samedi 19 mai 2018

Festival Art Rock - Grande Scène ( Mat Bastard/ Django Django/ Vald/ Marquis de Sade) - Saint-Brieuc- le 18 mai 2018

Festival Art Rock - Grande Scène ( Mat Bastard/ Django Django/ Vald/ Marquis de Sade) - Saint-Brieuc- le 18 mai 2018

Après le préambule à la Passerelle, direction la Place Poulain-Corbion où est érigée la Grande Scène.
Il est 18h30', on attend Mat Bastard.

Mat Bastard, ou Mathieu-Emmanuel Monnaert si tu préfères, oui comme Jean-Philippe il est né à Bruxelles, a donc mis fin à Skip the Use en 2016, peu après, il démarre une carrière solo et sort l'album 'Loov'.
Il s'est assagi, demandes-tu?
Tu rigoles, il est encore plus dingue que lorsqu'il était au jardin d'enfants chez Mademoiselle Van Steenwerck, une acariâtre vieille fille!
Pour être gentil, la presse le traite de remuant!
Le premier à se présenter est Enzo, le batteur péroxydé, il lance la machine, les autres rappliquent,  sans doute, Nelson Martins à la guitare, Mikael Lienard à la basse et  Olivier T’Servrancx à la guitare, ces mecs façonnent un rock au son aussi gras que l'andouillette de Guémené.
Tu dis, Hippolyte?
 Contrairement aux apparences, l'andouillette n'est pas grasse...
Et les rillettes?
Le Bastard s'amène, coolos et attaque 'Wild'.
Une confession.
Première constatation, ce combo n'est pas moins speedé que la bande à Skip The Use, ça saute comme des kangourous survitaminés.
Rapprochez-vous, soyez compacts, merde!
Toi, oui, toi, tais- toi, il y a du soleil, on est en Bretagne, ça va cogner.
Sur fond reggae, Mat envoie 'Honestly' et se tape un premier bain de foule.
Perdu dans la Manche, il s'adresse aux musicos: suis perdu, c'est quoi la suivante, bordel, suis trop vieux pour ces conneries... 'Rosemary' signalent les copains.
Les paroles sont pas trop dures, normal, je les ai écrites, je remonte sur le podium, tu assures les choeurs de ce petit punk sautillant, et puis, tu penses à Marine Le Pen et tu lèves un doigt en son honneur.
Puis vient un titre qui doit faire augmenter notre espérance de vie, 'Stay close to me', pour rire, le salaud  vient gueuler dans l'oreille d'un cameraman qui ne bronche pas.
Après la cover de Louise Attaque' Je t'emmène au vent' et quelques considérations sur le pognon et la qualité intellectuelle de leur musique, vient 'Don't want to be a star', dédié à Johnny, suivi par le standard jazz ' I've got the world on a string'.
Frank Sinatra a failli dégueuler.
On passe à l'épreuve de qui saute le plus haut pendant  'Stand as one' ;
'Warp' des Bloody Beetroots, 'Tamachute' et 'Ghost' chanté torse nu, les tatouages n'ont pas disparu à la lessive, nous conduisent vers le point fort du set, ' Killing in the name of'' de RATM, un truc qu'on écoutait à quinze ans, alors que toi, gamin, tu n'as que Maître Gims pour te pourrir les pavillons.
Le show ayant enflammé l'audience prend fin avec ' Bastard song' et c'est dans le public que la clique vient interpréter la jeunesse emmerde le Front National.
Ouais, c'était tonique, Jim!

20:00 Django Django.
Le groupe formé à Londres, en 2009, alors que ses composantes s'étaient rencontrés dans une école artistique à Edimbourg,  a sorti un troisième album, 'Marble Skies', en janvier et tourne depuis deux mois pour le promouvoir.
Ce soir, un arrêt en Côtes-d'Armor pour présenter leur dance music truffée d'éléments psychédéliques ou krautrock et d'harmonies vocales aussi ensoleillées que la météo du jour. 
 David Maclean (drummer ), Vincent Neff (singer, guitare, percussions), Jimmy Dixon (bassist et chant) et Tommy Grace (synths), ne peuvent dissimuler leurs origines anglaises, il n'y a que les angliches à pouvoir porter des tenues aussi farfelues sans sombrer dans le ridicule.
La setlist de la soirée fait tout naturellement une belle place au dernier méfait, Jimmy attaque ' Marble Skies' au chant sur fond de beats lunaires, sans pause, le quartet embraye  sur 'Shake and tremble' poussé par une basse post punk, à nouveau les harmonies vocales séduisent les amateurs de douceur, le savant derrière ses synthés élaborant des sonorités évoquant Hot Chip.
Pour le sautillant et psychédélique ' Tic Tac Toe', ses petites mains frôlent un theremin , manifestement la jeunesse locale a accroché et gigote en mesure.
This is going to be wild, prophétise Vincent avant d'amorcer les titres suivants, un son de sirène, une guitare surf, une profusion de percussions, Saint-Brieuc ...do you feel the energy rise?..., ' dans le désordre, on a entendu des titres tels que   ' First light' , 'Waveforms' , a new song soulignant le contraste immense entre la sophistication des Londoniens et le rock terre à terre de Mat, 'Surface to air' avec des lignes piquées au 'Rapture' de Blondie.
L'imparable 'In your beat' est  suivi par le tempétueux ' Storm' , à tes côtés toutes les gamines se trémoussent, ce qui n'échappe pas au groupe, visiblement ravi.
Vincent a ramassé une acoustique avant de proposer le pétillant  'Champagne', il s'approprie la basse pour la dernière d'un set chatoyant, 'Silver rays', dominé par l'élément percussif et les gimmicks de Tommy.

Pour aller avaler un sandwich merguez, tu choisis de faire l'impasse sur la prestation de VALD.
T'es à peine plus ouvert que Ardisson, le rap, tu digères à doses infimes.
Valentin Le Du fait le buzz sur la toile depuis cinq/six ans, ses deux albums se vendent comme des petits pâtés  croustillants  de Pézenas, à déguster en vidant un Picpoul de Pinet, les moins de 20 ans le considèrent comme un génie absolu, les ancêtres, condescendants, l'ignorent ou le descendent connement, en le traitant d'abruti.
T'étais revenu sur place pour assister à la seconde moitié du show, tu as suivi, de loin, les mouvements de foule, tu as supporté les cris hystériques de gamines exaltées, tu as vu des ados complètement pétés se bousculer sans pitié, la sécu a été obligée d'extraire quelques excités de la masse, toi t'as écouté le discours de VALD et de son copain pendant quelques titres.
 ' Megadose', tu comprends l'engouement des gamin(e)s sans le partager, un mec qui baratine un truc du genre...
Fuck, montagne de doses, faut qu'j'combatte le trône
Contacte le boss, faut qu'dans son trou d'balle je zone... 

ne peut que  plaire aux lycéens.
'Possédé' où sa voix semble passée au mixer, 'Si j'arrêtais' , 'Gris' et les autres tirades sont reprises en choeur par la jeune génération qui s'identifie aux textes récités par le rappeur, que certains comparent à Eminem.
Question de générations, celles nées avant l'avènement du net, se sont réfugiées près des buvettes pour contempler  leur  progéniture s'éclater.
Un sexagénaire à sa moitié: c'est de la musique, ça?
T'as continué ta route en te promettant de revenir aux premiers rangs pour le set des revenants rennais.

Le concert événement que les anciens ne voulaient manquer sous aucun prétexte était celui de Marquis de Sade.
En septembre 2017, après avoir disparu en 1981,  le groupe de cold wave refoulait une scène de Rennes pour un concert qui devait être unique.
Ce show est devenu un album,  '16/09/17 ', la magie ayant opéré, le divin marquis a repris la route pour une série de concerts en 2018.
Il est  passé 23:00 , une intro lyrico spatiale et des visuels stellaires annoncent l'arrivée de Philippe Pascal, d'une élégance aristocratique/  Franck Darcel et Xavier Geronimi ( guitares)/ Eric Morinière ( batterie) et Thierry Alexandre ( basse).
Daniel Paboeuf ( saxophone) et Paul Dechaume ( claviers) les rejoindront plus tard.
Le set débute par ' Set In Motion Memories', le premier morceau de 'Dantzig Twist'.
Les climats brumeux, la tension palpable, les guitares post punk et le phrasé  noble de Philippe Pascal, tout y est, on replonge en pleine cold wave.
'Henry' est tout aussi désespéré et étouffant,... she shut you in a box... ne convient pas aux claustrophobes.
La gestuelle maniérée du chanteur, son visage ridé, interpellent tandis qu'il interprète 'Who said why'.
Il grimace un sourire, bonsoir Saint-Brieuc, nous sommes Marquis de Sade, puis attaque le nerveux  'Final fog' avant de prendre place sur un tabouret pour proposer un  torturé et lent  ' Boys Boys'.
Le fantôme de Lou Reed, soudain, surgit des ténèbres, l'album 'Berlin' et ses angoisses!
'Smiles' , 'Air tight cell', précèdent le chef-d'oeuvre 'Rue de Siam', d'une lenteur maladive, le texte est récité/chanté en dialogue avec Frank Darcel, à l'arrière le sax se lamente, la sensation de désespoir est palpable, le public subjugué retient son souffle, le morceau, comme sur l'album est suivi par 'Submarines and icebergs', un landscape post rock.
L'industrielle marche funèbre  ' Nacht und Nebel' nous rappelle que Patrick Marina Nebel est parti  il y a bien longtemps.
'Cancer and drugs',  scandé par  le chanteur, repose sur un fond musical que n'aurait pas renié Gang of Four.
Place à 'Skin disease' , un titre frénétique, des visuels empruntés à Fritz Lang, ce qui explique le jeu expressionniste du leader.
Abattement, anxiété, effroi, ça ne rigole pas dans le 'Silent world', la suivante,  '  Wanda's loving boy', sa rythmique dansante, dominée par les pulsions de la basse, les poussées incisives du sax, le thème sado-machiste, n'a pas pris une ride.
C'est par un cri déchirant que débute 'Walls', pour intensifier notre effroi, le tableau de Munch apparaît sur l'écran, ta voisine frissonne, comme sur l'album, 'Conrad Veidt', toujours le cinéma expressionniste, succède à la plainte et clôture le concert.
Un bref salut de la main, bonsoir, merci, et le Marquis regagne les ruelles sombres nous laissant pantelants sur la place glaciale.


Pas de Fakear à ton programme, direction le lit conjugal!