samedi 20 mai 2017

Nuits Botanique - Alex Cameron, Jack Ladder - Rotonde du Botanique- Bruxelles, le 19 mai 2017

Nuits Botanique - Alex Cameron, Jack Ladder - Rotonde du Botanique- Bruxelles, le 19 mai 2017

Si Alex Cameron, your new favourite loser pour paraphraser la presse anglo-saxonne, n'est pas encore la hype du moment, ça commence à y ressembler, ce soir La Rotonde affichait complet pour le concert du bel Alex, aux dernières nouvelles, toujours membre de Seekae, l'experimental electronic band de Sydney.

Pour sa tournée européenne, le dandy qui a déniché un fac-simile de la veste à franges que Roger Daltrey portait en 1965, a emmené Jack Ladder comme support.

Jack Ladder ( real name Tim Rogers)  n'a vraiment pas besoin d'une échelle pour agripper le micro, cette girafe, également originaire d'Australie, sévit depuis une douzaine d'années dans le monde musical, on lui connaît quatre albums, le dernier 'Playmates' date déjà de 2014.
En principe le crooner se produit accompagné d'un band, The Dreamlanders, il les a laissés Down Under pour se produire solo.
Le fait d'être orphelin doit l'avoir quelque peu ébranlé, pour lui tenir compagnie dans sa loge, l'organisation, n'ayant pas les moyens de lui offrir une call girl, lui a refilé une bouteille de Jameson qui n'a pas fait long feu.
C'est donc légèrement euphorique, mais également passablement paumé, que Jack hits the stage à 20:30'.
Il ramasse une guitare électrique pour attaquer 'Come On Back This Way', un superbe titre pour lequel Sharon Van Etten avait prêté sa voix lors de l'enregistrement de l'album.
La version roots minimaliste proposée à Bruxelles s'éloigne passablement de l'original, il nous la joue crooner désabusé à la façon de Nick Cave, son timbre se rapprochant de celui de Gordon Lightfoot.
Toujours hésitant, le mec avance ...I'll play a new song for you..., alors que son feuillet indiquait ' Cold Feet' un titre de 2011, il lance une boîte à rythme diffusant une musique electro sur laquelle il place son baryton à la manière de Marc Almond.
Retour de la guitare, je vais vous interpréter un titre plus ancien utilisé sur la bande son d'un porno, ce n'est pas vraiment ma  tasse de thé, mais bon, ça m'a donné l'idée de rejouer ' Dumb love'.
Les parallèles avec Nick Cave ne sont pas ineptes, la voix traînante du grand Jack captive, sa démarche gauche le rend attractif auprès de la gent féminine.
Pas de bol, il relance le programming pour la suivante, ce qui nous donne la même impression de playback que lors du concert en demi-teinte donné, il y a peu,  par Barry Adamson dans la même salle.
Merde quoi, c'est pas une émission de télévision où le chanteur évolue en s'accompagnant de bandes, du faux live, quoi!
Le mélancolique 'Hurtsville',  titre d'un album de 2011, nous réconcilie avec le bonhomme, qui n'a vraiment pas besoin d'artifices pour nous faire apprécier ses talents d'écriture et de chant.
Il y a du Johnny Thunders dans son approche musicale.
Référendum: à la guitare ou with backing track?
Avis partagés, ce sera avec les bandes qui amorcent ' Susan', une valse electro aux relents Leonard Cohen pas désagréables.
Jack prend congé en nous proposant a lovesong about acceptance, you know ...be good to one another ... .
Après un petit salut nonchalant, le poor lonesome cowboy regagne l'arrière-boutique, il évite de peu une chute en se prenant les boots dans le câblage.
A revoir avec band! 


Alex Cameron.
Le temps d'aller écluser un demi avec quelques connaissances, il est 21:35', tu décides de regagner l'hémicycle, il est plein à craquer, Tom Waits s'égosille sur un microsillon, les lumières se dissipent, quatre ombres déambulent sur scène: Alex, gomina et veste en daim, son complice, Roy Molloy au saxophone, et deux mercenaires, Justin Sullivan à la guitare ou à la basse, et un batteur finlandais, engagé dernièrement.
L'histoire a fait le tour du monde musical, son seul album ' Jumping the  Shark ' sort dans l'indifférence générale en 2013, puis  Siberia Records l'imprime en version physique, en 2014, sans plus de succès,  re-release en  2016  chez Secretly Canadian, cette fois, bingo, ouvrez le tiroir caisse.
L'éternel défaitiste gagne au lotto!
La setlist de ce soir comportera pas mal de nouveautés, à commencer par ' Candy May' qui ouvre le bal et pour lequel Alex gratte une guitare...Candy May I think I'm dying... une amorce qui te situe dans quel univers s'ébat le bonhomme, tu aimais le Lou Reed de 'Berlin', tu vas craquer pour les histoires cafardeuses que narrent le  freak australien.
'Happy Ending' la plage inaugurale de l'album succède à l'histoire de Candy May, t'es pas étonné de lire à droite et à gauche des gens établissant des parallèles avec Alan Vega, même minimalisme, mêmes intonations paresseuses.
Le beautiful loser a abandonné son instrument, les mains désormais libres, il oscille mollement sur scène, se retrouve à genoux, tend le fil du micro au dessus de la tête tout en chantonnant  son happy ending pas vraiment enchanteur, quel genre de fin heureuse peut-il débusquer à Chinatown?
 Une pipe,  a handjob, qui dit mieux?
Il est disert, cet Aussie, avant d'envoyer ' Real bad looking',  il nous confie quelques souvenirs de jeunesse, puis il refuse de faire santé au mec qui lui lance une remarque absurde, no cheers with water, chap, it brings bad luck, on se voit après le gig avec une boisson plus décente, this one is called 'The comeback', je la dédie à mon pote Jack Ladder.
Roy aussi a des choses à raconter, son étude approfondie du tabouret, sur lequel reposent ses fesses, valait tous les contes surréalistes imaginés par les spécialistes du genre.
Pour  l'histoire de ma  1988 Cadillac Coupe DeVille, vous écoutez ' She's mine' , un titre dansant  basé sur de  désuètes sonorités 80's.
Tandis qu'il ramasse sa guitare, un illuminé lance un 'Alex à poil' inopportun, le syndrome Cyril Hanouna, sans doute!
Si tu tiens absolument à voir des hommes nus, je te refile l'adresse d'un hôtel à Lexington, tu leur dis que tu viens de ma part.
Le groupe enchaîne sur 'True Lies' qu'Alex nous croone à la manière de Roy Orbison.
Sur fond disco, il propose ' The Chihuahua'  ou comment se sentir puissant quand on est minuscule.
Ensuite vient un des tout grands moments de la soirée, ' Take care of  business'  en version  synth pop/ post punk mordante ( les claviers vintage, invisibles, sont  programmés, le batteur se chargeant d'envoyer les séquences).
Déjà le dernier titre se profile, une ultime anecdote concernant son passé d'investigator à Sidney précède le titre héroï-comique, 'Marlon Brando' .

La Rotonde enthousiaste réclame le retour du personnage charismatique et de ses complices, ils reviennent très vite pour nous envoyer ' Politics of love'.
 On doute qu'il s'agisse du titre que Paul McCartney et  Peter Gabriel ont un jour composé pour Amnesty International sans jamais le diffuser.
Alex Cameron poursuit une tournée européenne qui le verra traverser la France, les Pays-Bas , l'Italie et quelques pays plus au nord.