samedi 12 mai 2018

Festival La Morue En Fête - Hoa Queen- Binic - le 10 mai 2018

Festival La Morue En Fête - Hoa Queen- Binic - le 10 mai 2018

Après la prestation de Fortunes de Mer, le programme musical fait une pause, il ne reste qu'à déambuler durant 75' dans le port.
Les terrasses ont fait le plein, malgré la relative fraîcheur, t'as plus envie d'un grog que d'une citronnade, madame se tire, only the lonely (dum-dum-dum-dumdy-doo-wah) know this feelin aint right (dum-dum-dum-dumdy-doo-wah)... te trotte dans la tête, tu ne vas pas pleurer, Jeannette, en désespoir de cause, tu assistes à l'exercice de balance de Hoa Queen, il sera long, le groupe s'octroie le 1/4h académique avant d'entamer le concert.

Pour élucider le choix de l'appellatif, tu te rabats sur la page facebook du combo qui fait dans le poétique:  Hoa Queen est une fleur qui vient d’ailleurs. Sa blancheur explose au cœur de la nuit pour disparaître aux premières lueurs. Fulgurante, éphémère, elle offre sa beauté qu'aussitôt on la perd. Ses pétales ne goûteront jamais la rosée...
Ailleurs, le Groenland, le Yémen?
Des érudits botanistes avancent le Vietnam.
Le groupe est né en 2017, les instigateurs étant Aurélie de Chalvron ( voix, sublime) et Eric Cervera, guitariste hors-pair, amoureux du vibrato et membre de plusieurs groupes ( Captain America is Dead, Flowers for Lucy, Ultra Bullitt, Near Deaf Experience, Brieg Guerveno ), leurs complices, tous doués, sont Aude le Moigne, multiinstrumentiste maniant le banjo, la guitare, la steel guitar, la batterie et se chargeant des backings/ Xavier Soulabail à la basse et backings et Joachim Blanchet passant des claviers à la batterie.
Tout ce beau monde a enregistré un album qui sera en vente à partir du 8 juin 2018 chez Beast Records.

Départ en vocalises, sur fond d'orgue liturgique, accompagné par une guitare surf, Hoa Queen propose une version personnelle du gospel/blues ' Lord, I Just Can't Keep from Cryin' ' de Blind Willie Johnson, la voix de  Mademoiselle ( comédienne, choriste, membre du Gospel Project, Lili à l'époque)  te prend aux tripes, le fond musical te projette loin des Côtes d'Armor pour te larguer dans le Sud des States, du temps de la ségrégation raciale.
Le banjo entame 'Willow', un nouveau roots rock/ alt country/americana qui évoque Anna Calvi, si pour toi, Willow est un saule qui pleure, chez Hoa Queen il s'agit d'une femme qui souffre et chiale en voyant son mec au bras d'autres nanas!
Le  salix matsudana est tordu!
Approchez-vous, braves gens, Hoa Queen n'est pas une vipère et n'a jamais mordu personne, venez faire la connaissance de 'Betty'.
Une bonne femme aussi sensuelle et givrée que  Betty Blue dans 37°2 le matin!
C'est quoi ce carillon?
C'est l'heure de la messe noire!
Une downtempo ténébreux pour suivre, une autre fille à problèmes, 'June', au chant vénéneux whispering a lullaby.
T'es sous l'emprise, comment briser le sortilège?
T'es pas trop étonné de lire, à droite et à gauche, des gens comparant les chansons de Hoa Queen aux Murder Ballads de Nick Cave.
Aurélie nous promet une première histoire de femme nettement moins noire, la 'Jungle girl', non repris sur l'album, vadrouille parmi les lianes, entourée de singes, gorilles et autres bestioles exotiques.
Aucune trace de Johnny Weissmuller, mais ça remue dans la brousse.
'Lily Dale', un poème de John-Antoine Nau mis en musique par Arthur H, leur va comme un gant de boxeuse amoureuse, l'orgue, aux résonances Ray Manzarek, décore de belle manière  ce blues lunatique.
Sur les premiers accords  de 'Fever', voici 'Eve' , un swing roots édénique, suivi par ' Norma Jeane' écrit en pensant à celle qui affirmait 'Diamonds are a girl's best friend'.
Le timbre d'Aurélie évoquant ici Geike Arnaert, ex-Hooverphonic.
'Marjorie' nous plonge en plein dans les sixties, l'époque où Phil Spector couvait quantité de girl groups, évidemment le propos est moins da doo ron ron, il est question de fusillade et de tôle.
Changement radical de style avec ' Lizzie' , un rock violent décoré d'un duel de guitares pas paisible.
Aude passe à la steel guitar pour introduire l'épileptique 'Aileen' , le groupe cite PJ Harvey, tu pensais à Grace Slick de Jefferson Airplane.
Ce set brillant est conclu par une plage en espagnol, 'Lucia' .
Mais pourquoi des images de ' Lucía y el sexo' s'imprègnent-elles dans ta rétine?
Un grand concert, un futur grand groupe, Binic ne s'y est pas trompé et réclame leur retour.

Coucou, vous êtes gentils, malheureusement le stock est épuisé, on vous refait 'Norma Jeane'.
Joe DiMaggio a craqué, Mrs Robinson aussi!