mercredi 3 mai 2017

Festival Roots and Roses à Lessines ( Part two) , le 1 mai 2017

Festival Roots and Roses à Lessines ( Part two) , le 1 mai 2017

Chapitre 2

Viens goûter le cidre brut, elle a dit, t'es pas une brute, tu l'as suivie.
Cath, faut l'avaler cul sec, peux pas rater The Pine Box Boys.
Myriam pleure depuis des années pour les avoir à l'affiche du roots and roses.
 La dernière fois que t'avais vu  les adeptes du death country c'était au café Merlo, il y a cinq ans.
Godv., la barbe du révérend est mitée, il a pris un coup de vieux, le bon Lester.
Tu dis... quoi, moi aussi...c'est le cidre, ma grande!
Reverend Lester T. Raww: vocals, guitar/ Big Possum Carvidi: banjo, vocals/ Colonel Timothy Leather: upright bass et  Uncle Dodds: drums and percussion et un cinquième élément (Jimmy Hadley) à la guitare ou à la trompette, sont passés par Anderlecht et ont fourgué cousin Sprouts, alias Marvin Cuvelier des Moonshine Playboys, et sa mandoline, dans leur corbillard.
Désormais leur disco compte un cinquième official album, baptisé "The Feast of Three Arms", la pub prédisait:  more guns, more crows, des machettes et des cadavres servis à volonté, soit un spectacle peu recommandé aux âmes sensibles.
Attachez vos ceintures, vérifiez le bon état de votre colt, faites tourner le barillet, en route pour some creepy murder ballads, horrorbilly swing, coffin bluegrass et autres fables morbides.
Au niveau playlist on a reconnu ' Arkansas killing time', ' I kept her heart', l'histoire de la petite Jessica qu'il a épousée alors qu'elle avait 15 ans, son père l'avait échangée contre un canasson, ce beau mariage d'amour a mal fini, mais le gentil cowboy a conservé le coeur de la belle, dans la naphtaline ou le formol, lui ai pas demandé!
Lester a déterré une berceuse que lui chantait son grand-père, amateur de Bourgogne, puis il a lâché la bride, les broncos ont entamé un galop délirant, Messalla et Ben Hur en sont restés baba.
 Ils nous ont demandé sous forme de gospel  ' Will you remember me', ce sera difficile de les oublier.
Ils se  sont mis à la country cérébrale avec ' Live brains', Catherine a commencé à avoir soif, on est sortis, sur la plaine, on a rencontré 46 connaissances, heureusement ils n'étaient que 20 à nous proposer de la gueuze, mais on a raté la fin du set des croque-morts.
Too bad!

The Fuzztones.
In fuzz we trust!
Rudi Protudi,  64 balais, s'est entouré d'une bande de louveteaux, certains sont originaires de la botte,  pas timorés, pour  balancer le garage  qu'il promène aux quatre coins du globe depuis plusieurs décennies.
Désormais, Nico Secondini remplace Lana Loveland à l'orgue, le remuant Marco Rivagli s'agite derrière les caisses, à la Vox Phantom ( bass) on trouve sans doute David Thorpe et enfin, un formidable guitariste complète le line-up.
Les artificiers ouvrent avec le  ' Blues theme' de Davie Allan and the Arrows, cette flèche empoisonnée va se fixer dans le plafond, Rudi se pointe, les mécanos viennent d'entamer le poisseux  ' 1-2-5'.
Frontstage c'est déjà la folie, des groupies, plus toutes fraîches, gloussent et tendent les bras vers le patron, chanteur, harmoniciste, guitariste, il est aussi beau que  Steven Tyler, on ignore si il a une fille aussi sexy que Liv.
 ' Bad news travel fast' , 'Action speaks louder than words', bordel, quel son de Farfisa, se succèdent.
Rudi se paye un petit tour dans le pit, Marco jongle, Lessines bout.
Un premier crowdsurfer est vite repoussé par la security improvisée.
Ils embrayent sur ' Ward 81' , 'Hurt on hold' et  ' Don't speak ill of the death', aux relents psyché, proches des Doors.
Je me débarrasse de ma jaquette et on continue, ' Nine months later' est suivi par ' Between the lines', a kind of protest song.
Une nouvelle cover au menu, 'You must be a witch' des Lollipop Shoppe, elle précède ' Johnson in a headlock'  qui évoque The Romantics .
Le groupe a manifestement la banane,  Rudi s'amuse, Marco encore plus, t'as d'ailleurs remarqué un flacon de William Lawson's à côté de ses cymbales et, si il ne portait pas de kilt, la gamine à tes côtés le trouvait tout de même très sexy.
Le downtempo acide ' Marble hall' précède 'I've got eyes in the back of my head' qui a ravi les amateurs de monstruosités.
Le crowdsurfer refait une tentative, il aboutit du côté de la table de mix, Signore Rivagli, jaloux, grimpe sur son kit, se tape quelques acrobaties peu appréciées par les assureurs du festival, s'allonge tout en continuant à jouer, Rudi s'en va draguer une blonde au parcours incertain, Thierry on Drums est invité à danser une farandole par un imbibé, pas rasé, les Fuzztones proposent ' Strychnine' pour honorer les autres vétérans qui monteront sur scène dans quelques heures: The Sonics!
Verdict: un poison dont on redemande!

 The Experimental Tropic Blues Band
Les Liégeois sont des habitués du festival, pourtant ils se sont fait oublier  pendant quelques années.
Ils reviennent dans le parcours avec un nouvel album et un film  'Spit'n'Split '.
Dirty Coq - Boogie Snake - Devil D'inferno, ça a plus d'allure que Jean-Jacques, Jeremy et David. 
Et les tropiques c'est plus exotique que Soumagne.
Et sinon, mes frères, ces nouveautés, un autre registre?
Non, beaucoup de sueur, du rock bien crasseux,  piquant où il faut, du boogie, et  un brin d'arrogance.
Le hic, passer après les Fuzztones, ça la fout mal.
Rayon surprises, une reprise de ' Ghost Rider'  d'Alan Vega et  ' Roots and Roses' spécialement pour le festival.
Sinon des extraits du dernier album comme ce 'Power of the fist'  par exemple, le titre préféré de Hervé Bazin.
Oui, Jacqueline?
Après trois morceaux j'ai pensé: j'ai vu, j'ai entendu, je suis partie...
Chez toi?
Non, à la buvette!

Pokey LaFarge.
Tu en attendais beaucoup, une légère déception, alors qu'en 2014  le petit gars de l'Illinois avait été la révélation du festival.
Les espérances étaient trop grandes, sans doute!
Un huitième album ( Manic Revelations)  est attendu dans le courant du mois, Andrew Heissler compte en présenter plusieurs titres ce soir.
Pour l'aider dans cette entreprise: Adam Hoskins - guitar / Joey Glynn - upright bass/ Ryan Koenig - harmonica, washboard, guitar, guitjo, snare drum/ Luc Klein - trumpet/ Ryan Weisheit - clarinet, baritone,  tenor saxophone/ Matthew Meyer - drums..
La séduisante Chloe Feoranzo a disparu.
Il y a comme un courant d'air, ' Close the door', implore Pokey sur fond swing.
Excellent début laissant présager un concert époustouflant.
La troupe enchaîne sur une nouveauté,  'Riot in the Streets' aux arrangements de cuivres somptueux, ces émeutes ont eu lieu après the shooting of Michael Brown par un policier, cela se passait en 2014.
Toujours prévu pour le nouvel album, voici 'Mother nature' suivi par le plus ancien et chaloupé 'Something in the water',  décoré d'harmonies vocales doo-wop.
La playlist annonce ' Must be a reason'  puis  'Good luck charm' , mais  à tes côtés Cath et Michel t'ont arrangé un rendez-vous avec une masseuse pas osseuse, cette brave dame, rondelette, s'avise de te malaxer les omoplates tandis que les crapules se tordent de rire en ajoutant que les clichés seront envoyés chez madame.
Comment veux-tu suivre un concert avec ces fumistes dans les parages?
Sur scène ils ont attaqué 'Goodbye, Barcelona' avec ses castagnettes frivoles et ses la la la bien putes.
Du coup, le récital prend des allures Wieze Oktoberfeesten, valses et farandoles à gogo, dans le meilleur cas tu penses à Calexico, dans le pire à Samantha chantant  'Y Viva España' pour tout le troisième âge passant l'hiver à Torremolinos.
Ton attention se relâche , de loin, une Moinette à portée de main , tu entends  encore 'Drinking Whiskey Tonight', 'Going in the country'  ‘Better man than me' et ' C'est la vie'  repris en choeur par tous ceux qui n'étaient pas encore bourrés.


Au pas de course vers la Roses Stage pour The Sonics.
Ils sont increvables, les grands-pères  du garage rock, déjà lors de l'édition de 2014 ils avaient cassé la baraque, ce soir encore, ils peuvent se targuer d'avoir fourni une prestation exemplaire.
Une grosse surprise attend les survivants en voyant apparaître Jake Cavaliere, le ténébreux leader des Lords of Altamont derrière l'orgue, Larry Parypa a cédé sa place à la guitare à  Evan Foster, sinon  Rob Lind, sax, harp and vocals/   Dusty Watson drums et  l'imposant  Freddie Dennis, bass and lead vocals, sont toujours au poste.
Le début de set est désormais connu, une intro suivie par ' Cinderella'.
Pas le temps de chercher  la pantoufle de verre de la petite, les vieillards ont attaqué ' Shot down', ils visent toujours juste, ces crapuleux lézards.
Eddie Cochran, là-haut était ravi d'entendre ' C'mon everybody'.
Freddie, c'est un haineux, une vraie teigne, pas le genre de mec que tu vas traiter de tapette pour rire, il vient d'attaquer ' Sugaree', mais c'est l'immortel ' Have love, will travel' qui déclenche des cris d'hystérie.
Après un ' Be a woman' agité, Rob prévient l'assistance qu'ils sont sur scène to have a good time, personne n'en doutait!
Le Lord of Altamont  s'empare du micro pour 'Get back in the car' suivi par ' You've got your head on backwards' chanté par Rob Lind.
Freddie s'est reposé, il reprend du service pour nous narrer les mésaventures de 'Bad Betty'.
Vent de panique chez les photographes, les barrières Nadar ont la tremblotte, les Sonics s'en branlent et s'attaquent à Little Richard, ' Keep on knocking', du coup les furieux du premier rang cognent plus fort.
La maréchaussée dort!
Les Sonics enchaînent brûlot sur brûlot.
Tiens, ' Lucille' est de sortie ce soir  et pas question d'aller se coucher sans avoir jouer 'Psycho'.
Les plus impétueux sont sur le point de monter sur scène, heureusement une bonne dose de 'Strychnine' devrait calmer tous ces dingues.
Et une dernière, logique,  ' I don't need no doctor' de Ray Charles, termine ce set furieux.
Mais non, ils reviennent avec une copine se déplaçant sur un balai, 'The Witch'.
Un concert d'anthologie!

La lourde tâche de succéder aux Sonics échoit au roots rock-rockabilly combo de San Diego, The Paladins.
Ce trio a suffisamment de métier pour mener à bien cette mission délicate.
 Dave Gonzalez – Guitar and vocals/ Brian Fahey – Drums et Thomas Yearsley – Upright bass and vocals, viennent de pondre ' New world' après quelques années de silence discographique, Ils comptent nous jouer plusieurs plages de ce récent matériau.
Le trio débute par un instrumental, sans doute 'Powershake', sans setlist tu risques d'écrire des conneries.
Oui, Germaine?
Avec setlist, également....c'est gentil, connasse!
'It's too late baby' ( gonna have to let you go) déménage vicieusement , ' Tore up from the floor' et ses effluves Tex Mex est du même acabit.
Ils choisissent de poursuivre par un petit blues pas piqué des hannetons , le fabuleux ' Kiddio' de Brook Benton.
Avec ' Look, what you're doing to me', le rythme accélère sérieusement, ce morceau est suivi par le titletrack du plus récent ouvrage, 'New world', un nouveau monde sans technologie envahissante!
Rocking time, kids ' Come on home', je me sens seul, bébé!
T'as vu, gamine, je joue de la contrebasse dans mon dos, viens chez moi, et je t'apprends à faire pareil!
Otis Rush au menu,  'Keep on lovin’ me baby', oh yeah!
 Michel VR, comme d'habitude, a fait une touche, la madame doit approcher des 78 piges, elle lui fait des yeux si  doux qu'il a fondu, toi, tu t'es fendu.
Un festival rock c'est l'idéal pour draguer, pour la chair fraîche on recommande Tomorrowland, le blues par contre...
Dans le style Los Lobos, le trio envoie deux  autres nouvelles compositions, le midtempo  'Waterman' et  'If you were only mine' avant de proposer le superbe tango blues 'Going down to Big Mary's'  , la plage qui tue.
Il est 22:52' te confie Luk,  si on veut éviter la cohue, on récupère Daniel et on se tire, tandis que les Californiens proposent un nouvel extrait de 'New World'.

En bavardant avec les gens ayant eu  la même idée que nous, on est tous tombés d'accord, sans doute la meilleure édition du Roots and Roses.
Chapeau bas, Myriam et Fred!