gordon?
Je suis une cure, I like to have a drink before I play.
Mince, jouer ainsi, c'est la potion magique dans laquelle est tombée Obélix qu'il a avalée, ce rock dégoulinant  est accompagné par les coups de talon d'un voisin, qui bat la mesure.
C'est vachement bien, hein!
Effectivement, Pierre ( le quidam avait le look d'un abbé incarnant la révolte devant l'injustice)!
Sax and co passent au dirty jump blues  avec une reprise salace de ' Big and Hot' des Love Dogs.
Tu veux une description de sa nana: she's as sweet as a Carolina pine, she can burn me up like Mississippi sunshine, and just like Texas, she's big and hot ...
Faudrait qu'il nous présente cette fille, son portrait est attirant.
Vous savez à quoi je suis bon?
Dis le nous!
' I'm so good at being no good'.
Ce ragtime sans piano  fait de l'effet, malgré les binocles, il a repéré quelques jolies dames dans l'assistance, il leur dédie la ballade  ' Lonely for you', une reprise d' Alvin ‟Red” Tyler .
Cette plage s'avère être aussi sensuelle que 'Lily was here' de Candy Dulfer ou que certaines romances torrides de Gato Barbieri.
Nico Duportal sous les spotlights, Gordon lui laisse le micro  pour un doublé saignant  'Lost in the game' et 'Polish woman'.
Après cette déferlante rocking and swinging blues, Sax Gordon reprend son répertoire avec le facétieux ' You said she wouldn't, but she did' aux teintes Louis Prima aussi désuètes qu'irrésistibles.
Thibaut en profite pour placer un démarrage qui le voit distancer le peloton afin de grappiller quelques points pour le maillot vert, les copains l'accompagnent aux fingersnaps.
Slow time again, 'There is something on your mind ' de  Big Jay McNeely qui nous a quittés il y a quinze jours.
Le sax exprime toute la douleur de l'homme qui tente d'oublier qu'elle ne l'aime pas, mais la fantaisie reprend le dessus, et Gordon se permet quelques espiègleries destinées à amuser la galerie.
'Have horn will travel ' , le titletrack de son premier album, nous ramène à l'ère du good time swing, il est suivi par un blues à l'amorce filmique sur lequel se fond, sans pause, un rageur 'Rock on'.
Une nouvelle présentation des poilus précède la dernière salve du menu, ' Every night is Saturday night'  un twist'n' blues salement remuant.
Cette prestation fougueuse nécessite un rappel, Saint-Agathon ne sera pas déçu, Fabrice  se pointe en éclaireur, le sax rapplique, le reste de l'équipage suit pour jammer sur ' Krupa' et permettre au drummer d'étaler toute l'étendue de son talent, Gene Krupa a préféré leur boeuf à la version synthétique d'Apollo 440.


La tournée se poursuit, elle passera par Bordeaux et Le Mont-Doré.